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Le voyage en Rioja (jour 2)

Les bâtiments de Lopez de Heredia construits fin 19ième et début 20ième siècle. Toute l’activité du Domaine est concentrée ici.

En route pour le fameux quartier de la gare (barrio de la estacion) à Haro. Les uns presque à côté des autres, sept domaines de haut niveau. Il fut un temps où les vins quittaient la Rioja via le chemin de fer et il y avait donc un bénéfice logistique à installer les bâtiments de vinification et d’élevage au plus près de la gare.

Nous avons choisi de rendre visite d’abord à Lopez de Heredia, domaine historique, également connu sous le nom de sa cuvée emblématique Viña Tondonia. Nous sommes ici dans le temple de la tradition. Les vins sont élaborés à l’ancienne, sans concession à la modernité, ni technologie sophistiquée. Longs élevages en barriques de chêne américain, suivis par de longues années en bouteilles avant commercialisation.

Notre hôte, Luis Taboada, nous a guidés avec brio entre les chais de vinification (foudres anciens toujours en activité), d’élevage (hallucinant empilement sur quatre ou cinq niveaux de barriques bordelaises dans des caves souterraines creusées directement dans la colline; barriques exclusivement fabriquées par les tonneliers du Domaine, qui se chargent également d’entretenir et de réparer les foudres. Coup d’oeil également sur les gigantesques foudres d’assemblage dans lesquels passent les vins avant embouteillage (il s’agit d’homogénéiser le contenu des barriques).

Empilement de barriques bordelaises.

Une précision intéressante: le Domaine n’utilise pas de bois neuf. Lorsque les barriques sont fabriquées, elles sont d’abord remplies pendant un an avec une partie de vin de presse. Celui-ci est ensuite distillé. Les barriques sont alors prêtes à accueillir les vins qui, longtemps après, donneront naissance aux différentes cuvées du Domaine.

Le Domaine détient 170 hectares de vignes, toutes situées à faible distance des bâtiments de vinification. Il n’y a pas d’achat de raisins. Le nom des cuvées correspond au nom des vignobles (en espagnol « viña »). La famille Lopez de Heredia (deux sœurs et un frère) est toujours aux commandes. Nous avons d’ailleurs eu le plaisir de rencontrer Mercedes Lopez de Heredia pour un intermède philosophique. La génération suivante sera exclusivement féminine.

Voici le lieu où l’on goûte.
Luis ouvrant une bouteille de Viña Tondonia dans les règles: il s’agit de retirer le filet métallique avec élégance…
Côte à côte, les vins dégustés. Ce sont bien les millésimes actuellement vendus par le Domaine, après un très long élevage.
Les parcelles de Viña Tondonia (rouge, blanc, rosé) dans un méandre de l’Ebre.
Vue sur Lopez de Heredia depuis la Rioja Alta !

Même une tortue grabataire est capable de franchir la distance entre Lopez de Heredia et La Rioja Alta en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire. On traverse l’avenue de Vizcaya et nous y voilà !

Vue sur La Rioja Alta depuis Lopez de Heredia !

Lorena Alves nous attend. Après un apéro en provenance de Galice (La Rioja Alta y possède deux domaines), nous entamons une visite qui mettra en évidence des objectifs très similaires à ceux poursuivis par Lopez de Heredia, mais des méthodes fort différentes. Ici on accueille volontiers les technologies contemporaines.

Il y a des tonnes de choses à raconter mais il est bientôt une heure du matin, mes paupières sont lourdes et le réveil me fait savoir qu’il compte sonner à 7 heures, vu que nous commencerons notre prochaine journée dès 9 heures, au Domaine Artuke.

Profitez déjà des photos en attendant que je trouve un moment pour rédiger la suite du compte-rendu de nos exploits ibériques. Y compris notre repas chez Nublo, étoilé Michelin.

2015, le nouveau millésime de la cuvée Arana. À mon avis ? Fabuleux !
Quelle surprise, des barriques empilées…
C’est ainsi que l’on goûte lorsque l’on souhaite ne pas être influencé par les mimiques et les éventuels commentaires des autres dégustateurs.
Derrière cette porte, une aventure gastronomique particulièrement audacieuse.

Nubio ne fait rien de façon classique: l’audace et la prise de risques font partie de l’ADN de la maison. Dès notre arrivée, nous rendons une brève visite à la cuisine pour y apercevoir les modes de cuisson qui seront utilisés pour l’ensemble des plats: four à bois, poêle à bois, flamme. Conséquence: la fumée joue un rôle majeur dans les préparations. La salle est une cour intérieure couverte, avec un très haut plafond, le tout dans un bâtiment du 16ième siècle qui a servi pendant sa longue histoire de bureau de police et de prison.

Le menu se compose de 15 services. Nous choisissons de l’accompagner exclusivement par des vins de la Rioja. Je ne me risque pas à détailler tout ce qui est apparu devant nos yeux ébahis, il y en aurait pour plus de temps que celui dont je dispose.

