Si vous êtes allés à la Rioja Alta et/ou chez Lopez de Heredia, trouver le Domaine Roda est extrêmement simple: c’est juste à côté, dans le quartier de la gare. Paradoxe: Roda est un domaine de style moderne, créé dans les années ’80 du siècle dernier. Le premier millésime est 1992.
L’architecture impressionne: une véritable cathédrale contemporaine, dédiée au vin. Tout a été minutieusement réfléchi. Le lieu est la traduction d’une vision, d’une volonté de faire plus que très bien.
Difficile d’ignorer où nous sommes…
Nous sommes reçus par Edurne Ereña Aparicio: elle nous guidera avec grande compétence entre les foudres et les barriques, dans les caves souterraines et jusqu’aux rives de l’Ebre. Elle passe de l’anglais au français avec une confondante facilité. Elle a un vrai talent de narratrice et sait capter l’attention, tout en gardant un œil sur la montre. Bravo !
Monumental, immaculé, esthétique…
Edurne, notre hôtesse et les 6 vins dégustés chez Roda. La petite bouteille au centre, c’est l’huile d’olive…
Nous goûtons toute la gamme des vins rouges, ceux de la Rioja mais aussi ceux en provenance de la Ribera del Duero.
Sela est une entrée de gamme très réussie: un vin certes facile à boire, mais capable de bien se tenir lorsqu’on le goûte à nouveau, après les grandes cuvées. Roda est la cuvée “fruits rouges”, Roda I est la cuvée “fruits noirs”. Il n’y a pas de parcelles dédiées à l’un ou l’autre vin, tout dépend des conditions climatiques du millésime.
Nous avons l’opportunité de goûter Cirsion, cuvée super-luxueuse dont le prix est totalement dissuasif. C’est très bon (…heureusement…), mais, à ce stade, je ne perçois pas la valeur ajoutée par rapport à Roda et Roda I qui m’enchantent par la précision et la délicatesse de leur matière. Oh bien sûr ce sont des vins puissants, bardés de tannins et construits pour la garde, mais je suis très agréablement surpris par l’équilibre plutôt frais de ces deux vins. On a l’impression que Roda évolue vers “toujours mieux” en remplacement bienvenu de l’ancien “toujours plus”.
source: site Internet du Domaine
Roda, c’est aussi le Domaine La Horra en Ribera del Duero. Je m’attendais à des vins marqués par l’extraction, par un boisé généreux et par un alcool chaleureux. Surprise à nouveau: Corimbo et Corimbo I sont des vins plus classiques et plus abordables que je ne me l’imaginais. L’écart qualitatif entre ces deux cuvées me paraît plus important que pour les cuvées Roda. Autrement dit, Corimbo I est magnifique !
Anthocyane propose 4 cuvées du Domaine Roda: Sela 2020 (€ 22), Roda Reserva 2019 (€ 36), Roda I Reserva 2018 (€ 57,50), Corimbo I Reserva 2016 (€ 54)
Difficile de ne pas rajouter un paragraphe relatif au restaurant où nous avons dîné samedi soir: La Vieja Bodega à Casalarreina. Le lieu est très grand, dans un style rustique de bon aloi. On y mange une cuisine régionale goûteuse et copieuse. Même les desserts sont réussis ! Le sommelier est un vrai passionné: nous nous comprenons, même si son anglais est à peu près aussi mauvais que notre espagnol.
Evidemment, il faut se plonger dans la carte des vins, collection de diamants facturés au prix du charbon. On n’en croit pas ses yeux ! Et nous avons fini la soirée dans les anciennes caves qui se situent en dessous du restaurant, à grande profondeur.
Nous y avons (entre autres…) goûté ces deux vins-ci:
Trittenheim n’est pas exactement le village qui incite l’automobiliste de passage à s’arrêter parce que les colombages et autres maisons peintes lui taperaient dans l’oeil. De loin, c’est assez banal. De près (c’est-à-dire en marchant), on y trouve pourtant un tas de petites curiosités que, selon son goût personnel, l’on qualifiera de charmantes ou de kitchissimes.
Apotheke se signale à tous et en toutes lettres, même sans zoom
Du côté de la Moselle et juste en face d’un mur de vignes connu sous le doux nom de Trittenheimer Apotheke, ce village cache surtout une maison étoilée dont il paraît que la carte des vins mérite un large détour.
au delà des vins allemands, une belle sélection autrichienne
Wein- & Tafelhaus figure depuis longtemps sur la liste des restaurants qui excitent mes papilles mentales. Petit menu le vendredi soir, grand menu le samedi soir pour clôturer en beauté ces deux semaines de vacances.
Deux menus, deux vins mosellans: d’abord le Piesporter (appellation village) de Julian Haart. Ce jeune homme est le neveu de Théo Haart (Domaine Reinhold Haart). Il élabore sur 5 hectares des vins exceptionnels: ce Piesporter est de mon point de vue une parfaite incarnation du riesling sec mosellan: une incroyable légèreté conjuguée avec de l’intensité et du fruit. On ressent ce qui s’apparente à de la fragilité d’autant mieux que le vin est servi dans un verre Zalto qui exprime cette même fragilité. Délicatesse implique concentration chez le dégustateur : si l’on fait l’effort pour l’écouter, sa musique est fantastique ! C’est de la musique de chambre, pas une symphonie.
