Comme de la soie, brodée de fils d’argent. Nez intense, floral et épicé. Bouche d’une texture extrêmement raffinée, sensuelle et voluptueuse.
Majoritairement grenache (70%), subtilement complexifié par quelques raisins de cinsault (20%) et de carignan (10%), ce vin au degré élevé (14,5%) porte sa richesse avec beaucoup d’élégance. Fine structure tannique, déjà fondue. Concentration et longueur.
Si vos goûts personnels vous portent exclusivement vers l’austérité des monastères les plus cisterciens, celui-ci pourrait ne pas vous convaincre. Dans le cas contraire, laissez vous séduire par ce somptueux Grand Pas de velours. Luxuriance plateresque, voire manuéline.
Attention, c’est addictif.
Domaine du Pas de l’Escalette, Terrasses du Larzac (Languedoc), Le Grand Pas 2018. Sur commande chez Anthocyane au prix de € 29.
Il faisait beau, les vins se goûtaient bien. Nous avons tenté de respecter au mieux les recommandations C-19, mais n’y sommes pas toujours parvenus. Merci en tous cas à chaque valeureux participant, pour sa ponctualité, sa patience et son enthousiasme. 45 minutes ne suffisaient manifestement pas pour faire le tour complet de la douzaine de vins présentés.
Ne m’étant pas interrompu une seule minute entre 10h30 et 18h30, mon dos, mes pieds et ma gorge se sont chargés de me faire passer une soirée très tranquille et globalement horizontale. Ne me demandez pas de commenter ce que j’ai regardé à la télévision samedi soir …je somnolais déjà.
Les Rochers 2019, Mâcon-Vergisson, Guerrin: Très beau succès commercial. Excellent rapport plaisir/prix. Nez floral, délicat mais pas introverti. Attaque très nette, sur la fraîcheur. En milieu de bouche, du gras et de l’intensité. Jolie persistance, les sensations fraîches et rondes se répondent l’une l’autre.
Vignes de Ratier 2017, Menetou-Salon, Pellé: Nez fin et discret: le sauvignon ne saute pas à la figure du dégustateur. Plus proche d’un Sancerre sur marnes kimméridgiennes que d’un Sauvignon de Touraine, si bon soit-il. Progressivement, arômes d’orange. Bouche souriante, arrondie. Finale sur la caillou chaud. Une dégustation du millésime 2014 montre tout le potentiel de ce vin !
Kallstadt 2017, riesling, Rings: Nez franchement minéral, au sens d’une promenade sur le gravier, en été, juste après l’orage. Pamplemousse, un peu de citron, tension marquée. Parfaitement sec, mérite un peu de garde. Quelques participants ont évoqué des notes de pétrole, classiques sur les rieslings évolués.
GPS 2018, Côtes du Jura, Pignier: A pleinement confirmé son statut d’OVNI. Très forte personnalité, en puissance. Arômes de fraise, du fumé, un peu de rose. Beaucoup de matière, encore sauvage. Mérite un repos en cave pour harmoniser et fondre toutes ses composantes. 0% de soufre parfaitement maîtrisé, sans la moindre déviance aromatique.
Valpolicella 2019, Speri: Toutes les qualités que l’on souhaite trouver dans un vin de ce prix: beau fruit, équilibre impeccable, alcool modéré (12.5%), capacité à s’associer avec une multitude de plats, capacité à ne déplaire à personne. NB: ce vin est en recommande chez le fournisseur et ne sera disponible qu’en juillet.
Les Grézeaux 2018, Chinon, Bernard Baudry. Couleur violacée, nez complexe avec du fruit noir (mûre), de l’encre, de l’encens. Attaque solaire, mais milieu de bouche rigoureux. Superbe jus, plein de pulpe et d’énergie. Très bons tannins. Pas l’ombre de l’ombre d’un arôme de type poivron vert: ce cabernet franc est MÛR !
