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Islas Canarias

Le volcan, le vent et l’océan, découverte en 6 bouteilles

Les Canaries ? Sept îles principales, aussi volcaniques les unes que les autres, d’une superficie totale de 7.500 km², en plein océan Atlantique, à la latitude du sud marocain.

Le tourisme de masse a un talent certain pour produire des vins de masse en quantité suffisante pour arroser les palais peu exigeants. Donc prudence et discernement ! Heureusement, ces îles sont aussi le berceau de vins à fort tempérament, de vins à la personnalité marquée par le lieu où ils naissent. Comptez également sur la présence de cépages archi-locaux et sur une volonté des meilleurs vignerons de traduire avec précision la spécificité d’un climat et d’un (sous)-sol: en somme, l’expression d’un terroir particulier.

Il y a 9 appellations d’origine contrôlée (dont 5 pour la seule île de Tenerife), mais leur notoriété est inversement proportionnelle à la complexité de leur petit nom: par exemple, que pensez-vous de Ycoden-Daute-Isora ? ou de Tacoronte-Acentejo ? Bon, inutile de s’appesantir sur ces termes peu usités, retenons plutôt le nom de quelques Domaines qui font du bon, du très bon et du meilleur: Suertes del Marqués, Envinate, Puro Rofe, El Grifo, Bimbache, Borja Pérez et Viñatigo.

Allons droit au but: cet article a l’ambition de vous proposer un colis de 6 blancs secs des Canaries, tous issus du millésime 2022. Le colis est proposé à € 190. Chaque colis se compose de:

  • Viñatigo, Tenerife, Gual 2022
  • Viñatigo, Tenerife, Vijariego Blanco 2022
  • Viñatigo, Tenerife, Ensamblaje 2022
  • Viñatigo, Tenerife, Ancestrales 2022
  • Puro Rofe, Lanzarote, Rofe 2022
  • Bimbache, El Hierro, Bimbache Blanco 2022

L’honnêteté m’oblige à reconnaître que ces vins ne plairont sans doute pas à tout le monde. Mais les amateurs d’expériences fortes et originales vont s’en donner à cœur joie ! Et quel thème amusant pour organiser avec quelques amis curieux une dégustation mémorable ! Vous voyagerez entre salinité et notes oxydatives, entre coquille d’huître et notes fumées, avec toute la gamme des sensations caillouteuses.

Les ceps sont francs de pied, vu l’absence du phylloxéra: la bestiole n’a jamais atteint l’archipel. La peur du volcan ?

J’ai eu le plaisir de goûter en deux fois, d’abord en mars 2023, puis en mars 2024. En 2023, j’avais conclu pour synthétiser mes notes: quelle série extraordinaire ! En 2024, j’ai noté: en route pour l’extrême ! Donc, oui, je suis enthousiaste !

Si vous souhaitez compléter la dégustation avec un septième voire un huitième vin volcanique, je peux vous proposer d’autres vins de chez Viñatigo, en millésime 2020 ou 2021. Ou pourquoi ne rajouteriez-vous pas un pirate dans la dégustation, en provenance des Açores (Portugal) ou de Santorin (Grèce) ?

Voyons en détail ce que je propose:

Viñatigo, Tenerife, Gual 2022

Il commence fruité et finit rocailleux. En 2023, il m’avait semblé gras, fumé, légèrement oxydatif, comme un pinot gris très sec, avec une finale nette et une longueur saline. En 2024, j’ai également noté la profondeur du nez, la verticalité du profil.

Il s’écrit que le cépage gual serait un synonyme du boal que l’on connaît à Madère. Mais je refuse de mettre ma main au feu ! 13,0%

Viñatigo, Tenerife, Vijariego Blanco 2022

Nez dont la minéralité se développe progressivement dans le verre. Grande délicatesse, salinité, précision et longueur; à l’aveugle, on peut penser à un riesling ou à un assyrtiko de Santorin.

Le cépage vijariego est originaire d’Andalousie mais est présent aux Canaries depuis le 16ième siècle. A Lanzarote, on le nomme diego. 13,0%

Juan Jesus Mendez, Viñatigo

Viñatigo, Tenerife, Ensamblaje 2022

Fruité de pêche et d’abricot, beaucoup de gras et de la fumée. Très concentré, avec une finale d’une exceptionnelle qualité. Combinaison réussie de rondeur et de fraîcheur. Cet assemblage se compose des cépages gual, listán blanco, malvasia, marmajuelo, vijariego. Certaines parcelles sont au niveau de la mer, d’autres à une altitude de +/- 1.000 mètres. 13,0%

Viñatigo, Tenerife, Ancestrales 2022

Vu que l’on retire l’échelle, il est impératif de se tenir au pinceau ! Autrement dit, un vin qui ne peut laisser personne indifférent. Tannicité et grande longueur, macération des peaux pendant 5 mois (couleur légèrement vin orange), des notes végétales. Finale en forme de rocher, avec de la cendre. Ce vin élaboré à l’ancienne est un 100% gual. 12,5%

Puro Rofe, Lanzarote, Rofe 2022

Nous changeons de producteur et d’île. Et cela nous entraîne vers un profil encore plus extrême: le volcanissime ! Caillou et citron. Bouche intense et dominatrice, finale très sèche, grande persistance. Assemblage de diégo, listán blanco et malvasia volcànica. Levures indigènes. Ni collé, ni filtré. 12,5%. Parker: 92/100.

Bimbache, El Hierro, Bimbache Blanco 2022

Hop, on passe du nord-est de l’archipel au sud-ouest de celui-ci. C’est du caillou mouillé (NB: quand je me laisse aller j’écris plutôt caillou pourri, mais ça n’est pas politiquement correct). Bouche explosive, avec une forte acidité. On se rapproche du territoire du vin nature, faiblement sulfité, terriblement salin, à cheval sur la frontière entre génie et bizarrerie: que chacun se fasse son opinion ! Pour Parker, c’est 93+.

Assemblage de baboso blanco, gual, listán blanco, pedro ximenez, verijadiego. 13,0%

vigne à Lanzarote
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dégustation du 09 mars: compte-rendu

Hier samedi dégustation de 14 vins autour du bar. Beaucoup de monde l’après-midi : mon dos, mes pieds et ma voix ont légèrement trinqué ! La soirée a été calme…

Des commentaires positifs en pagaille ce qui fait toujours plaisir, le public était manifestement content d’être là ! A ma grande satisfaction parce que la sélection était sans concession. Autrement dit, je privilégie ce qui me semble particulièrement intéressant sans chercher forcément à plaire à tous. Après deux blancs que j’ai qualifié de « gentils » (ce n’est pas péjoratif, c’est descriptif), les quatre blancs suivants étaient disons …exigeants. Des vins à forte personnalité qui racontent des histoires intenses, sophistiquées et multi-facettes. Quatre vins qui résument bien le pourquoi de ma passion et mon envie de la partager !

Plus précisément, le premier gentil s’appelle Touraine Sauvignon des Corbillières (3108) : aromatique, harmonieux, direct ; apéritif qui ne déplaira à personne ; fonctionnera fort bien avec les asperges qui pointent déjà leur nez printanier. Le deuxième gentil s’appelle Win Win (3209) et se prénomme riesling en provenance du Palatinat (Pfalz en langue locale) : aromatique, légèrement arrondi par un passage en bois, parfaitement sec ; c’est le riesling idéal pour ceux/celles qui se méfient du tranchant et de la forte vivacité de bien des rieslings allemands.

La personnalité d’Argile des Ardoisières (3222) s’exprime tout en délicatesse mais avec la vitalité du torrent. Cela fait sens considérant que les vignes sont plantées dans les coteaux pentus de la Savoie. Le Domaine des Ardoisières fait partie de l’élite savoyarde depuis plus de 10 ans.

Grand saut géographique vers le nord-ouest de l’Espagne, avec Cies Rias Baixas (3201), un vin de Galice vraiment étonnant : nez minéral et iodé (les vignes voient l’océan Atlantique), la bouche d’abord stricte et caillouteuse prend progressivement du gras et du fruit ; sans conteste un grand vin du cépage albariño.

Toujours l’Espagne avec Alegre Valgañon Rioja (3025) en bouteille transparente qui souligne sa belle couleur dorée. Vin sec, de style traditionnel, avec une pointe tannique en finale ; un bel exemple du bouillonnement stylistique qui agite la région depuis quelques années ; une comparaison audacieuse ? Eh bien cherchons du côté des vins blancs du célèbre domaine Lopez de Heredia (Viña Gravonia).

Enfin Derthona Vietti (3226), un italien de haute volée qui mérite son surnom en forme de clin d’œil : le Barolo blanc. N’hésitez pas à lire la belle histoire d’un cépage disparu et ressuscité sur le site d’Anthocyane.

On entame les rouges par un rosé foncé ou rouge clair, selon le bon plaisir du dégustateur : Teres Fatalone (3227) conjugue la richesse d’un vin des Pouilles avec une délicieuse fraîcheur ; on est très loin des primitivo lourds et fatigants ; vin gastronomique et polymorphe : il se sentira bien en compagnie d’une large série de plats.

Un pinot noir allemand et énergique Adeneuer Ahr (3210) dont le style peut évoquer certains bourguignons du côté d’Irancy, la finesse des tannins en plus. Bien sûr peu de couleur comme il sied à un pinot noir extrait avec doigté.

Je suis parfois perplexe face à la richesse en alcool des rouges du Rhône Sud ; d’où la très belle surprise La Janasse Terre d’Argile (3143), un assemblage de grenache, syrah, mourvèdre et carignan. Ce dernier cépage apporte de la fraîcheur bienvenue et donne de l’esprit à ce vin au caractère réconfortant.

Ensuite, direction Piémont pour découvrir le cépage barbera de chez Vietti Trevigne (3225) dans un profil énergique et frais, différent de celui (plus en rondeur) des vins de Rinaldi, habitués de mes dégustations. J’ai entendu quelques « oh ! » et « ah ! » qui en disent long.

Retour en France chez « le classique des classiques » en Crozes-Hermitage : Combier (3188) égal à lui-même, presqu’un archétype de la syrah aromatique et charmante, délicieuse combinaison de notes fumées, d’une vivacité qui réveille le palais et de tannins d’excellente facture.

En Espagne, je propose un autre classique : Mas d’en Gil Bellmunt (3196), magnifique Priorat grenache et carignan qui offre la typicité de cette célèbre appellation, mais aussi -et surtout- un profil construit sur la finesse (alors que bien des Priorat privilégient une extrême puissance qui me paraît inopportune).

On finit par un duo jurassien : d’abord Pignier Trousseau (3223) que j’ai le plaisir de proposer pour la première fois ; certains pouvaient craindre un effet de séquence négatif après le Priorat, mais il n’en fût rien : l’exceptionnelle finesse du fruit de ce rouge de couleur assez claire. C’est savoureux, frais, précis, floral et d’une grande élégance.

Pour finir en beauté, on enchaîne sur un autre Pignier Cellier des Chartreux (3224), 100% chardonnay élevé sous voile pendant trois ans ; style comparable à celui du Vin Jaune, en moins extrême. Ici encore, c’est la finesse qui emporte la marché, c’est bien plus qu’un vin de type oxydatif ! Très difficile de goûter autre chose après ce monument. J’espère vous donner envie ! En tous cas, je suis fier de la sélection et très heureux d’être en mesure de proposer de tels vins !

