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Rouge vif !

Tout est prêt, je vous attends ! Une dégustation consacrée cette fois aux vins rouges, deux exceptions se chargeant de confirmer la règle.

Dégustation d’une quinzaine de vins, sélectionnés avec passion et discernement, ce samedi 14 octobre, entre 10 et 18 heures. Autour du bar et pas en terrasse vu que c’est l’automne et qu’il va pleuvoir et que cela plaît aux champignons. Ambiance décontractée et informelle. 

Commandes à me transmettre au plus tard le mardi 17 octobre, mise à disposition des vins fin octobre.

Donc deux vins blancs pour entamer les hostilités: un vin galicien, en appellation Rias Baixas (Espagne atlantique), le classique Leirana, en millésime 2022. Anthocyane a proposé tous les millésimes depuis 2018 et il n’y a aucune raison de vous priver du dernier-né ! Au moment d’écrire ce texte, il me reste 3 bouteilles de Leirana 2021. Puis le long voyage vers l’est pour faire halte en appellation Soave (Vénétie, près de Vérone et du lac de Garde) pour le Classico du Domaine Suavia, en millésime 2021. Les sœurs Tessari détiennent une baguette magique pour élaborer des vins blancs de très haut niveau (Monte Carbonare, Massifitti, …), mais c’est déjà très bon en entrée de gamme. Attention, ces vins ne hurlent pas leurs qualités, ils les murmurent. Ils convainquent mieux à table qu’en dégustation pure.

Rouge vif donc ! Restons d’abord en Vénétie pour découvrir le millésime 2022 du Valpolicella Classico du Domaine Speri, puis le 2020 de ce même domaine Speri, sur la cuvée haut de gamme Sant’ Urbano. Ce dernier n’a pas besoin d’être défendu, il s’impose tout naturellement à la dégustation, dans un style que l’on peut résolument qualifier de “petit Amarone“: c’est suave, soyeux, sec et profond. Le “simple” Valpo vaut le détour, en particulier considérant son prix: en échange de peu de sous, on reçoit un fruit bien mûr, un jus enthousiasmant et (presque) pas d’alcool – 12,5%.

Voici Amigos 2021, un assemblage de cinq cépages (tempranillo, grenache, graciano, syrah et cabernet sauvignon) en provenance du centre de l’Espagne (Castilla La Mancha). Puissant, juteux et tannique, il fera un excellent compagnon pour la viande rouge. Le Domaine Torre de Barreda tire son épingle du jeu dans cette vaste région qui produit énormément de vins assez quelconques.

Il y aura aussi un petit coin de Vienne, l’affluent de la Loire le long de laquelle s’étend le vignoble de Chinon: on goûte Les Granges 2021 du Domaine Baudry qui a pour excellente habitude réussir toutes ses cuvées, de la plus simple jusqu’à la plus complexe. Je me suis rendu compte récemment que j’avais négligé de faire goûter cette entrée de gamme qui mérite pourtant d’être mise en avant, dans un style frais typique du millésime.

Domaine Les Bosquets à Gigondas. Ce Côtes du Rhône 2022 est un gros coup de cœur: lorsque je l’ai goûté en mai, j’ai noté: couleur pâle, typiquement grenache. Nez joyeux, souriant, affriolant. En bouche, texture soyeuse, presque pas de tannins. Petite pointe de chaleur (14,5%). Vin du sud, direct et sans détours. Le grenache est complété avec 15% de syrah et 5% de mourvèdre.

Nous repartons vers la Galice. Pas la Galice atlantique (voir Leirana ci-dessus), mais la Galice continentale, en appellation Ribeira Sacra. Le Domaine s’appelle Castro Candaz: c’est un projet issu de la collaboration entre deux très grands noms dans le vignoble espagnol: Rodrigo Mendez et Raul Perez. Ils élaborent dans cette région austère, connue pour les pentes vertigineuses dans lesquelles sont plantés les ceps du cépage mencia, des vins rouges d’une surprenante finesse et d’une forte personnalité. Je vous propose de goûter le millésime 2021 de la cuvée de base (parfois appelée “joven“, même si cette mention ne figure pas sur l’étiquette) et le millésime 2019 de la cuvée parcellaire Finca el Curvado. Si ces deux vins vous plaisent et que vous êtes disposés à casser (un peu) votre tirelire, faites moi signe: la cuvée “grand cru” du Domaine Castro Candaz vaut le voyage !

En 2014, Anthocyane a proposé le Barbera d’Alba du Domaine Francesco Rinaldi (c’était le moment du millésime 2012). Depuis lors, millésime après millésime, ce vin s’est positionné comme une valeur sûre dans l’assortiment. Le vin est élaboré par les filles de Francesco, Piera et Paola. Vous aimez les vins charnels, sensuels, pleins de fruit et peu tanniques ? Le cépage barbera a manifestement été créé pour vous ! Bondissez sur ce 2020 avant qu’il ne s’échappe !

Richeaume. Domaine imprévisible. Souvent, les élevages me paraissent excessifs, ostentatoires, bêtement chics. J’ai l’impression d’un homard que l’on tartine de mayo: il y a quelque chose de précieux, mais c’est invisibilisé par une couche de bois qui simplifie, assèche et banalise. Et puis, il y a Frida: quand Richeaume est réussi, alors c’est très réussi. Vraiment très réussi. Je me souviens de ce Grenache 2018 qui m’avait explosé au visage (c’est une image) lorsqu’il s’écoula entre mes lèvres avides. Et bien, c’est rebelote avec ce Carignan 2021: nez distingué avec un vrai grand fruit, bouche juteuse et profonde, avec des tannins justes, sans la moindre sécheresse. Elevage, vous avez dit élevage ? Il brille par son absence. Une ode à ce cépage, notoirement capable du meilleur comme du pire. Il se dit que ce vin serait sans sulfites ajoutés, à très peu de chose près. Ah oui, j’allais oublié, nous sommes en Provence, près d’Aix.

Le Chianti Classico de Riecine fait également partie des valeurs sûres de l’assortiment. Ce 2021 se signale à notre attention par un taux alcoolique plutôt bas pour la région: 13,5%. A noter également que Riecine est à présent officiellement bio. Un excellent sangiovese sans concession à la mode des vins très extraits, très colorés, très boisés. Ici on recherche l’équilibre et la fraîcheur, sans utiliser de bois neuf. Si ce vin vous plaît et que vous êtes disposés à casser (un peu beaucoup) votre tirelire, faites moi signe: parmi les grandes cuvées du Domaine, il y en a une qui est absolument exceptionnelle !

Au printemps dernier, j’ai coorganisé et participé à un voyage dans La Rioja, voyage qui a fait étape au Domaine Roda. En fin de dégustation, nous avons pu goûter les vins que ce Domaine élabore dans une autre appellation, à savoir Ribera del Duero. J’avoue que j’étais sur mes gardes, de nombreuses dégustations de Ribera del Duero m’ayant laissé quelques souvenirs peu agréables. Et pourtant. Il y a donc moyen d’élaborer sur ce terroir des vins avec une vraie “buvabilité”, un dosage pertinent du bois, une puissance contrebalancée par de la finesse aromatique. Cela s’appelle Corimbo et nous goûterons le millésime 2018.