Emilien 2015, Bordeaux Côtes de Francs, Château Le Puy: confirme sa réputation de “différence”. Malgré la proximité géographique avec St-Emilion et 85% de merlot, ce vin n’évoque en rien les Bordeaux Rive Droite contemporains. Couleur évoluée, épices, tabac, comme un Rioja “à l’ancienne”. Vin apaisé, prêt à boire et susceptible d’une longue, voire très longue, garde. Tannins fondus, beaucoup d’élégance. Pour dégustateurs aventureux.
Reliefs 2015, Côtes Catalanes, Le Roc des Anges: Nez sur la cerise, le cassis. Une pointe de viande fumée. Ouvert et intense. Bouche d’une texture soyeuse, comme un doux jus de cerise. 100% carignan, cépage qui confirme sa capacité à enfanter de grands vins, du moins quand les vignes sont âgées (entre 60 ans et un siècle dans ce cas-ci). Vin extraverti et prêt à boire.
Le Pas de D. 2018, Languedoc Terrasses du Larzac, Le Pas de l’Escalette: Couleur plutôt légère (grenache 30%). Premier nez raffiné, avec du laurier et de la garrigue, très pur. Waouw ! Bouche encore fort jeune qui a besoin de temps pour s’harmoniser. A ce stade, plus puissant que fin. Très belle qualité des tannins, longueur fruitée et épicée.
Réserve 2018, Gigondas, Les Bosquets: Nez fascinant qui évoque plutôt le Rhône Nord (syrah 35%), fruits noirs, fumé, violette. Bouche évoquant Châteauneuf-du-Pape, pleine de feu et d’arômes. Assume pleinement sa condition de vin du Sud. Plus destiné à l’hiver et au gibier qu’à l’été au jardin.
Pommard Les Noizons 2018, Domaine Lafouge: Nez d’un fruit magnifique, très pur. Cette délicatesse est si intense qu’elle “passe au-dessus” des trois vins puissants qui l’ont précédée ! Bouche en finesse et en précision.
Nous sommes dans le secteur de l’appellation Pommard qui déroge complètement à l’image classique: Pommard = vin puissant, tannique, boisé, nécessitant une très longue garde. Le style est comparable à ce qui se fait de mieux en 1er cru Pézerolles et en Beaune Clos des Mouches, tous deux proches voisins.
Les vins sont disponibles dans le magasin en-ligne, sous la catégorie “les dégustations”. Commande via le magasin ou via e-mail, selon votre bon plaisir.
Ce printemps aura été marqué, parmi bien d’autres sujets plus sérieux, par l’absence complète des dégustations proposées traditionnellement par les importateurs avec qui je travaille.
Sans avoir eu la capacité de goûter, il m’était difficile de constituer ma sélection.
Néanmoins, la créativité et le soutien de plusieurs intervenants m’ont permis de vous proposer d’abord une offre intitulée -avec une pertinence qui ne cesse de m’étonner- “Résistance”.
Ensuite de construire un stock de 18 vins de très bon rapport plaisir/prix, susceptibles de vous être transmis immédiatement. Avec ces vins-là, deux colis-découverte ont été fabriqués: 6 blancs du millésime 2018 et 6 rouges du millésime 2019.
Enfin, en rosé, Miraflors 2019 a manifestement plu, convaincu et remporté vos suffrages !
Et maintenant ?
L’évolution de la pandémie et les directives des Autorités permettent d’envisager à nouveau la dégustation, à la condition d’y mettre les formes, avec la ferme volonté de respecter la santé de tous et de partager un vrai moment de convivialité.
Certains estiment que la formule retenue n’est pas assez conviviale, d’autres estiment qu’elle leur fait prendre trop de risques, à un moment où le virus court toujours. Je comprends l’un et l’autre point de vue. J’accueillerai au mieux de mes possibilités ceux et celles qui me rendront visite ce samedi 13 juin. Pour rappel, cette dégustation est sur inscription préalable.
A l’attention de ceux et celles qui ne viendront pas, je me permets de suggérer la lecture des articles consacrés au Château Le Puy Emilien, au GPS du Domaine Pignier (ce qui se cache derrière ce patronyme bizarre y est expliqué) et aux Chinons du Domaine Baudry.