Plusieurs vins m’ont semblé d’une qualité exceptionnelle: en blanc, la cuvée Olagar du Domaine Remirez de Ganuza (100% viura), d’une précision diabolique. Un rosé Gran Reserva du millésime 2009 (sic). Seule étape hors Rioja: une Manzanilla de Jerez.

Le sixième plat d’une série de quinze…
Les petits fours qui clôturent un repas étonnant.
Un blanc d’une finesse et d’une élégance rares. Amusant: nous rendons visite au Domaine Remirez de Ganuza aujourd’hui !
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Le voyage en Rioja (jour 1)

Je vous passe les péripéties aéroportuaires et la monotonie du vol vers Bilbao pendant lequel je me suis plongé dans Sortilèges de Michel de Ghelderode. Après atterrissage en Hispanie septentrionale, nous avons pris possession des véhicules (loués soient les véhicules) et mis le cap sur le centre de Bilbao avec l’objectif assumé de nous sustenter.

Comment ne pas céder à la tentation de La Ribera, un gigantesque marché couvert, avec un étage où on trouve plein de petits trucs à grignoter, pintxos étant leur nom local et néanmoins basque. Bon, en réalité, le lieu a mal vieilli. L’ambiance entre voyageurs a compensé. Nous avons vu le Guggenheim et la passerelle de Calatrava et c’est beau.

Anecdote du jour: dans un supermarché de Haro, nous croisons Jose Gil, vigneron en chemin vers la célébrité grâce à des Rioja d’une grande finesse, d’une inspiration… bourguignonne.

Les choses sérieuses commencent demain. Cela ne nous a pas empêché de goûter quelques petites choses dès ce soir…

Pour Tim Atkin, ce vin est un 99/100. Il recommande de le goûter entre 2028 et 2040. Nous avons donc commis un infanticide aggravé. 80% tempranillo, 15% grenache et 5% mazuelo. Élevage partiellement en chêne américain et partiellement en chêne français.

Bonne nuit !

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Le voyage en Rioja (intro)

C’est pour mercredi. Aéroport, arrivée à Bilbao. Météo lumineuse et sèche. Direction Haro, la petite capitale de la Rioja occidentale. Installation des huit voyageurs dans leur logement à Villalba de Rioja. Apéritif: non peut-être.

Le défi ? Un reportage en forme de journal de bord. Dès mercredi soir et jusqu’au retour en Belgique, dimanche prochain. Pas forcément réaliste mais amusant. Le lien entre le vignoble, le vigneron et la bouteille. Cette bouteille qui pourrait bientôt trouver sa place sur la table du lecteur de ce récit en forme de feuilleton. Anthocyane: ce vin est une histoire. CQFD.

Stage de préparation au voyage…

Pour commencer, la théorie. La Rioja se divise en trois sous-régions : Rioja Alta, Rioja Alavesa (en Pays Basque) et Rioja Oriental (anciennement Rioja Baja). Notre voyage explore la Rioja Alta et la Rioja Alavesa.

La Rioja se situe entre deux chaînes de montagnes : la Sierra de Cantabria au nord et la Sierra de la Demanda au sud. Entre ces deux chaînes de montagnes coule l’Ebre. L’Ebre reçoit les eaux de sept rivières dont le rio Oja qui a donné son nom à la région. Il arrive que les vignerons divisent la Rioja entre vignobles situés au nord de l’Ebre (qui seraient les plus prestigieux) et ceux situés au sud du fleuve (qui sont les plus nombreux). Les vignes sont généralement plantées à une altitude comprise entre 300 et 700 mètres.

Selon les données les plus récentes, le vignoble couvre +/- 67.000 hectares (c’est-à-dire 7% du gigantesque vignoble espagnol). A titre de comparaison, la Bourgogne c’est 25.000 hectares en AOP. La taille du vignoble est en croissance continue, de plusieurs centaines d’hectares par an. En 1990, il n’y avait « que » +/- 43.000 hectares de vignes.

Traditionnellement, l’élevage en barriques de 225 litres (bois américain) joue un rôle essentiel. On classe les vins en Crianza, Reserva et Gran Reserva en fonction de la durée de cet élevage (en barriques et en bouteilles). Aujourd’hui bien des Domaines ont renoncé à ce système: leurs vins sont des genericos (ce qui n’est en aucun cas un jugement de valeur).

Pour les vins rouges, il faut au moins deux ans d’élevage dont au moins un an en barriques pour être Crianza. Au moins trois ans d’élevage dont au moins un an en barriques et au moins six mois en bouteilles pour être Reserva. Au moins cinq ans d’élevage dont au moins deux ans en barriques et au moins deux ans en bouteilles pour être Gran Reserva. Beaucoup de vins sont à présent élevés plus brièvement et/ou élevés dans d’autres contenants (inoxydable, béton, terre cuite) et sont donc des genericos.