Piesport est un village de la vallée de la Moselle
J’avais fort envie de découvrir les vins de Franz-Josef Eifel, vigneron basé à Trittenheim et disposant en particulier de quelques rangs de vignes dans la meilleure partie du Grand Cru Trittenheimer Apotheke: le Sonnenfels. Eh oui, un cru de 68 hectares n’est pas homogène: certaines parcelles sont mieux exposées que d’autres et la géologie est assez complexe. En Allemagne, ce vigneron obtient très régulièrement des notations stratosphériques. Le Domaine est minuscule (3 hectares) et il n’y a donc pas beaucoup de bouteilles à l’export.
Ce Sonnenfels est très étonnant: minéralité puissante, dominatrice; jus de caillou au point d’effacer la contribution du cépage: à l’aveugle, je pense que je n’aurais pas reconnu le cépage, le citron -jaune, vert- disparaît au bénéfice du schiste (ardoise). Un vin qui joue la carte de l’invulnérabilité et de l’éternité. Pas gratuit évidemment (€ 69 sur table), mais n’importe quel Chablis premier cru est vendu aussi cher, si pas plus cher.
étiquette difficile à photographier parce qu’elle répartit l’information sur une grande largeur…… et donc voici le nom du vigneron (FJ Eifel) et le nom de la cuvée (Sonnenfels)la promenade nous fait croiser quelques vignes du Domaine Eifel
Et pour clore ce périple, une anecdote qui nous a bien fait sourire. Nous sommes au restaurant et commandons une bouteille plutôt haut de gamme. Une demoiselle nous amène le flacon et constate soudain qu’il n’est pas capsulé, mais doté d’un bon vieux bouchon en liège. Panique, la demoiselle disparaît en emmenant la bouteille.
Quelques instants plus tard, une autre demoiselle, celle-ci munie d’un tire-bouchons, nous sauve de la soif. Euh …non, elle n’a manifestement jamais utilisé le tire-bouchons et s’obstine à vouloir arracher le bouchon d’un seul coup. Le spectacle vire à la tragi-comédie à tel point que je me décide à ouvrir le flacon moi-même en expliquant gentiment à la seconde demoiselle comment ça marche.
Moralité: la capsule est la norme, le bouchon, l’exception.
Prenez vos vacances là où il y a du vignoble: la météo y est plus agréable, les paysages plus jolis, les villages plus pimpants et les restaurants plus appétissants. Boire un vin en observant en même temps le vignoble dont il est issu est un plaisir d’une grande finesse.
abbaye cistercienne Kloster Eberbachimpressionnante collection de pressoirs
Difficile de traverser le Rheingau sans une étape à Kloster Eberbach, lieu essentiel dans la « création » du riesling. Abbaye cistercienne et vignoble du Steinberg, exemple très rare d’une parcelle désignée uniquement par son nom sans référence au village où elle se situe. Steinberg -et Johannisberg, à quelques kilomètres d’ici- ont une telle réputation qu’il est manifestement inutile de préciser plus avant. C’est donc Steinberg tout court et non Hattenheimer Steinberg.
Ce Steinberg s’etend sur 34 hectares et est entouré d’un mur assez haut, destiné à protéger les vignes du vent. On le compare parfois avec Clos Vougeot en Bourgogne.
le Steinberg, c’est de l’autre côté de cette porte
Une nouvelle œnologue a pris les commandes du Domaine en 2018, avec l’ambition de ramener les vins au sommet. Parmi les nouveautés, une cuvée issue des vignes les plus âgées au sein du Steinberg: cela s’appelle Zehntstück (littéralement: morceau d’un dixième) et 2021 en est le premier millésime. J’ai goûté et approuvé. Eh hop, quelques bouteilles pour la cave !
Comme ce n’est pas bien loin, petite balade dans le charmant village de Kiedrich, connu pour abriter le Domaine Robert Weil. Non, je n’y ai pas dégusté, les vins étant « cédés » à un prix qui outrepasse l’épaisseur de mon portefeuille.
KiedrichDomaine R. Weil, par l’arrièrec’est ici !
Le restaurant pour ce soir appartient à la famille Breuer. La nourriture y est tout-à-fait correcte, mais il faut accepter une ambiance qui oscille entre rue des Bouchers, karaoké teuton et fête permanente. On y sert des centaines de couverts avec une efficacité souriante. La carte des vins donne accès à la plupart des vins du Domaine Georg Breuer. Mais il y a mieux: une deuxième carte des vins intitulée « Raritäten » (dois-je traduire ?) laquelle remonte …jusqu’au début du XXème siècle.
allons-y et feuilletons !oublions les prix (…) et notons le format 70 cl qui n’existe plus aujourd’hui du moins dans l’UE
Nous avons été sages et avons sélectionné Terra Montosa en millésime 2016. Le vin se goûte parfaitement sec et tout aussi parfaitement mûr. Surprise: il titre …11,5% ! Je suppose que l’acidité élevée cache un sucre résiduel significatif. Mais j’insiste, c’est un vin sec à la dégustation. Ah oui, j’oubliais, c’est un riesling.
Samedi, c’est soirée de gala. On se permet le beau menu cinq services avec l’accompagnement-vins exclusivement allemand. Sur le maquereau (au demeurant d’une rare qualité), c’est tout de suite mirobolant avec le riesling premier cru Mölsheim 2017 du Domaine Battenfeld Spanier (Rheinhessen): du comme ça, j’en veux bien tous les soirs ! Quelle tension !
maquereau
Sur le feuilleté de pommes de terre avec morille et asperge, on voyage jusqu’en Baden chez le producteur le plus renommé du coin, à savoir le Domaine Bernhard Huber: Malterdinger 2016, assemblage de chardonnay et de pinot blanc. Ici, le modèle est chablisien tendance premier cru. Ni boisé, ni beurre ni même noisette, c’est du cistercien monacal !
feuilleté
Voici la langoustine et ris de veau. Plat plus que remarquable, au même niveau que les deux premiers (et ce n’est pas peu dire). Et un riesling de style très différent du premier: grand cru Jesuitengarten 2015 (année chaude) du Domaine Reichsrat von Buhl (Pfalz). Si le vin précédent évoquait Chablis, ici je pense à… Meursault ! Vin aussi sensuel que le Battenfeld Spanier était cérébral.
