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Vin belge, anno 2022

Voici le lien vers le communiqué de presse publié début mars par le SPF économie:

https://news.economie.fgov.be/223561-3-millions-de-litres-de-vin-belge-en-2022-un-record

Mon résumé: 2022 est l’année de tous les records, grâce d’une part à une météo favorable et d’autre part à la croissance soutenue de la surface plantée. Le millésime 2022 a produit l’équivalent de 4 millions de bouteilles.

Tous les types de vin sont en croissance, le pompon étant attribué au vin rouge et aux bulles. Malgré une très forte croissance, le vin rouge ne représente qu’une faible part de la production totale et, de mon point de vue de dégustateur, c’est très bien comme ça !

La répartition régionale est à peu près moitié-moitié entre Flandre et Wallonie. Bruxelles ne joue évidemment aucun rôle dans cette histoire.

La Wallonie produit essentiellement des bulles, la Flandre une majorité de vins blancs tranquilles.

Deux provinces mènent la danse: le Hainaut (grâce aux bulles du Chant d’Eole et des Agaises-Ruffus) et le Limbourg. Ensemble, elles sont responsables de la moitié du volume produit (à quelques cacahuètes près).

Le nombre de vignerons recensés par le SPF s’élève à 259. Il est fort probable que le nombre réel soit supérieur, vu le nombre de vignerons qui viennent de planter leurs premiers ares (et qui passent sous le radar du SPF).

Commentaire personnel: le niveau qualitatif atteint par les bulles, wallonnes et flamandes, est vraiment remarquable (on constate une évolution similaire, à plus grande échelle, en Angleterre). Il y a des blancs tranquilles de grande qualité (Clos d’Opleeuw, La Falize), mais ils sont forts chers, la demande étant de loin supérieure à l’offre. Les vins rouges restent anecdotiques. Quelques projets folklorico-fantasques poussent à gauche et à droite, par exemple vin produit à hauteur de quelques dizaines (sic) de bouteilles.

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Mes Amis: accords limbourgeois

En quittant le restaurant, vers 22h30 …

Escapade à Maastricht. Recherche d’un restaurant qui titillerait la curiosité de l’amateur. Au gré de la navigation, voici que mes yeux tombent sur un wijnrestaurant qui propose un menu déclinable en 4, 5, 6, 7, 8, 9 plats successifs, escortés par autant de vins issus du Limbourg, en version belge comme en version néerlandaise. Installés à 19h45 (ce qui est fort tard selon les normes néerlandaises), nous optons pour une version intermédiaire en 6 assiettes.

On commence par une association entre la truite fumée, l’anguille, la pomme et le concombre. C’est d’abord le Limbourg belge qui déboule sur scène, via le Wijnkasteel Genoels-Elderen (Riemst/Belgique) et sa cuvée Chardonnay Wit (millésime 2019). Vin frais et floral, léger. Son acidité et son aromatique m’évoquent à la fois le sauvignon et les jeunes vignes (NB: le site Internet du Domaine indique pourtant que la dernière plantation de chardonnay date de 1999). La géologie calcaire m’échappe. Vin sans défaut, honnête mais manquant de personnalité.

La deuxième assiette propose la ballotine de caille, accompagnée par diverses textures du maïs. On traverse la frontière pour goûter une cuvée issue du Domaine Overst (Voerendaal/Pays-Bas), assemblage d’auxerrois, müller-thurgau et pinot gris. C’est surprenant, avec plus de corps que le Genoels-Elderen. Sec et équilibré. Le site Internet du producteur est malheureusement laissé en friche depuis plusieurs années, dommage.

Assiette suivante autour de la langoustine et d’une multitude de déclinaisons de la carotte. Ô surprise, le vin est un muscat sec, élaboré par le Domaine Bon Baron (Profondeville/Belgique), en quelque sorte un vin « pirate » vu son origine wallonne. Mais il y une explication: Jeanette van der Steen, propriétaire de Bon Baron, est de nationalité néerlandaise. Je suis sur mes gardes, mais l’aromatique et la bouche témoignent d’une maîtrise d’un cépage à fort potentiel de déconfiture. C’est simple, mais équilibré, sans amertume excessive. Le site Internet du Domaine est suranné, voire antédiluvien.

Quatrième étape autour de la joue de bœuf et de la pomme de terre. Accord proposé: un vin blanc, à savoir le Pinot Gris du Domaine Pietershof (Voeren/Belgique). L’étiquette mentionne également la présence de riesling et de gewürztraminer. Beau vin ! Le plus intéressant de la soirée. C’est un pinot gris frais, sec, avec une finale précise. L’aromatique est sans doute favorablement complexifiée par le gewürztraminer et le colonne vertébrale doit sans doute quelque chose au riesling. Site Internet du Domaine annoncé en construction. Mouais.