Les sceaux officiels qui précisent le type du vin

Le tempranillo est de loin le cépage le plus populaire avec 80% des surfaces plantées. Le reste se partage entre grenache, viura (cépage blanc), graciano, mazuelo (carignan), etc… Cette domination du tempranillo est récente et pas forcément idéale dans un contexte de bouleversement climatique. La plupart des vins sont élaborés avec une pincée de cépages complémentaires.

En pratique, il y a mille styles différents et un même Domaine élabore parfois des vins anciens et des vins modernes. Les vignerons cherchent et tentent. Des vins en macération carbonique, des raisins blancs pour contribuer à faire des vins rouges nuancés, des 100% grenache ou 100% graciano, des cuvées parcellaires, …

Comme en Piémont, la Rioja a connu sa querelle des Anciens et des Modernes. Les premiers ne jurent que par les élevages (très) longs en bois américain usagé. Leurs vins sont en général prêts à boire lorsqu’ils arrivent sur le marché. Ils sont oxygénés grâce à leur élevage et sont susceptibles d’être encavés pendant de longues années. Ils ont relativement peu de couleur et des tannins fondus. Les Modernes font à peu près l’inverse: élevages assez courts en bois français partiellement neuf. Extraction plus poussée, ce qui conduit à des vins plus colorés et plus tanniques; ils sont rapidement mis sur le marché, à charge pour le consommateur de les encaver plusieurs années avant dégustation.

Comme les chiffres ci-dessus l’attestent, beaucoup de viticulteurs vendent leurs raisins à une coopérative ou à une grande maison, sur le modèle champenois.

A propos de cuvées parcellaires, la mise en valeur des terroirs est une tendance récente (ou un retour à une tradition oubliée pendant des dizaines d’années). On voit apparaître des vins portant le nom du village dont ils proviennent, voire portant le nom d’une parcelle précise (viñedo singular). Cela se cherche encore, c’est imparfait mais constitue une avancée dans le monde fort conservateur des instances professionnelles de la Rioja.

Nos rendez-vous avec les vignerons sont confirmés, la météo semble favorable, reste à préparer la petite valise.

Les trois sous-régions de la Rioja et leurs superficies respectives
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Vega Sicilia: le mythe dégusté

Voilà ce qui s’appelle une opportunité difficile à refuser: une dégustation des vins de Vega Sicilia, organisée par l’importateur. Nous sommes sept autour de la table et je suis le seul francophone. Un monsieur -bien plus corpulent que moi- adore s’entendre parler. Soit. Pour donner encore un peu plus de cachet à l’événement, cela se passe dans une église, certes désacralisée. Notre table est installée dans le chœur.

J’écris Vega Sicilia, mais à vrai dire il serait plus correct d’écrire Tempos Vega Sicilia, puisqu’il s’agit de la réunion de cinq domaines distincts: Bodegas Vega Sicilia, Bodegas y Viñedos Alión, Bodegas y Viñedos Pintia, Benjamin de Rothschild & Vega Sicilia et Tokaj-Oremus.

Sicilia est dérivé d’une Sainte-Cecilia castillane et non d’une île italo-méditerranéenne. Nous sommes bien dans le centre de l’Espagne, en appellations Ribera del Duero, Toro et Rioja, mais nous irons également déguster …en Hongrie.

Tempos Vega Sicilia pourrait appartenir à je ne sais quel fonds de pension américain ou, qui sait, à un oligarque sans scrupules. Mais non, pas du tout, Vega-Sicilia est entre les mains de la famille Álvarez-Mezquíriz depuis 1982. Progressivement, la famille a acquis de nouveaux vignobles, en Espagne et dans le nord-est de la Hongrie, dans une région à la fois proche de la Slovaquie, de la Roumanie et de …l’Ukraine. Слава Україні.

La volonté existe de s’étendre également en direction du Bordelais: Clos Fourtet, Montrose et Lascombes ont failli tomber dans l’escarcelle de la famille Álvarez-Mezquíriz, mais aucune transaction n’a réussi. Par contre, il y aura bientôt du nouveau en Espagne avec le rachat d’un grand nombre de parcelles d’albariño en Galice (appellation Rias Baixas): les premières bouteilles devraient être commercialisées en 2025.

Mandolas 2015

On commence avec un blanc sec hongrois élaboré avec le cépage furmint (appellation Tokaji). Je me souviens avoir goûté les millésimes 2017 et 2018 au moment de leur arrivée sur le marché: le vin m’avait semblé proche d’un Chablis plutôt austère, marqué par l’acidité et par le boisé. Certes du potentiel, mais pas évident à apprécier tel quel. Ceci est une première occasion de déguster Mandolas à meilleure maturité. Quelques infos techniques: 13% d’alcool, 3 grammes de sucre résiduel et 7 grammes d’acidité. Vendanges précoces (29 août). Âge moyen des vignes: 25 ans. Elevage en fûts typiques de 136 litres, appelés gönc. Mandolas est un vin-pionnier: le premier sec élaboré à Tokaj !

