En route pour un voyage exotique en direction de la viticulture de très haute altitude ! Pour être précis, les vignes avec lesquelles Petritis est élaboré se situent à 1.400 mètres d'altitude. Pour le continent européen, cela pourrait bien constituer un record. A comparer avec le Val d'Aoste et les vignobles sur volcan (Etna, Teide). En Argentine, on va encore plus haut. Le record du monde appartiendrait à un vignoble tibétain (j'ai dit tibétain, pas chinois).
Ce pourrait n'être qu'une anecdote. Mais l'altitude est un vrai sujet en cette période de bouleversement climatique. On cherche de nouveaux terroirs capables de produire d'excellents raisins, avec un alcool potentiel pas trop élevé.
Lorsque Sylvain Fadat (Domaine d'Aupilhac, Montpeyroux, Languedoc) plante en altitude en 2000 (vignoble des Cocalières), c'est parce qu'il a déjà l'intuition que les vignobles dans la vallée vont donner des vins de plus en plus chargés en alcool. Et que cela pourrait conduire à produire des vins lourds et chaleureux non parce que les consommateurs en veulent, mais parce qu'il n'est plus possible de faire autrement, du moins en Languedoc.
On considérait que la vigne mûrit en Europe jusqu'à 500 mètres d'altitude. Il paraît de plus en plus évident que ce principe est dépassé et que, là où c'est possible, les vignerons les plus visionnaires vont tenter de "grimper" pour trouver un peu de fraîcheur.
Ce Petritis chypriote a heureusement autre chose à raconter que son altitude. Elaboré avec le cépage blanc le plus courant à Chypre (le xynisteri), il présente un profil fin et floral. Il m'a fait penser à certains pinots blancs ou chardonnays, ce qui est souligné par un léger boisé. La bouche est plutôt ronde, avec des arômes de fruits blancs et jaunes Je me suis demandé ce qui se passerait si on le plaçait malicieusement entre quelques Chablis...
Excellent rapport qualité/prix. Ce n'est pas qu'une curiosité !