La cinquième assiette propose la côte et le filet d’agneau, accompagnés par une ratatouille. Voici donc le vin rouge, du Domaine Sint-Martinus (Vijlen/Pays-Bas), la cuvée Patriek, assemblage audacieux de pinot noir, dornfelder, regent et cabernet cortis. Cette cuvée n’est produite que pour le restaurant où nous dînons. C’est bien fait, boisé avec tact, équilibré et raisonnablement persistant. Encore une fois un bon produit, mais doté d’une personnalité peut-être un peu banale. C’est plus puissant qu’élégant. Le Domaine existe depuis 1988, se focalise sur une longue série de cépages hybrides et s’est doté d’un site Internet intéressant.

Sixième assiette, c’est le dessert: chocolat blanc et fruits exotiques. On reste aux Pays-Bas pour le vin: Solaris de chez Hoeve Nekum (Maastricht/Pays-Bas). Le cépage solaris est un hybride, créé en Allemagne vers 1975. Il mûrit tôt et est capable de produire des sucres élevés. On l’utilise typiquement pour élaborer des vins moelleux. J’avoue ma surprise en lisant sur l’étiquette un alcool à 15%. Et il y a encore du sucre… Franchement, c’est chaleureux et le brûlant pointe son vilain museau. Mais il y a une jolie charpente acide et une aromatique appétissante. Site Internet intéressant.

Conclusion

Très agréable moment pour une cuisine de qualité et une plongée en profondeur dans le vin limbourgeois tel qu’il se présente à nous en 2022. Ce repas n’aurait pas pu exister il y a 20 ans, faute de combattants suffisamment vaillants. Aujourd’hui, il ne fait pas de doute que les vins belges et néerlandais prennent progressivement une place sur nos tables. Cela dit, le meilleur côtoye le pire et la banalité est sans doute l’ennemi numéro un. Les flacons auront en tous cas du mal à remporter le concours du meilleur rapport qualité/prix: rien n’est vraiment bon marché et certains prix me semblent un peu « hors sol ». Il y a sans doute une tendance à boire local qui pousse la demande au delà de l’offre.

Les plats étaient tous fort beaux et fort bons, avec un podium composé de la joue de bœuf (or), de l’agneau (argent) et de la langoustine (bronze). Si j’avais une remarque à formuler: faire plus simple, avec moins d’ingrédients. Less is more. A ce jour, non, le restaurant n’est pas un candidat évident à l’étoile. Mais le lieu, les échanges avec le jeune homme en charge de la salle (une bonne vingtaine de couverts) et l’originalité de la formule: très bien !

Le magasin

A noter que les vins proposés par le restaurant peuvent être achetés quelques maisons plus loin. Si vous y faites un achat, vérifiez quand même que le prix soit conforme au marché. On ne sait jamais…

Cerise sur le gâteau

Le vignoble du Domaine Overst

Nous avons été nous promener le lendemain un peu à l’est de Maastricht: cela s’appelle Land van Kalk et c’est une balade de 8 kilomètres, saupoudrée de quelques vignes (Overst et Sint-Martinus), d’arbres fruitiers en fleur, de moutons, de champs et de gentilles collines: idyllique, bucolique, poétique. Cela s’appelle (un peu pompeusement) Route des Vins et l’on trouve d’ailleurs quelques panneaux explicatifs du meilleur aloi.

Contact

Wijnrestaurant Mes Amis, Tongersestraat 5, 6211 LL Maastricht.

Goesting in Wijn, Tongersestraat 11, 6211 LL Maastricht.

Land van Kalk (balade)

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La Belgique existe !

Pourquoi une si laide jaquette ?

Publication aujourd’hui de l’édition 2021 du Hugh Johnson’s Pocket Wine Book. Un rendez-vous annuel avec ce qui bouge, ce qui frétille, ce qui explose dans le monde du vin. Il faut comprendre « monde du vin » de façon littérale puisque, au-delà des pays classiques, y sont abordés la Slovaquie, le Kosovo, le Mexique, l’Uruguay et tant d’autres. Une vision certes anglo-saxonne mais assez universelle: Hugh Johnson est anglais, pas américain, ce qui me semble faciliter la lecture de ce côté de l’Atlantique. Bien sûr, c’est le travail d’une équipe comptant une trentaine de membres.

Il se disait depuis un certain temps que la Belgique finirait bien par figurer dans ce guide. C’est fait. Hallelujah. Sonnez trompettes et hautbois. Faites péter les bouchons de Crémant de Wallonie. L’entrée se fait néanmoins par la petite porte, en simple et brève annexe au chapitre consacré au Grand-Duché.

Le texte commence par rappeler que notre petit royaume est avant tout réputé pour ses bières et son chocolat, mais que de plus en plus de vins intéressants sont produits par nos 500 hectares de vignes. On indique que 80% des vins sont blancs ou effervescents. On chiffre à une douzaine les Domaines qui cultivent plus de 10 hectares. On fait savoir que chardonnay et pinots (blanc, gris, noir, auxerrois) dominent la scène des cépages, accompagnés par quelques « résistants » (johanniter, regent, solaris).