Nez d’une belle élégance, avec des notes d’amande et de boisé. Une certaine réserve. En bouche, fraîcheur marquée à l’attaque, boisé encore présent. Ensuite vient le gras, la richesse. J’ai l’impression d’évoluer dans le monde du chardonnay et plus particulièrement du Chablisien. De mon point de vue, une garde supplémentaire devrait harmoniser les différents éléments. Ce n’est pas un vin charmeur, il joue plutôt sur la cérébralité.

Le millésime 2018 est disponible chez l’importateur au prix de € 23. A déguster à partir de 2025 (pas plus tôt).

Petracs 2017

On enchaîne avec un deuxième blanc sec hongrois. Toujours 100% furmint. C’est une sélection parcellaire dans le village de Tolcsva. Vieilles vignes (60 ans) sur coteaux pentus. Ce 2017 est le premier millésime produit.

Robe de laiton pâle. Nez fermé. La bouche: choc ! Finesse soyeuse, texture douce, équilibre et longueur ! Ce vin me semble paradoxalement plus prêt à boire que le précédent, avec un boisé plus discret et beaucoup d’harmonie. On est encore dans un style qui ne surprendra pas les amateurs des blancs de Bourgogne. L’écart qualitatif avec Mandolas me semble important.

Ce millésime 2017 n’est pas disponible, sauf dans un colis (6 bouteilles de Mandolas + 1 bouteille de Petracs) à € 208. Il devrait y avoir un peu plus de volume disponible à partir du millésime 2018.

Macan Clasico 2009

Le projet Macan est une association entre Vega-Sicilia et Benjamin de Rothschild (propriétaire du Château Clarke à Bordeaux, décédé en 2021). Les deux protagonistes ont acquis entre 2001 et 2009, discrètement et patiemment, quelques 190 parcelles de vignes pour constituer un vignoble de +/- 100 hectares en Rioja. Ce 2009 est le premier millésime produit par le Domaine. Macan Clasico est le deuxième vin du Domaine (le grand vin s’appelle simplement Macan).

Couleur dense, jeune. Au nez, de la cerise, du menthol, du chocolat, un boisé un peu sucré. En bouche, c’est sudiste, boisé, savoureux. Je dirais plus merlot que cabernet (c’est une image: le vin est 100% tempranillo), St-Emilion n’est pas loin. Vin apaisé, chaleureux (mais l’alcool ne me semble pas excessif) avec des tannins fondus. C’est bien fait et je suis certain que cela plairait à un large public d’amateurs parkérisants. Le millésime solaire joue dans ce sens. Pour mon goût, cela manque d’énergie.

Macan Clasico 2018 est disponible chez l’importateur au prix de € 44.

Pintia 2008

Pintia, c’est le domaine en appellation Toro. Cette appellation a bâti sa réputation sur des vins hénaurmes. Méfiance donc. Premier millésime de ce vin en 2001 (j’en avais acheté 3 bouteilles en 2004 pour ma cave personnelle).

Couleur dense. Le nez est plus discret que celui du vin précédent, plus introverti. La bouche me fait voyager vers le Rhône, entre grenache et syrah. La texture, c’est le grenache; la couleur et les notes fumées, c’est la syrah. Ici aussi, ce n’est qu’une image, pour ce 100% tinta de Toro, le nom local porté par le tempranillo. Le boisé me semble assez peu appuyé (quel bonheur). De mon point de vue, supérieur au précédent: on gagne en précision, en définition et en complexité. 15% d’alcool néanmoins.

Pintia 2017 est disponible chez l’importateur au prix de € 56.

Alion 2011

On écrit parfois qu’Alion serait le deuxième vin de Vega-Sicilia. Non, vraiment pas. Le Domaine Alion se situe bien en appellation Ribera del Duero, mais à une quinzaine de kilomètres du Domaine Vega-Sicilia. C’est un vin indépendant, vinifié et élevé séparément. Premier millésime en 1994. L’idée de base était d’élaborer un vin moderne, comprenez, avec plus de couleur, plus de fruit, plus d’extraversion que les classiques Unico et Valbuena 5°. La famille n’a pas voulu modifier le style de ces derniers, mais a choisi d’ajouter un autre style à la gamme. A noter que 2011 est considéré comme un très grand millésime.

Le nez est épicé, avec de la cerise et du café. La bouche me semble de type “merlot”, jusqu’à glisser vers une décadence sensuelle. C’est onctueux, chaleureux et se rapproche d’un vin du Nouveau Monde. C’est concentré, techniquement irréprochable et on en met plein la vue. Si j’oublie mon goût personnel, je ne peux être que fasciné. Si je respecte mon goût personnel, cela ne me touche pas.

Pour l’anecdote: si vous tombez sur une bouteille d’Alion 2010, vendue à un prix attractif …fuyez, c’est une imitation produite par un faussaire mal informé. Alion n’a pas été produit en millésime 2010 !

Alion 2011 est disponible chez l’importateur au prix de € 77.

Valbuena 5° 2016

Voici donc le véritable deuxième vin de Vega-Sicilia. Son nom (5°) lui vient d’un élevage de 5 ans (barrique et bouteille) avant commercialisation. Ce millésime 2016 est donc le plus récent. 95% tempranillo et 5% merlot. Alcool: 14,5%. Âge moyen des vignes: 35 ans.