Avec le gibier « Maibock », le rouge fait son entrée sous la forme d’une syrah du Württemberg: Syrah SE 2015 du Domaine Graf von Neipperg. Eh oui, il y a donc de la syrah en Allemagne. Le vin me semble en fait plus bordelais que Rhodanien. Pas si surprenant quand on sait que Graf von Neipperg est aussi propriétaire à …Bordeaux: Canon-la-Gaffelière, La Mondotte et d’Aiguilhe, c’est Neipperg ! Bon, ce vin-ci est certes d’une concentration impressionnante, mais il répond moins bien à mes goûts personnels. Et comme je ne dispose que de ceux-là…
Sur le dessert, composition assez sophistiquée de chocolat et de fraise, un vin moelleux bien entendu. C’est le Domaine Frey (Pfalz) qui s’y colle, avec un beerenauslese 2019 issu d’un assemblage improbable de pinot noir et de cabernet sauvignon. Vin surprenant en diable auquel il manque un petit peu de légèreté aérienne pour être superbe. En chiffres, cela donne 6,4% d’alcool, 168 grammes de sucre résiduel et …13 grammes d’acidité pour équilibrer ce sucre majeur.
dessert
Le meilleur pour la fin: la visite de la cave du restaurant, formidable caverne d’Ali Baba, en la compagnie du maître des lieux, Andreas Scherle. La conversation du coq à l’âne au gré des bouteilles que nous « découvrons », les anecdotes, l’échange entre passionnés, Knoll, La Rioja Alta, Klaus Peter Keller, etc…
J’ai eu un peu de mal à m’endormir…
Restaurant Zur Weinsteige, 70184 Stuttgart. Avec le TGV, ce n’est pas si loin…
Ce soir, direction la Weinhaus Stetter pour une cuisine de type bistrot très bien tournée. Service efficace et sympathique, carte des vins qui donne envie et fait pétiller instantanément l’oeil de l’amateur.
vaut ses trois étoiles !
J’ai fait une infidélité à la région du Württemberg pour me ruer (calmement) sur un chardonnay du Domaine Knab, en pays de Bade, dans le coin du Kaiserstuhl. Ce vigneron est encore assez peu reconnu, mais chaque vin goûté tape en plein dans le mille !
Eckkinzig *** n’est pas à proprement parler un terroir mais une sélection de vieilles vignes plantées dans le sud du terroir Endinger Engelsberg. À partir d’ici, rien n’est simple, accrochez-vous ! Ce terroir n’est pas reconnu, ni comme premier cru, ni comme grand cru, parce qu’aucun vigneron membre de l’association privée VDP n’y est propriétaire de vignes. De plus, le cépage chardonnay n’est pas accepté dans le cahier des charges.
Une injustice …et une opportunité: le flacon coûte € 20 au Domaine et c’est franchement bon marché par rapport à la bouteille dégustée (et vidée dans les règles de l’art). C’est crémeux (élevage bois très précis) et doté d’une colonne vertébrale acide d’anthologie. Ouvert, causant et plein de goût !
Weinhaus Stetter de l’intérieur et ……de l’extérieur
Escapade à Maastricht. Recherche d’un restaurant qui titillerait la curiosité de l’amateur. Au gré de la navigation, voici que mes yeux tombent sur un wijnrestaurant qui propose un menu déclinable en 4, 5, 6, 7, 8, 9 plats successifs, escortés par autant de vins issus du Limbourg, en version belge comme en version néerlandaise. Installés à 19h45 (ce qui est fort tard selon les normes néerlandaises), nous optons pour une version intermédiaire en 6 assiettes.
On commence par une association entre la truite fumée, l’anguille, la pomme et le concombre. C’est d’abord le Limbourg belge qui déboule sur scène, via le Wijnkasteel Genoels-Elderen (Riemst/Belgique) et sa cuvée Chardonnay Wit (millésime 2019). Vin frais et floral, léger. Son acidité et son aromatique m’évoquent à la fois le sauvignon et les jeunes vignes (NB: le site Internet du Domaine indique pourtant que la dernière plantation de chardonnay date de 1999). La géologie calcaire m’échappe. Vin sans défaut, honnête mais manquant de personnalité.
La deuxième assiette propose la ballotine de caille, accompagnée par diverses textures du maïs. On traverse la frontière pour goûter une cuvée issue du Domaine Overst (Voerendaal/Pays-Bas), assemblage d’auxerrois, müller-thurgau et pinot gris. C’est surprenant, avec plus de corps que le Genoels-Elderen. Sec et équilibré. Le site Internet du producteur est malheureusement laissé en friche depuis plusieurs années, dommage.
Assiette suivante autour de la langoustine et d’une multitude de déclinaisons de la carotte. Ô surprise, le vin est un muscat sec, élaboré par le Domaine Bon Baron (Profondeville/Belgique), en quelque sorte un vin “pirate” vu son origine wallonne. Mais il y une explication: Jeanette van der Steen, propriétaire de Bon Baron, est de nationalité néerlandaise. Je suis sur mes gardes, mais l’aromatique et la bouche témoignent d’une maîtrise d’un cépage à fort potentiel de déconfiture. C’est simple, mais équilibré, sans amertume excessive. Le site Internet du Domaine est suranné, voire antédiluvien.