Enfin, un Rioja. Certes, mais un Rioja assez atypique: cela ne ressemble ni aux vins traditionnels (Lopez de Heredia, La Rioja Alta) ni aux vins modernes (Artuke, Roda). Peut-on alors affirmer que ce vin se situe entre tradition et modernité ? Non, de mon point de vue, il se situe ailleurs. Il incarne le dynamisme de La Rioja, région qui bouge dans tous les sens, y compris les moins prévisibles. Bref, Jose Gil est un original qui ne se réfère pas à des modèles existants, il créé ses propres vins. En particulier deux vins de villages: Labastida et San Vicente. En goûtant les 2021, j’ai pensé à la …Bourgogne. Et il se fait que Jose Gil a effectivement fait un stage en Bourgogne. Les vins ne sont pas bon marché. De toute façon, il y en a très peu.

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Voici pourquoi venir samedi

Introduction un peu rigolote

Coucou,

Oui, j’ai rassemblé une flopée de chouettes bouteilles, toutes susceptibles d’ajouter un peu de valeur à vos déjeuners champêtres et à vos dîners festifs de cet été 2023. Ce rassemblement de flacons a eu lieu en avril et en mai, avant la chute du ciel sur ma pauvre tête ou, mieux décrit, avant que je ne dégringole des escaliers le 21 mai, avec une colonne vertébrale fort amochée comme conséquence douloureuse.

Merci, je vais mieux, assez bien en tous cas pour vous proposer cette dégustation ce samedi 01 juillet, avec l’espoir de vous attirer en mes quartiers berchemois, avec vue sur prairie et sur moutons qui broutent ladite prairie. Il fera plutôt beau et pas trop chaud, ce qui convient bien à l’exercice proposé.

Mes intentions sont pures, presqu’angéliques, il s’agit de partager, de comparer, de discourir, de rire, bref de vivre agréablement, un verre à la main (pas loin d’un crachoir, ce qui peut, en particulier lors du quinzième vin, se révéler utile) et les sens aux aguets.

Donc, pourquoi venir à cette dégustation ? Outre le fait de venir me dire bonjour, il y aura 15 vins pour rendre hommage à la diversité du vignoble européen, sans tomber dans les pièges tendus par de vils Rastapopoulos, toujours prêts à raconter n’importe quoi pour écouler leurs pinards, en dépit du bon sens.

A propos de bon sens, jetez un œil à un article paru dans So Soir, le supplément publirédactionnel du journal Le Soir, écrit avec les pieds et avec un goût pour l’information exacte qui ne cesse de m’impressionner.

Ce coup-ci, c’est “Quel est l’alcool le moins calorique à siroter en terrasse ?”. D’abord, j’adore les articles dont le titre se clôt via un point d’interrogation. Mais soit. Voici donc la science telle que scribouillée par l’autrice du susmentionné papier: “Il suffit de retenir une chose: moins la teneur en alcool est élevée, moins la boisson contient de sucre et donc, moins elle est calorique”.

Non. Non, non et non. Quel charabia. Ce n’est pourtant pas compliqué: pour définir la charge calorique d’une boisson alcoolisée, il faut totaliser les calories apportées par le sucre et celles apportées par l’alcool. Un vin moelleux avec un degré alcoolique très faible (10%) peut ainsi se révéler plus calorique qu’un vin sec à 13%.

On continue: prétendre que le Champagne serait par nature moins calorique que le vin est une ânerie ou un fait alternatif propagé avec habileté par les ambassadeurs de la boisson qui bulle. Les règles sont les mêmes pour toutes les boissons, un gramme d’alcool dans une flûte pèse le même nombre de calories que ce même gramme d’alcool dans un verre à vin. Bien sûr -et vive la désinformation !- si on compare 8 centilitres de Champagne à 12 centilitres de vin, le verre de vin sera sans surprise le plus calorique.

Je note également que le rhum serait presque deux fois plus calorique que le whisky. Me voici hors de ma zone de confort, mais, franchement, cela vous paraît crédible ? N’hésitez pas à m’éclairer sur le sujet.

Mais voilà que je digresse sans fin et que je perds le lecteur pressé qui s’attendait à ce que je lui parle des vins en dégustation ce samedi. Nous y voilà.

Les vins en dégustation

Tous les vins en dégustation sont rassemblés ici

Les vins blancs

A propos de Rastapopoulos, on commence par Atma 2022, une nouveauté dans la gamme du Domaine Thymiopoulos (Macédoine, en Grèce septentrionale), grand spécialiste du cépage noir xinomavro.

Atma est pourtant un vin blanc, assemblage du rare cépage local malagousia et du xinomavro vinifié comme un vin blanc, en évitant de laisser les peaux des raisins en contact avec le jus de ces mêmes raisins. Cela demande du doigté et de la maîtrise. Vin aromatique, frais et joyeux, idéal à l’apéro. Léger en alcool (12%), original sans être exotique.

Voici un nouveau Domaine dans le centre de la France, entre Loire et Massif Central, Les Bérioles, avec deux vins: Trésaille et Aurence. Trésaille est un 100% …tressallier, cépage autochtone du nord du Massif Central. Remarquez le cépage prend deux “s” et que le nom de la cuvée n’en prend qu’un. Comme il est élaboré sans 50%+ de chardonnay, il n’a pas droit à l’appellation St-Pourçain. Terroir calcaire, élevage sans bois, léger en alcool (12,5%). Vin bio. Nez aromatique: abricot puis agrumes, épicé, une touche de fenouil. Bouche dotée d’une belle colonne vertébrale acide (aucune allusion à mes soucis de santé), avec de la longueur.

Aurence est en appellation St-Pourçain, grâce à l’assemblage du chardonnay et du tressallier. Terroir calcaire, élevage sans bois, léger en alcool (12,5%). Vin bio. Le nez est citronné, la bouche dense, salivante et précise. Peut se faire passer pour un beau Bourgogne (sans la présence du boisé).

Direction la Corse, au Domaine Yves Leccia, pour un assemblage de 60% vermentinu et 40% biancu gentile. Elevage sans bois. Nez sur l’orange. Bouche agréablement sudiste, confortable et intense. L’alcool ne marque pas le vin, il joue son rôle en arrière-plan. L’équilibre est obtenu par une conjonction d’acidité et de légère amertume, classique avec le cépage vermentinu.

Le Domaine Pignier fait partie de l’élite du Jura, tout en pratiquant des tarifs qui ne sont pas ceux des stars de la région (suivez mon regard). Voici l’étonnante cuvée GPS, assemblage complexe de chardonnay, poulsard et savagnin, avec une pincée de “vieux cépages” dont nous ne saurons rien de plus. Vinification sans soufre ajouté. Vin biodynamique Demeter. Il ne s’agit pas d’un vin de type oxydatif. Couleur tirant sur le laiton. Grande finesse et élégance du nez, avec des arômes du verger (pomme et poire).