Plus de couleur que ce à quoi je m’attendais. Au nez, quelques notes d’évolution et un boisé discret. En bouche, nous changeons de planète. Finesse, qualité des tannins, finale salivante et précise. Rien pour évoquer la décadence, beaucoup de fraîcheur, c’est un vin serré et long. L’alcool joue un rôle plutôt modeste. Grand vin, plein de vie et d’énergie.

Valbuena 5° 2016 est disponible chez l’importateur au prix de € 143.

Unico 2011

Et donc, nous y voici. Le mythe. Le plus grand vin rouge espagnol ?

95% tempranillo, 5% cabernet sauvignon. 10 ans d’élevage (barrique, foudre et bouteille) avant commercialisation Mise en bouteilles en juin 2017. Âge moyen des vignes: 35 ans. Alcool: 14%. Production: 88.000 bouteilles et 3.500 magnums.

Déguster un mythe est plus difficile que déguster un vin. Il faut gérer ses attentes et ses émotions. Il faut trouver l’équilibre entre jouir du moment et évaluer sereinement le contenu du verre. Il faut oublier un instant la notion de rapport qualité/prix. Il faut assumer ses papilles déjà mises à rude épreuve par les vins précédents (dont j’avais conservé de petites quantités aux fins de comparaison).

Beaucoup de couleur et de jeunesse, équilibre construit sur la paire fraîcheur/tannins, l’alcool bien maîtrisé et certainement pas dominant, beaucoup d’énergie, presque tranchante. On bénéficie à la fois d’une texture soyeuse et d’un punch redoutable. Vin qui évoque mes meilleurs souvenirs bordelais, c’est-à-dire Rive gauche/Médoc, avant le millésime 2000. Furtivement, j’ai aussi pensé à Barolo.

En relisant mes notes pour écrire cet article, je découvre avec intérêt ma conclusion: finalement, tous les grands vins se ressemblent. Voilà une phrase qui mériterait un long développement sur le mode contradictoire: est-ce vrai ou est-ce faux ? Et si c’est vrai, que fait-on avec cette affirmation ?

Coïncidence: la Revue du Vin de France consacre un article à Vega-Sicilia dans son numéro d’avril 2022. J’y ai pêché quelques informations pour cet article. La dégustation de la RVF est remontée jusqu’à Unico …1953. Bon p’tit millésime, noté 99/100.

Unico 2011 est disponible chez l’importateur au prix de € 348.

Oremus Tokaji 3 Puttonyos 2015

raisins de plus en plus touchés par le botrytis

On termine par le dessert, une sucrerie hongroise, un Tokaji de type “3 puttonyos”. Voici le CV de la bête: 11,5% d’alcool – 7,9 grammes d’acidité – 138 grammes de sucre résiduel. Cépages (accrochez-vous): furmint, hárslevelü, zéta et sárgamuskotály.

“3 puttonyos”, cela correspond à l’ajout de 3 paniers de 23 kg de raisins botrytisés au moût en fermentation dans des tonneaux de 136 litres. Les raisins botrytisés macèrent pendant 48 heures, ce qui fait du Tokaji une sorte de vin …orange !

Quel nez ! Ananas, fruits de la passion, puis pêche/abricot et un floral miellé. La bouche est huileuse, avec une finale très fraîche sur l’ananas. Rien de sirupeux, ce qui s’explique par son acidité très élevée. A déguster dès maintenant. Il est recommandé de le boire vraiment frais (8°). Garde prévisible: 30 ans et plus.

Oremus 3 puttonyos 2015 est disponible chez l’importateur au prix de € 44 (bouteille de 50cl). Oremus 5 puttonyos 2014 au prix de € 74 (bouteille de 50cl).

Conclusion

Excellente organisation et commentaires avisés/pertinents pour encadrer la dégustation. J’ai été positivement surpris par Petracs et par Pintia. Valbuena et Unico sont exceptionnels, mais ce n’est pas une surprise.

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Viña Ardanza, Seleccion Especial

La Rioja Alta, Viña Ardanza Reserva Seleccion Especial 2010

On oppose parfois les modernistes de la Rioja aux traditionnalistes en insistant sur le fait que les premiers, adeptes d’un élevage bref en barriques neuves, chercheraient à mettre en avant un intense fruité et donc le raisin. Sachant que les seconds misent au contraire sur un (très) long élevage en barriques anciennes, il est tentant d’en faire des spécialistes du bois.

La réalité est heureusement plus subtile: pour La Rioja Alta, Domaine traditionnaliste réputé, le bois est un moyen pour polir les tannins, pour civiliser le vin et jamais une fin en soi ! Il s’agit de micro-oxygéner le vin pendant de longs mois de façon à ce qu’il soit à pleine maturité dès sa mise sur le marché. L’élevage apporte une belle patine, une texture soyeuse, une aromatique complexe. La mise en bouteilles de ce Viña Ardanza a eu lieu en mai 2015. Vu la durée de l’élevage en barriques, le vin pourrait légalement être commercialisé comme un Gran Reserva.