Quatrième étape autour de la joue de bœuf et de la pomme de terre. Accord proposé: un vin blanc, à savoir le Pinot Gris du Domaine Pietershof (Voeren/Belgique). L’étiquette mentionne également la présence de riesling et de gewürztraminer. Beau vin ! Le plus intéressant de la soirée. C’est un pinot gris frais, sec, avec une finale précise. L’aromatique est sans doute favorablement complexifiée par le gewürztraminer et le colonne vertébrale doit sans doute quelque chose au riesling. Site Internet du Domaine annoncé en construction. Mouais.
La cinquième assiette propose la côte et le filet d’agneau, accompagnés par une ratatouille. Voici donc le vin rouge, du Domaine Sint-Martinus (Vijlen/Pays-Bas), la cuvée Patriek, assemblage audacieux de pinot noir, dornfelder, regent et cabernet cortis. Cette cuvée n’est produite que pour le restaurant où nous dînons. C’est bien fait, boisé avec tact, équilibré et raisonnablement persistant. Encore une fois un bon produit, mais doté d’une personnalité peut-être un peu banale. C’est plus puissant qu’élégant. Le Domaine existe depuis 1988, se focalise sur une longue série de cépages hybrides et s’est doté d’un site Internet intéressant.
Sixième assiette, c’est le dessert: chocolat blanc et fruits exotiques. On reste aux Pays-Bas pour le vin: Solaris de chez Hoeve Nekum (Maastricht/Pays-Bas). Le cépage solaris est un hybride, créé en Allemagne vers 1975. Il mûrit tôt et est capable de produire des sucres élevés. On l’utilise typiquement pour élaborer des vins moelleux. J’avoue ma surprise en lisant sur l’étiquette un alcool à 15%. Et il y a encore du sucre… Franchement, c’est chaleureux et le brûlant pointe son vilain museau. Mais il y a une jolie charpente acide et une aromatique appétissante. Site Internet intéressant.
Conclusion
Très agréable moment pour une cuisine de qualité et une plongée en profondeur dans le vin limbourgeois tel qu’il se présente à nous en 2022. Ce repas n’aurait pas pu exister il y a 20 ans, faute de combattants suffisamment vaillants. Aujourd’hui, il ne fait pas de doute que les vins belges et néerlandais prennent progressivement une place sur nos tables. Cela dit, le meilleur côtoye le pire et la banalité est sans doute l’ennemi numéro un. Les flacons auront en tous cas du mal à remporter le concours du meilleur rapport qualité/prix: rien n’est vraiment bon marché et certains prix me semblent un peu “hors sol”. Il y a sans doute une tendance à boire local qui pousse la demande au delà de l’offre.
Les plats étaient tous fort beaux et fort bons, avec un podium composé de la joue de bœuf (or), de l’agneau (argent) et de la langoustine (bronze). Si j’avais une remarque à formuler: faire plus simple, avec moins d’ingrédients. Less is more. A ce jour, non, le restaurant n’est pas un candidat évident à l’étoile. Mais le lieu, les échanges avec le jeune homme en charge de la salle (une bonne vingtaine de couverts) et l’originalité de la formule: très bien !
Le magasin
A noter que les vins proposés par le restaurant peuvent être achetés quelques maisons plus loin. Si vous y faites un achat, vérifiez quand même que le prix soit conforme au marché. On ne sait jamais…
Cerise sur le gâteau
Le vignoble du Domaine Overst
Nous avons été nous promener le lendemain un peu à l’est de Maastricht: cela s’appelle Land van Kalk et c’est une balade de 8 kilomètres, saupoudrée de quelques vignes (Overst et Sint-Martinus), d’arbres fruitiers en fleur, de moutons, de champs et de gentilles collines: idyllique, bucolique, poétique. Cela s’appelle (un peu pompeusement) Route des Vins et l’on trouve d’ailleurs quelques panneaux explicatifs du meilleur aloi.
Cher Monsieur, que lis-je dans ce titre ? Ne serait-ce point exagéré, voire excessif ? Est-ce bien raisonnable ? Plaidez-vous coupable ?
C’est-à-dire, Votre Honneur, que, comment dire, ça s’est passé à l’insu de notre plein gré. C’était un piège et nous sommes tombés dedans, par la faute de notre naïveté. Gambadant par le plus grand hasard dans la belle ville de Saint-Trond, nous avons été comme qui dirait sauvagement happés par un estaminet local. Lequel estaminet s’est avéré extrêmement bien achalandé en victuailles savoureuses et en boissons propres à susciter une douce ivresse. Faisant alors fi d’une modération qui, de temps à autre, commence d’ailleurs à me les briser menu, nous fûmes les victimes, à peine consentantes, d’un dîner-dégustation sobrement titré 4*4, puisque chaque plat s’est avéré accompagné par non moins de 4 vins. En n’oubliant pas l’apéro, le compte est bon: 4 services, 17 vins.
Nous étions donc ce lundi soir chez Paul, Andrea et Aurélie au Gastrobar 3 Sense, à 3803 Wilderen.
Nous avons demandé et obtenu un crachoir. Cela peut paraître incongru, voire peu compatible avec la notion de dîner-dégustation, mais goûter 17 fois de suite impose des mesures fortes, sous peine de ne plus distinguer un Beaujolais nouveau d’un Madiran pur tannat. Pour paraphraser le jargon administratif fédéral, il est fortement recommandé de faire preuve de bon sens.