Pour des raisons logistiques, je prends les commandes jusqu’à ce mardi 12 mars inclus: dégustation de 14 vins

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Union Grands Crus: le millésime 2021 à Bordeaux

Belle opportunité ce mardi de goûter une longue série de Bordeaux dans le genre grands crus classés. Organisation performante qui permet de choisir entre la formule bruyante/agitée (chaque Domaine derrière sa petite table, ça se bouscule) et la formule au calme (on reçoit quelques centilitres du vin souhaité, on s’installe dans un fauteuil et on goûte sans être perturbé). Devinez où l’on pouvait m’apercevoir…

Il y a bien entendu bien plus de vins à goûter que ce que le rédacteur de ce billet est capable de déguster, tout en restant raisonnablement sobre. Je crache tout, mais malgré tout, au fur et à mesure…

Tant qu’à faire, j’ai sélectionné les appellations que j’avais déjà sélectionnées l’année passée, à savoir Pessac Léognan et Margaux. En laissant de la place pour quelques improvisations.

Pessac Léognan

Conclusion: dans le contexte d’un millésime difficile, les vins sont frais, assez fermés, avec des nez pas très expressifs. Mais il y a de gros écarts entre les meilleurs et les moins réussis (du moins à ce stade).

Je commence par Fieuzal: fruité, peu tannique et peu boisé, frais et peu alcoolisé (en perception). C’est très agréable mais un peu facile. Néanmoins, l’équilibre est excellent et les différents éléments du vin s’harmonisent avec brio. Le vinificateur a fait pour le mieux avec la matière mise à sa disposition. ++

Malartic La Gravière est certes plus dense que Fieuzal, plus riche et sans doute plus chargé en alcool, mais je lui trouve un peu moins d’énergie et un certain déficit de finesse. +

Smith Haut Lafitte présente un joli nez, avec un léger floral. Cela commence bien mais malheureusement la bouche déçoit: vin angulaire, tannins secs, beaucoup d’austérité sans plaisir, finale assez courte. +/-

Larrivet Haut Brion est construit autour d’une belle colonne vertébrale (acidité élevée), il est énergique et paraît encore très jeune. Les tannins sont plus fins que dans Smith HL. +

Haut-Bailly est dense, frais, salivant et long. Il est profond, équilibré, avec de bons tannins sans aucune sécheresse. Le meilleur jusqu’à présent. Pour un 2021, c’est très réussi. +++

Domaine de Chevalier affiche un profil très particulier: plus aromatique que les précédents, bien fruité, il pourrait se faire passer pour un Bourgogne ! C’est un vin élégant avec une charge tannique assez imposante, ce qui invite à lui donner du temps. +

Et pour finir cette promenade dans l’appellation: Pape-Clément. Nez plus minéral que fruité. Beaucoup de jus et d’énergie. Beaux tannins d’un juste dosage par rapport à la matière. Fin et puissant. +++

Margaux

Conclusion: les vins m’ont semblé plus puissants que ceux de Pessac Léognan, mais moins fins. Cela manque de chair et de plaisir. Il faut attendre que les vins se fassent plus aimables. Mais je n’affirme pas qu’ils seront un jour franchement meilleurs. Millésime manifestement difficile.

Desmirail constitue une assez bonne entrée en matière. Nez fruité, avec un boisé perceptible. Le vin est assez puissant, sauvage, pas encore en place. Quelques tannins légèrement secs. Il y a de la matière et de la vie. +

Dauzac présente un joli nez, fruité et souriant. En bouche, c’est nettement moins souriant: plus de puissance que de finesse, tannins surreprésentés, pointe de rusticité. +/-

Kirwan surprend par son nez subtil dans lequel s’invite l’encens. Equilibre de haut vol, dense et énergique, excellents tannins, finale salivante et tranchante. ++

Rauzan Gassies paraît timide, comme s’il n’osait pas se présenter au dégustateur. La bouche est simple, avec des tannins peu élégants. +/-

Lascombes est mystérieux: le nez est très fruité et très pur. En bouche, le vin paraît très jeune, sans harmonie avec quelques tannins rêches. Malgré tout, il m’intrigue et me donne envie de lui donner du crédit. ?

Prieuré Lichine présente un nez « sombre », sur le fruit noir et une certaine minéralité. Mais, en bouche, c’est puissant au détriment de la finesse. C’est impressionnant et extraverti avec un corollaire: la superficialité. La rusticité n’est pas loin. +/-

Le Tertre se dévoile via un nez un peu chaud. L’équilibre est très bon: il n’y a rien qui dépasse, c’est poli avec de bons tannins, le fruit est savoureux. Mais cela reste simple. +

Giscours a été goûté deux fois. C’est un vin très dense, avec du terroir et de la personnalité. A ce stade, c’est néanmoins fermé, voire austère. Très cabernet, avec une pointe d’amertume. ++

Je papillonne …

A partir d’ici, je me plonge dans les autres appellations, sans objectif précis: si une bouteille me tape dans l’œil, je goûte.

Talbot (St-Julien): le nez est peu causant. En bouche, il y a de la matière, un joli velouté jusqu’à un petit soupçon de chaleur (NB: attention à l’effet de séquence après l’austère Giscours). Comme s’il y a plus de merlot dans l’assemblage. Il lui manque l’étincelle du génie. +

Grand Puy Ducasse (Pauillac). Etonnant, je retrouve ici pour la première fois un parfum que j’associe à …Pessac Léognan: le jambon fumé. Fort différent de tous les autres vins goûtés précédemment. Atypique du millésime et de la région. Je pense plutôt à un vin du sud, espagnol. Certes différent, mais avant tout savoureux. J’ai envie d’un verre (mais je m’abstiens). ++

Gazin (Pomerol) est un vin puissant mais pas très précis. Déception, je n’y trouve ni finesse, ni élégance. Bof. +/-

Lynch Bages (Pauillac). Nez sur les fruits noirs, enivrant (euh…cela fait bientôt deux heures que je déguste), parfum oriental. Vin plus riche que le millésime, avec une suavité soyeuse qui ne verse pas dans la mollesse. Excellents tannins. +++

Bonus: Sauternes

Le millésime 2021 a été catastrophique pour les liquoreux. Conséquence: les domaines font goûter des millésimes plus anciens. Et cela se révèle très intéressant !

Guiraud 2016: nez sur les agrumes, scintillant, très séduisant. Touche de sauge et de menthe. Nuance pâtissière. Bouche très bien équilibrée, avec peu de sucre perçu. Vin aérien, subtil, sans boisé excessif, alcool mesuré: vin spirituel, pas spiritueux. +++

Lafaurie Peyraguet 2017: fort effet de séquence avec Guiraud. Ce nez-ci est imprécis. Cette bouche est fort sucrée, avec une pointe d’alcool. La richesse finit sur une impression de lourdeur. +/-

Sigalas Rabaud 2016: Nez envoûtant, sur les agrumes fins. Bouche intense, gastronomique, serrée et tendue, pas trop sucrée. Le profil est proche de celui de Guiraud. ++

Quelque chose à rajouter ?

Les notes ci-dessus sont « brutes », sans la moindre correction politiquement correcte. Je n’ai consulté aucun guide, aucune revue. Il s’agit d’un instant particulier, avec une séquence particulière de vins. Et, bien entendu, mes évaluations en racontent plus sur mes goûts que sur la qualité intrinsèque des vins dégustés.

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dégustation ce samedi 09 mars

Programme complet: les vins en dégustation. Pignier, Vietti et autres pépites.

Commandes à me transmettre au plus tard le mardi 12 mars.

Jetez aussi un coup d’œil à la sélection andalouse.

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fêtes !

Dégustation de 13 vins ce samedi 09 décembre, de 10 à 18 heures. Le programme met l’accent sur les très belles bouteilles, proximité des fêtes oblige: Bordeaux, Bourgogne, Loire, Beaujolais, Espagne, etc…

Face-à-face au sommet entre riesling allemand et riesling autrichien. Tête-à-tête entre Fleurie et Côte de Brouilly. Un Bordeaux du millésime 2016 en format 50 cl. Une bulle espagnole …non, ce n’est pas du cava. Un terroir volcanique du nord de l’Italie. Un nouveau Domaine en Rioja. Un passage par les îles grecques puis par les îles baléares.

Et une apothéose oxydative …non, c’est pas du sherry.

La bulle et l’oxydative

Hors dégustation: du Champagne (Drappier, Bedel, JM Sélèque, Robert Moncuit, Fleury), du Madère (Boal), des vins légèrement doux (Vouvray Huet) et franchement doux (un Tokaji hongrois, un vieil Auslese en provenance du Rheinhessen, un Quarts-de-Chaume Grand Cru). Une bulle allemande 100% riesling Brut Nature dont la maman est Eva Clüsserath et le papa Philip Wittmann.

Egalement les grandes cuvées des Domaines Riecine, Sant’ Armettu, Castro Candaz, Forjas del Salnès, Pazo Señorans, Les Ardoisières, Pignier, Gérard Boulay, La Rioja Alta, Mas d’en Gil.

Commandes jusqu’au mardi 12 décembre inclus, de préférence via le magasin.

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blanc dégustation information rouge

Nouveautés en pagaille !

Novembre 2023. Ça y est. Des nouveautés et encore des nouveautés. Petits prix, grands prix. En France et ailleurs. Mes dégustations chez les importateurs ont été fructueuses. Choisir, c’est renoncer. Comment s’y retrouver ?

Voici les six vins blancs qui participent à la dégustation de ce samedi 25 novembre.

C’est simple: voici les 45 nouveaux vins.

« 45 nouveaux vins ? Mais Philippe, allo quoi, tu déconnes ?! »

Lecteurs, ne soyez pas trop durs avec moi. Je goûte, je compare, je regoûte, j’hésite, je regoûte encore, je tranche. Est-ce de ma faute si les vins sont (très) bons ? Ai-je perdu mon sens critique quelque part entre une carafe et un crachoir ? Meuh non.

Donc, ça commence avec un vin de Calabre: Nettare di Abramo est un petit calibre, mais il est frais et énergique. Et puis comment ne pas goûter au cépage gaglioppo ?

Le millésime 2022 du Domaine des Corbillières: de mon point de vue, plus équilibré que 2020 (trop de soleil) et que 2021 (pas assez de soleil). Si c’est pour tire-bouchonner maintenant, le « petit » Sauvignon fera parfaitement l’affaire. Donnez quelques mois à Fabel Barbou.

La Cabotte: un Côtes-du-Rhône biodynamique qui vaut très allègrement son prix. Beau jus, sans chaleur ni mollesse.

Le millésime 2022 du Centenaire de Lafage vaut le millésime 2020. Les plus attentifs auront remarqué que je n’ai pas présenté le 2021 qui n’a pas réussi son examen, ni en première, ni en seconde session. Je continue à penser que le seul défaut de ce vin, c’est son prix: il n’est pas assez cher !

Le Valpolicella Classico 2022 a participé à la dégustation d’octobre: certes peu de couleur, mais beaucoup de fruit et de suavité.

Amigos est un espagnol qui adore la viande rouge: sa nature un peu sauvage et ses tannins trouvent leur terrain de prédilection lorsque le steak s’avance (NB: est-ce qu’un steak peut s’avancer ? Mmmmh)

…et je pourrais poursuivre de la sorte jusqu’à tard ce soir.

Voici les six vins rouges qui participent à la dégustation de ce samedi 25 novembre.

Mes coups de cœur personnels ? Le Domaine Alegre Valgañon en Rioja (tant le blanc que le rouge), la Cuvée Tardive du Clos de la Roilette à Fleurie, la bulle 100% riesling de Clüsserath et Wittmann, le pinot blanc d’Holger Koch et le nouveau millésime de Gricos (Domaine Grifalco).