Le Domaine accorde bien entendu une grande importance au travail à la vigne: petits rendements, vendanges manuelles, sélection des meilleurs raisins. Le transport des raisins vers la cave de vinification se fait en camion frigorifique, la cave elle-même est moderne: La Rioja Alta n’est pas un musée ! La tradition fait son entrée lorsque commence l’élevage. Le vin va passer de barrique en barrique, tous les six mois. Il est ainsi progressivement habitué au contact avec l’air.

Ce contact régulier avec l’air n’use pas le vin mais semble paradoxalement le rendre plus résistant: « ce qui ne tue pas rend plus fort ». Les meilleurs Riojas traditionnels vieillissent magnifiquement en bouteille, souvent mieux que les bombes fruitées modernes.

Ce Viña Ardanza est composé de 80% de tempranillo, issu d’un vignoble situé en Rioja Alta mais aussi de 20% de grenache, issu d’un vignoble situé en Rioja Oriental (cette sous-région s’appelait encore récemment Rioja Baja, mais les spécialistes de la communication ont estimé que “baja” pouvait être interprété négativement, comme le Bas-Rhin qui serait donc moins qualitatif que le Haut-Rhin).

Ce vignoble de grenache s’appelle La Pedriza: comme à Châteauneuf-du-Pape, on y croise une multitude de galets roulés, mais à une toute autre altitude: 550 mètres. Est-ce ce grenache qui confère à Viña Ardanza un petit supplément de douceur ?

Un mot encore sur un millésime exceptionnel : 2010 a été labellisé Seleccion Especial. Ce n’est arrivé que quatre fois pendant l’histoire de cette cuvée: en 1964, 1973, 2001 et donc, maintenant, en 2010. Viña Ardanza n’a pas été élaboré en 2011; le millésime 2012 vient d’arriver sur le marché, sans label Seleccion Especial.

En dégustation, un vin épicé, balsamique, avec de la cerise, du poivre et de la muscade. Un peu de réglisse et de café. Tannins élégants. Finale soyeuse et longue.

La Rioja Alta, Viña Ardanza Reserva Seleccion Especial 2010: quelques bouteilles sont en vente dans le magasin.

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La soie et le velours

Lopez de Heredia, Rioja Viña Tondonia Reserva 2007

Millésime 2007. Ce n’est pas une faute de frappe, c’est la conséquence d’un élevage “à l’ancienne” comme le pratiquent encore quelques rares Domaines, gardiens de la tradition en Rioja.

Le style peut dérouter l’amateur de vins très sombres, fortement extraits, issus à 100% du tempranillo et élevés brièvement en bois neuf: Lopez de Heredia fait exactement l’inverse !

Le vin est d’abord élevé pendant 6 ans en barriques très anciennes (bois américain), il est ensuite mis en bouteilles et repose encore pendant de longues années (5 ans au moins) dans les caves froides du Domaine. Lorsque le vin est enfin commercialisé, il est à parfaite maturité, maintenant et pendant les dix prochaines années. Le tempranillo est bien entendu le cépage principal, mais il est complété avec une part non-négligeable de grenache (15%) et une pincée de graciano y mazuelo.

Les vignes sont en majorité …centenaires: plantation en 1913 et 1914. Altitude du vignoble: entre 438 et 489 mètres. Le Domaine dispose de sa propre tonnellerie, qui fabrique et répare les barriques d’élevage, avec pour objectif de les utiliser pendant 25 ans.

Il est possible que ce vin ne plaise pas, parce qu’il est incontestablement différent. Il est possible aussi que le goûter vous fasse rejoindre le cercle des amateurs qui le considèrent comme une des incarnations de la perfection.

La robe est franchement rouge, sans nuances violacées ni tuilées. Le nez est ouvert, noble, épicé avec des arômes de boîte à cigares. Cela rappelle l’univers des Bordeaux tels que l’on a cessé de les produire (à l’exception peut-être de Château Le Puy). La bouche est intense, avec des tannins fondus. C’est harmonieux et salivant. Des épices et un peu de tomate. On navigue entre le velours et la soie. C’est profondément sensuel jusqu’à défier l’analyse. Ce Viña Tondonia Reserva est un tout, une synthèse, un univers.

Pour l’automne et pour l’hiver, à déguster lentement …

Quelques bouteilles sont disponibles dans le magasin: Espagne, Rioja, Lopez de Heredia Viña Tondonia Reserva 2007

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blanc dégustation offre rouge

Espagne: les yeux plus grands que le ventre ?

J’ai manifestement eu du mal à choisir. Docteur, est-ce pathologique ?

J’aurais pu me contenter de la dizaine de vins qui participent à la dégustation du samedi 22 août. Mais non.