L’apéro et les deux premiers accords
Apéro: Corpinnat Gramona Brut Impérial Gran Reserva 2014 (Catalogne). D’aucuns seraient tentés d’affubler ce vin du titre guère flatteur de Cava. Que non, puisqu’il s’agit ici de privilégier des raisins de haute maturité et un long élevage sur lattes (48 mois). Corpinnat, c’est en quelque sorte ce que Cava devrait être. Le style du vin est riche, crémeux et légèrement fermentaire. La bulle est élégante, douce et fondante. Belle longueur. C’est classique et plutôt consensuel. Dosage: 8 grammes. Alcool: 12%. Biodynamie. Assemblage classique: chardonnay, xarel.lo, parellada et macabeu. Il me manque néanmoins la tension minérale et le “punch”. Servir bien frais. C’était accompagné d’un petit gaspacho à l’huile de chorizo et d’une bouchée pommes de terre, anguille fumée, pomme verte.
1er service: albariño 2019 (Galice), en 4 interprétations presque’aussi magistrales l’une que l’autre. Leirana, du Domaine Forjas del Salnès, confirme qu’il est une entrée de gamme d’un très haut niveau: le nez peut sembler un peu discret, mais la bouche est d’une remarquable fraîcheur, d’une énergique tonicité. Pazo de Señorans a pour lui la notoriété et un nez explosif. La bouche m’a semblé par contre un peu en retrait: au milieu des franches acidités de ses trois concurrents, celui-ci paraît moins “éveillé”. Disons qu’il veut être copain avec tout le monde et que cela peut nuire à l’expression d’une personnalité bien à lui.
Cies est un riesling du Palatinat. Meuh non, c’est une cuvée 100% albariño de Forjas del Salnès, mais le tranchant et l’aromatique évoquent irrésistiblement la tension teutonique. Minéral, sans la petite touche exotique (ananas) caractéristique du cépage. Extrême et donc sans doute susceptible de dérouter. L’antithèse du blanc méditerranéen, un vrai vin atlantique. Quand on a appris à apprécier Leirana, il est temps de s’attaquer à Cies. Ne tentez pas le chemin inverse; enfin, vous faites comme il vous plaît. On finit avec Finca Genoveva, le haut-de-gamme de Forjas del Salnès, sous la forme d’un échantillon non-filtré, avant mise en bouteilles. C’est difficile à évaluer, mais deux qualités semblent évidentes: la concentration et la fraîcheur. Vigne pré-phylloxérique, âgée de +/- 160 ans. Production limitée à 1.800 bouteilles.
Votre serviteur, quelques albariño et toute la concentration dont je suis capable…
Le plat: gravad lax, betterave, raifort. Le gras du poisson coupé net par l’acidité des albariño: beau plat, bel accord !
Bilan: +++
Leirana 2019 (€ 16,50) participe à la dégustation du samedi 22 août. Il peut être commandé dans le magasin dès à présent. Cies 2019 (€ 19) est disponible sur demande, commande à recevoir au plus tard le mardi 25 août.
2ème service: La Vizcaina, Bierzo, mencia 2017 (Castille, aux frontières de la Galice). Une opportunité de goûter en parallèle 4 vins issus de la même appellation, élaborés avec le même cépage, issus du même millésime et vinifiés par le même vigneron, le redoutable Raùl Perez. Un pas plus loin encore: le vigneron traite les 4 récoltes de la même façon: vendange entière, vinification en foudres, élevage d’un an en barriques. Seule différence: la parcelle, pardi ! L’approche est très inspirée par la Bourgogne: le lieu-dit, sa géologie et son orientation. Une ode à la subtilité. Allons-y.
Las Gundiñas est en orientation ouest. C’est le vin qui devrait être le plus accessible dans sa jeunesse. Je repère du cacao et de la cerise, une structure tannique assez ferme, une pointe d’amertume qui ne sera peut-être pas appréciée par tous. Ensuite, voici La Poulosa, en orientation sud. Il me paraît franchement plus accessible que le précédent. Nez terreux et métallique. La bouche est juteuse, plus aimable, avec des tannins plus discrets. Pas tout-à-fait mon goût personnel, mais assez séduisant. El Rapolao est en orientation nord et ouest. Très majoritairement mencia, mais également d’autres cépages locaux: tintorera, souson, bastardo, le tout en complantation. C’est un monument à prendre avec quelques pincettes. Vin complexe, sérieux, très intense, avec ce que l’on pourrait qualifier de “végétal noble”. Sincèrement, ce n’est pas pour tout le monde. Si votre goût vous porte vers la rondeur joyeuse, vous pourriez être décontenancé. Vin de garde, à ouvrir dans 5 ans ou plus. La théorie affirme que la mencia évoque une combinaison entre pinot noir et syrah, mais je persiste à y trouver du cabernet franc. Enfin, La Vitoriana est une parcelle en orientation nord. Les plus vieilles vignes. C’est lactique, un peu animal, avec de la cerise, de l’encre, de l’encens, …Structure tannique exceptionnelle, comme si l’on mordait dans la Grande Muraille de Chine. Gros potentiel. Infanticide patenté. Doit absolument être caché au fond de la cave pour n’en ressortir que dans 10 ans.
Le plat: risotto, espadon, asperge verte. Excellent poisson, assaisonnement un peu fade. L’accord est une tentative courageuse, mais je crains que les vins n’ont même pas remarqué la présence du plat.
Bilan: +++
El Rapolao2017 (€ 24) peut être commandé dans le magasin dès à présent. Les trois autres cuvées sont disponibles sur demande, commande à recevoir au plus tard le mardi 25 août. Le prix des 4 vins est identique.
La deuxième partie s’attachera, ô surprise, aux 3ème et 4ème services. On y abordera Priorat et Rioja, par la face sud.