Mais…

…ce n’est pas fini.

Il y a comme une cave(rne) d’Ali Baba, cachée au fond du magasin. Des trésors à portée de clic. Du tout bon, à déguster, à encaver ou à offrir.

Voici les vins de fête et d’exception. Vous trouverez ici en particulier les grandes cuvées des Domaines que je propose régulièrement ainsi que quelques surprises plutôt originales.

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Deux dégustations pour la fin d’année

Après avoir arpenté les dégustations proposées par les importateurs en septembre et en octobre, à moi d’en distiller la quintessence et de vous faire profiter du fruit de mes recherches. Bon, « distiller », c’est à prendre au sens figuré: je n’ai pas viré cognac !

Notez déjà les deux dates: samedi 25 novembre, puis samedi 09 décembre, chaque fois de 10 à 18 heures.. Le programme des deux dégustations sera différent: vous pouvez déjà jeter un œil au programme incomplet de la première. Je rajouterai certainement une bulle, mais je n’ai pas encore choisi laquelle.

Le 25, ce sera un véritable tour d’Europe: France, Espagne, Portugal, Grèce, Italie, Allemagne, etc… Vous pouvez compter sur une quinzaine de flacons sur le bar.

Il n’est pas indispensable de s’inscrire, mais c’est plus facile pour moi si vous envoyez un bref « je viens samedi » à l’adresse anthocyane.philippe@gmail.com

Tous les vins commandés (hors rupture de stock chez l’importateur) seront mis à disposition dans le courant du mois de décembre.

Préparez les huîtres, les dindes et les tripes de sanglier frites dans la graisse d’urus, je m’occupe des boissons !

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Rouge vif !

Tout est prêt, je vous attends ! Une dégustation consacrée cette fois aux vins rouges, deux exceptions se chargeant de confirmer la règle.

Dégustation d’une quinzaine de vins, sélectionnés avec passion et discernement, ce samedi 14 octobre, entre 10 et 18 heures. Autour du bar et pas en terrasse vu que c’est l’automne et qu’il va pleuvoir et que cela plaît aux champignons. Ambiance décontractée et informelle. 

Commandes à me transmettre au plus tard le mardi 17 octobre, mise à disposition des vins fin octobre.

Donc deux vins blancs pour entamer les hostilités: un vin galicien, en appellation Rias Baixas (Espagne atlantique), le classique Leirana, en millésime 2022. Anthocyane a proposé tous les millésimes depuis 2018 et il n’y a aucune raison de vous priver du dernier-né ! Au moment d’écrire ce texte, il me reste 3 bouteilles de Leirana 2021. Puis le long voyage vers l’est pour faire halte en appellation Soave (Vénétie, près de Vérone et du lac de Garde) pour le Classico du Domaine Suavia, en millésime 2021. Les sœurs Tessari détiennent une baguette magique pour élaborer des vins blancs de très haut niveau (Monte Carbonare, Massifitti, …), mais c’est déjà très bon en entrée de gamme. Attention, ces vins ne hurlent pas leurs qualités, ils les murmurent. Ils convainquent mieux à table qu’en dégustation pure.

Rouge vif donc ! Restons d’abord en Vénétie pour découvrir le millésime 2022 du Valpolicella Classico du Domaine Speri, puis le 2020 de ce même domaine Speri, sur la cuvée haut de gamme Sant’ Urbano. Ce dernier n’a pas besoin d’être défendu, il s’impose tout naturellement à la dégustation, dans un style que l’on peut résolument qualifier de « petit Amarone« : c’est suave, soyeux, sec et profond. Le « simple » Valpo vaut le détour, en particulier considérant son prix: en échange de peu de sous, on reçoit un fruit bien mûr, un jus enthousiasmant et (presque) pas d’alcool – 12,5%.

Voici Amigos 2021, un assemblage de cinq cépages (tempranillo, grenache, graciano, syrah et cabernet sauvignon) en provenance du centre de l’Espagne (Castilla La Mancha). Puissant, juteux et tannique, il fera un excellent compagnon pour la viande rouge. Le Domaine Torre de Barreda tire son épingle du jeu dans cette vaste région qui produit énormément de vins assez quelconques.

Il y aura aussi un petit coin de Vienne, l’affluent de la Loire le long de laquelle s’étend le vignoble de Chinon: on goûte Les Granges 2021 du Domaine Baudry qui a pour excellente habitude réussir toutes ses cuvées, de la plus simple jusqu’à la plus complexe. Je me suis rendu compte récemment que j’avais négligé de faire goûter cette entrée de gamme qui mérite pourtant d’être mise en avant, dans un style frais typique du millésime.

Domaine Les Bosquets à Gigondas. Ce Côtes du Rhône 2022 est un gros coup de cœur: lorsque je l’ai goûté en mai, j’ai noté: couleur pâle, typiquement grenache. Nez joyeux, souriant, affriolant. En bouche, texture soyeuse, presque pas de tannins. Petite pointe de chaleur (14,5%). Vin du sud, direct et sans détours. Le grenache est complété avec 15% de syrah et 5% de mourvèdre.

Nous repartons vers la Galice. Pas la Galice atlantique (voir Leirana ci-dessus), mais la Galice continentale, en appellation Ribeira Sacra. Le Domaine s’appelle Castro Candaz: c’est un projet issu de la collaboration entre deux très grands noms dans le vignoble espagnol: Rodrigo Mendez et Raul Perez. Ils élaborent dans cette région austère, connue pour les pentes vertigineuses dans lesquelles sont plantés les ceps du cépage mencia, des vins rouges d’une surprenante finesse et d’une forte personnalité. Je vous propose de goûter le millésime 2021 de la cuvée de base (parfois appelée « joven« , même si cette mention ne figure pas sur l’étiquette) et le millésime 2019 de la cuvée parcellaire Finca el Curvado. Si ces deux vins vous plaisent et que vous êtes disposés à casser (un peu) votre tirelire, faites moi signe: la cuvée « grand cru » du Domaine Castro Candaz vaut le voyage !

En 2014, Anthocyane a proposé le Barbera d’Alba du Domaine Francesco Rinaldi (c’était le moment du millésime 2012). Depuis lors, millésime après millésime, ce vin s’est positionné comme une valeur sûre dans l’assortiment. Le vin est élaboré par les filles de Francesco, Piera et Paola. Vous aimez les vins charnels, sensuels, pleins de fruit et peu tanniques ? Le cépage barbera a manifestement été créé pour vous ! Bondissez sur ce 2020 avant qu’il ne s’échappe !

Richeaume. Domaine imprévisible. Souvent, les élevages me paraissent excessifs, ostentatoires, bêtement chics. J’ai l’impression d’un homard que l’on tartine de mayo: il y a quelque chose de précieux, mais c’est invisibilisé par une couche de bois qui simplifie, assèche et banalise. Et puis, il y a Frida: quand Richeaume est réussi, alors c’est très réussi. Vraiment très réussi. Je me souviens de ce Grenache 2018 qui m’avait explosé au visage (c’est une image) lorsqu’il s’écoula entre mes lèvres avides. Et bien, c’est rebelote avec ce Carignan 2021: nez distingué avec un vrai grand fruit, bouche juteuse et profonde, avec des tannins justes, sans la moindre sécheresse. Elevage, vous avez dit élevage ? Il brille par son absence. Une ode à ce cépage, notoirement capable du meilleur comme du pire. Il se dit que ce vin serait sans sulfites ajoutés, à très peu de chose près. Ah oui, j’allais oublié, nous sommes en Provence, près d’Aix.

Le Chianti Classico de Riecine fait également partie des valeurs sûres de l’assortiment. Ce 2021 se signale à notre attention par un taux alcoolique plutôt bas pour la région: 13,5%. A noter également que Riecine est à présent officiellement bio. Un excellent sangiovese sans concession à la mode des vins très extraits, très colorés, très boisés. Ici on recherche l’équilibre et la fraîcheur, sans utiliser de bois neuf. Si ce vin vous plaît et que vous êtes disposés à casser (un peu beaucoup) votre tirelire, faites moi signe: parmi les grandes cuvées du Domaine, il y en a une qui est absolument exceptionnelle !

Au printemps dernier, j’ai coorganisé et participé à un voyage dans La Rioja, voyage qui a fait étape au Domaine Roda. En fin de dégustation, nous avons pu goûter les vins que ce Domaine élabore dans une autre appellation, à savoir Ribera del Duero. J’avoue que j’étais sur mes gardes, de nombreuses dégustations de Ribera del Duero m’ayant laissé quelques souvenirs peu agréables. Et pourtant. Il y a donc moyen d’élaborer sur ce terroir des vins avec une vraie « buvabilité », un dosage pertinent du bois, une puissance contrebalancée par de la finesse aromatique. Cela s’appelle Corimbo et nous goûterons le millésime 2018.

Enfin, un Rioja. Certes, mais un Rioja assez atypique: cela ne ressemble ni aux vins traditionnels (Lopez de Heredia, La Rioja Alta) ni aux vins modernes (Artuke, Roda). Peut-on alors affirmer que ce vin se situe entre tradition et modernité ? Non, de mon point de vue, il se situe ailleurs. Il incarne le dynamisme de La Rioja, région qui bouge dans tous les sens, y compris les moins prévisibles. Bref, Jose Gil est un original qui ne se réfère pas à des modèles existants, il créé ses propres vins. En particulier deux vins de villages: Labastida et San Vicente. En goûtant les 2021, j’ai pensé à la …Bourgogne. Et il se fait que Jose Gil a effectivement fait un stage en Bourgogne. Les vins ne sont pas bon marché. De toute façon, il y en a très peu.

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Dégustation samedi 12 août

Allemagne, Autriche, Grèce et Corse.

Vins blancs, secs, issus du millésime 2022.

riesling, vermentinu, chardonnay, sauvignon, pinot blanc, silvaner, grüner veltliner, assyrtiko, scheurebe.

taux d’alcool moyen: 12,2%.

Les vins participants sont ici.

Commandes jusqu’au mardi 15 août inclus.

A vous de jouer !

Allemagne Alsace Aupilhac Autriche Beaujolais Belgique biodynamie Bordeaux Bourgogne cabernet franc chardonnay chenin colis Corse Cébène Côtes du Rhône dégustation Eric Janin Espagne Franken Frédéric Mabileau Galice grenache Italie Jura La Chevalerie Lafage La Madone/Gilles Bonnefoy Le Pas de l'Escalette Loire Marcel Lapierre Muscadet Niepoort Pas de l'Escalette Paul-Henri Thillardon Pellé Pignier pinot gris pinot noir Piémont Portugal Rheingau riesling Rioja volcan

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Voici pourquoi venir samedi

Introduction un peu rigolote

Coucou,

Oui, j’ai rassemblé une flopée de chouettes bouteilles, toutes susceptibles d’ajouter un peu de valeur à vos déjeuners champêtres et à vos dîners festifs de cet été 2023. Ce rassemblement de flacons a eu lieu en avril et en mai, avant la chute du ciel sur ma pauvre tête ou, mieux décrit, avant que je ne dégringole des escaliers le 21 mai, avec une colonne vertébrale fort amochée comme conséquence douloureuse.

Merci, je vais mieux, assez bien en tous cas pour vous proposer cette dégustation ce samedi 01 juillet, avec l’espoir de vous attirer en mes quartiers berchemois, avec vue sur prairie et sur moutons qui broutent ladite prairie. Il fera plutôt beau et pas trop chaud, ce qui convient bien à l’exercice proposé.

