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Une verticale de Corton

10 millésimes d’un Grand Cru bourguignon, ce n’est pas tous les jours, loin de là ! Nous nous sommes installés vers 20h00 en ignorant ce que nous allions goûter (dégustation à l’aveugle). Mais l’organisateur avait soulevé un coin du voile en signalant que le budget serait plus élevé que d’habitude et que tous les vins seraient issus d’une même appellation. Il y avait donc quelques attentes…

Les deux premiers vins nous ont permis de décanter la situation: ce serait bien du pinot noir. Et donc, forcément, la Bourgogne se rapproche. Cela étant, ces deux vins ont remporté assez peu de suffrages: un joli nez mais une sécheresse marquée dès le milieu de bouche pour le premier, une bouche imprécise (légèrement liégeuse ?) et un profil assez simple pour le deuxième.

Les choses s’arrangent dès le troisième vin, qui présente plus de volume en bouche, un fruit plus intense et une longueur décente. Mais je mentirais en disant que je suis en extase.

Les vins suivants vont plaire et intéresser: des profils parfois affables, parfois bien plus cérébraux; des profils presque “sudistes” et d’autres qui correspondent mieux à l’image que je me fais de la Bourgogne. Pour moi, deux vins se signalent par leur race, leur précision, leur fraîcheur, leur capacité à révéler bien plus que le cépage dont ils sont issus. Mes estimés compagnons de dégustation sont quant à eux particulièrement charmés par un vin plus ample, plus fruité et plus sensuel que mes préférés.

la colline de Corton, vue depuis le sud-ouest

Vient bien entendu le moment d’essayer de deviner ce que nous avons goûté: Gevrey-Chambertin fut cité. Mais personne n’a pensé à Corton. Et personne n’a imaginé un seul instant qu’il puisse s’agir d’une verticale: 10 fois le même Corton, élaboré par le même vigneron, via des millésimes échelonnés entre 1998 et 2008 (seul 2001 manque à l’appel, remplacé par un amusant “pirate”: le Barolo Broglio Riserva 2004 du Domaine Schiavenza, 100% nebbiolo).

Il s’agit donc d’une belle verticale du Grand Cru Corton Pougets, tel que vinifié par le Domaine Rapet (basé à Pernand-Vergelesses).

Corton Pougets est le nom donné à deux parcelles en exposition sud-sud-ouest, d’une superficie totale de 9 hectares et 82 ares. La parcelle “du haut” monte jusqu’au bois de Corton, lequel surplombe le vignoble et le protège des agressions météorologiques. Les deux seuls propriétaires notables sont Louis Jadot et Rapet, ce qui pourrait expliquer un certain déficit de notoriété. Particularité typiquement bourguignonne: les rouges se commercialisent en Corton Pougets, les blancs en Corton Charlemagne. Ces derniers sont majoritaires.

Un élément qui me semble important: Rapet aurait, en tout ou en partie, replanté en 1994. Donc, le millésime 1998 serait issu de très jeunes vignes, au moins partiellement.

Les meilleurs millésimes selon la moyenne du groupe de dégustateurs: 2003 (16,9/20), 2005 (16,4/20) et 2002 (16,1/20).

Mon tiercé personnel: 2002 (16,5/20), 2005 (16,5/20) et 2007 (15,5/20). Ex-aequo avec le 2003 (15,5/20) et le 2004 (15,5/20).

1998, 2000 et 2008 ont reçu peu d’applaudissements.

Certes, le vin vogue largement au-dessus des mesquines contingences matérielles. Néanmoins, Grand Cru, en combinaison avec Bourgogne, peut constituer une arme de destruction massive pour le portefeuille de l’amateur. Voyons voir. Le 1998 fut acheté en son temps au Domaine pour 177 FRF, l’équivalent de 26 euros. Les millésimes récents se vendent à +/- 65 euros (ou plus cher si vous tombez sur un vendeur sans scrupules). C’est à la fois peu et beaucoup. Disons que c’est un tarif raisonnable dans le contexte de la folie des prix en Bourgogne. Mais le fait est que d’autres régions offrent de bien meilleurs rapports qualité/prix.