La bouche est saline, fraîche, avec une acidité traçante jusqu’à une finale nette, sèche et précise. Grande longueur. Je suis toujours aussi impressionné par la gestion du bouleversement climatique: en 2018, les vins de Pignier étaient devenus massifs, presque lourds, avec un alcool élevé. Le Domaine a réagi avec détermination et célérité. Les millésimes récents ont retrouvé un équilibre beaucoup plus digeste (12,5%). Bravo !

On conclut la dégustation des vins blancs en franchissant les Pyrénées, jusqu’au sud de la Catalogne, en appellation Priorat. Nous sommes au Mas d’en Gil, domaine phare de cette région passionnante. Ce Bellmunt blanc est décrit par le Domaine (qui ne manque jamais d’humour grâce à la vigneronne Marta Rovira) comme: A wine to be drunk for breakfast, lunch and dinner. Je n’irais pas jusqu’au petit déjeuner, mais voilà en effet un vin gastronomique capable de s’adapter à moult situations différentes. Assemblage de grenache blanc et d’un peu de viognier, plutôt jeunes vignes (plantées en 2000 et 2008), sur terroir de schiste, peu chargé en alcool (13,5%) en comparaison de la plupart des Priorat. C’est officiellement l’entrée de gamme, mais au niveau de vins bien plus chers. Vin bio. A titre personnel, j’attendrai 2024 pour déboucher ma première bouteille.

Les vins rosés

Une fois n’est pas coutume, deux rosés en dégustation. Si on ne le fait pas le 01 juillet, …on ne le fait jamais.

D’abord Miraflors 2022, du Domaine Lafage en Roussillon. Année après année, la meilleure vente d’Anthocyane. Quel que soit le millésime, le couple Lafage se débrouille pour présenter un produit sec, frais, polymorphe, facile sans être simpliste, léger en alcool (12,5%), d’un prix fort raisonnable et habillé par une bouteille si élégante qu’il est difficile de la jeter: chez moi, elle fait office de carafe d’eau.

Vais-je tenter de vous vendre un rosé allemand, élaboré par un domaine qui porte un nom anglais ? Oui. Avec beaucoup de conviction. Je sais que ce n’est pas gagné, mais je me sens pleinement sur mon terrain et donc je m’obstine. La Shelter Winery est un grand spécialiste du pinot noir. On se situe en Baden, près du Kaiserstuhl, à un carreau d’arbalète de l’Alsace.

Rosé de Noir 2022 est peu coloré, avec un nez de fraise. Quelle élégance ! Ce n’est pas un vin pour barbecue ! Mais quelle belle source pour créer des accords gastronomiques estivaux et raffinés. C’est un très beau pinot noir qui est également un vin rosé. Techniquement, il s’agit d’une saignée, réalisée sur l’ensemble de toutes les cuves du Domaine.

Les vins rouges

Le premier rouge permet un passage tout en douceur entre rosé et rouge, ni vu ni connu ! Les Maiols est un vin rouge, mais de rouge vraiment très clair. Ou alors rosé foncé. Enfin, chacun fera son choix.

On est en Catalogne, au Domaine Joan d’Anguera.

Jeunes vignes de grenache, plantées entre 2012 et 2017. Géologie calcaire et sablo-calcaire. Biodynamie, non revendiquée sur l’étiquette. Vendanges manuelles. Du soufre, mais très très peu. Levures indigènes. Elevage en cuve béton (9 mois) et en barriques usagées (3 mois). Ce sont les jeunes vignes de la parcelle qui fournit les raisins pour la cuvée Altaroses.

Projet parallèle des frères Joan et Josep, à côté de leurs grands vins, en appellation Montsant. Nouvelle cuvée. Esprit rock ‘n’ roll sans fausses notes ni dissonances.

Nez fin, sans exubérance. Attaque légère et délicate. Plus de poids en milieu de bouche. Un petit côté salivant qui donne du peps à la finale. Sans verser dans les clichés, un très bon vin pour le jardin et l’été ! Peut se servir frais.

Tant qu’à explorer les multiples identités du grenache contemporain, remontons vers le Languedoc, jusqu’au Domaine Magellan. Cette cuvée astucieusement dénommée Le Grenache fait dans la simplicité directe et sans fioritures. Cela ne fera pas les titres de la presse spécialisée, mais c’est équilibré, plein, charmant, juteux, fruité. Un peu de fraise, un peu d’orange sanguine. Et le prix est excellent. Et c’est bio. Et c’est élevé sans bois. Et ce sont de vieilles vignes, plantées dans un terroir sableux. Cela peut sembler contre-intuitif, mais les terroirs de sable donnent régulièrement des vins de grande finesse.

En 2021, les circonstances du millésime ne se prêtaient vraiment pas à la production des Raisins Gaulois, le p’tit Beaujolais festif du Domaine Marcel Lapierre. Notre patience est pleinement récompensée par l’arrivée de ce 2022. L’incarnation d’une gouleyance ? C’est léger en matière comme en alcool, c’est désaltérant, ça coule avec une déconcertante facilité. C’est bien entendu du pur gamay, sans élevage boisé. Et puis, quand on s’arrête un instant, on s rend compte qu’il y a aussi un joli fond et un peu de glycérine. Oubliez le pour accompagner l’entrecôte, mais tentez des accords pour lesquels le premier réflexe nous conduit à choisir un vin blanc.

Ne stockez pas en perspective de l’été 2024, c’est fait pour avoir été bu avant que 2023 ne nous quitte.

Moyenne d’âge des vignes: 15 ans. Géologie granitique, vendanges manuelles. Vignes cultivées sans engrais ni désherbant chimique. Légèrement sulfité uniquement à la mise en bouteilles, comme le Morgon “S” de ce même Domaine Lapierre. Tant que j’y pense ce Morgon 2022 est disponible dès maintenant.

Le 29 avril, j’avais placé sur le bar une cuvée assez bluffante, en provenance du sud-ouest de la Corse, d’une grande délicatesse: Rosumarinu. Je pense que 90% de ceux qui l’ont goûté en ont acheté. Cela n’est pas si courant, ce vin se débrouille super bien pour plaire à des amateurs aux goûts hétérogènes.

Le Domaine Sant Armettu a d’autres atouts dans sa manche: ce Mino (ce mot corse peut se traduire par “petit”) constitue l’entrée de gamme, mais, au vu de la qualité, j’ai un peu de mal à le désigner de cette façon. C’est un assemblage de sciaccarellu et de niellucciu, le premier apportant la finesse et l’aromatique, le second se chargeant de la fraîcheur et de la structure tannique. A ce stade de son développement, le sciaccarellu s’impose dans l’équilibre. on goûte des épices, du poivre, de la cannelle. je me risquerais bien à les rapprocher d’un vin de Toscane. Le vin est plutôt concentré, il est juteux et précis. En français contemporain: il est d’une grande buvabilité. Elevage en inox (pas de bois). C’est bio.