Mes intentions sont pures, presqu’angéliques, il s’agit de partager, de comparer, de discourir, de rire, bref de vivre agréablement, un verre à la main (pas loin d’un crachoir, ce qui peut, en particulier lors du quinzième vin, se révéler utile) et les sens aux aguets.

Donc, pourquoi venir à cette dégustation ? Outre le fait de venir me dire bonjour, il y aura 15 vins pour rendre hommage à la diversité du vignoble européen, sans tomber dans les pièges tendus par de vils Rastapopoulos, toujours prêts à raconter n’importe quoi pour écouler leurs pinards, en dépit du bon sens.

A propos de bon sens, jetez un œil à un article paru dans So Soir, le supplément publirédactionnel du journal Le Soir, écrit avec les pieds et avec un goût pour l’information exacte qui ne cesse de m’impressionner.

Ce coup-ci, c’est « Quel est l’alcool le moins calorique à siroter en terrasse ? ». D’abord, j’adore les articles dont le titre se clôt via un point d’interrogation. Mais soit. Voici donc la science telle que scribouillée par l’autrice du susmentionné papier: « Il suffit de retenir une chose: moins la teneur en alcool est élevée, moins la boisson contient de sucre et donc, moins elle est calorique ».

Non. Non, non et non. Quel charabia. Ce n’est pourtant pas compliqué: pour définir la charge calorique d’une boisson alcoolisée, il faut totaliser les calories apportées par le sucre et celles apportées par l’alcool. Un vin moelleux avec un degré alcoolique très faible (10%) peut ainsi se révéler plus calorique qu’un vin sec à 13%.

On continue: prétendre que le Champagne serait par nature moins calorique que le vin est une ânerie ou un fait alternatif propagé avec habileté par les ambassadeurs de la boisson qui bulle. Les règles sont les mêmes pour toutes les boissons, un gramme d’alcool dans une flûte pèse le même nombre de calories que ce même gramme d’alcool dans un verre à vin. Bien sûr -et vive la désinformation !- si on compare 8 centilitres de Champagne à 12 centilitres de vin, le verre de vin sera sans surprise le plus calorique.

Je note également que le rhum serait presque deux fois plus calorique que le whisky. Me voici hors de ma zone de confort, mais, franchement, cela vous paraît crédible ? N’hésitez pas à m’éclairer sur le sujet.

Mais voilà que je digresse sans fin et que je perds le lecteur pressé qui s’attendait à ce que je lui parle des vins en dégustation ce samedi. Nous y voilà.

Les vins en dégustation

Tous les vins en dégustation sont rassemblés ici

Les vins blancs

A propos de Rastapopoulos, on commence par Atma 2022, une nouveauté dans la gamme du Domaine Thymiopoulos (Macédoine, en Grèce septentrionale), grand spécialiste du cépage noir xinomavro.

Atma est pourtant un vin blanc, assemblage du rare cépage local malagousia et du xinomavro vinifié comme un vin blanc, en évitant de laisser les peaux des raisins en contact avec le jus de ces mêmes raisins. Cela demande du doigté et de la maîtrise. Vin aromatique, frais et joyeux, idéal à l’apéro. Léger en alcool (12%), original sans être exotique.

Voici un nouveau Domaine dans le centre de la France, entre Loire et Massif Central, Les Bérioles, avec deux vins: Trésaille et Aurence. Trésaille est un 100% …tressallier, cépage autochtone du nord du Massif Central. Remarquez le cépage prend deux « s » et que le nom de la cuvée n’en prend qu’un. Comme il est élaboré sans 50%+ de chardonnay, il n’a pas droit à l’appellation St-Pourçain. Terroir calcaire, élevage sans bois, léger en alcool (12,5%). Vin bio. Nez aromatique: abricot puis agrumes, épicé, une touche de fenouil. Bouche dotée d’une belle colonne vertébrale acide (aucune allusion à mes soucis de santé), avec de la longueur.

Aurence est en appellation St-Pourçain, grâce à l’assemblage du chardonnay et du tressallier. Terroir calcaire, élevage sans bois, léger en alcool (12,5%). Vin bio. Le nez est citronné, la bouche dense, salivante et précise. Peut se faire passer pour un beau Bourgogne (sans la présence du boisé).

Direction la Corse, au Domaine Yves Leccia, pour un assemblage de 60% vermentinu et 40% biancu gentile. Elevage sans bois. Nez sur l’orange. Bouche agréablement sudiste, confortable et intense. L’alcool ne marque pas le vin, il joue son rôle en arrière-plan. L’équilibre est obtenu par une conjonction d’acidité et de légère amertume, classique avec le cépage vermentinu.

Le Domaine Pignier fait partie de l’élite du Jura, tout en pratiquant des tarifs qui ne sont pas ceux des stars de la région (suivez mon regard). Voici l’étonnante cuvée GPS, assemblage complexe de chardonnay, poulsard et savagnin, avec une pincée de « vieux cépages » dont nous ne saurons rien de plus. Vinification sans soufre ajouté. Vin biodynamique Demeter. Il ne s’agit pas d’un vin de type oxydatif. Couleur tirant sur le laiton. Grande finesse et élégance du nez, avec des arômes du verger (pomme et poire).

La bouche est saline, fraîche, avec une acidité traçante jusqu’à une finale nette, sèche et précise. Grande longueur. Je suis toujours aussi impressionné par la gestion du bouleversement climatique: en 2018, les vins de Pignier étaient devenus massifs, presque lourds, avec un alcool élevé. Le Domaine a réagi avec détermination et célérité. Les millésimes récents ont retrouvé un équilibre beaucoup plus digeste (12,5%). Bravo !

On conclut la dégustation des vins blancs en franchissant les Pyrénées, jusqu’au sud de la Catalogne, en appellation Priorat. Nous sommes au Mas d’en Gil, domaine phare de cette région passionnante. Ce Bellmunt blanc est décrit par le Domaine (qui ne manque jamais d’humour grâce à la vigneronne Marta Rovira) comme: A wine to be drunk for breakfast, lunch and dinner. Je n’irais pas jusqu’au petit déjeuner, mais voilà en effet un vin gastronomique capable de s’adapter à moult situations différentes. Assemblage de grenache blanc et d’un peu de viognier, plutôt jeunes vignes (plantées en 2000 et 2008), sur terroir de schiste, peu chargé en alcool (13,5%) en comparaison de la plupart des Priorat. C’est officiellement l’entrée de gamme, mais au niveau de vins bien plus chers. Vin bio. A titre personnel, j’attendrai 2024 pour déboucher ma première bouteille.

Les vins rosés

Une fois n’est pas coutume, deux rosés en dégustation. Si on ne le fait pas le 01 juillet, …on ne le fait jamais.

D’abord Miraflors 2022, du Domaine Lafage en Roussillon. Année après année, la meilleure vente d’Anthocyane. Quel que soit le millésime, le couple Lafage se débrouille pour présenter un produit sec, frais, polymorphe, facile sans être simpliste, léger en alcool (12,5%), d’un prix fort raisonnable et habillé par une bouteille si élégante qu’il est difficile de la jeter: chez moi, elle fait office de carafe d’eau.

Vais-je tenter de vous vendre un rosé allemand, élaboré par un domaine qui porte un nom anglais ? Oui. Avec beaucoup de conviction. Je sais que ce n’est pas gagné, mais je me sens pleinement sur mon terrain et donc je m’obstine. La Shelter Winery est un grand spécialiste du pinot noir. On se situe en Baden, près du Kaiserstuhl, à un carreau d’arbalète de l’Alsace.

Rosé de Noir 2022 est peu coloré, avec un nez de fraise. Quelle élégance ! Ce n’est pas un vin pour barbecue ! Mais quelle belle source pour créer des accords gastronomiques estivaux et raffinés. C’est un très beau pinot noir qui est également un vin rosé. Techniquement, il s’agit d’une saignée, réalisée sur l’ensemble de toutes les cuves du Domaine.

Les vins rouges

Le premier rouge permet un passage tout en douceur entre rosé et rouge, ni vu ni connu ! Les Maiols est un vin rouge, mais de rouge vraiment très clair. Ou alors rosé foncé. Enfin, chacun fera son choix.

On est en Catalogne, au Domaine Joan d’Anguera.

Jeunes vignes de grenache, plantées entre 2012 et 2017. Géologie calcaire et sablo-calcaire. Biodynamie, non revendiquée sur l’étiquette. Vendanges manuelles. Du soufre, mais très très peu. Levures indigènes. Elevage en cuve béton (9 mois) et en barriques usagées (3 mois). Ce sont les jeunes vignes de la parcelle qui fournit les raisins pour la cuvée Altaroses.

Projet parallèle des frères Joan et Josep, à côté de leurs grands vins, en appellation Montsant. Nouvelle cuvée. Esprit rock ‘n’ roll sans fausses notes ni dissonances.

Nez fin, sans exubérance. Attaque légère et délicate. Plus de poids en milieu de bouche. Un petit côté salivant qui donne du peps à la finale. Sans verser dans les clichés, un très bon vin pour le jardin et l’été ! Peut se servir frais.

Tant qu’à explorer les multiples identités du grenache contemporain, remontons vers le Languedoc, jusqu’au Domaine Magellan. Cette cuvée astucieusement dénommée Le Grenache fait dans la simplicité directe et sans fioritures. Cela ne fera pas les titres de la presse spécialisée, mais c’est équilibré, plein, charmant, juteux, fruité. Un peu de fraise, un peu d’orange sanguine. Et le prix est excellent. Et c’est bio. Et c’est élevé sans bois. Et ce sont de vieilles vignes, plantées dans un terroir sableux. Cela peut sembler contre-intuitif, mais les terroirs de sable donnent régulièrement des vins de grande finesse.

En 2021, les circonstances du millésime ne se prêtaient vraiment pas à la production des Raisins Gaulois, le p’tit Beaujolais festif du Domaine Marcel Lapierre. Notre patience est pleinement récompensée par l’arrivée de ce 2022. L’incarnation d’une gouleyance ? C’est léger en matière comme en alcool, c’est désaltérant, ça coule avec une déconcertante facilité. C’est bien entendu du pur gamay, sans élevage boisé. Et puis, quand on s’arrête un instant, on s rend compte qu’il y a aussi un joli fond et un peu de glycérine. Oubliez le pour accompagner l’entrecôte, mais tentez des accords pour lesquels le premier réflexe nous conduit à choisir un vin blanc.

Ne stockez pas en perspective de l’été 2024, c’est fait pour avoir été bu avant que 2023 ne nous quitte.

Moyenne d’âge des vignes: 15 ans. Géologie granitique, vendanges manuelles. Vignes cultivées sans engrais ni désherbant chimique. Légèrement sulfité uniquement à la mise en bouteilles, comme le Morgon « S » de ce même Domaine Lapierre. Tant que j’y pense ce Morgon 2022 est disponible dès maintenant.

Le 29 avril, j’avais placé sur le bar une cuvée assez bluffante, en provenance du sud-ouest de la Corse, d’une grande délicatesse: Rosumarinu. Je pense que 90% de ceux qui l’ont goûté en ont acheté. Cela n’est pas si courant, ce vin se débrouille super bien pour plaire à des amateurs aux goûts hétérogènes.