Question supplémentaire: faut-il laisser longuement vieillir ces vins ? J’ai tendance à répondre non. 5 à 10 ans, très bien. Au-delà, je ne suis pas sûr que le jeu en vaille la chandelle: de temps à autre, une très belle surprise, mais aussi le risque de goûter un vin qui s’approche de sa pente descendante: on perd du fruit et de la chair, on ne reçoit pas grand-chose pour remplacer ce qui a disparu.

Merci à l’organisateur qui a patiemment rassemblé ces flacons depuis 25 ans.

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blanc humour

Le cidre, la bière blanche et le vin désalcoolisé

19h30. Ixelles. Rue Washington. Il fait un froid de dinde (c’est comme un froid de canard, mais plus gros). Je pousse la porte d’un wine-bar à la mode. C’est plein à craquer de jeunes gens comme il faut, ça caquète dans toutes les langues. Je rejoins deux amis qui ont réussi à dégoter un tabouret. Une bouteille de vin blanc est déjà ouverte et entamée. Un bon moment en perspective.

Je suis resté debout parce qu’il n’y avait pas vraiment moyen de faire autrement. Je constituais un obstacle -un peu massif- qui empêchait le personnel du lieu de se mouvoir entre les tables à la vitesse souhaitée. C’est tendance. C’est charmant, c’est informel, c’est cool.

Je ne compte pas faire l’innocent, je sais où je suis: ici, c’est nature. Donc, mes préjugés sont dans les starting blocks. Ce vin blanc n’est ni déviant, ni vinaigré, ni oxydé, ni marqué par d’infâmes remugles. Cela ne sent, ni ne goûte le zoo. Pas de souris, pas d’écurie en plein été, pas de ferme mal entretenue. Bien. Mais est-ce du vin, tel que je le pratique depuis une bonne trentaine d’années ? Avec la meilleure volonté du monde, non. C’est un autre univers pour lequel je ne dispose pas des outils. Je me suis d’abord demandé s’il pouvait s’agir de très jeunes vignes et/ou d’un cépage interspécifique. Puis viennent le cidre, la bière blanche et le vin désalcoolisé. Il n’y a pas de colonne vertébrale, l’acidité se résume à une aromatique acidulée, c’est léger comme une plume sans rachis. C’est inoffensif et impossible à placer sur une carte géographique. Ni vice, ni vertu. Je me demande si je ne préfère pas l’eau pétillante.

Le vigneron n’est pas un bleu. Il élabore sous le nom du Domaine des Vignes du Maynes des vins qui bénéficient d’une bonne réputation. Sur cette bouteille-ci, le nom du Domaine n’est pas visible. C’est un Mâcon-Cruzille 2019, 100% chardonnay. Surprenant: sur le site Internet du Domaine, ce vin brille par son absence. Des raisins achetés ?

Ce n’est par ailleurs pas gratuit, on le trouve sur différents sites commerciaux à +/- € 28. Je n’ai pas noté le prix pratiqué par le wine-bar.

Lorsque nous sommes sortis, l’âge moyen de la clientèle a sévèrement chuté. Nous dénotions, nous, les dinosaures du Crétacé.

Nous avons été manger une pizza. J’ai eu l’idée lumineuse de combiner une pizza blanche aux anchois avec un rouge toscan. C’était très très mauvais. Un archétype de l’accord qui ne fonctionne pas. La pizza était fort bonne et le vin conforme à son étiquette. Mais la combinaison des deux était affreuse. Avec les anchois ? Sherry Fino !

22h30. Nous sortons de la pizzeria. J’apprécie la qualité et la profondeur du silence nocturne. Il fait un froid d’autruche.

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blanc

La Bourgogne chic et pas chère

Ici, comme dans bien d’autres Domaines, l’arrivée aux affaires de la nouvelle génération, incarnée par Bastien Guerrin, change la donne. Précédemment, une bonne partie des raisins était vendue au négoce.

Ce Mâcon-Vergisson 100% chardonnay assemble des raisins en provenance du célèbre terroir calcaire “Sur la Roche” et du terroir argileux “En Bille Folland”. Le calcaire apporte minéralité et précision, l’argile apporte rondeur et souplesse.