Et voici le classique entre les classiques: Les Sorcières du Clos des Fées 2022. On peut être décontenancé par la faconde para-narcissique du vigneron, mais difficile -même en cherchant beaucoup- de trouver un défaut à cette incarnation du bon vin rouge universel, assemblage bien dosé de cépages du grand sud, avec beaucoup de syrah. Ceux d’entre vous qui me connaissent bien savent ma méfiance pour les syrah du Languedoc et du Roussillon: elles manquent souvent de finesse aromatique, la syrah donnant l’impression d’avoir été brûlée par l’implacable soleil. Eh bien, ces Sorcières évitent allègrement ce piège classique ! Cerise sur le gâteau: la maîtrise de l’alcool malgré le chaud millésime (13,5%).

On termine avec deux vins plus puissants, avec du muscle et de la présence. D’abord, une nouveauté: le Domaine Gassier en appellation Costières de Nîmes.

Costières de Nîmes est cette appellation dont on se demande toujours si elle fait partie du Languedoc ou du Rhône. Située entre Nîmes et Arles, selon un axe nord-est, sud-ouest, c’est bien une appellation rhodanienne. Le Domaine se situe dans le village de Caissargues, à un kilomètre du Château de Nages.

Nostre Païs provient d’un terroir de galets roulés, comparable à celui de Châteauneuf-du-Pape. Assemblage classiquement dominé par le grenache: la présence du mourvèdre et de la syrah lui confèrent de la structure. Nez aromatique, friand, frétillant. Bouche riche et confortable, soutenue par une acidité de bon aloi. Cerise et poivre. Minéralité (graphite).

Enfin, nous clôturons en rouge comme nous l’avons fait en blanc: Mas d’en Gil Priorat Bellmunt 2019. En effet, 2019: c’est bien le millésime actuellement à la vente au Domaine. D’abord élevage de 10 mois en fûts, ensuite élevage en bouteilles avant commercialisation.

Assemblage très traditionnel, c’est-à-dire uniquement grenache et carignan. Ni syrah, ni cabernet sauvignon. Vignes sur schiste, plantées entre 1994 et 1998.

Vin évidemment puissant qui doit être apprivoisé avant dégustation: offrez lui soit la carafe, soit un peu de temps dans votre cave. Je souligne volontiers que le prix, même s’il se situe au-delà des vingt euros, est très raisonnable, dans le contexte de Priorat, appellation suscitant une forte demande mondiale.

Conclusion (qui va de soi)

On se voit samedi ? Que vous veniez ou pas, je prends les commandes jusqu’au mardi 04 juillet inclus, de préférence via le magasin en ligne.

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Les Crus de l’Anjou blanc : ne pas perdre le chenin

Article rédigé par Bernard Arnould, client chez Anthocyane et journaliste-vin depuis 1992.

Le chenin est l’un des plus grands cépages blancs du monde. Véritable révélateur de terroir, il permet aux vignerons travaillant dans ce sens de nous faire goûter aux différents terroirs ligériens dans leur spécificité de structure et de profil car il transmet à ses raisins les sols dont il est issu. Cépage plastique par excellence, il laisse d’abord s’exprimer son lieu de naissance.

Co-président du syndicat Anjou Blanc, Patrick Baudouin, vigneron à Chaudefonds sur Layon, dessine la situation présente de ce cépage en Anjou : 

les surfaces plantées de chenin blanc ont diminué de moitié depuis les années 1950, et les blancs secs d’appellation  représentent aujourd’hui moins de 20 % de la zone. La production d’Anjou est pour moitié une production de rosé. A leur création, dans les années ’50, les appellations de chenin en Anjou parlaient terroir, vignerons, amateurs de vins et n’enfermaient pas le chenin dans des vins moelleux et liquoreux. A partir des années ’90, ceux-ci se sont imposés. Or le modèle économique de ces vins avec sucre important est désormais à bout de souffle.

D’où la naissance d’un projet de Crus en blancs secs pour éviter de marginaliser, voire de perdre ce merveilleux cépage.

Le projet des Crus d’Anjou blanc sec

Son étude a été lancée il y a 20 ans par une réflexion d’ensemble sur la problématique menée sous la férule de la tête pensante du projet, Patrick Baudouin. Il s’agissait de redonner ses lettres de noblesse à l’expression mixte du chenin sur des terroirs qui sont capables de produire à la fois des secs, des demi-secs et des liquoreux même si la zone du Layon a connu une première renaissance à partir de 1988 grâce à la production de liquoreux de terroirs, sans chaptalisation.

Les vignerons se sont appliqués, ils ont étudié et ont ainsi redécouvert la capacité du chenin à produire aussi de grands blancs secs différents les uns des autres en fonction des millésimes et des lieux-dits. A l’aboutissement de ce long travail, un cahier des charges spécifiquement Crus a été élaboré et voté par des vignerons établis sur 5 terroirs :  encépagement 100% chenin, degré minimum plus élevé en l’absence de toute chaptalisation, vendange manuelle, élevage prolongé et sélection des parcelles.

Cinq terroirs en Crus

le vignoble des Treilles

Ce travail de réflexion approfondie a donc conduit des vignerons à définir des crus autour de lieux-dits qualitatifs, qui reprennent à la fois le patrimoine historique de connaissances des parcelles et les acquis plus récents de la cellule terroir de l’INRA d’Angers. Un dossier a été déposé auprès de l’INAO en vue de la reconnaissance de 5 Crus. Le plus vaste, Montchenin s’étend sur 63 ha et regroupe 8 vignerons. Le plus petit est La Tuffière, une sorte d’exception viticole de 2,43 ha implantée sur la rive nord de la Loire dans le Baugeois, et exploitée par un seul vigneron. Les Bonnes Blanches, couvre une surface de 11 ha travaillés par 5 producteurs. Quatrième territoire Ardenay recouvre un lieu-dit de 13 ha que se partagent 3 vignerons. Enfin le projet inclut aussi Les Treilles 2,7 ha à Beaulieu sur Layon, rendu célèbre par l’œuvre de Jo Pithon mais aujourd’hui en d’autres mains.

Dans un avenir plus ou moins proches d’autres zones devraient également entrer dans ce projet en introduisant leurs dossiers de reconnaissance Crus auprès de l’INAO. On attend ainsi avec impatience une appellation de chenin sec qui serait sur Chaume et Quarts-de-Chaume.

Philippe reprend la plume à partir d’ici pour suggérer de mettre en parallèle l’article ci-dessus avec le Ronceray du Clos Galerne:

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Oyez, oyez, demandez le programme !

samedi 29 avril: dégustation d’une quinzaine de très bons vins

Je me réjouis de partager une série de vins que j’ai eu l’occasion de goûter moi-même pour la plupart en mars et en avril. Beaucoup de vins ont été éliminés pour cause de banalité, de déséquilibre ou de rapport qualité/prix peu excitant. Restent donc ceux qui sont sortis vainqueurs de mes dégustations récentes: ils ont successivement convaincu leur importateur, puis votre serviteur.

Je privilégie la diversité: domaines encore peu connus, destinations exotiques, nouveau millésime ou nouvelle cuvée issus de domaines que j’apprécie -que vous appréciez- depuis longtemps et vrais classiques.