Le Domaine Sant Armettu a d’autres atouts dans sa manche: ce Mino (ce mot corse peut se traduire par « petit ») constitue l’entrée de gamme, mais, au vu de la qualité, j’ai un peu de mal à le désigner de cette façon. C’est un assemblage de sciaccarellu et de niellucciu, le premier apportant la finesse et l’aromatique, le second se chargeant de la fraîcheur et de la structure tannique. A ce stade de son développement, le sciaccarellu s’impose dans l’équilibre. on goûte des épices, du poivre, de la cannelle. je me risquerais bien à les rapprocher d’un vin de Toscane. Le vin est plutôt concentré, il est juteux et précis. En français contemporain: il est d’une grande buvabilité. Elevage en inox (pas de bois). C’est bio.

Et voici le classique entre les classiques: Les Sorcières du Clos des Fées 2022. On peut être décontenancé par la faconde para-narcissique du vigneron, mais difficile -même en cherchant beaucoup- de trouver un défaut à cette incarnation du bon vin rouge universel, assemblage bien dosé de cépages du grand sud, avec beaucoup de syrah. Ceux d’entre vous qui me connaissent bien savent ma méfiance pour les syrah du Languedoc et du Roussillon: elles manquent souvent de finesse aromatique, la syrah donnant l’impression d’avoir été brûlée par l’implacable soleil. Eh bien, ces Sorcières évitent allègrement ce piège classique ! Cerise sur le gâteau: la maîtrise de l’alcool malgré le chaud millésime (13,5%).

On termine avec deux vins plus puissants, avec du muscle et de la présence. D’abord, une nouveauté: le Domaine Gassier en appellation Costières de Nîmes.

Costières de Nîmes est cette appellation dont on se demande toujours si elle fait partie du Languedoc ou du Rhône. Située entre Nîmes et Arles, selon un axe nord-est, sud-ouest, c’est bien une appellation rhodanienne. Le Domaine se situe dans le village de Caissargues, à un kilomètre du Château de Nages.

Nostre Païs provient d’un terroir de galets roulés, comparable à celui de Châteauneuf-du-Pape. Assemblage classiquement dominé par le grenache: la présence du mourvèdre et de la syrah lui confèrent de la structure. Nez aromatique, friand, frétillant. Bouche riche et confortable, soutenue par une acidité de bon aloi. Cerise et poivre. Minéralité (graphite).

Enfin, nous clôturons en rouge comme nous l’avons fait en blanc: Mas d’en Gil Priorat Bellmunt 2019. En effet, 2019: c’est bien le millésime actuellement à la vente au Domaine. D’abord élevage de 10 mois en fûts, ensuite élevage en bouteilles avant commercialisation.

Assemblage très traditionnel, c’est-à-dire uniquement grenache et carignan. Ni syrah, ni cabernet sauvignon. Vignes sur schiste, plantées entre 1994 et 1998.

Vin évidemment puissant qui doit être apprivoisé avant dégustation: offrez lui soit la carafe, soit un peu de temps dans votre cave. Je souligne volontiers que le prix, même s’il se situe au-delà des vingt euros, est très raisonnable, dans le contexte de Priorat, appellation suscitant une forte demande mondiale.

Conclusion (qui va de soi)

On se voit samedi ? Que vous veniez ou pas, je prends les commandes jusqu’au mardi 04 juillet inclus, de préférence via le magasin en ligne.

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Oyez, oyez, demandez le programme !

samedi 29 avril: dégustation d’une quinzaine de très bons vins

Je me réjouis de partager une série de vins que j’ai eu l’occasion de goûter moi-même pour la plupart en mars et en avril. Beaucoup de vins ont été éliminés pour cause de banalité, de déséquilibre ou de rapport qualité/prix peu excitant. Restent donc ceux qui sont sortis vainqueurs de mes dégustations récentes: ils ont successivement convaincu leur importateur, puis votre serviteur.

Je privilégie la diversité: domaines encore peu connus, destinations exotiques, nouveau millésime ou nouvelle cuvée issus de domaines que j’apprécie -que vous appréciez- depuis longtemps et vrais classiques.

Mon goût personnel m’oriente en priorité vers les vins élégants, pas trop chargés en alcool et peu marqués par leur élevage. Je m’intéresse à la complexité (multiplicité des arômes), à la longueur (persistance en bouche), à l’équilibre (harmonie entre les goûts), à l’intensité (concentration et énergie) et à la spécificité (originalité, personnalité). Si vous souhaitez mieux connaître ma grille de lecture du vin, j’y ai consacré une explication détaillée.

Et donc, quel programme ? Doublettes !

Pour la première fois, voici deux vins en provenance de Chypre, plus précisément du Domaine Kyperounda. D’accord, c’est vachement exotique, mais la presse spécialisée s’accorde pour affirmer qu’il s’agit du meilleur Domaine de l’île. Caractéristiques: un vignoble en haute altitude (plus de 1.300 mètres) et le cépage xynisteri que vous ne trouverez nulle part ailleurs.

Après l’Europe presqu’asiatique, voici l’Europe presque belge, puisque je vous propose deux vins lorrains, en appellation Côtes de Toul, issus d’un cool climate: tant l’auxerrois (blanc sec) que le pinot noir offrent délicatesse et jolie concentration. Avant le déferlement du phylloxéra, la Lorraine comptait des milliers d’hectares de vignes. Au milieu du 20ième siècle, il en restait …150 hectares. Le Domaine Vosgien fait partie d’une petite élite bien décidée à redorer le blason de la région, en blanc comme en rouge.

Ah, voici un domaine que je suis depuis bientôt 10 ans: le Domaine de La Madone, en appellation Côtes du Forez, entre Lyon, Roanne et les contreforts du Massif Central. Le Gamay sur Volcan est une valeur sûre, et je choisis cette fois de faire goûter également le Gamay sur Granit, encore appelé Dacite. Juteux, souriant, frais, top. Le Domaine travaille en biodynamie et n’utilise le soufre qu’en quantités minimales.

Une autre excursion exotique, vers la plaine de la Bekaa, au Liban. Comme pour les deux Chypriotes cités ci-dessus, il s’agit d’un vin de haute altitude (1.400 mètres), 100% issu du cépage cinsault. Peu de couleur et beaucoup d’arômes. Pas de tannins et une vraie personnalité. Ne ressemble pas aux cinsault français: le Domaine Terre Joie incarne le cinsault libanais. Pour le vérifier, voici Ze Cinsault du Domaine du Pas de l’Escalette en millésime 2020: il porte avec panache un profil qui peut sembler chaud (15%). Or, non, ce qui frappe c’est une combinaison gagnante entre finesse et fraîcheur, qui repose sur des petits tannins de qualité.

Je ne résiste pas à placer dans la dégustation le pinot noir 2020 du Domaine Knab. On est en Allemagne, à quelques kilomètres de la frontière avec l’Alsace. Le millésime 2019 a connu un grand succès -largement mérité- et ce nouveau millésime me semble confirmer les qualités du précédent. Si vous aimez jouer, glissez ce vin « à l’aveugle » au milieu d’une série de Bourgognes de belle qualité …et puis appréciez les commentaires des dégustateurs ! Les vieilles vignes, le terroir volcanique, l’élevage intelligent composent ensemble un tableau de toute beauté. Voyons également ce que ce même Domaine est capable de faire avec ses vieilles vignes de chardonnay. Ce 2021 pousse le dégustateur à éviter tout jugement à l’emporte-pièce: ce blanc peu boisé fait dans la nuance, c’est un discret qui murmure plus qu’il ne crie. Mais quel joli murmure ! Prenez le temps de l’apprécier.

Coïncidence heureuse: deux importateurs m’ont proposé chacun un Domaine de Corse: Yves Leccia d’une part, Sant Armettu d’autre part. Le nord et le sud de l’île, Patrimonio face à Sartène. E Croce 2020 est élaboré avec du nielluccio, le nom local du sangiovese italien que l’on retrouve entre autres en Chianti et en Brunello. Ce vin présente une couleur assez pâle, un nez fin et subtil. En bouche, c’est un vrai vin du sud, mais sans donner à l’alcool un rôle inopportun. Bons tannins qui doivent encore se fondre. Rosumarinu 2022 présente une robe encore plus claire et un nez aérien, pur et délicat. La bouche est fraîche et infusée, presque sans présence tannique: c’est un 100% sciaccarellu, un cépage que l’on compare régulièrement au pinot noir.

On se projette vers le nord, pour se retrouver en Loire occidentale. D’abord en pays nantais avec la Folle Blanche 2022 du Domaine Luneau-Papin: ce cépage, souvent dédaigné, est capable du meilleur lorsque ses rendements sont limités. Un parfait compagnon pour les fruits de mer et un tout aussi sympathique apéritif. Puis en Anjou pour découvrir une nouvelle cuvée du Clos de Galerne, Domaine jeune mais très prometteur. Ce Ronceray 2021 est élaboré avec des parcelles traditionnelement dévolues à l’élaboration de vins liquoreux (Chaume premier cru et Quarts-de-Chaume grand cru): le vigneron, Cédric Bourez, vinifie ces raisins en sec et crée un vin de feu et de sel !

Et pour finir en apothéose, Château Le Puy Emilien 2020, un Bordeaux de style traditionnel. Cela ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais je suis convaincu que certains amateurs en seront fous ! Une expression du merlot qui évoque un monde franchement « pré-parkérien »: si vous aimez le Bordeaux tel qu’on le fait généralement aujourd’hui, avec beaucoup de tout (couleur, alcool, boisé, euros, …), je vais vous perturber en vous confrontant à l’antithèse de ce qui précède. Emilien est plein d’arômes de fruits rouges, avec quelques nuances forestières. Les tannins sont veloutés, il y a beaucoup d’énergie ! C’est prêt à boire, mais peut se conserver au moins 20 ans.

Vous êtes les bienvenus ce samedi 29 avril, à partir de 10 heures. Il n’est évidemment pas nécessaire de participer à la dégustation pour commander les vins qui y sont présentés.

Nous aimons tous avoir le choix, mais nous n’aimons pas forcément choisir. C’est un paradoxe qu’il est facile de contourner: sur base de l’information que vous me transmettez, je me charge avec plaisir de vous soumettre une proposition personnalisée. Vous ne m’ennuyez pas, vous me faites plaisir !

Je rassemble toutes les commandes le mardi 02 mai, en fin de journée. Vous pouvez passer votre commande via le magasin en ligne ou via e-mail (en mentionnant la référence du vin, pour éviter tout éventuel malentendu).

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Le voyage en Rioja (jour 4): Roda

Si vous êtes allés à la Rioja Alta et/ou chez Lopez de Heredia, trouver le Domaine Roda est extrêmement simple: c’est juste à côté, dans le quartier de la gare. Paradoxe: Roda est un domaine de style moderne, créé dans les années ’80 du siècle dernier. Le premier millésime est 1992.

L’architecture impressionne: une véritable cathédrale contemporaine, dédiée au vin. Tout a été minutieusement réfléchi. Le lieu est la traduction d’une vision, d’une volonté de faire plus que très bien.

Difficile d’ignorer où nous sommes…

Nous sommes reçus par Edurne Ereña Aparicio: elle nous guidera avec grande compétence entre les foudres et les barriques, dans les caves souterraines et jusqu’aux rives de l’Ebre. Elle passe de l’anglais au français avec une confondante facilité. Elle a un vrai talent de narratrice et sait capter l’attention, tout en gardant un œil sur la montre. Bravo !

Monumental, immaculé, esthétique…
Edurne, notre hôtesse et les 6 vins dégustés chez Roda. La petite bouteille au centre, c’est l’huile d’olive…

Nous goûtons toute la gamme des vins rouges, ceux de la Rioja mais aussi ceux en provenance de la Ribera del Duero.