C’était très bon en 2018, meilleur en 2019 et ce 2020 complète le podium avec talent. Degré alcoolique à 13,5% plutôt que les 14% du millésime 2019, ce qui se traduit dans le verre par une fraîcheur supplémentaire et un petit peu moins de rondeur. Joli nez fleuri. Un vin pas compliqué et qui donne envie. Prêt à boire. Toujours un excellent rapport Q/P.

Le millésime 2019 a été sacré meilleure vente d’Anthocyane pendant l’année 2020 (vin blanc).

Domaine Guerrin, Mâcon-Vergisson Les Rochers 2020 est disponible dans le magasin.

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domaine

Bourgogne, Domaine François Raquillet

Celui qui est à la recherche d’un très bon Bourgogne blanc d’un prix raisonnable se dirige naturellement vers le Nord, dans le Chablisien ou vers le sud, dans le Mâconnais. Mais la recherche d’un très bon Bourgogne rouge, de prix raisonnable, tout ce qu’il y a de pinot noir, requiert une autre boussole. Mettons le cap sur Mercurey, en Côte chalonnaise. On n’est pas si loin de Puligny-Montrachet et de Santenay, mais ce n’est plus la Côte d’Or. La ville, c’est Chalon-sur-Saône, pas Beaune.

Mercurey, dans la zone colorée en vert, à la latitude de Chalon-sur-Saône

Le Domaine François Raquillet est solidement planté dans le vignoble de Mercurey, puisque François incarne la 11ème génération. Lui et son épouse Emmanuelle dirigent le Domaine depuis 1990. Leur fille Jeanne les a rejoints récemment. Ils sont à la tête de 14 hectares de vignes dont un peu plus de 3 hectares en premier cru. Un peu de chardonnay pour le Mercurey blanc, beaucoup de pinot noir pour le Mercurey rouge. 8 vins rouges et 4 vins blancs, tous en appellation Mercurey.

Le Domaine est réputé constant (on tire le meilleur de chaque millésime) et cohérent (on tire le meilleur de chaque parcelle). On vendange tout à la main et les raisins ainsi récoltés sont égrappés à 100% (pas de rafle dans la cuve). Pas de levurage, on fait confiance au talent des levures indigènes, naturellement présentes sur la peau des raisins et dans la cave de vinification.

Passage en bois pour tous les vins, roulement en 3 ans: un tiers de fûts neufs, un tiers de fûts d’un an et un tiers de fûts de 2 ans. Chaque vin bénéficie de la proportion de fûts neufs qui convient à son tempérament.

Je crois pouvoir affirmer que nous sommes ici au pays de la tradition assumée: il ne s’agit pas d’attirer la lumière sur soi par le coup médiatique ou par l’utilisation de je ne sais quelle amphore révolutionnaire. Les étiquettes sont minimalistes, même si elles prennent un léger coup de jeune à partir du millésime 2019.

Le Domaine se pare d’une * dans le guide vert de la Revue du Vin de France, édition 2021. Il fait ainsi partie des 3 ou 4 meilleurs domaines sur l’appellation Mercurey.

Deux vins rouges issus du millésime 2018 pour vous mettre en appétit: le Mercurey Vieilles Vignes et le Mercurey 1er cru Les Vasées. L’un et l’autre partagent un profil avenant, d’approche plutôt aisée: d’autres crus se présentent plus sérieux et plus austères.

Vieilles Vignes est en effet issu de vignes âgées en moyenne de 60 ans. On vise le fruité, la suavité et la gourmandise. Impact du bois limité au strict nécessaire: 20% de fûts neufs, pendant 12 mois. D’expérience, le vin atteint son apogée en 5 ans. On peut le garder 8 ans, plus longtemps me paraît sans grand intérêt.

Les Vasées sont également issues d’une vigne de 60 ans, en exposition sud. C’est, année après année, une parcelle précoce, vendangée avant les autres. C’est le 1er cru le plus souple dans la gamme: densité, éclat et profondeur. 30% de fûts neufs, pendant 12 mois.

