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La Madone: volcan !

Le Domaine de La Madone se situe dans l’aire d’appellation Côtes du Forez. D’un point de vue viticole, cette appellation appartient à la Loire. Les sources de la Loire jaillissent à proximité et nous sommes dans le département de la Loire (préfecture: St-Etienne). Cela dit, on a souvent pris le raccourci de limiter la Loire du vin à ce qui se passe entre Muscadet et Sancerre/Pouilly-Fumé, via Anjou, Saumurois et Touraine.

Une fois parvenus à Sancerre, pour rejoindre le Domaine de La Madone, il faut reprendre la route plein sud et rouler pendant …250 kilomètres avant de rejoindre le village de Champdieu, là où est installé Gilles Bonnefoy, le vigneron. Disons qu’il s’agit d’une autre Loire, géographiquement proche du Massif Central. Un autre rapprochement fait du sens: le Beaujolais avec lequel les Côtes du Forez partagent l’usage du cépage gamay.

des pentes vertigineuses…

Poursuivons encore dans notre approfondissement du folklore local: l’appellation Côtes du Forez ne s’applique qu’aux vins rouges et rosés. Pour les blancs, c’est Urfé qui prend le relais. Je ne suis pas sûr que cela facilite la tâche du consommateur.

C’est avec le millésime 2012 qu’Anthocyane a entamé la vente des vins du Domaine de la Madone. Depuis, je n’ai fait l’impasse que sur le seul millésime 2016, non parce qu’il aurait été décevant, mais parce que je n’avais pas trop la tête dans le vin lorsque ce millésime a été commercialisé.

Gilles Bonnefoy, vigneron sur volcan

Gilles Bonnefoy est un type sérieux et très déterminé: il savait que convaincre la presse spécialisée serait une entreprise de longue haleine. Le Forez c’est un Far-West au-delà duquel il n’y a plus rien si ce n’est un gros paquet de volcans éteints. Il a fallu être patient, mais, dans son édition 2020, le guide vert de la Revue du Vin de France présente enfin le Domaine, avec des commentaires très positifs. Un an plus tard (édition 2021), c’est la consécration, via une première étoile.

Le choix du bio a été effectué dès 2001 et la biodynamie est d’application depuis 2008.

Les mises en bouteilles se font de manière précoce, avec un très léger sulfitage, l’élevage des rouges s’effectue exclusivement en cuve inox, les vins du millésime 2020 sont déjà disponibles et c’est donc le moment de les présenter.

En blanc, la Roussanne de Madone 2020. On associe généralement le cépage roussanne à la vallée du Rhône (où elle est souvent assemblée avec la marsanne) ou à la vallée de l’Isère (en appellation Savoie Chignin-Bergeron). Voici la version forézienne: vignes plantées en 2001 dans 100% de roches volcaniques sur le flanc du volcan de Purchon, exposition sud, pente de 45%. Au sommet, la statue de la madone veille sur le village de Champdieu depuis 1875.

En dégustation, le vin ne peut cacher une mise en bouteilles récente: la fougue de la jeunesse l’emporte sur l’harmonie de la maturité. Il me semble qu’il faut lui donner un peu de temps pour se mettre en place. Mais c’est déjà délicieux ! Nez complexe, floral et légèrement miellé, puis fumé comme un pinot gris (agrumes). La bouche commence sur un beau volume en rondeur joyeuse avec de la pêche; progressivement, le vin s’étire vers une finale minérale assez stricte. Quelques amers. contribuent à la tension. Forte personnalité. Pour dompter cet animal, une certaine expérience des vins hors normes sera précieuse.

En rouge, la Mémoire de Madone vieilles vignes 2020. Vignes de 50 ans, 100% gamay, plantées dans 100% de sol volcanique. Rendements limités à 25 hectolitres par hectare. Vendanges manuelles, mise en bouteilles fin janvier 2021.

En dégustation, le vin se montre d’abord réservé puis de plus en plus intense sur des notes fumées et de la cendre. L’équilibre est parfait, la qualité des tannins magistrale, la longueur …persistante. Alcool limité à 12,5%: ce n’est pas de la puissance, c’est de la concentration ! En relisant mes notes, je constate avoir conclu: “C’est un grand vin. Point.” Je me souviens aussi avoir échangé un clin d’œil avec l’importateur. Les mêmes mots, au même moment, nous sont venus aux lèvres: ce 2020 est la meilleure Mémoire de Madone jamais produite. Pratiquement, il n’est pas exclu que ce vin se referme un peu: je recommande soit la carafe, soit deux ans de patience.