Je souligne également le plus que remarquable rapport plaisir/prix du Mâcon-Vergisson “Les Rochers” du Domaine Guerrin, particulièrement réussi en 2019. Ce vin est décidément trop bon marché !
La cuvée “Les Reliefs” 2015 du Roc des Anges respire la forme après quelques années de bouteille. Voyez cet article-ci, écrit en avril. C’était une comparaison avec “Ze Cinsault” du Pas de l’Escalette.
J’ai consacré un article au très sympa Petit Vin du Domaine Les Bosquets, mais conseille de ne pas négliger leur Gigondas Réserve qui conjugue avec talent un fort tempérament sudiste et un équilibre qui pousse à ne rien laisser au fond de la bouteille.
Le Grenache c’est bon quand c’est mûr. C’est comme ça. Inutile de faire l’inverse, ça ne marche pas. Il peut être équilibré seul sur de grands terroirs qui lui confèrent de la fraîcheur. Il est équilibré aussi quand d’autres cépages viennent le compléter dans une logique d’assemblage. Enfin, nos dernières investigations prouvent la valeur de la rafle en vinification, à condition qu’elle soit mûre. Site Internet du Domaine Les Bosquets
Le Pas de D. est la cuvée du Domaine du Pas de l’Escalette qui est confiée aux bons soins de Delphine, l’épouse de Julien Zernott. Année après année, c’est celle dont je raffole. C’est le rouge qui incarne par excellence le renouveau du Languedoc, qui démontre à quel point carignan + grenache + cinsault peut constituer un trio d’enfer.
Amusant d’enchaîner avec le Menetou-Salon “Vignes de Ratier” du Domaine Pellé, vu que Julien Zernott, avant de s’installer dans les Terrasses du Larzac, a été le vinificateur du Domaine …Pellé.
Commune de Morogues, terroir solaire (exposition sud-ouest) où la roche mère se trouve à quelques centimètres sous nos pieds; nous sommes là dans les vignes de Ratier. Une belle amplitude où les fruits à chair blanche surlignés de quelques notes poivrées se lient à une minéralité si particulière, voilà le vin. Ici le cépage s’efface pour laisser s’exprimer toute la richesse de ce terroir. Richesse qui d’année en année se précise et s’amplifie. Site Internet du Domaine Pellé
Gilles Lafouge est le prototype du vigneron sérieux, méticuleux et peu prolixe. Peu de mots. Pas de site Internet. Une discrétion qui peut s’expliquer par le fait que ses clients américains se chargent, année après année, de réserver à peu près toutes les bouteilles dont il dispose. Le style de la maison est basé sur l’élégance et sur un usage intelligent, modéré, du bois neuf.
Son Pommard est issu du lieu-dit Les Noizons, proche de Beaune, juste à côté du 1er cru Pézerolles et du célèbre Clos des Mouches, avec lesquels il partage une finesse que l’on n’associe pas forcément avec l’appellation Pommard.
C’est un vin délicat, qui murmure de bien belles paroles, sans lever la voix. Il requiert de l’attention, quelques instants de silence pour donner le meilleur de lui-même. La garde ne lui fait pas peur, mais il est prêt pour dégustation dès 2020/2021.
A la recherche d’un riesling de chez riesling ? Sec, dense, frais, minéral, prêt à boire ? Pourquoi ne pas opter pour le Kallstadt du Domaine Rings en Palatinat (Allemagne). Terroir de calcaire, assez proche du tuffeau ligérien, qui met en exergue la minéralité et la finesse. Le millésime 2017 est plus “cool” que 2018, ce qui me semble avantager ce type de vin.
Bref, il y a de quoi s’amuser !
Tous ces vins participent à la dégustation du 13 juin. Offre et programme téléchargeables ci-dessous. Les commandes seront clôturées le mardi 16 juin. Les vins seront disponibles à partir du 27 juin.
Pas de dégustation autour du bar d’Anthocyane pendant les prochaines semaines. Malheureusement.