Domaine François Raquillet, Mercurey Vieilles Vignes 2018 et Mercurey 1er cru Les Vasées 2018 sont disponibles dès à présent dans le magasin.

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domaine rouge

Denis Mortet: superbe Côte-Rôtie !?

Un anniversaire un peu particulier, fêté quelques heures après les nouvelles mesures annoncées par Rudi Vervoort. Cela faisait déjà un bon moment que nous avions compris que notre weekend du côté de Paliseul (où Maxime a installé sa Table) était une illusion, noyée dans le gel hydroalcoolique. Nous étions donc fins prêts pour un scénario alternatif et casanier.

D’un tire-bouchon assuré, le Gevrey-Chambertin En Dérée vieille vigne 2002 de Denis Mortet fut libéré de son flacon, tel le génie qui jaillit de la lampe… Pouf-pouf. Je m’égare.

Je me souviens, avec une pointe de nostalgie, de mes achats chez Bénévins, caviste schaerbeekois de la rue de Jérusalem. C’était au début du présent siècle, le millésime dudit Gevrey se chargeant aimablement de confirmer mes dires. Denis Mortet était alors une star, le vigneron en qui s’incarnait une nouvelle Bourgogne, faite de vins plus colorés, plus extraits et plus marqués par le fût neuf. Une réaction face à une certaine tradition bourguignonne qui pouvait parfois confondre légèreté et maigreur, voire attribuer au sacro-saint terroir toute sortes d’imprécisions, à la vigne comme à la cave.

Du vin a coulé sous les ponts depuis lors. Paix à l’âme, réputée torturée, de Denis Mortet.

En Dérée est un climat d’un peu moins de trois hectares, situé à l’extrême nord de la commune de Gevrey, là où celle-ci est contigüe à la commune de Brochon. Quelques parcelles de Brochon ont d’ailleurs droit à l’appellation Gevrey-Chambertin, le reste passant, je crois, en Côte-de-Nuits-Villages.

Et donc ? C’est vraiment très bon: grand fruité, grande fraîcheur (la première gorgée est franchement acide), profondeur des saveurs. C’est jeune, comme si l’évolution avait à peine commencé. Le boisé est fondu, l’alcool (13%) ne déséquilibre pas le vin. Beaucoup de plaisir. L’accord fonctionne vraiment bien sur la biche. On finit la bouteille sans le moindre effort…

Mais il y a un “mais”. A l’aveugle, je suis persuadé que j’aurais confondu ce Bourgogne avec une Côte-Rôtie ou, en tous cas, avec une syrah du Rhône Nord. C’est exactement la même erreur que celle que j’ai commise en 2005 en goûtant un Marsannay Longeroies 1998 de ce même Denis Mortet. Est-ce grave, docteur ? Disons que cela permet d’alimenter la conversation et la réflexion. J’ai passé un excellent moment avec ce vin dont l’origine géographique et ampélographique m’échappe.

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Julie et Jean-Marie

Un de nos restaurants préférés, la Brasserie Julie à Dilbeek, propose à présent une formule à emporter, intitulée le Buffet Juliette.

Samedi, c’était Bouchée à la Reine et son cortège de champignons, ris de veau, volaille, pâte feuilletée et pommes Duchesse. Nous n’avons donc pas résisté. Portion royale et beaux produits. Explication détaillée (en néerlandais) pour bien gérer les temps de réchauffement au four des différents ingrédients.

Un jour, nous retournerons à la Brasserie Julie. Le plus tôt sera le mieux. De toute façon, les tables étaient déjà assez éloignées les unes des autres AVANT. Je me réjouis de revoir l’excellent sommelier, Jori Van Ginderdeuren: il combine compétence, sens de l’accueil et sens de l’humour. What else ?

Le plat appelle le Bourgogne blanc avec conséquentes heures de vol. Je jette mon dévolu sur un flacon mâconnais, à savoir Le Mâcon-Pierreclos Le Chavigne 2002 du Domaine Guffens-Heynen.