Comment résister à ce que proposent les meilleurs vignerons de Galice, de Catalogne, de Castille et d’ailleurs ? La diversité des styles est fascinante ! Il y a du franchement “sud” et du franchement “nord”: le nord-ouest de l’Espagne ressemble d’ailleurs bien plus à l’Irlande qu’à une costa méditerranéenne !

Il y a bien sûr du rouge, mais les vins blancs sont aujourd’hui du même niveau: en Catalogne, en Galice, en Andalousie, du côté de Valence les vins blancs de grande qualité pullulent. A vrai dire, je ne sais pas si un vin est susceptible de pulluler, mais vous voyez ce que je veux dire…

Vous recherchez un rouge qui puisse se comparer positivement avec bien des Châteauneuf-du-Pape ? Tentez Bellmunt, un Priorat abordable et diantrement réussi. Un blanc de la nouvelle génération, élevage en amphores et macération ? Essayez Cullerot: ce n’est pas un vin orange, mais on s’en rapproche. Des blancs dont la fraîcheur septentrionale vous esbaudirait ? Sans hésitation, Leirana (cépage albariño) et Louro (cépage godello), belle comparaison sur le millésime 2019.

Un rosé ? Oh oui, même si c’est plutôt un clarete, entre rosé et rouge: Paramos de Nicosia.

Vous aimez le sauvignon et découvrir de nouveaux cépages ? Je suggère le verdejo de José Pariente. Un Rioja moderne ? Jetez-vous sur Sela !

Des prix bien serrés, sans concession sur la qualité ? Salbide et l’andalou Dos Claveles sont proposés à € 10. Ou encore Vermell, un “rouge de rouge”, puisque élaboré avec l’alicante bouschet, l’un des seuls raisins à jus rouge.

Un cépage rouge local qui ferait l’unanimité (du moins quand il est confié à des vignerons de talent) ? La mencia de Maquina & Tabla Laderas de Leonila, celle de Raul Perez: Ultreia Saint-Jacques et celle de la Vizcaina (autre projet du serial vigneron Raul Perez): El Rapolao.

Un grenache comme on en fait peu en France ? Vieilles vignes, haute altitude, bas rendements, maturité et finesse de El Terroir, chez Lupier en Navarre. Vin multi-récompensé par la presse spécialisée.

Des vins bio de la région de Valence, zone naguère peu portée sur la qualité: les choses changent grâce au Celler del Roure mais aussi grâce au Domaine Mustiguillo qui propose Mestizaje rouge et Mestizaje blanc.

Un blanc catalan, issu de vignes quinqua- et sexagénaires, d’excellent rapport Q/P ? Jetez un œil sur 3 Macabeus, du Domaine Albet i Noya, un des pionniers du bio en Europe.

Une originalité castillane, pas loin de chez Don Quichotte, élaboré par un quatuor d’œnologues volants, dans l’esprit du vin nature ? Albahra ne porte pas la moindre appellation, pas vraiment un millésime, mais cela ne le rend pas moins bon !

Enfin, un liquide élaboré dans le même esprit que le vin de qualité, mais où le raisin fait place à …l’olive. Le Domaine Roda produit dans les Îles Baléares une huile d’olive d’exception, 100% “cépage” arbequina, issue de la récolte 2019. Acidité très faible. C’est Aubocassa.

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dégustation domaine rouge

Haro Roda Sela

Je vous rassure, le titre de cet article n’est pas une incantation de magie noire. C’est juste pour faire de l’impact. Clarification suit.

La petite ville de Haro est un endroit assez étonnant, entre Castille et Pays Basque, nichée sur les rives de l’Ebre et traversée par une voie de chemin de fer. Le quartier où je vous emmène s’appelle d’ailleurs Barrio de la Estacion.

Trois Domaines de grand prestige sont installés l’un à côté de l’autre, comme s’ils souhaitaient faciliter les comparaisons entre eux: Lopez de Heredia, La Rioja Alta et Roda portent, chacun à sa façon, un large pan de l’histoire et de l’avenir des vins de la Rioja.

Plus fort, en marchant cinq bonnes minutes, on peut encore rejoindre CVNE, Muga, Gomez Crusado et Bilbainas, autres Domaines à forte notoriété. Imaginez le cruel dilemme que doit résoudre l’amateur qui sait qu’il ne pourra pas tout goûter…

Haro, Capital del Rioja …on ne peut mieux résumer !

Une telle concentration de Domaines est rare, pour ne pas dire unique. Il fût un temps phylloxérique (à partir de 1877) pendant lequel le chemin de fer a joué un rôle essentiel dans le transport des vins de la Rioja vers Bordeaux. Les vignes bordelaises ravagées par la bestiole, la solution a été d’importer des vins d’un type relativement comparable, d’une belle qualité et capables de voyager facilement: voilà comment la gare et le chemin de fer vers la France ont indéniablement contribué à la prospérité de Haro.

Une preuve ? Haro a été la première municipalité espagnole à se doter de l’éclairage public électrique, à la fin du XIXème siècle. Un luxe à cette époque. Transformer le vin en lumière, je trouve ça assez poétique !