Un de nos restaurants préférés, la Brasserie Julie à Dilbeek, propose à présent une formule à emporter, intitulée le Buffet Juliette.
Samedi, c’était Bouchée à la Reine et son cortège de champignons, ris de veau, volaille, pâte feuilletée et pommes Duchesse. Nous n’avons donc pas résisté. Portion royale et beaux produits. Explication détaillée (en néerlandais) pour bien gérer les temps de réchauffement au four des différents ingrédients.
Un jour, nous retournerons à la Brasserie Julie. Le plus tôt sera le mieux. De toute façon, les tables étaient déjà assez éloignées les unes des autres AVANT. Je me réjouis de revoir l’excellent sommelier, Jori Van Ginderdeuren: il combine compétence, sens de l’accueil et sens de l’humour. What else ?
Le plat appelle le Bourgogne blanc avec conséquentes heures de vol. Je jette mon dévolu sur un flacon mâconnais, à savoir Le Mâcon-Pierreclos Le Chavigne 2002 du Domaine Guffens-Heynen.
A l’attention de ceux et celles qui ne connaitraient pas Jean-Marie Guffens, c’est un Limbourgeois qui s’est installé il y a une quarantaine d’années à Vergisson, au pied de la Roche éponyme. Il parle limbourgeois et bourguignon. Pour ce qui est du néerlandais et du français, c’est moins clair. Il y a quelque chose en lui d’Arno. Humour féroce, humeur imprévisible. Franc-parler qui ne se fait pas que des amis.
Le personnage ne suscite pas forcément la sympathie, mais les vins qu’il élabore sur son petit domaine ne m’ont jamais laissé indifférent. C’est un grand-maître du chardonnay. Il est aussi négociant sous le nom de Verget, ce qui lui permet de proposer des vins de la Côte d’Or et du Chablisien en supplément aux vins locaux.
La robe de ce Mâcon-Pierreclos est franchement dorée. Le nez confesse son âge: le champignon et la forêt humide dominent l’aromatique. La bouche ne peut cacher une légère oxydation. Mais celle-ci accompagne avec élégance un vin riche, intense et savoureux. Les deux premiers verres bus, je me pose néanmoins quelques questions sur la relative absence de complexité du breuvage. Le doute s’installerait-il ?
…
Indispensable: faire preuve d’un peu de patience, le temps requis pour que ce vin respire après 17 ans de réclusion, pour qu’il se fasse au verre, pour qu’il tiédisse légèrement. C’est magique. Le dernier verre est magistral, avec une tension chablisienne, une touche de coquille d’huître. Quelle persistance ! Un vin vieux, certes mais pas décati.
Imaginez, il est midi et vous cherchez un restaurant. Quelle meilleure adresse que … la Rue du Cherche-Midi ?
Rive Gauche, 6ème arrondissement, entre les Jardins du Luxembourg, Montparnasse et Matignon.
Le Petit Verdot ne paie pas de mine, il est même plutôt discret et d’apparence modeste. Clairement, la maison ne vise pas le passant. Ni le touriste qui ne ne se déplace de toute façon pas jusqu’ici.
Toute petite salle, joli bar. Accueil par le patron, Hide Ishizuka: avant de se lancer dans la restauration, il a été sommelier au château Cordeillan-Bages, hôtel et restaurant gastronomique, propriété de Jean-Michel Cazes. Ce n’est pas qu’une anecdote, on y revient dans quelques lignes…
Ce mardi 11 août est le dernier jour avant fermeture pour les congés d’été. Ouf.
Menu à € 35: je craque pour le maquereau et la canette.
Très jolie carte des vins (et l’on se laisse dire que certains trésors n’y figurent pas), particulièrement tentante sur la Bourgogne. Ce sera un Chablis ‘domaine’ 2013 de Dauvissat.
Vu que je déjeune seul, la conversation s’installe avec Hide. Passionnante conversation d’ailleurs, où l’on évoque pêle-mêle ses allocations chez Roumier et chez Roulot, nos souvenirs respectifs au Pot d’Etain, l’évolution du prix des grands vins, les coefficients pratiqués dans la restauration en Italie, Espagne et Portugal, les cuvées parcellaires de Jacquesson, …
Le maquereau est magnifique (et ce n’est pas le titre d’un roman policier), la canette est au même niveau (j’ai oublié de la prendre en photo). C’est de la cuisine française moderne, esthétique et très bien maîtrisée. On pourrait y percevoir une certaine inspiration japonaise (d’autant que le Chef est également japonais), mais toute en subtilité. Il ne s’agit certainement pas de fusion.
Évidemment canette et Chablis, on a déjà vu mieux. Alors, un autre verre se pose sur la table et hop…une belle larme de Château Lynch-Bages 1988 y coule. C’est parfumé, élégant, concentré et suprêmement équilibré. Très grand vin, à parfaite maturité.
Et hop…voici Château Lynch-Bages 1978. Autre époque, un vin sans doute moins parfait, moins concentré, fragile, mais particulièrement émouvant. Ah oui, qui est propriétaire de Lynch-Bages ? Jean-Michel Cazes. Voir ci-dessus. J’ai donc bénéficié – à mon insu, de mon plein gré – de quelques fonds de flacons ouverts à l’occasion d’une petite fête entre amateurs. Avoir été sommelier à Cordeillan-Bages laisse décidément quelques traces…
Un excellent moment: cuisine, vins et ambiance au diapason. Je suis reparti, le sourire aux lèvres, l’estomac comblé et la tête dans les nuages. What else ?
Le Petit Verdot, Rue du Cherche-Midi 75, Paris 75006. +33 1 42 22 38 27. le-petit-verdot.com
Cette histoire circule pas mal sur Internet en ce moment. Comment marier mets, vin …et musique.