Alternative : pourquoi ne pas acheter maintenant une seule bouteille de quelques vins de stock et revenir vers moi pour acheter plus tard quelques bouteilles du vin/des vins qui vous plaisent le plus ?
Exemple : 6 rouges du millésime 2019 pour € 75,50 (cépages: gamay, primitivo, grenache, syrah, carignan, corvina). On se promène (de gauche à droite) des Pouilles vers le Languedoc, du Massif Central à la Vénétie, du Roussillon vers les …Pouilles, pour boucler la boucle).
Teres est une nouveauté dans la gamme de la cantina Fatalone, sise dans les Pouilles. Je fis maintes fois l’éloge des cuvées classique et Riserva, en appellation Gioia del Colle: des vins qui combinent un muscle conséquent (15%) avec une étonnante fraîcheur.
Teres est le petit frère que l’on qualifiera de rouge clair ou de rosé foncé, en fonction de l’humeur du dégustateur, de l’incidence de la lumière ou de l’âge du vigneron. Un clairet, peut-être ?
C’est en tous cas la version estivale du primitivo, idéale pour le jardin ou la terrasse, à servir frais.
Vignes de 30 ans, plantées à 350 mètres d’altitude, là où commence le talon de la botte. Rendements très faibles (10 hl/ha). Vin bio. J’en ai en stock en ce moment à € 12 les 75 cl.
Difficile de départager les duellistes. Ce Roussillon-Languedoc restera dans les annales mais il se conclut par un match nul. Le carignan n’a pas terrassé le cinsault. Et vice-versa.
A priori, deux cépages aux caractéristiques si différentes. L’énergie brutale du carignan, comme un cheval qui refuse le dresseur. La finesse, voire la délicatesse du cinsault, comme un cousin méridional du pinot noir.
cinsault à gauche, carignan à droite
Et pourtant, les cépages ne sont ici que des outils pour transmettre à l’heureux dégustateur les caractéristiques d’un lieu, les caprices d’un millésime et la vision de deux couples de vignerons inspirés.
Quand on compare, on a tendance à mettre en évidence les différences. Parfois, ce sont les ressemblances qui m’interpellent. Ces deux vins ont en commun une texture hautement civilisée, polie et soyeuse. Ce sont, l’un comme l’autre, les Nouveaux Classiques. Des vins du Sud qui s’assument comme tels sans que ni alcool ni élevage ne perturbent leurs équilibres hauts.
Reliefs 2015 du Roc des Anges est concentré, sérieux et séveux. Intense ? Yes ! Équilibré ? Yes ! Persistant ? Yes ! La démonstration du formidable potentiel des vieux carignans. En l’occurrence, les vignes ont été plantées entre 1911 et 1944…
Ze Cinsault 2018 du Pas de l’Escalette est zouple, zéduisant, zouriant, zensuel et zavoureux. Oui, on perçoit une certaine chaleur, elle enveloppe le palais dans une douceur harmonieuse, veloutée, sans fatigue. La dégustation est décidément un voyage…
Je voudrais vraiment partager ces deux belles bouteilles autour du bar, à la maison. Les commentaires des uns enrichiraient les perceptions des autres. On se battrait gentiment pour savoir si l’une ne mérite pas un demi-point de plus que l’autre. Puis on changerait d’avis à la seconde gorgée. Les circonstances décident que cela n’aura pas lieu.
Le Roc des Anges, Reliefs 2015, IGP Côtes Catalanes, 13.0%, bio et biodynamique (Biodyvin) – € 22,50
Le Pas de l’Escalette, Ze Cinsault 2018, IGP Hérault, 14.5%, bio et biodynamique (Biodyvin) – € 23,50
Marjorie Gallet, Le Roc des Anges
PS: je connais les commentaires d’experts qui évoquent la radicalité stylistique du Roc des Anges et qui se demandent si la beauté diaphane ne tourne pas à la maigreur rachitique. Je concède volontiers que les vins blancs du Domaine peuvent surprendre, voire ne pas plaire, vu leur étonnante septentrionalité. Par contre, ce Reliefs 2015 est radicalement impossible à cataloguer sous la rubrique “tannins pas mûrs”, sauf à faire preuve d’une solide dose de mauvaise foi.