Mon goût personnel m’oriente en priorité vers les vins élégants, pas trop chargés en alcool et peu marqués par leur élevage. Je m’intéresse à la complexité (multiplicité des arômes), à la longueur (persistance en bouche), à l’équilibre (harmonie entre les goûts), à l’intensité (concentration et énergie) et à la spécificité (originalité, personnalité). Si vous souhaitez mieux connaître ma grille de lecture du vin, j’y ai consacré une explication détaillée.

Et donc, quel programme ? Doublettes !

Pour la première fois, voici deux vins en provenance de Chypre, plus précisément du Domaine Kyperounda. D’accord, c’est vachement exotique, mais la presse spécialisée s’accorde pour affirmer qu’il s’agit du meilleur Domaine de l’île. Caractéristiques: un vignoble en haute altitude (plus de 1.300 mètres) et le cépage xynisteri que vous ne trouverez nulle part ailleurs.

Après l’Europe presqu’asiatique, voici l’Europe presque belge, puisque je vous propose deux vins lorrains, en appellation Côtes de Toul, issus d’un cool climate: tant l’auxerrois (blanc sec) que le pinot noir offrent délicatesse et jolie concentration. Avant le déferlement du phylloxéra, la Lorraine comptait des milliers d’hectares de vignes. Au milieu du 20ième siècle, il en restait …150 hectares. Le Domaine Vosgien fait partie d’une petite élite bien décidée à redorer le blason de la région, en blanc comme en rouge.

Ah, voici un domaine que je suis depuis bientôt 10 ans: le Domaine de La Madone, en appellation Côtes du Forez, entre Lyon, Roanne et les contreforts du Massif Central. Le Gamay sur Volcan est une valeur sûre, et je choisis cette fois de faire goûter également le Gamay sur Granit, encore appelé Dacite. Juteux, souriant, frais, top. Le Domaine travaille en biodynamie et n’utilise le soufre qu’en quantités minimales.

Une autre excursion exotique, vers la plaine de la Bekaa, au Liban. Comme pour les deux Chypriotes cités ci-dessus, il s’agit d’un vin de haute altitude (1.400 mètres), 100% issu du cépage cinsault. Peu de couleur et beaucoup d’arômes. Pas de tannins et une vraie personnalité. Ne ressemble pas aux cinsault français: le Domaine Terre Joie incarne le cinsault libanais. Pour le vérifier, voici Ze Cinsault du Domaine du Pas de l’Escalette en millésime 2020: il porte avec panache un profil qui peut sembler chaud (15%). Or, non, ce qui frappe c’est une combinaison gagnante entre finesse et fraîcheur, qui repose sur des petits tannins de qualité.

Je ne résiste pas à placer dans la dégustation le pinot noir 2020 du Domaine Knab. On est en Allemagne, à quelques kilomètres de la frontière avec l’Alsace. Le millésime 2019 a connu un grand succès -largement mérité- et ce nouveau millésime me semble confirmer les qualités du précédent. Si vous aimez jouer, glissez ce vin “à l’aveugle” au milieu d’une série de Bourgognes de belle qualité …et puis appréciez les commentaires des dégustateurs ! Les vieilles vignes, le terroir volcanique, l’élevage intelligent composent ensemble un tableau de toute beauté. Voyons également ce que ce même Domaine est capable de faire avec ses vieilles vignes de chardonnay. Ce 2021 pousse le dégustateur à éviter tout jugement à l’emporte-pièce: ce blanc peu boisé fait dans la nuance, c’est un discret qui murmure plus qu’il ne crie. Mais quel joli murmure ! Prenez le temps de l’apprécier.

Coïncidence heureuse: deux importateurs m’ont proposé chacun un Domaine de Corse: Yves Leccia d’une part, Sant Armettu d’autre part. Le nord et le sud de l’île, Patrimonio face à Sartène. E Croce 2020 est élaboré avec du nielluccio, le nom local du sangiovese italien que l’on retrouve entre autres en Chianti et en Brunello. Ce vin présente une couleur assez pâle, un nez fin et subtil. En bouche, c’est un vrai vin du sud, mais sans donner à l’alcool un rôle inopportun. Bons tannins qui doivent encore se fondre. Rosumarinu 2022 présente une robe encore plus claire et un nez aérien, pur et délicat. La bouche est fraîche et infusée, presque sans présence tannique: c’est un 100% sciaccarellu, un cépage que l’on compare régulièrement au pinot noir.

On se projette vers le nord, pour se retrouver en Loire occidentale. D’abord en pays nantais avec la Folle Blanche 2022 du Domaine Luneau-Papin: ce cépage, souvent dédaigné, est capable du meilleur lorsque ses rendements sont limités. Un parfait compagnon pour les fruits de mer et un tout aussi sympathique apéritif. Puis en Anjou pour découvrir une nouvelle cuvée du Clos de Galerne, Domaine jeune mais très prometteur. Ce Ronceray 2021 est élaboré avec des parcelles traditionnelement dévolues à l’élaboration de vins liquoreux (Chaume premier cru et Quarts-de-Chaume grand cru): le vigneron, Cédric Bourez, vinifie ces raisins en sec et crée un vin de feu et de sel !

Et pour finir en apothéose, Château Le Puy Emilien 2020, un Bordeaux de style traditionnel. Cela ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais je suis convaincu que certains amateurs en seront fous ! Une expression du merlot qui évoque un monde franchement “pré-parkérien”: si vous aimez le Bordeaux tel qu’on le fait généralement aujourd’hui, avec beaucoup de tout (couleur, alcool, boisé, euros, …), je vais vous perturber en vous confrontant à l’antithèse de ce qui précède. Emilien est plein d’arômes de fruits rouges, avec quelques nuances forestières. Les tannins sont veloutés, il y a beaucoup d’énergie ! C’est prêt à boire, mais peut se conserver au moins 20 ans.

Vous êtes les bienvenus ce samedi 29 avril, à partir de 10 heures. Il n’est évidemment pas nécessaire de participer à la dégustation pour commander les vins qui y sont présentés.

Nous aimons tous avoir le choix, mais nous n’aimons pas forcément choisir. C’est un paradoxe qu’il est facile de contourner: sur base de l’information que vous me transmettez, je me charge avec plaisir de vous soumettre une proposition personnalisée. Vous ne m’ennuyez pas, vous me faites plaisir !

Je rassemble toutes les commandes le mardi 02 mai, en fin de journée. Vous pouvez passer votre commande via le magasin en ligne ou via e-mail (en mentionnant la référence du vin, pour éviter tout éventuel malentendu).

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Le Clos Galerne, le chenin et la spilite

Parfois les choses peuvent être simples; du moins elles se laissent simplifier. Chenin sur sol noir, chenin sur sol blanc. Noir ou blanc. Schiste ou calcaire. En Anjou noir, c’est le schiste. Plus on se dirige vers l’est, plus c’est le calcaire (Vouvray, Montlouis).

La famille Bourez, au pied du moulin brûlé

Le schiste plaide pour un rapide exercice de vulgarisation que les experts en géologie me pardonneront: il y a toutes sortes de variantes et autant de termes pour les désigner: ardoise, slate (en anglais), schiefer (en allemand). Le gneiss en Muscadet est en quelque sorte le stade ultime du schiste. Le schiste, c’est par exemple la Moselle allemande et le Priorat espagnol.