Pour moi, c’est de l’ordre du vieux fantasme. Après quelques tentatives plutôt décevantes, j’ai renoncé. Quoique…
Voici donc la contribution audacieuse du chef-cuisinier Kyle Hanley et du sommelier Joseph Allerton: un menu en 10 plats, 10 vins et 10 morceaux de l’album Kid A de Radiohead.
Si j’ai bien compris, c’est proposé à $ 120 pour un nombre très limité de convives.
Et cela donne ceci:
01 Everything in Its Right Place: Pan-seared diver scallop, yuzu fluid gel, fried cellophane noodle, lemongrass ponzu, chili oil. With Pfalz Riesling.
02 Kid A: Black caprese. With Alto Adige Kerner.
03 The National Anthem: Pan-seared lamb chops, crispy pig ear, blood orange reduction. With 100 percent Mourvèdre.
04 How to Disappear Completely: Oil-poached monkfish, white asparagus, white balsamic vinaigrette, daikon sprouts. With Leelanau Good Harbour Golden Ale.
05 Treefingers: Tomato granita. With cilantro-infused gin, jalapeño syrup, fresh lime, sea salt, chili oil.
06 Optimistic: Maple sugar-seared duck breast, pink peppercorn gastrique, orange juniper pearls, shredded confit. With Anderson Valley Knez Pinot Noir.
07 In Limbo: Shades of Bouillabaisse. With Cava VallDolina.
Montpeyroux en plein hiver. Un bon millier d’habitants, un maire (surnommé, paraît-il, “Bokassa”), quelques Domaines (Aupilhac, La Jasse Castel, L’Escarpolette, L’Aiguelière…).
En surplomb, le Castellas, un château-village en ruines que l’on atteint en une demi-heure de marche vivifiante, un panorama somptueux en récompense. Les 848 mètres du Mont Saint-Baudille en arrière-plan.
La cave coopérative un peu en retrait. Sur la petite Place de l’Horloge, une vraie boulangerie, une minuscule épicerie, la coiffeuse Myl’ène (qui s’appelle en fait Geneviève, mais c’est une autre histoire…).
Et puis, le lieu à ne pas manquer. La Terrasse du Mimosa, le bébé de Clothaire. Accueil charmant et attentif, tapas délicieux (en attendant que les travaux dans la cuisine se terminent), décor authentique et sans chichis. Une carte des vins irrésistible. Des bouteilles partout.
Lorsque je demande s’il serait possible de commander l’un ou l’autre vin au verre, la réponse fuse: “qu’est ce qui vous ferait plaisir ?”. On est jeudi soir, Clothaire ouvre les bouteilles à la demande…N’importe quelle bouteille…
Donc, Catherine et moi passons un excellent moment, entre coppa, terrine basque, tomme et andouille. Les verres se succèdent…ça tombe bien, nous n’avons que 200 mètres de marche à faire avant de nous glisser sous la couette.
A quelques kilomètres à l’ouest de Bruxelles, sur la place du village de Sint-Martens-Bodegem, se niche le Bistro Margaux. De l’extérieur, rien de bien spectaculaire, si ce n’est la proximité légèrement envahissante d’un autre restaurant de type “steaks, lasagnes et moules”.
En ce beau samedi soir, la salle est vide. Et pour cause, tout le monde est installé sur la très agréable terrasse. Accueil agréablement efficace.
Nous choisissons le menu en cinq services (€ 65). Carte des vins ‘in progress’, avec une bonne série de vins espagnols (La Buena Vida) et italiens (Best Caviar).
Sommelier comme on souhaiterait en rencontrer tous les jours: écoute attentive, suggestions pertinentes, flair, sourire naturel, discours précis et personnalisé.
Je m’oriente vers le Rueda “Jose Pariente” 100% verdejo, un vin blanc sec du nord de l’Espagne, aromatique et joyeux. On pourrait penser à un sauvignon. Un peu ‘technologique’, mais parfaitement adapté aux circonstances (€ 32). Coefficient OK (2,75).
Pour le rouge, je me laisse guider par le sommelier qui me suggère un vin ‘hors carte’, à savoir le Monferrato Sostegno des Marchesi Alfieri . Gagné, nous sommes en Italie, plus précisément dans le Piémont, entre Alba et Asti.
Sostegno est un assemblage de barbera (70%) et de pinot noir (30%). Malgré un degré alcoolique élevé (14,5%), le vin est équilibré, aromatique (le pinot noir domine la barbera) et frais (€ 45). Vin de grand plaisir. Coefficient un peu élevé (3,75).
Les vins sont servis à parfaite température, dans des verres de qualité.
Je garde un excellent souvenir du loup de mer: magnifique produit, assaisonnement précis et cuisson parfaite: bravo ! Le filet de porc Duroc ‘solomillo’ est du même niveau. Duroc, c’est la race de la bête; solomillo le morceau.
Toutes les présentations sont très esthétiques, y compris les quatre (sic) amuse-bouches. Beaucoup de fraîcheur et de lumière dans les assiettes !
Seul bémol: un certain manque de sobriété, par accumulation d’éléments. Cela témoigne incontestablement d’une maîtrise technique de haut niveau, mais on risque de perdre le fil du plat. Il me semble qu’en simplifiant légèrement, le message du Chef serait encore mieux mis en valeur.
Service professionnel, précis, sympathique et détendu, malgré la ‘full house’.
Quatre menus, deux bouteilles de vin, apéritifs, eaux, cafés: une addition de € 392.