Sela est une entrée de gamme très réussie: un vin certes facile à boire, mais capable de bien se tenir lorsqu’on le goûte à nouveau, après les grandes cuvées. Roda est la cuvée « fruits rouges », Roda I est la cuvée « fruits noirs ». Il n’y a pas de parcelles dédiées à l’un ou l’autre vin, tout dépend des conditions climatiques du millésime.

Nous avons l’opportunité de goûter Cirsion, cuvée super-luxueuse dont le prix est totalement dissuasif. C’est très bon (…heureusement…), mais, à ce stade, je ne perçois pas la valeur ajoutée par rapport à Roda et Roda I qui m’enchantent par la précision et la délicatesse de leur matière. Oh bien sûr ce sont des vins puissants, bardés de tannins et construits pour la garde, mais je suis très agréablement surpris par l’équilibre plutôt frais de ces deux vins. On a l’impression que Roda évolue vers « toujours mieux » en remplacement bienvenu de l’ancien « toujours plus ».

source: site Internet du Domaine

Roda, c’est aussi le Domaine La Horra en Ribera del Duero. Je m’attendais à des vins marqués par l’extraction, par un boisé généreux et par un alcool chaleureux. Surprise à nouveau: Corimbo et Corimbo I sont des vins plus classiques et plus abordables que je ne me l’imaginais. L’écart qualitatif entre ces deux cuvées me paraît plus important que pour les cuvées Roda. Autrement dit, Corimbo I est magnifique !

Anthocyane propose 4 cuvées du Domaine Roda: Sela 2020 (€ 22), Roda Reserva 2019 (€ 36), Roda I Reserva 2018 (€ 57,50), Corimbo I Reserva 2016 (€ 54)

Difficile de ne pas rajouter un paragraphe relatif au restaurant où nous avons dîné samedi soir: La Vieja Bodega à Casalarreina. Le lieu est très grand, dans un style rustique de bon aloi. On y mange une cuisine régionale goûteuse et copieuse. Même les desserts sont réussis ! Le sommelier est un vrai passionné: nous nous comprenons, même si son anglais est à peu près aussi mauvais que notre espagnol.

Evidemment, il faut se plonger dans la carte des vins, collection de diamants facturés au prix du charbon. On n’en croit pas ses yeux ! Et nous avons fini la soirée dans les anciennes caves qui se situent en dessous du restaurant, à grande profondeur.

Nous y avons (entre autres…) goûté ces deux vins-ci:

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Le voyage en Rioja (jour 3): la modernité

Petit déjeuner à 08h00, les moteurs tournent à 08h30 tapantes: nous avons rendez-vous dès 09h00 et il faut rouler vers l’est, vers le village de Baños de Ebro, là où se niche le Domaine Artuke.

Voici Artuke: c’est évidemment moins impressionnant que les Domaines sis à Haro.

Lorsque Arturo de Miguel (le vigneron) apparaît, il propose immédiatement de nous rendre dans les vignes: excellente idée ! En quelques minutes nous arrivons à la parcelle Finca de Los Locos, un vignoble d’altitude (550 mètres) qui doit son nom au fait que les vignerons de la vallée ne comprennent pas pourquoi il faut aller si loin pour faire pousser la vigne. L’explication est pourtant simple: la géologie permet de faire de bien meilleurs vins ici ! Et les rendements sont moindres. Une large majorité de tempranillo, mais aussi du graciano et de la viura. Le vin de cette parcelle en porte le nom.

Arturo explique avec force que c’est la parcelle qui compte, pas le strict respect des élevages traditionnels. Chez Artuke, aucune bouteille ne porte les mentions crianza, reserva, gran reserva. Donc plus de liberté pour adapter l’élevage aux caractéristiques de la parcelle et du millésime.

Finca de Los Locos: il faut être fou pour entretenir cette parcelle très éloignée du village, où les rendements sont faibles. C’est bien pour cela qu’elle intéresse Arturo !

A noter que nous sommes ici en Rioja alavesa, c’est-à-dire en Pays Basque. Essayons de ne pas heurter une éventuelle susceptibilité…

Le Domaine, créé par les parents d’Arturo en 1991, s’étend sur 22 hectares et 32 parcelles, disséminées sur quatre villages.

La gamme se compose de sept vins. Nous allons tous les goûter sur le millésime 2021 (avec une exception 2022 pour le petit dernier). Pies Negros est un vin d’assemblage de plusieurs parcelles. On se rend rapidement compte que l’approche est bourguignonne (vin régional, vin de village, 1er cru, grand cru) même si Arturo insiste pour ne pas entretenir la confusion: avec du tempranillo, on ne fera jamais du pinot noir.

On peut risquer ici une comparaison avec l’évolution en Allemagne: de plus en plus, les vins d’élevage font place aux sélections parcellaires.

Les crus sont remarquables, avec de mon point de vue, un fort coup de cœur sur Paso Las Mañas, vin concentré, frais et épicé, avec des arômes de cerise et de framboise. La parcelle se situe à 720 mètres, sur le territoire de la commune de Samaniego. Le boisé (français) est discret.

Nous nous apprêtons à goûter le cru El Escolladero (vivement le Coravin qui permet d’avoir accès à ce vin sans retirer le bouchon).

Tim Atkin est un journaliste britannique considéré comme l’un des meilleurs connaisseurs de la Rioja. Il publie chaque année un rapport consacré à la région. La version 2023 vient de paraître : 218 pages d’information approfondie.

Le seul vin auquel il accorde la note de 100/100 est La Condenada 2020 du Domaine Artuke: une belle récompense pour le travail fourni !

La Condenada, dans le petit village de Baños de Ebro, est une des parcelles les plus spectaculaires de la Rioja. Ce vignoble, planté en 1920, contient 80% de tempranillo + graciano, grenache et palomino. Le terroir, à dominante de sable, se situe à 560 mètres d’altitude. La vigne doit son nom de condenada (condamnée) au fait qu’elle a été sauvée de l’oubli par les « frères Artuke ». Le vin est élevé en barriques de 600 litres, pendant 14 mois. Les quantités produites sont extrêmement limitées, le prix …

Les deux parcelles « grand cru » (cette qualification est officieuse) et la nouvelle cuvée de blanc, une première pour le Domaine.

La cuvée d’entrée de gamme s’appelle simplement Artuke et elle est élaborée en macération carbonique, selon une ancienne tradition locale (avec foulage aux pieds, en lagar). Cette cuvée ne passe pas par le bois et se caractérise par un fruité frais et éclatant. Le rapport qualité/prix est ébouriffant ! Epoustouflant ! Excellent ! Cela fait longtemps qu’Anthocyane la propose et ce n’est pas cette dégustation du millésime 2022 qui va me faire changer d’avis, que du contraire !

Arturo, devant le petit panneau abra (asociacion de bodegas de la Rioja alavesa): la spécificité basque est de plus en plus mise en avant.

Anthocyane vous propose 5 cuvées du Domaine Artuke: d’abord, Artuke 2021 (€ 11) et Artuke 2022 (€ 11,50). Ensuite Pies Negros 2021 (€ 17,50), Finca de Los Locos 2020 (€ 26) et Paso Las Mañas 2020 (€ 31,50).

Quelques kilomètres vers le nord suffisent pour rejoindre le village de Samaniego (Pays Basque) et le Domaine Remirez de Ganuza. Le Domaine se situe en plein cœur du village, tout près d’une église fortifiée.

Ambiance un peu sévère, aux pieds de l’église fortifiée.
Le ciel menaçant se révèlera n’être qu’une fausse alerte.

Nous sommes reçus par Leyre Martinez, laquelle ne manque pas d’un certain humour, en particulier pour raconter les déboires des premiers millésimes produits par le Domaine, à la fin du 20ième siècle: pour faire court, elle nous dit avec un petit sourire que ce n’était pas très bon (voire…). Comme quoi, il faut commencer par apprendre.

pas si courants: des tonneaux de type « cigare », dans un chai immaculé.

Entre les barriques (attention à l’indigestion, trop de barrique tue la barrique) on découvre des objets aussi ronds que curieux: je ne me souviens pas d’avoir vu ailleurs des wineglobes, sphères de verre, contenants alternatifs pour l’élevage. Cela ressemble à ceci:

Puisque le vin vieillira de toute façon dans des bouteilles en verre, utilisons le même matériau pour l’élevage initial.
source: site Internet de Wineglobe

Nous dégustons 4 vins: le Blanco Reserva 2020, Viña Coqueta 2014, Remirez de Ganuza Reserva 2015 et Trasnocho 2016.

La gamme se révèle diverse et brillante: très beau blanc Reserva (pas très loin du niveau de la cuvée Gran Reserva dégustée chez Nublo), Viña Coqueta m’évoque -je ne sais pourquoi- un Madiran, puis le classicisme incarné par la cuvée Reserva (LE grand Rioja tel qu’on l’imagine) et enfin le concept Trasnocho, vin d’une nuit, concentré de fruit tout en exubérance.

Après un déjeuner dans un lieu légèrement surréaliste (un luxe manifestement financé par l’Union Européenne et par une branche de la famille Rothschild), nous poursuivons vers l’ouest en direction du village de San Vicente de la Sonsierra (nous sommes de retour en Rioja Alta). Nous voici chez Abel Mendoza et Maite Fernandez. Ce couple incarne le renouveau de la Rioja, la volonté de rendre la primauté à la parcelle et à la viticulture. Selon l’adage: « on peut faire du mauvais vin avec de bons raisins, mais on ne peut pas faire du bon vin avec de mauvais raisins ».

La place centrale de San Vicente: c’est calme, très calme…
Domaine fondé en 1988

Maite nous reçoit avec beaucoup de gentillesse: on est frappé par la modestie du propos, alors que nombreux sont les vignerons qui expriment un immense respect pour le travail fourni par ce Domaine.

La gamme est large alors que la superficie totale du vignoble ne dépasse pas les 20 hectares. Traduction: le volume par cuvée est très faible. Si j’ai correctement compté, le Domaine propose en blanc… 7 cuvées différentes ! Et les rouges ne sont pas en reste. Maite expérimente avec le vin orange, avec une cuvée sans soufre, etc…

Les vins que nous avons dégustés, complétés par la cuvée Las Sepulturas, uniquement disponible chez l’importateur belge.

J’ai en particulier gardé le souvenir de la cuvée Seleccion Personal, 100% tempranillo, le vin le plus minéral goûté pendant ce séjour: nuances de graphite, vin plutôt cérébral, mais d’une définition à couper le souffle !

Anthocyane vous propose 2 cuvées du Domaine Abel Mendoza: Las Sépulturas 2018 (€ 18) et Seleccion Personal 2019 (€ 40,50).

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Sulfité or not sulfité, that is the question

Voilà, vendredi 20h30, les quatre jurés (dont votre serviteur) s’apprêtent à comparer deux vins rouges de Loire. Pour une fois, il ne s’agit pas d’essayer de reconnaître ce qu’il y a dans les verres, mais simplement de décrire les différences et les ressemblances entre le vin classique (donc sulfité) et le même vin, en version « sans sulfites ajoutés » (ssaj).

Apprécions la subtile différence entre les couleurs de la charrette…

En l’occurrence, il s’agit d’un Chinon de chez Couly-Dutheil, en millésime 2020, portant le joli nom de « Les Chatelières ». La version classique est vendue € 11 alors que la version ssaj est proposée à € 13.

Nous goûtons, les commentaires fusent assez vite. J’ai résumé ci-dessous.