L’Anjou noir a historiquement basé sa réputation sur un trio magique: chenin, schiste et botrytis. Traduction: Coteaux du Layon, Bonnezeaux, Quarts de Chaume. Des vins moelleux, voire liquoreux. Mais, au XXIème siècle, la douceur se vend mal, très mal. Loi fondamentale de l’économie: lorsque le vin se vend mal, la valeur du vignoble chute. Paradoxe: cette situation attire de jeunes vignerons ambitieux, à la recherche d’hectares mis sur le marché à un tarif abordable. Changement de paradigme. Acheter du vignoble destiné de tous temps à produire des vins moelleux et décider de le convertir en un vignoble pour élaborer des vins secs. Couper le cordon ombilical avec le passé doux. Assumer et chercher un nouveau chemin pour le chenin angevin.

Cette aventure-là est jalonnée de pièges: expliquer le changement de paradigme et surtout convaincre experts, journalistes, importateurs, restaurants et cavistes; vivre avec une météo capricieuse qui peut réduire à presque rien les efforts de toute une année. Quand on vient de commencer et que la banque n’attend pas, un mental d’acier s’impose. Deux années de gel successives et c’est la catastrophe.

Je tire mon chapeau à Cédric Bourez, monsieur Clos Galerne. Œnologue dans un domaine provençal, il souhaite devenir vigneron. Calculette à la main, il arpente l’Hexagone et se dit que l’Anjou noir est la destination que l’épaisseur de son portefeuille rend plus ou moins raisonnable. Coup d’oeil précis pour mettre la main sur des parcelles principalement situées dans le hameau de Pierre Bise, village de Beaulieu-sur-Layon, à quelques kilomètres au sud d’Angers. Pierre Bise, lieu exceptionnel. Flore méditerranéenne, vent pour rafraîchir et ventiler, sous-sol très particulier: schiste, mais aussi spilite, roche d’origine volcanique. La minéralité du schiste et la minéralité du volcan. Le vent du nord-ouest est appelé …Galerne. Combinaison gagnante, dans l’ordre ou le désordre.

La plupart des parcelles du Clos Galerne se nourrissent de spilite. Exception notable: une parcelle en Savennières (mais c’est une autre histoire). Chenin sur spilite et cabernets sur spilite. Un tel matériau mérite les mains de l’artiste: Cédric Bourez se charge des petits rendements, d’une vinification et d’un élevage sous bois bien dosé (peu de bois neuf) et d’une fermentation malolactique complète. La conversion en bio est engagée.

L’entrée de gamme, Balade en chenin, permet d’apprivoiser le style du Domaine. S’attaquer à Exspecto et à Moulin Brûlé sans gants …à vos risques et périls ! Ce sont deux chenins secs de grande puissance, traversés par un souffle intense et dominateur. Exspecto trace en verticalité, Moulin Brûlé équilibre rondeur et fraîcheur.

Exspecto 2020 (100% chenin), Moulin Brûlé 2020 (100% chenin) et Anjou Noir issu de la vendange 2019 (cabernet franc 80%, cabernet sauvignon) sont en dégustation le samedi 03 décembre 2022.

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Semaine 33: actualités

Bonjour !

Les nouveaux millésimes de chez Pellé (Menetou-Salon) sont arrivés. J’ai apprécié Morogues 2021 (sauvignon 100%, alcool: 13%, bio), un blanc sec au nez plaisant et aromatique, à la bouche équilibrée et directe, à la finale nette et sèche. Ce vin tire le meilleur d’un millésime un peu compliqué. Un cran au-dessus, c’est Vignes de Ratier 2020 (sauvignon 100%, alcool: 14%, bio), une sélection parcellaire qui conjugue la richesse solaire du millésime avec des notes fumées et minérales. Attention, l’importateur me fait savoir que le stock disponible est limité. Et il n’y aura pas beaucoup de 2021 non plus.

foudre dans la cave du Domaine Pellé

En mars, j’ai proposé à la dégustation Le Clos Galerne, cuvée L’Anjou Noir (cabernet franc 100%, alcool: 13,5%), avec un tel succès que le stock de l’importateur n’a pas pu suivre. Bonne nouvelle, cet Anjou-Villages rouge est à nouveau disponible. Il s’agit toujours bien du vin proposé au printemps: officiellement non-millésimé mais issu à 100% de la vendange 2019. De ce même Domaine, voici une Balade en chenin en millésime 2020, nouveau dans l’assortiment. C’est une excellente introduction à la gamme du vigneron, sans la profondeur du Savennières: oublions un instant que ce Savennières existe …et régalons-nous de la Balade, avec un excellent rapport QP !

dans la Revue du Vin de France (avril 2021)

Clos de la Roilette 2021: retour dans la gamme après une impasse sur deux millésimes consécutifs de ce très intense Beaujolais, en appellation Fleurie, là où Fleurie rejoint Moulin-à-Vent (NB: les Fleurie de l’ouest, ceux qui regardent vers Chiroubles, sont en général plus fruités et moins concentrés). Nez affable qui invite avec le sourire pour une première gorgée. Bouche sérieuse, riche, marquée par les fruits noirs, avec de très bons tannins. Le terme “gouleyant” n’a pas été inventé pour cette Roilette, qui a de l’ambition et un réel potentiel de garde.

les crus du Beaujolais: Fleurie = 7; Moulin-à-Vent = 10; Chiroubles = 5.

Voilà un vin que j’attendais avec impatience, vu le succès rencontré par les millésimes 2019 et 2020: le Mâcon-Vergisson 2021 du Domaine Guerrin. Il s’agit bien de la cuvée qui s’intitulait “Les Rochers”: cette mention disparaît pour le nouveau millésime. On peut supposer que quelqu’un a dû se plaindre du mots “rochers”, trop proche du mot “roche”: or, ici, à Solutré et à Vergisson, la Roche est sacrée ! Le vin est toujours délicieux, avec un profil plus frais que celui du millésime précédent, météo oblige. Un vin dont je me demande vraiment à qui il pourrait déplaire. Une bouteille que l’on tire-bouchonne sans prise de tête et que l’on partage avec l’amateur et avec le profane !

la Roche de Vergisson

Un détour par l’Autriche et plus précisément par le Kamptal, un affluent du Danube qui s’y jette en amont de Vienne. Chaque dégustation semble le confirmer: 2021 est un excellent millésime en Autriche. Ce riesling Urgestein le démontre avec force ! Je vous ai régulièrement proposé l’un ou l’autre vin du Domaine Hiedler, mais ce vin-ci m’a littéralement soufflé ! Intense fraîcheur, juste maturité du fruit, style énergique, moins opulent que par le passé (peut-être l’influence de Dietmar et Ludwig III, qui prennent progressivement la succession de leur papa).

le vignoble du Kamptal (Autriche)

Ces vins -et bien d’autres- sont à présent disponibles dans les nouveautés du magasin.