A l’attention de ceux et celles qui ne connaitraient pas Jean-Marie Guffens, c’est un Limbourgeois qui s’est installé il y a une quarantaine d’années à Vergisson, au pied de la Roche éponyme. Il parle limbourgeois et bourguignon. Pour ce qui est du néerlandais et du français, c’est moins clair. Il y a quelque chose en lui d’Arno. Humour féroce, humeur imprévisible. Franc-parler qui ne se fait pas que des amis.

Le personnage ne suscite pas forcément la sympathie, mais les vins qu’il élabore sur son petit domaine ne m’ont jamais laissé indifférent. C’est un grand-maître du chardonnay. Il est aussi négociant sous le nom de Verget, ce qui lui permet de proposer des vins de la Côte d’Or et du Chablisien en supplément aux vins locaux.

La robe de ce Mâcon-Pierreclos est franchement dorée. Le nez confesse son âge: le champignon et la forêt humide dominent l’aromatique. La bouche ne peut cacher une légère oxydation. Mais celle-ci accompagne avec élégance un vin riche, intense et savoureux. Les deux premiers verres bus, je me pose néanmoins quelques questions sur la relative absence de complexité du breuvage. Le doute s’installerait-il ?

Indispensable: faire preuve d’un peu de patience, le temps requis pour que ce vin respire après 17 ans de réclusion, pour qu’il se fasse au verre, pour qu’il tiédisse légèrement. C’est magique. Le dernier verre est magistral, avec une tension chablisienne, une touche de coquille d’huître. Quelle persistance ! Un vin vieux, certes mais pas décati.

Respect pour les Anciens !

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dégustation rouge

Le ciel et la terre

Ce jeudi soir, j’ai applaudi les artistes. Admiration pour le travail de Holger Koch et de Thierry Glantenay.

Le premier est un vigneron allemand (Baden, pas bien loin de Colmar), spécialiste des pinots noir gris et blanc, qui a créé son domaine en 1999 sur 8 hectares. Le second est un vigneron bourguignon qui possède, sur 7 hectares, plusieurs belles parcelles en Volnay 1er cru, Volnay, Pommard et Puligny-Montrachet.

Grâce à la générosité d’un importateur, dialogue entre le pinot noir Réserve 2014 de Koch (13%) et le Volnay 1er cru Les Santenots 2016 de Glantenay (13%).

Réserve est une sélection des meilleurs raisins, issus de différentes parcelles sur le Kaiserstuhl, un volcan éteint. C’est le sommet de la gamme. La fermentation est réalisée pour partie en grappes entières. L’élevage se fait en fûts de 300 et 500 litres, pendant un peu plus d’un an.

Les Santenots ont la particularité de se situer entièrement sur la commune de Meursault: c’est donc un Volnay de Meursault ! Attention, si un vin blanc est élaboré avec des raisins issus de cette même aire, il sera baptisé Meursault. Je m’arrête là, mais la réalité est encore plus complexe que ce qui précède.

Précision supplémentaire, le vin de Glantenay est un Santenots-Dessous, situé en face du Clos des Santenots, monopole du Domaine Prieur. Vignes de 25 ans. La fermentation est réalisée pour partie en grappes entières. Élevage en fûts, dont +/- 20% neufs, pendant 16 mois.

Les présentations sont faites, le spectacle peut commencer. Trois coups, le rideau s’ouvre.

Les robes des actrices sont fort différentes: pâle et un peu évoluée chez Koch, plus dense et moins évoluée chez Glantenay. Je ne pense pas que la petite différence d’âge soit la seule explication.

Holger Koch

La diction du Koch est d’une précision rare, comme une transparence absolue entre ce qui se passe sur la scène et la perception du spectateur-dégustateur. Le jeu est merveilleusement délicat, le boisé très bien intégré. Ce vin est une plume, un souffle. L’intensité volcanique sans le muscle. Les tannins sont virtuels, presque abstraits: on les imagine plus qu’on ne les goûte. Acidité et fine amertume font la paire, évoquant le pamplemousse rose. Esprit de pinot noir. Ce vin fuit le sol, il monte vers le ciel.