Q1: ces deux vins sont-ils vraiment identiques, à l’exception de l’ajout de sulfites dans l’un ?

R1: sans doute non et c’est dommage parce que cela rend la comparaison moins pertinente. La contre-étiquette indique un taux d’alcool de 13,5% pour le vin ssaj et de 14% pour le vin classique. Comme il s’agit d’une cuvée destinée à un distributeur en particulier (à savoir Le Lion – oui, celui qui rugit bizarrement depuis quelques jours), aucune information n’est disponible sur le site Internet du producteur. Le site Internet du Lion est ce qu’il est, un foutoir où il est impossible de trouver de l’information de qualité. Les deux bouteilles affichant le même nom de cuvée, on souhaite, par respect du consommateur, que ce soit le même vin, mais rien n’est certain.

Les bouchons sont eux aussi différents: un liège classique pour le vin …classique, un bouchon Nomacorc Select Green 300, fabriqué à partir de biopolymères végétaux dérivés de la canne à sucre pour le vin ssaj. Le bouchon comme élément du marketing vert.

Q2: la dégustation met-elle plutôt des ressemblances en évidence ou plutôt des différences ?

R2: ces deux vins nous ont paru fort différents l’un de l’autre. Le vin ssaj présente un nez assez éteint, avec des nuances cartonnées. En bouche, il se caractérise par son imprécision et par une faible énergie. Il semble avoir franchi son apogée et avoir commencé sa descente vers je ne sais où. Ce qui peut être agréable dans un vin ssaj, un fruit éclatant et joyeux, est absent. Par contre, le vin classique est équilibré et sympathique, si l’on accepte d’avoir affaire à un « petit calibre ». Il y a du fruit et de la structure, c’est un vin honnête à défaut d’être particulièrement intéressant.

Q3: la différence de prix est -elle justifiée ?

R3: de ce qui précède, le lecteur attentif aura déduit que ma réponse est négative. En mars 2023 et en l’état, le vin ssaj ne vaut à peu près rien (et certainement pas € 13) alors que le vin classique peut valoir les € 11 demandés par le distributeur.

Q4: à quoi joue-t-on ?

R4: excellente question, Philippe. Merci de l’avoir posée. On surfe sur la vague de la « naturalité », avec un cynisme qui peut laisser le dégustateur perplexe. Ce vin ssaj était peut-être vivant et amusant à l’été 2021, mais aujourd’hui (vendredi) il est aussi mort qu’il est possible de l’être. Je me demande comment un amateur néophyte, attiré par la « verdure » de l’étiquette, aura évalué son achat. A mon avis, le taux de réachat sera invisible sans l’aide du microscope.

Q5: peut-on se fier à cette dégustation comparative pour faire une croix sur les vins ssaj ?

R5: non. Ce serait incorrect de condamner avec autant de légèreté. D’aucuns me diront peut-être que la crédibilité de Couly-Dutheil en matière de vins ssaj est aussi microscopique que le taux de réachat ci-dessus.

Q6: qu’est-ce qui se passe le lendemain de la veille ?

R6: encore une excellente question ! Quel feu d’artifice ! Le jeu s’est en effet poursuivi, avec d’autres participants, le samedi après-midi vers 15h00. Je m’attendais à ce que le vin ssaj s’effondre complètement. Ô surprise, il paraît meilleur maintenant ! Le nez reste de mon point de vue peu sexy, avec des nuances de carton et de croûte de fromage, mais le fruit est de retour ! Une acidité un peu croassante mais pas de déviation aromatique. C’est une résurrection inattendue et déconcertante. Toujours pas le grand fruit, éclatant et joyeux, mais traiter cette version ssaj de cadavre paraît à présent excessif.

Conclusion (provisoire):

Faut-il en déduire que les vins ssaj doivent être ouverts 12 ou 24 heures avant consommation ? Si c’est oui, quel consommateur va le faire dans la pratique ?

Faut-il en déduire que les vins ssaj sont imprévisibles, bons lorsque l’âge du capitaine est un nombre pair et mauvais quand la pleine lune s’absente ?

Quelle justification pour la différence de prix ? Il s’agit manifestement de segmenter la clientèle, en partant du principe que le « naturiste » est prêt à payer son vin plus cher parce qu’il est ssaj. Less is more.

Dans tous les cas, pour € 13, je préfère le Chinon Les Granges de Bernard Baudry.

PS: cet article et cette dégustation trouvent leur source ici: https://les5duvin.wordpress.com/2023/02/01/sans-soufre-cest-plus-cher/

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Bordeaux 2020 !

J’ai joliment profité de l’invitation que m’a fait parvenir l’Union Grands Crus à l’occasion de la mise en marché des Bordeaux du millésime 2020.

Belle organisation, à la Maison de la Poste (Tour & Taxis) avec plein de minuscules stands où un représentant de chaque Château s’esquintait à servir un public nombreux. Mais il y a avait aussi -et surtout- le Grand Bar, qui se matérialisait par une longue série de bouteilles posées sur un …bar, le tout en self service. Vachement efficace, avec les petites tables qui permettent de s’installer avec son verre, sa bouteille d’eau et son crachoir. Et de quoi prendre quelques notes, dont un résumé ci-dessous.

Ne pouvant évidemment pas tout goûter, je me suis concentré sur Pessac-Léognan et Margaux. Avec quelques digressions du côté de Pauillac, de St-Julien et de Pomerol.

Impression générale: les vins se présentent bien, sans alcool excessif ni boisé exubérant. La plupart des tannins sont policés, voire soyeux. Il y a du fruit appétissant. Beaucoup de vins donnent l’impression d’être (presque) à boire.

A Pessac-Léognan, je retiens en particulier Domaine de Chevalier et Château Pape-Clément. Le premier tout en élégance, avec de la finesse et d’excellents petits tannins. Belle fraîcheur énergique et tout aussi belle finale serrée, nette et précise. Le deuxième présente un nez complexe, qui s’ouvre progressivement. La bouche est ample, harmonieuse et tannique. La finale est serrée et persistante. Fieuzal est fort bien, sur la cerise, avec une bouche affriolante. J’ai été moins convaincu par La Louvière (souple mais facile), Malartic Lagravière (fruité dans un style marqué par le merlot), Haut-Bailly (nez sur la myrtille, avec plus de puissance que de fond), Smith Haut Lafitte (nez bizarrement sur la prune, avec une finale asséchante) et Larrivet Haut-Brion (flatteur mais simple).

A Margaux, j’ai été particulièrement touché par Château Lascombes et Château Giscours. Le premier grâce à son potentiel: beaucoup de concentration, très belle structure tannins/acidité. Mais il faut absolument l’attendre ou le carafer vigoureusement. Le deuxième présente un nez minéral (ce n’est pas si courant à Bordeaux) avec un boisé noble. Il y a de la fraise. La bouche est profonde: beaucoup de fraîcheur, tannins peu abondants mais de belle définition. Et une finale très précise. Château Desmirail est bon, mais c’est un petit calibre. Château Dauzac m’a semblé très strict, asséchant et carré. Château Kirwan est puissant, mais la finale est imprécise: il se cherche encore. Château Rauzan-Gassies est très bon, mais dans un style qui évoque plutôt Pauillac, voire St-Estèphe. Château Prieuré-Lichine présente un nez flatteur, mais la bouche est fort décevante, franchement rustique. Château du Tertre est fin mais fluet, avec un boisé sucré.

Château Talbot (St-Julien) m’a beaucoup plu: nez fruité élégant, avec un boisé chic, beaucoup de raisin dans le verre, bouche harmonieuse et flatteuse, mais avec du fond. Château St-Pierre (St-Julien) présente un nez bien mûr, la bouche est très souple et un peu facile, il est agréable mais sans race. Château Croizet-Bages (Pauillac) me pose un gros problème: j’espère que la bouteille était bouchonnée; si elle ne l’était pas, c’est terriblement décevant. Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande (Pauillac) est un très beau vin: fraîcheur, bons tannins, matière concentrée, équilibre salivant, beaucoup de fond, puissance. Il a tout pour lui ! Château Léoville Barton (St-Julien) présente un nez sur la réserve. La bouche m’a semblé très souple et donne l’impression d’être déjà en phase d’évolution; j’attends plus de ce cru. PS: j’aurais volontiers goûté Château Lynch-Bages (Pauillac), mais la bouteille était vide. Snif.

Château Petit-Village (Pomerol): j’ai goûté ce vin par pure nostalgie. Il y a une éternité (voire au-delà), j’ai goûté un Petit Village de la fin des années ’80. Ce fût une énorme émotion, sans doute l’un des vins qui m’a fait basculé dans le monde fascinant de la dégustation. Mais 30+ années plus tard, je suis cette fois confronté à un vin à la fois sudiste et oriental, confituré et chaleureux, un poil fatiguant, doté d’une sorte d’absence de finale. La Rive Droite et le merlot, ce n’est décidément pas pour moi !

Enfin, dans une vasque et et sur glace, voici Château Lafaurie-Peyraguey (Sauternes) qui m’a semblé délicieux, avec un très bel équilibre entre sucre et fraîcheur !

Bien sûr, prenez ce qui précède avec un petit grain de sel: c’est un instantané, plus intuitif que réfléchi, révélateur de mes goûts personnels. Je n’écris rien au sujet du prix de ces vins: dans une manifestation de ce type, personne ne parle jamais de prix, ce serait indécent…

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Dégustation: samedi 04 mars

Première dégustation « autour du bar » en 2023 ce samedi 04 mars, entre 10 et 18 heures. D’expérience, il y a moins de monde avant 14 heures et plus de monde après 14 heures.

C’est gratuit et on ne doit pas s’inscrire. Je suis ravi d’accueillir mes habitués et tout autant de recevoir de nouveaux amateurs ainsi que ceux/celles qui ne sont plus venus depuis longtemps.

Pas de problème de parking dans ma rue (ne pas oublier de placer son disque de stationnement). Privilégiez la sortie 11 du Ring, évitez la sortie 12 qui mène à un sens interdit.

Cela se passe rue des Chats 171 à 1082 Berchem-Ste-Agathe. C’est une maison discrète. Il suffit de sonner.

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Pour découvrir le programme de cette dégustation: c’est ici

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Et le meilleur sommelier du monde est …

… Raimonds Tomsons, de nationalité lettone. Il avait déjà été finaliste lors de l’édition précédente de ce concours en 2019. Déception en France puisque Pascaline Lepeltier a échoué au pied du podium, à la 4ème place.

Le vainqueur, pris le nez dans le verre

J’ai eu le plaisir d’assister à la finale: celle-ci est réservée aux trois meilleurs candidats: un sommelier chinois, une sommelière danoise et Raimonds Tomsons, le letton, qui a donc remporté le concours. Oui, j’ai assisté à la finale … via YouTube. Les trois candidats sont littéralement sur scène. Ils exécutent une longue série de tâches diverses, devant un public parisien nombreux, très chic, en tenue de gala avec nœud papillon. Dressing code formel pour une cérémonie très parisienne et un peu vieux jeu. Beaucoup d’applaudissements, pour tout et n’importe quoi. Des longueurs avant que cela ne commence vraiment: tout le monde a eu le temps de se congratuler.

la retransmission intégrale de la finale: le concours commence vraiment à partir de la 90ème minute

Commençons par les fleurs: j’ai énormément de respect et d’admiration pour les participants à ce concours. Ils ont travaillé sans relâche pendant plusieurs années pour maîtriser leur sujet. Leurs connaissances théoriques sont sans nul doute immenses. Ils sont capables de réciter le nom de 17 cépages croates, avec l’accent tonique au bon endroit ! On ne franchit pas les quart et demi-finales sans un bagage impressionnant. Je leur tire mon chapeau !