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La Loire en dégustation

Dégustation d’une dizaine de vins de Loire ce samedi 21 août, entre 10 et 18 heures. Je sais, je m’y prends tard, ça m’est venu hier en début d’après-midi, en bavardant avec un importateur.

Bernard Baudry, Le Rocher des Violettes, La Madone, Les Corbillières, Luneau-Papin, Pellé: on goûte mes classiques.

Chenin, melon et sauvignon. Cabernet franc. Et une bulle, aussi originale qu’originelle, qu’il faut vraiment goûter. Des sources du fleuve (Côtes du Forez) jusqu’à son embouchure (Muscadet Sèvre & Maine), en passant par Sancerre et la Touraine. Surtout du millésime 2020, avec une incursion vers un millésime à maturité (2015, 2018).

Pour le plaisir, par nostalgie et sur le bar: une cuvée du Château de Bois-Brinçon (Anjou). Bois-Brinçon a été en son temps (mars 2015) le dernier domaine importé en direct par Anthocyane. On goûtera donc un millésime ancien, en rouge ou en moelleux, en fonction de mon humeur du jour.

Scene on the Loire, J.M.W. Turner (1775-1851)

Comme j’avais trop peu de rouges dans cette dégustation, je me suis permis de rajouter un Beaujolais glouglou de chez Lapierre et Les Petits Pas du Pas de l’Escalette en millésime 2020.

Pour arriver sans encombres jusque chez moi, jetez un œil à cette page.

Commandes jusqu’au mardi 24 août inclus, de préférence via le magasin en ligne.

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Bernard Baudry, l’incarnation du Chinon

Matthieu et Bernard Baudry

Bernard Baudry recherche la dimension soyeuse et civilisée des chinons, tout en restant au plus près de leur expression de terroir. Cette démarche qu’il poursuit désormais avec son fils Matthieu, se double d’une certification bio. Le Guide des meilleurs Vins de France, édition 2020. Le Domaine est noté **.

Grande famille de Cravant, les Baudry travaillent en duo: Bernard s’entend à merveille avec son fils Matthieu. Ils ont bâti leur réputation sur des cabernets francs de garde, séveux, denses et longs, dans un domaine qui compte 30 hectares dont deux de blancs. Le Guide des Vins bettane+desseauve, édition 2019. Le Domaine est noté ***.

Cap sur la Loire et les chinons du Domaine Bernard Baudry.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, une précision: la cuvée dite “Domaine” n’est pas la cuvée d’entrée de gamme, ce statut étant plutôt l’apanage de la cuvée “Les Granges”, vin fruité et gourmand à déguster dans sa jeunesse. “Les Granges” est issu des vignes plantées dans les alluvions constituées par la Vienne, affluent de la Loire.

Traditionnellement, la Loire est une région où l’effet millésime joue un rôle important. En pratique, les derniers millésimes ont tous été chauds: c’est vrai pour 2015, 2016, 2017 et 2018.

Comme d’autres villages ligériens, Chinon a été durement touché par le gel des 26 et 27 avril 2016. Comme l’hiver avait été doux, les bourgeons ont méchamment dégusté, avec comme conséquence une forte réduction des rendements et donc du volume. Par contre, dès la fin juin, les conditions météo ont été franchement favorables, ce qui a contribué à la remarquable qualité de ce millésime.

Dégustation comparative: “Domaine” 2016 et “Les Grézeaux” 2018

Le même vigneron, le même cépage (100% cabernet franc), quelques kilomètres entre les parcelles et pourtant, deux vins aux profils fort différents.

“Les Grézeaux” affichent une couleur dense, franchement violacée. Le nez est riche et met en appétit. La bouche est soyeuse, riche en fruits et surtout pulpeuse, presque comme la pulpe dans un jus d’oranges fraîchement pressé: une densité qui en met plein les papilles. Ce vin issu de vieilles vignes (+/- 60 ans) est élevé en barriques anciennes qui oxygènent sans marquer aromatiquement.

C’est bien mûr (13,5%) avec une structure tannique assez légère et beaucoup d’élégance. Difficile de ne pas sourire pendant la dégustation d’un tel vin, difficile de ne pas s’en resservir. A l’attention spécifique du lecteur qui me suit depuis de longues années, ce vin évoque le style des meilleures cuvées du Domaine Frédéric Mabileau (St-Nicolas-de-Bourgueil).

“Domaine” présente une robe d’un beau rouge franc, sans reflets violacés. Le nez est floral, poivré, précis. La bouche est structurée, construite sur le couple tannins/acidité. Le vin est dense et énergique, peu marqué par la douceur de l’alcool (12,5%). On sent qu’il est au début de la phase de maturité: aujourd’hui, je suggère de le carafer. Ce vin est sans doute plus cérébral que “Les Grézeaux”, mais je soupçonne une grande capacité à vieillir harmonieusement, en se détendant progressivement. “Domaine” est un vrai vin ligérien, de profil plutôt nordiste, malgré la canicule de l’été 2016. L’équilibre est souverain.

A l’attention spécifique du lecteur qui me suit depuis de longues années, ce vin évoque le style des cuvées du Domaine de La Chevalerie (Bourgueil). Prenez cette comparaison pour ce qu’elle vaut: une simple indication, manquant certes de précision.

Constat: les vins étaient très bons hier soir. Ce midi, ils sont excellents ! Une fois de plus, une bouteille ouverte depuis une bonne douzaine d’heures se révèle supérieure à la bouteille ouverte à l’instant. Le cabernet franc respire et libère tous ses parfums …quand on lui en donne le temps !

Domaine2016 est en stock chez moi au prix de € 13. “Les Grézeaux2018 est disponible sur commande au prix de € 17.

“Les Grézeaux” est en dégustation le samedi 13 juin. Attention, dégustation sur inscription préalable.

La ville de Chinon, aux pieds de la forteresse

Sont également disponibles sur commande: “Domaine2018 à € 14 et “Le Clos Guillot2017 à € 22. Ce dernier vin a obtenu la note de 17/20 dans Le Guide des meilleurs Vins de France, édition 2020. “Le Clos Guillot” est un voisin du Chêne Vert (Charles Joguet) et du Coteau de Noiré (Philippe et Pierre Alliet). Les vignes ont été plantées entre 1993 et 2000. L’élevage est effectué en barriques anciennes. C’est assurément un beau vin de garde, susceptible de vieillir 10 à 15 ans.

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Gilles Bonnefoy: volcanique !

2020, année du volcan dans le calendrier forézien. C’est surtout l’année de la consécration pour Gilles Bonnefoy, vigneron biodynamique et propriétaire du Domaine de la Madone, en appellation Côtes du Forez, aux sources de la Loire.

Il a fallu un temps certain pour que la presse professionnelle fasse le voyage jusqu’aux confins du Massif Central et y découvre les grands mérites des vignes sur volcan, tant en rouge (gamay) qu’en blanc (roussanne). Accrochez-vous, les fleurs vont gicler !