Pour conclure (…déjà…), une liste des meilleurs producteurs que je vous livre « in extenso »: Aldeneyck, Bon Baron, Chant d’Eole, Clos d’Opleeuw, Crutzberg, Entre-Deux-Monts, Genoels-Elderen, Gloire de Duras, Hoenshof, Kitsberg, Kluisberg, Meerdael, Pietershof, Schorpion, Vandeurzen, Vignoble des Agaises, Vin de Liège, Waes.

18 fois bravo à ces Domaines dont le travail, le courage et les vins sont ainsi récompensés. Il se trouvera bientôt un groupe d’amateurs brésiliens ou finlandais qui voudront absolument goûter le jus de la treille, façon Belgique. Evidemment, cela rendra les meilleures cuvées plus rares et plus chères. A chaque médaille son revers…

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Le Soir goûte le vin wallon

Raymond Leroy, Vignoble des Agaises à Haulchin (au sud-est de Mons)

Intéressante initiative du quotidien Le Soir: faire le point sur l’évolution du vignoble wallon. 5 pages, publiées consécutivement pendant la semaine qui commence le 06 juillet.

On y aborde les plus célèbres (en tous cas de ce côté-ci du Quiévrain) et quelques plus obscurs. Une bonne lecture pour percevoir à quel point le vin belge n’est plus une note en bas de page, mais un véritable chapitre. D’autant plus un jour de Fête Nationale !

Un jour, un deuxième volet, pour aborder le vignoble flamand ? Qui sait…

Ci-dessous, téléchargement des 5 articles en un seul fichier .pdf.

Le succès grandissant des vins belges

Dans une Belgique réputée pour ses bières, le vin est en train de trouver sa place. Le boom viticole est palpable : les surfaces et la production ont quintuplé ces dix dernières années. Mais ça reste pour l’heure un produit de niche.
Disciples de Bacchus et du roi Gambrinus, les Belges cultivent aujourd’hui davantage la vigne que le houblon. Sans pouvoir parler de tradition, l’histoire viticole belge s’est surtout écrite ces dernières années.
Elle ne date pourtant pas d’hier. Au Moyen Age, chaque grande ville ou quasi possédait son vignoble. Le petit âge glaciaire à partir du XVème siècle mais aussi la succession de guerres et de conquêtes de notre territoire ont petit à petit mis fin à l’aventure viticole. Publié en 1850, le premier recensement agricole faisait état de 166 hectares de vignes. Aujourd’hui, la Belgique en compte près de trois fois plus. Certains évoquent à terme une capacité de 10.000 hectares.
Si des petits vignobles amateurs ont refait surface du côté de Huy dans les années 1970, le renouveau s’est amorcé au tournant du siècle, réchauffement climatique aidant. Parmi les pionniers, l’homme d’affaires Pierre Rion (…)

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Vin belge

En 2005 (ce n’est pas la préhistoire), le vin belge prenait encore la forme d’une note en bas de page avec une production estimée à 215.000 litres, produits à partir d’un vignoble de 65 hectares.

En moins de 15 ans, le nombre d’hectares a été multiplié par 6, le volume a été multiplié par 9. Notons néanmoins que le volume généré par le millésime 2018 est exceptionnel, grâce à une météo presque parfaite. Il y a nettement moins de volume en 2019.

Pour fixer les idées, le vignoble du Grand-Duché de Luxembourg, en 2018, c’est 1.250 hectares et 13.500.000 litres.

Par simple division des chiffres du tableau ci-dessus, on constate que, en moyenne, chaque vigneron belge dispose d’une parcelle de 3 hectares, ce qui est horriblement peu. Bien sûr cette moyenne recouvre des réalités très diverses: le wijnkasteel Genoels-Elderen (Limbourg) dispose d’un vignoble de 22 hectares et le vignoble des Agaisses (Hainaut), producteur de la cuvée Ruffus, s’étend sur 28 hectares.

La Belgique reste un pays de bulles et de vins blancs, les rouges et rosés ne représentant ensemble qu’un cinquième de la production totale.

En termes de cépages, le chardonnay se taille la part du lion (35%), les pinots (noir, gris, blanc et meunier) suivent (23%). A noter la part importante des cépages dits ‘résistants’ (johanniter, régent, solaris, pinotin, etc…).

Le vignoble du Chant d’Éole (et le pourquoi du nom choisi par le Domaine)

En mai 2019, la cuvée Prestige du Domaine du Chant d’Éole (près de Mons) a remporté la grande médaille d’Or du Concours Mondial de Bruxelles. C’est évidemment surprenant, encore plus lorsque l’on sait que les vignes ont été plantées en 2010 et que la première commercialisation date de 2015.

Oui, un effervescent belge a fait la nique à une longue série de Champagnes. Cela étant, cette médaille n’a de sens que par rapport aux participants, les meilleurs Champagnes ne participant jamais à ce type de compétition. Titrer « la meilleure bulle du monde est montoise » est un peu excessif…