Après les fleurs, il y a le terreau. NB: on finira évidemment par le pot. Voici:

C’est vraiment un concours de sommellerie, pas un concours de dégustation. Les candidats sont amenés à goûter des boissons très diverses, du très alcoolisé (spiritueux) au très peu alcoolisé/fermenté (kéfir). Ils doivent maîtriser l’art du cocktail. Ils doivent déboucher et décanter selon les règles de l’art. Ils doivent papillonner autour des tables avec élégance. Ils doivent traquer les erreurs dans une carte des vins, reconnaître un vin sur base d’indices visuels -sans le goûter-. Ils doivent être capables de verser et de parler en même temps: une anecdote par-ci, une réponse par-là. Le sommelier est responsable de bien plus que des vins: il gère l’ensemble des boissons servies pendant le repas.

Gérer le stress est essentiel: pour chaque épreuve, le temps disponible est strictement limité. Les épreuves s’enchaînent rapidement. Celui qui est capable de décider vite est clairement avantagé par rapport à celui qui préfèrerait donner du temps au temps. Les candidats sont sous extrême adrénaline et semblent agir dans une bulle de focalisation. Raimonds demande systématiquement à ce que la question à laquelle il doit répondre lui soit répétée. Il utilise le terme wonderful un nombre incommensurable de fois. Perfect et nice sont également de la partie, jusqu’à l’indigestion. Il y a quelque chose de robotique dans sa façon de faire. On sent la transpiration.

Ce vocabulaire positiviste est un piège: lorsque tout est parfait et merveilleux, les mots perdent leur sens et le discours se vide de sa substance. On enferme l’appréciation du vin dans un style suranné et déconnecté. On crée un monde parallèle dans lequel on se livre à un jeu dont les participants sont sensés connaître les codes. Un peu de naturel, que diable !

Si -dans la vraie vie- un sommelier se comportait ainsi à ma table, je serais déçu: la qualité de l’interaction tient à l’authenticité du sommelier, à sa capacité à dépasser sa compétence technique et à entretenir une conversation aussi agréable qu’instructive. Un peu d’humour est évidemment le bienvenu. Tout ce qui est appris par cœur et débité comme un mantra devrait être banni. Le sommelier doit s’adapter à des tablées très différentes, qui ont des attentes et des envies différentes. Les trois premières phrases que j’échange avec un sommelier sont déterminantes: fait-il partie des personnes passionnées avec qui j’ai envie d’échanger ou plutôt des tue-l’amour qui ânonnent un texte prémâché, rempli de banalités et d’imprécisions ?

Il s’agit également d’une épreuve de langue, puisque les candidats s’expriment en anglais. Cela conduit bien entendu à un appauvrissement de leur discours, l’anglais n’étant pas leur langue maternelle. Leur prononciation est, comment dire, perfectible. Cela ne facilite pas l’interaction. Bémol: il faut bien concéder que les convives factices sont fermés et passifs: à chaque question, une réponse fuse, toujours la même: as you wish. Essayez de faire quelque chose avec ça !

Voici venue l’heure du pot: que vaut le meilleur sommelier du monde en dégustation à l’aveugle ? Eh bien, c’est édifiant.

Quatre vins blancs sont présentés à la sagacité de Raimonds. Il répond:

  • un vin autrichien, d’appellation Kamptal, de cépage grüner veltliner et de millésime 2020
  • un vin grec, d’appellation Mantinia, de cépage moschofilero et de millésime 2021 (le vin lui semble « muscaté »)
  • un vin français, de la Côte de Beaune, en appellation « villages », de cépage chardonnay et de millésime 2018
  • un vin français, du Chablisien, en appellation « villages », de cépage chardonnay et de millésime 2020.

Il dispose de quatre minutes pour transmettre son évaluation …et en utilise à peine plus de trois. Sidérante la vitesse avec laquelle il goûte et tranche. Peu de place pour le doute.

Et maintenant, voici les vins qui étaient effectivement présentés au candidat:

  • un vin allemand, d’appellation Moselle, de cépage riesling et de millésime 2021 Nik Weis St. Urbans-Hof Goldtröpchen GG
  • un vin autrichien, d’appellation Wachau, de cépage riesling Domäne Wachau Kellerberg
  • un vin sud-africain, de cépage sémillon Alheit Vineyards Monument Sémillon 2021
  • un vin argentin, de cépage sémillon, en provenance de Patagonie Riccitelli Sémillon Old Vines.

Bilan: rien n’est exact. Rien ne s’approche de la vérité. Ni le riesling, ni le sémillon ne sont identifiés.

Et le vin rouge ? Il s’agissait de goûter deux millésimes du même vin. Notre homme a bien repéré qu’il s’agissait d’un grand Bordeaux, qu’il a placé à Saint-Estèphe (cabernet sauvignon, cabernet franc et merlot). Il a parié sur les millésimes 2005 et 1990.

Suspense insoutenable.

C’était Pétrus (Bordeaux, Pomerol, 100% merlot), en millésimes 2012 et 2003. Etonnant, Raimonds leur attribue respectivement 18 ans d’âge et 33 ans d’âge, alors qu’il s’agit en réalité de vins sensiblement plus jeunes. Pourrions-nous en déduire que Pétrus évolue/vieillit vite ? Aïe. Qu’est-ce que j’ai osé écrire… Cela étant, combien de fois un candidat au titre de meilleur sommelier du monde a-t-il l’opportunité de goûter Pétrus ?

Dernier moment intéressant: jauger un vin rouge « à la volée ». Il ne s’agit pas de le reconnaître, simplement d’évaluer sa qualité. Raimonds lui trouve à peu près toutes les qualités de la terre. Consciemment ou inconsciemment, il veut faire plaisir à son interlocuteur qui lui demande son avis d’expert. Malheureusement, le vin présentait une (très) forte acidité volatile, ce qui constitue un défaut. Défaut non repéré donc.

Conclusion: je suis donc heureux de vous faire savoir que je partage avec le meilleur sommelier du monde au moins deux qualités: une passion sincère pour les multiples facettes du vin et une capacité à ne presque jamais rien reconnaître.

Est-ce qu’un sommelier est dans l’obligation d’être un brillant dégustateur à l’aveugle pour bien faire son boulot ? Ma réponse est non. Mais quand il s’agit d’être désigné comme le meilleur sommelier de la planète, il me semble que l’on peut attendre un certain niveau de performance en dégustation à l’aveugle. Peut-être faudrait-il modifier les questions du concours pour permettre plus de bonnes réponses. Arme à double tranchant.

Dernière anecdote: Raimonds Tomsons a été sommelier à Riga pendant vingt ans. Il ne l’est plus. Il est à présent consultant, commerçant en vins et enseignant. Il ne fréquente plus la salle de restaurant. Pfffffff….

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Une verticale de Corton

10 millésimes d’un Grand Cru bourguignon, ce n’est pas tous les jours, loin de là ! Nous nous sommes installés vers 20h00 en ignorant ce que nous allions goûter (dégustation à l’aveugle). Mais l’organisateur avait soulevé un coin du voile en signalant que le budget serait plus élevé que d’habitude et que tous les vins seraient issus d’une même appellation. Il y avait donc quelques attentes…

Les deux premiers vins nous ont permis de décanter la situation: ce serait bien du pinot noir. Et donc, forcément, la Bourgogne se rapproche. Cela étant, ces deux vins ont remporté assez peu de suffrages: un joli nez mais une sécheresse marquée dès le milieu de bouche pour le premier, une bouche imprécise (légèrement liégeuse ?) et un profil assez simple pour le deuxième.

Les choses s’arrangent dès le troisième vin, qui présente plus de volume en bouche, un fruit plus intense et une longueur décente. Mais je mentirais en disant que je suis en extase.

Les vins suivants vont plaire et intéresser: des profils parfois affables, parfois bien plus cérébraux; des profils presque « sudistes » et d’autres qui correspondent mieux à l’image que je me fais de la Bourgogne. Pour moi, deux vins se signalent par leur race, leur précision, leur fraîcheur, leur capacité à révéler bien plus que le cépage dont ils sont issus. Mes estimés compagnons de dégustation sont quant à eux particulièrement charmés par un vin plus ample, plus fruité et plus sensuel que mes préférés.

la colline de Corton, vue depuis le sud-ouest

Vient bien entendu le moment d’essayer de deviner ce que nous avons goûté: Gevrey-Chambertin fut cité. Mais personne n’a pensé à Corton. Et personne n’a imaginé un seul instant qu’il puisse s’agir d’une verticale: 10 fois le même Corton, élaboré par le même vigneron, via des millésimes échelonnés entre 1998 et 2008 (seul 2001 manque à l’appel, remplacé par un amusant « pirate »: le Barolo Broglio Riserva 2004 du Domaine Schiavenza, 100% nebbiolo).

Il s’agit donc d’une belle verticale du Grand Cru Corton Pougets, tel que vinifié par le Domaine Rapet (basé à Pernand-Vergelesses).

Corton Pougets est le nom donné à deux parcelles en exposition sud-sud-ouest, d’une superficie totale de 9 hectares et 82 ares. La parcelle « du haut » monte jusqu’au bois de Corton, lequel surplombe le vignoble et le protège des agressions météorologiques. Les deux seuls propriétaires notables sont Louis Jadot et Rapet, ce qui pourrait expliquer un certain déficit de notoriété. Particularité typiquement bourguignonne: les rouges se commercialisent en Corton Pougets, les blancs en Corton Charlemagne. Ces derniers sont majoritaires.

Un élément qui me semble important: Rapet aurait, en tout ou en partie, replanté en 1994. Donc, le millésime 1998 serait issu de très jeunes vignes, au moins partiellement.

Les meilleurs millésimes selon la moyenne du groupe de dégustateurs: 2003 (16,9/20), 2005 (16,4/20) et 2002 (16,1/20).

Mon tiercé personnel: 2002 (16,5/20), 2005 (16,5/20) et 2007 (15,5/20). Ex-aequo avec le 2003 (15,5/20) et le 2004 (15,5/20).

1998, 2000 et 2008 ont reçu peu d’applaudissements.

Certes, le vin vogue largement au-dessus des mesquines contingences matérielles. Néanmoins, Grand Cru, en combinaison avec Bourgogne, peut constituer une arme de destruction massive pour le portefeuille de l’amateur. Voyons voir. Le 1998 fut acheté en son temps au Domaine pour 177 FRF, l’équivalent de 26 euros. Les millésimes récents se vendent à +/- 65 euros (ou plus cher si vous tombez sur un vendeur sans scrupules). C’est à la fois peu et beaucoup. Disons que c’est un tarif raisonnable dans le contexte de la folie des prix en Bourgogne. Mais le fait est que d’autres régions offrent de bien meilleurs rapports qualité/prix.

Question supplémentaire: faut-il laisser longuement vieillir ces vins ? J’ai tendance à répondre non. 5 à 10 ans, très bien. Au-delà, je ne suis pas sûr que le jeu en vaille la chandelle: de temps à autre, une très belle surprise, mais aussi le risque de goûter un vin qui s’approche de sa pente descendante: on perd du fruit et de la chair, on ne reçoit pas grand-chose pour remplacer ce qui a disparu.

Merci à l’organisateur qui a patiemment rassemblé ces flacons depuis 25 ans.