Guide vert de la RVF, édition 2020 : « Nous sommes éblouis par l’éclat que dégage chacune des cuvées » … « Ce domaine devrait rapidement accéder à la première étoile » … « Mémoire de Madone … après une aération de quelques minutes, le vin prend une envergure digne des plus grands gamays. 16,5/20 ».

La Revue du Vin de France, février 2020 : « Peu de roussannes dans le monde offrent une telle fraîcheur éclatante, un bouquet si nuancé et cet élan vivifiant, presque salin en bouche »… « La roussanne biodynamique de Gilles Bonnefoy impressionne par son identité volcanique élégante. 16,5/20».

Le rouge Mémoire de Madone 2018 est un pur gamay, issu de vignes largement quadragénaires, plantées dans le basalte roche -ô combien- volcanique. Vendanges manuelles, levures indigènes et très peu de soufre.

Je suis cette cuvée haut de gamme depuis pas mal d’années et elle ne me déçoit jamais. 2018, millésime chaud, conduit à un équilibre plein, avec une belle matière mûre. Alcool : 13%.

Le blanc Roussanne de Madone 2018 est une pure …roussanne, issue de vignes plantées en 2001, plantées elles aussi dans le susmentionné basalte. Vendanges manuelles, levures indigènes et très peu de soufre. Alcool : 13,5%.

Le vin est commercialisé en indication géographique protégée (igp) Urfé, parce que l’appellation d’origine protégée (aop) Côtes du Forez n’accepte que les vins rouges.

La roussanne est un cépage très intéressant (gras et finesse), planté en particulier en Savoie et dans la vallée du Rhône. Elle est fort sensible aux maladies et mûrit tard, ce qui explique que bien des vignerons s’en détournent au bénéfice de cépages plus faciles.

Attention, quantités disponibles fort limitées, tant pour le rouge que pour le blanc. Je suggère de réserver pour éviter une éventuelle déception.

Mémoire de Madone est en dégustation le samedi 08 février 2020.

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Luneau-Papin: une brise de mer un peu fofolle…

Le Domaine Pierre Luneau-Papin est LE spécialiste du Muscadet, décliné sous toutes ses formes (j’y reviens un peu plus bas), mais un autre vin blanc sec est élaboré ici, suscitant l’indifférence de la plupart des amateurs-buveurs.

Eh oui, il s’agit bien de l’abominable Gros-Plant du Pays Nantais, un vin dont la maigreur, l’acidité agressive et le nom ridicule forment ensemble une boisson infâme que je ne destine qu’à mes pires ennemis.

Et pourtant, ne le répétez à personne, lorsque le raisin est artiste et le millésime favorable, cette cuvée Folle Blanche est un régal avec plein d’agrumes partout, en particulier du pamplemousse rose et souriant. C’est frais, crispy, joyeux, léger.

En 2018, cela réveille le palais, il y a du volume, c’est bien mûr et la finale claque joliment. Comme une brise de mer un peu fofolle. Que demander de plus ? Alcool : 11%

Pour obtenir un tel résultat, il n’y a pas de secret : vieilles vignes, agriculture bio, vendanges manuelles, tri à la parcelle et (surtout) rendements raisonnables. Plus le talent d’une famille qui transforme tout ce qu’elle touche en or.

Si vous cherchez un compagnon sympathique pour escorter crustacés et mollusques, vous venez de le trouver.

A noter un très léger perlant qui disparaît aussi vite que le verre est agité.

Parmi les nombreux Muscadets élaborés par le Domaine Luneau-Papin, j’ai souvent exprimé mon goût pour la cuvée Terre de Pierre, un jus de caillou, expression d’un terroir très particulier, la Butte de la Roche.

J’ai goûté le millésime 2018 une première fois à l’automne, une deuxième fois en janvier. Parfois, il faut avoir le courage de renoncer. Le vin n’est pas mauvais, loin de là. Mais le millésime l’emporte sur le terroir. Le soleil a maté la serpentinite. La bouche est ronde, douce, un peu lâche et finit sur un petit sucre résiduel. Donc, pas de Terre de Pierre 2018 chez Anthocyane.

Mais -car il y a un mais-, à mauvaise nouvelle succède bonne nouvelle. La famille Luneau-Papin a commencé récemment à isoler une partie de la récolte vendangée sur la Butte de la Roche et à lui donner un élevage sur lies beaucoup plus long (22 mois en cuve). C’est la cuvée Gula Ana dont je vous propose le millésime 2016. En quelque sorte, une quintessence de Terre de Pierre.

Le guide vert de la RVF accorde 16,5/20 à ce millésime en l’affublant néanmoins d’un profil exotique que je ne lui ai pas retrouvé. Au contraire, j’ai goûté un vin au nez profond, au profil crémeux et serein. Un vin qui navigue dans un univers bourguignon dont serait absente la marque du bois. La finale rappelle néanmoins une proximité atlantique et iodée. Alcool : 12,5%

Muscadet de luxe sans doute, cru Goulaine certainement, avant tout grand vin de garde qui mérite assurément la carafe si la dégustation a lieu dès cette année.

La Folle Blanche est en dégustation ce samedi 08 février 2020.

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Pourquoi deux appellations ?

BourgueilPourquoi deux appellations ? Convenons de nommer ‘Bg‘ l’appellation Bourgueil et ‘St‘ l’appellation St-Nicolas-de-Bourgueil.

Bg et St sont contiguës, St constituant une sorte d’enclave au sein de Bg. Les deux appellations partagent le même cépage (cabernet franc, encore nommé breton). Les appellations Bg et St ont toutes deux été créées en 1937 et leur cahier des charges mentionnent le même rendement maximum (55 hl/ha).

St est couverte de vignes (le tiers de la superficie de la commune homonyme), Bg s’étend sur sept communes, mais produit à peine plus de bouteilles que sa consœur: la vigne y est moins omniprésente.

Le rosé représente à peu près 5% du vin produit à Bg; idem à St.

Philippe, enfin, réfléchis un peu: c’est forcément le sol qui distingue les deux appellations et qui est donc responsable de la différence entre les vins.

Bon, lisons ce qu’en dit le syndicat des vignerons de St: “On rencontre donc deux types de sols à Saint Nicolas de Bourgueil : au plus haut de la pente, des sols argilo-siliceux plus ou moins calcaires et plus bas, des sols siliceux, profonds appelés graviers.”

Et voici la version du syndicat des vignerons de Bg: “Les sols sont constitués de tufs de nature argilo-calcaire ou de sable et de cailloux (appelés localement  graves).”

Je ne suis pas géologue, mais je pense comprendre que les deux appellations partagent donc la même dualité entre sols de coteaux d’une part et terrasses d’alluvions d’autre part.

Vins de garde, charpentés et plutôt tanniques sur les coteaux; vins de plaisir immédiat, fruités et ‘gouleyants’, sur les terrasses d’alluvions de la Loire. Autrement dit, un Bg de coteaux ressemblera à un St de coteaux, mais ne ressemblera pas à un Bg d’alluvions !

Conclusion: ce qui différencie ces vins les uns des autres, c’est d’abord leur origine (coteaux ou terrasses), pas leur appellation. Après, tout est entre les mains, plus ou moins expertes, du vigneron.