Roda est, contrairement à ses confrères cités plus haut, un Domaine plutôt jeune, puisqu’il a été créé de toutes pièces en 1987. Il s’est rendu rapidement célèbre en secouant une certaine indolence, voire un sommeil certain: du sang neuf dans la région !

Roda a été un modernisateur de la Rioja, à l’instar des modernistes en Barolo (Elio Altare, Renato Ratti, …). Cette vision est complémentaire à celle des meilleurs traditionalistes, comme Lopez de Heredia et La Rioja Alta.

La cuvée Sela est récente: le premier millésime a été élaboré en 2008. Sela, c’est en quelque sorte le P’tit Roda, celui qui peut se boire dès sa sortie sur le marché et sans avoir dû plonger profondément dans son portefeuille.

Vignes plutôt jeunes (tout est relatif: de 15 à 30 ans), utilisation proportionnelle de la barrique. Moins d’élevage que ses grands frères Roda Reserva et Roda I Reserva. Cela dit, le millésime 2017 n’est sorti que récemment, le vin repose longuement en bouteilles dans les caves de Roda, après passage de 12 mois en barriques de différents âges.

Roda, Rioja, Sela 2017: magasin

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histoire information

Hugh Johnson, édition 1981

En faisant un peu de rangement, je tombe sur ce petit livre, traduction en français du guide que Hugh Johnson publie tous les ans, depuis 1977. Il a aujourd’hui 81 ans et continue inlassablement à goûter le vin et à en parler. Il doit sa célébrité en particulier à son Atlas Mondial du Vin. Je ne peux cacher l’admiration que je porte à nombre de ses écrits, souvent pleins d’humour.

176 pages pour résumer la « planète vin », telle qu’elle se présentait aux yeux d’un auteur anglo-saxon il y a une quarantaine d’années. Plus précisément: dépôt légal 4ème trimestre 1981.

Hugh Johnson introduit son ouvrage en proposant un choix personnel pour 1982: c’est une sorte de fourre-tout sympathique qui mélange allègrement appellations, vignerons, marques et cépages, c’est subjectif et pleinement assumé comme tel.

A titre d’exemple, pour l’Espagne, cela donne ceci:

Campo Viejo, Codorniu, La Rioja Alta, Lopez de Heredia, Marqués de Caceres Blanco, Muga, Señorio di Sarria, Torres.

Aujourd’hui, Campo Viejo est une marque, détenue par le groupe Pernod-Ricard, qui propose des vins de la Rioja, essentiellement destinés à la grande distribution. Même topo pour Codorniu, géant du cava et pour Marques de Caceres, largement représenté chez Carrefour Belgique. Torres est un géant catalan, présent dans différentes régions espagnoles et jusqu’au Chili. Señorio di Sarria, propriété de Navarre, est quant à lui passé sous le radar.

Muga, Lopez de Heredia et La Rioja Alta font, aujourd’hui encore, partie de l’élite des vins de la Rioja.

Frappant de constater que les choix pour 1982 se répartissent géographiquement entre Rioja et Catalogne. Tout le reste de l’Espagne n’existait pas (encore).

Pour la France, Hugh Johnson met en exergue une douzaine de châteaux bordelais ainsi que la liste suivante:

Aligoté, Beaumes de Venise, Léon Beyer, Blanquette de Limoux, Bordeaux Côtes de Castillon, Chablis premier cru, Coteaux du Layon, Côtes du Lubéron, Fixin, Gaillac perlé, Alfred Gratien, Louis Jadot, Listel, Prosper Maufoux, Minervois, Morey-St-Denis, Passe-Tout-Grains, Pol Roger, St-Joseph, Seyssel.

Chacun se fera sa propre idée. Une chose est sûre, je ne connais personne qui ferait ce choix en 2020 !

Hugh Johnson

Le livre consacre ensuite quelques pages aux cépages. Voici deux définitions, joliment vintage:

Folle-Blanche: troisième raisin blanc de France, il ne donne jamais de bon vin. Beaucoup d’acidité et peu d’arôme le rendent idéal pour la fabrication du Cognac.

Carignan: de loin le raisin le plus courant de France, où il couvre des milliers d’hectares. Prolifique, il donne un vin sans attrait. Cultivé également en Afrique du Nord, Espagne et Californie.

Et quelques définitions croquignolettes:

Chianti: vin vif de Florence. Frais, mais avec un fruité chaleureux, jeune; vendu dans sa fiasque couverte de paille. Vieillit modérément.

Nebbiolo d’Alba: ressemble à un Barolo léger. Souvent bon. Le Barolo qui n’atteint pas ses 12% est vendu sous ce nom. Il a ses adeptes.

Nature: vin non chaptalisé. En Champagne, vin non champagnisé.

Saint-Péray: blanc plutôt lourd, au sud de Cornas. Une grande partie de la production est transformée en “mousseux”. Ne dépasse pas le stade de la curiosité.

A vrai dire, le plus interpellant est que bien des informations reprises dans cet ouvrage font encore sens 40 ans plus tard. Tout change mais rien ne change…