Thierry Glantenay

Voici la réplique du Glantenay. Le fruit est intense, juteux. Le boisé est un élément du décor, la musique est épicée, quasi-orientale. De la cerise et de la mûre. Il y a de la densité, de la noirceur, de la puissance et du tannin. Ce n’est pas tout-à-fait le “Chambolle de la Côte de Beaune”: il y a de la force par-delà l’élégance. Là où Koch est à parfaite maturité, Glantenay mériterait assurément un peu de garde, pour une reprise du spectacle durant une saison future. Jus de pinot noir. Ce vin est le sol, il est solidement campé sur la terre.

Bon, avant de tomber dans la béatitude …pas de bémol ? En cherchant bien, une pointe de sécheresse dans les tannins du Volnay et une sorte de fragilité à l’air du Réserve ?

weingut Holger Koch

Bien sûr, les commentaires ci-dessus sont relatifs: l’un est “plus” ceci, l’autre est “moins” cela. Il suffirait de remplacer une actrice par une consœur pour modifier le texte. C’est une description de l’interaction. En cela, elle est unique: la valeur du spectacle vivant – live.

Ces vins sont commercialisés en Belgique juste sous la barre des € 60. Je crains qu’ils soient épuisés chez l’importateur. Par contre, les millésimes suivants (Koch pinot noir Réserve 2015 et Glantenay Volnay 1er cru Santenots 2017) sont disponibles en très petites quantités. Me contacter si intérêt.

Les autres vins de ces vignerons sont tout aussi recommandables, dans leurs catégories respectives. Je pense en particulier au pinot blanc 2018 d’Holger Koch: j’en ai pour le moment en stock au prix de € 13. Le “simple” pinot noir Kaiserstuhl 2018 est vendu à € 13,50 (sur commande).

Le “simple” Bourgogne 2017 de Thierry Glantenay est disponible sur commande (€ 22), ainsi que son Volnay 2017 (sur commande, € 37).

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information

Climats et Lieux-dits des Grands Vignobles de Bourgogne…

Climats et Lieux-dits des Grands Vignobles de Bourgogne…Voilà le titre alléchant d’un ouvrage publié en septembre 2012.

230 pages de cartes (magnifiques) et 140 pages de toponymie, consacrées aux 1.463 climats et lieux-dits de la Côte de Nuits et de la Côte de Beaune.

Mise en page, qualité d’impression, précision des cartes, photographies, richesse de l’information toponymique… waouh !

Pour chaque climat et lieu-dit, des indications précises de superficies, de rendements et de degrés alcooliques MIN & MAX.

Mais…mon enthousiasme n’est malheureusement que partiel. D’abord et avant tout, il me semble que le titre de l’ouvrage ne correspond pas à son contenu. Pourquoi titrer ‘Bourgogne‘ quand il s’agit exclusivement de la Côte d’Or ? Qu’en pense-t-on à Chablis, à Irancy, à Bouzeron, à Givry, à Fuissé…?

Une définition claire du ‘terrain de jeu’, en première ou en quatrième de couverture, s’impose ! De fait, je me sens un peu floué.

Ensuite, mais c’est ici ma subjectivité personnelle qui s’exprime, le ton est assez conservateur et ‘pro domo’.

Conservateur parce qu’il n’y a aucun recul par rapport à la pertinence de cette multiplicité de crus, lieux-dits, climats, appellations: le livre est une hagiographie de ce qui est, pas une réflexion sur ce qui pourrait être.

‘Pro domo’ parce que d’autres régions en prennent implicitement pour leur grade (est-ce malin ?), parce que la Côte d’Or est présentée comme indiscutablement LE vignoble le plus prestigieux du monde.

Pour l’anecdote, le poème de Pierre Poupon en page 7 se termine par “je suis un bourguignon de saine et rude souche, qui ne boit d’autres vins que ceux de son terroir”. Mouais…il a écrit beaucoup mieux que cela. Non ?

Au final, un très bel ouvrage, érudit et remarquablement réalisé, à la condition de se satisfaire d’une information géographique et toponymique (ni géologie, ni climatologie, ni méthodes culturales), exclusivement consacrée à la Côte de Nuits et à la Côte de Beaune. Autant savoir.

Prix officiel: € 69. Acheté sur Amazon.fr à € 61, livraison comprise.