Julien Zernott et Delphine Rousseau, les vignerons: ils sont installés depuis 2003.
On associe spontanément le Languedoc au vin rouge. C’est d’autant plus légitime que les cépages blancs ne représentent que 9% des surfaces plantées dans la région. Parmi ces cépages blancs, qui mène la danse ? L’ubiquiste chardonnay qui a envahi 14.000 hectares qui n’avaient pourtant fait de mal à personne. J’ai beaucoup de respect pour le chardonnay, mais j’avoue ne pas bien comprendre l’intérêt de vouloir l’acclimater partout et n’importe où. On me rétorquera que c’est ce qui se vend…
Il est vrai que la notoriété du terret bourret laisse à désirer, que le carignan blanc n’est jamais qu’une mutation de la version noire (et ce qui mute n’a pas forcément bonne presse en ce moment) et que le grenache blanc, encore une mutation, a une sacrée tendance à s’oxyder quand le vigneron regarde ailleurs…
Que voulez-vous que l’on fasse avec des zèbres pareils ? Eh bien, on peut en faire, avec du talent et du travail, des vins qui ont la gueule du lieu dont ils proviennent. Le terret a au moins deux qualités précieuses dans le sud: les vins à base de ce cépage gardent de la fraîcheur (acidité plutôt élevée) et leur degré en alcool n’est pas excessif. Le carignan blanc joue sur cette même gamme, en conférant également des arômes citronnés aux vins qui en contiennent.
Cette introduction n’est pas tout-à-fait innocente, puisque, grâce à la grande générosité de l’importateur, j’ai eu l’occasion de goûter très récemment les deux cuvées blanches du Domaine du Pas de l’Escalette: les Clapas 2018 et le Mas Rousseau 2018.
Les Clapas est un assemblage de grenache blanc (50%), de carignan blanc (40%) et de terret (10%); Le Mas Rousseau est un pur carignan blanc, vieilles vignes, issu d’une parcelle de 30 ares. Pour visualiser, 30 ares c’est l’équivalent d’un carré de 55 mètres de côté.
Les comparer est une très agréable et instructive expérience. C’est d’autant mieux d’ailleurs quand on ne s’y attend pas et qu’on tente un accord mets-vin qui doit tout au hasard. Bref, nous mangeons ce soir-là nos premières asperges blanches (servies froides), accompagnées d’un cœur de saumon fumé. Honnêtement, je n’aurais pas tenté cette association, mais l’occasion fait le larron !
Les deux vins sont très différents l’un de l’autre: Les Clapas, de couleur très pâle, évoque le zeste d’orange épicé, avec une structure plutôt nordiste: assez peu de gras, beaucoup de verticalité, de tension crayeuse. Une fine amertume qui va s’avérer précieuse lorsque le plat …j’y reviens plus loin. Vin d’une d’une grande classe, frais (alcool: 13,5%), complexe (nuances anisées et iodées) et long. Nous sommes dans les Terrasses du Larzac, en altitude (350 à 400 mètres), sur des sols calcaires. Un lieu qui permet de réconcilier le Nord et le Sud: le meilleur des deux mondes.
Mas Rousseau, d’une couleur légèrement plus soutenue, a le nez relativement peu loquace. Par contre, la bouche est -déjà- splendide: beaucoup de gras, avec des nuancées fumées qui pourraient évoquer un très beau pinot gris sec. Cette richesse n’a rien à voir avec la pesanteur de l’alcool (13%) mais tout à voir avec la concentration de la matière. Et cela sans nuire à l’équilibre du vin. Finale éclatante et finement amère. On est clairement dans le Sud, mais un Sud épuré, oserais-je …sublimé.