Bistro Margaux, Dorpsplein 3, 1700 Sint-Martens-Bodegem. Michelin: 1 étoile. Gault & Millau: 16/20 et “grand de demain 2012”.
En salle, c’est Charlotte, la fille de Guillaume Salvan, chef étoilé à La Falaise (j’y reviendrai un de ces jours); en cuisine, c’est Julien Bourdariès.
La carte des vins est à pleurer de joie. L’assiette est haute en couleurs, vachement goûtue, terroiresque en diable, originale de l’entrée au dessert (ah le baba…).
C’est bien simple, nous y avons dîné un jeudi et nous sommes retourné le samedi ! Qu’est ce que vous attendez ?
…un détail, La Vigne en Foule, c’est en plein centre de Gaillac (Tarn). Juste un millier de petits kilomètres à partir de l’Atomium.
L’idée mériterait d’être réinterprétée partout dans le vignoble: cinq associés, trois vignerons, un distillateur et un chef. Bien sûr, tous les vins de Bernard Plageoles, de Michel Issaly et de Patrice Lescaret (Causse Marines) sont donc disponibles. Bien sûr les alcools exceptionnels de Laurent Cazottes sont donc disponibles (ah, le baba à la goutte de mauzac rose…). Mais pas que. Plein d’autres vins très bien choisis, du Sud-Ouest, de France, d’Italie, d’Espagne et d’ailleurs. Une vraie cave d’Ali-Baba à la goutte de mauzac rose…pouf-pouf.
Je scribouillais donc, avant d’être grossièrement interrompu par moi-même (*), au sujet d’un restaurant qui fait aussi caviste et où chaque assiette respire l’intérêt des associés pour les beaux accords. Service au diapason.
Le site Internet semble malheureusement HS.
La Vigne en Foule – 80 Place de la Libération – 81600 Gaillac – Tél +33 5 63 41 79 08.
(*) Pierre Desproges (1939-1988): étonnant, non ?
je vous propose de faire votre choix…
daube de boeuf, carottes et gnocchis: mmmh !
hop, un flacon de chez Michel Issaly !
même le café est excellent !
est-ce que cela ne donne pas envie ?
magnifique andouillette, entre croquant et moelleux
une infidélité à Gaillac, avec ce superbe Cahors 2002
quelques alcools de chez Laurent Cazottes
donc, baba à la goutte de mauzac rose
OK, le sourire est un peu forcé…et pourtant, quelle belle soirée !
Les Brigittines, place de la Chapelle à 1000 Bruxelles
Je suis passé livrer quelques flacons au restaurant Les Brigittines. Cela m’a rappelé de bons souvenirs, lorsque je participais à des cours de dégustation, donnés ici…en 2003. Enfin, si ma mémoire est bonne.
« Zenne pot » (chou cuit à la gueuze Cantillon, bloempanch, saucisse sèche et bulots) escorté d’un verre de Gros-Plant du Pays Nantais: un plat qui réunit les notes onctueuses du boudin noir, les notes fumées de la saucisse sèche, les notes iodées des bulots et l’acidité de la gueuze…laquelle se prolonge dans la fraîcheur tranchante du Gros-Plant. Un accord original, réfléchi et très tentant. Une démonstration pratique que le Gros-Plant n’est pas ‘condamné’ aux huîtres !
Le dernier carton à peine déposé (merci pour le coup de main, Nathalie !), je me retrouve en compagnie du chef Dirk Myny, qui quitte un instant sa cuisine. Comme par enchantement, un verre d’aligoté apparaît dans ma main: dès qu’il est à température, un vin d’une très belle définition, de chez Bruno Clavelier, vigneron biodynamiste à Vosne-Romanée. Et c’est de l’aligoté doré, comme à Bouzeron, au Domaine de Villaine ! Elevage de 12 mois en cuve, très vieilles vignes (85 ans).
Puis, on parle Alsace et en particulier Bas-Rhin. Amusant, vu que je m’y rends dès le mois de mars.
D’ailleurs, magnifique carte des vins, création d’un amateur passionné. Je suis vraiment ravi de voir deux vins que j’importe figurer sur cette carte ! Waouh, une allitération en v.
Cuisine classique franco-belge. Restaurant ouvert tous les jours, midi et soir, sauf samedi midi, dimanche et jours fériés. Téléphone: 02 512 68 91.
truffes noires (source: le blog de la Table de Chaintré)
Vendredi soir. Je m’offre un petit extra. Même si dîner seul au restaurant n’est pas exactement ma tasse de thé. Le village est assoupi, l’église domine la place. Beaucoup de quiétude et de charme. La salle est sympathique, je suis le premier couvert.
Très bon repas (menu unique à € 55) autour d’un thème ‘tuber melanosporum‘, autrement dit la truffe noire d’hiver.
On commence par trois mises en bouche: velouté de moules de bouchot, petit cake de crevettes grises à l’avocat (bof) et surtout un superbe feuilleté au foie gras !
Mes plats préférés: l’écrasée de pommes de terre à la truffe noire (simple sans doute, mais tellement bon) et la côte de veau (très belle viande, légumes au diapason).
Le fois gras était excellent, mais la complexité technique du premier plat m’a décontenancé. Très belle combinaison St-Jacques, carottes et truffe, mais les St-Jacques m’ont semblé OK, sans plus.
Je garde un excellent souvenir du troisième petit dessert, combinant sorbet chocolat et grué.
Superbe carte des vins: mon choix s’est porté sur le Mâcon-Chaintré ‘les serreudières’ 2011 de Dominique Cornin (€ 38): très bien !
Marbré de foie gras
St-Jacques, carottes, truffe
Côte de veau
truffes noires (source: le blog de la Table de Chaintré)