Sans surprise après ce qui précède, l’asperge et Les Clapas, c’est magnifique: on est dans le ton sur ton, vin et légume se répondent et se renforcent l’un l’autre, les fines amertumes collaborent avec un naturel confondant. Très bel accord. Avec le saumon fumé, …bof…, le vin paraît soudain moins précis: ces deux là n’ont pas grand-chose à se raconter, du moins ce soir.
Et Mas Rousseau ? C’est tout à fait bien avec l’asperge, sans toute la magie de l’accord avec Les Clapas. Avec le saumon, c’est encore mieux: un ton sur ton qui joue cette fois sur le gras et le fumé, un accord confortable et savoureux, sans mollesse.
Le Domaine du Pas de l’Escalette est en bio et en biodynamie certifiée par Biodyvin. Le Guide Vert de la RVF attribue deux étoiles au Domaine. Les rouges sont tout aussi intéressants, j’y reviendrai certainement le moment venu.
Les Clapas 2018 peut être réservé (€ 25)jusqu’au dimanche 03 mai 2020 inclus; pour Mas Rousseau, je crains que les volumes disponibles en Belgique ne soient microscopiques…
Aujourd’hui, c’est auto-promotion, sans vergogne ni fausse modestie. Avec un tout petit sourire en coin de Charlie, parce qu’il n’y a pas que le vin dans la vie.
La Revue du Vin de France de février consacre un dossier approfondi aux meilleurs vins rouges du Languedoc.
Aux toutes premières places (note à 18+/20) on retrouve Les Glorieuses de Clos Marie (€ 45), Le Clos des Cistes de Peyre Rose (+/- € 70), La Grange des Pères (+/- € 90) et la cuvée Guilhem Gaucelm de l’Ermitage du Pic-St-Loup (€ 36).
A peine plus bas dans le classement, Les Cocalières 2012 d’Aupilhac et Le Grand Pas 2012 du Pas de l’Escalette. Un peu plus loin, Belle Lurette 2013 de Cébène.
Très très content de vous proposer les vins de ces trois Domaines !
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Je me souviens de l’époque -déjà un peu lointaine- où un caviste installé à Termonde, rue de Ganshoren (où était-ce l’inverse ?) faisait découvrir à toute une génération d’amateurs bruxellois les vertus de l’Hortus, des Estanilles, de Peyre-Rose, d’Aupilhac et du Mas Jullien. Dans un petit coin de ma cave, se cachent encore une Syrah Leone et un Clos des Cistes…
L’eldorado des années ’90. Une région traditionnellement ‘pinardière’ qui prend du galon. St-Emilion, Chablis et Sancerre rejoints par l’exotisme de Faugères, du Pic-St-Loup et de Montpeyroux.
Puis vinrent les années ’00. Celles d’une remise en question face aux couleurs de plus en plus denses, aux élevages de plus en plus sophistiqués et aux alcools de plus en plus …alcooleux. Alors, la passion faiblit, les yeux, le nez et les papilles se tournent vers la Loire, le Jura, la Moselle…
Mais…la roue ne cesse de tourner…de nouveaux Domaines apparaissent. Les élevages se font plus ‘transparents’. On n’arrache plus les vieux carignans. On recherche les vieilles vignes plantées en altitude, les expositions Nord. Moins d’esbroufe et plus de ‘feeling’. Sylvain Fadat replante les Cocalières.
Ce samedi 25 octobre, de 10 à 18 heures, ce sera le moment ou jamais de vérifier ‘de visu’, ‘de sentu’ et ‘de goûtu’.
Six Domaines se partagent la scène: Aupilhac bien sûr, rejoint cette fois par Le Pas de l’Escalette (Larzac), Bertrand-Bergé (Fitou), Pech-Redon (La Clape), Cébène (Faugères) et Valensac.
Je ne l’ai pas vraiment fait exprès…mais ce sera la fête au carignan, puisque pas moins de 8 vins en dégustation en contiennent peu, prou, voire beaucoup. Y compris dans sa rare mutation blanche, astucieusement nommée carignan blanc.
Et, si les circonstances s’y prêtent, une vieille bouteille pourrait se mêler à l’assemblée…