Pour l’anecdote, j’ai découvert une autre cuvée élaborée par le Domaine: Les Rougeots du Clos “GamayS sur Granite” 2020. Ce sont de très jeunes vignes (plantées en 2015) de trois cépages différents, tous apparentés au gamay: le gamay de Bouze, le gamay de Chaudenay et le gamaret. Deux cépages semi-teinturiers et un cousin suisse, lui-même obtenu par croisement entre le gamay et le reichensteiner.

En dégustation, c’est du pas banal. La couleur est noire, intense, ourlée d’une écume rouge-violacée. Le nez évoque certains vins du Sud-Ouest: métal, sang et orange amère. Je pense à Madiran. En bouche, c’est dense, mûr et cela goûte puissamment le jus de …mûres ! Charnu, rond avec la fraîcheur qui se dépose sur un fruit puissant. Touche d’animalité. A ce stade, c’est très original (…je me suis demandé si c’était bien du vin…), mais possiblement fatiguant. Suis-je fou de ça ? Non. Néanmoins, ravi d’avoir goûté et touché par la démarche du vigneron. L’intention me charme plus que le résultat dans le verre. Qui sait quand les vignes auront pris un peu de bouteille. NB: ce vin n’est pas importé.

Les vins du Domaine de La Madone sont disponibles dans le magasin.

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Château Le Puy: Bordeaux …or not Bordeaux ?

La réponse à cette question est évidente: c’est un Bordeaux, en appellation Francs Côtes de Bordeaux, à quelques encablures au nord-est de Saint-Emilion. L’assemblage se compose de 85% de merlot, complété par les frères cabernets et épicé par le malbec, ce qui est en tous points conforme à ce que l’on attend d’un Bordeaux de la Rive Droite.

Seulement voilà. Ce n’est pas aussi simple. Des rebelles, il y en a partout, même à Bordeaux, réputée bourgeoise et bien-pensante. Des vignerons qui décident de faire leurs vins, en dépit des modes, des habitudes, des oukases œnologiques, des regards en coin et des moues dubitatives.

Je vous aurai prévenu. Si vous aimez le Bordeaux tel qu’on le fait généralement aujourd’hui, avec beaucoup de tout (couleur, alcool, boisé, euros, …), je vais vous perturber en vous initiant à l’antithèse de ce qui précède.

Le Bordeaux infusé en opposition avec le classique Bordeaux (sur)extrait. C’est une simplification, certes, mais elle est parlante. Malgré le très chaud millésime 2015, Émilien est frais, élégant et floral. Le degré d’alcool ? 13%. Le même bouleversement climatique affecte Le Puy que les châteaux des collègues qui affirment pourtant qu’il leur est aujourd’hui impossible de vinifier à moins de 14,50% voire 15%. Comme quoi.

La famille Amoreau, propriétaire de père en fils depuis 1610, fait le vin non pas comme il y a 30 ans, mais comme il y a un ou deux siècles. C’est-à-dire sans utiliser la moindre poudre de perlimpinpin. Juste une petite goutte de sulfite lors de la mise en bouteilles.

L’élevage ne fait appel à aucune barrique neuve, le choix se portant sur le foudre et la barrique de plusieurs vins. Pour la cuvée Émilien, c’est uniquement le foudre.

Ce style permet-il la garde en cave ? Le Domaine vend encore des bouteilles des années ’70 et ’80 du siècle passé. Est-ce une réponse satisfaisante à la question ?

On affirme parfois que les vins de Le Puy sont les meilleurs Bourgognes élaborés à Bordeaux. Ou encore que Le Puy est un domaine bio …depuis 1610.

Le Domaine a, enfin, fait son entrée dans le Guide Vert de la RVF qui lui a immédiatement attribué une étoile. Comme chez Michelin, c’est une pratique rare. Une façon de reconnaître qu’on aurait pu être plus attentif plus tôt ? Je me souviens très bien d’Émilien 2010 qui méritait déjà plein d’éloges !

En dégustation le samedi 13 juin. Attention, dégustation sur inscription préalable. Émilien peut être commandé dès aujourd’hui, au prix de € 27, pour mise à disposition le samedi 27 juin.

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La Cabotte Colline blanc 2018

J’ai découvert en son temps le Domaine de La Cabotte par l’intermédiaire de ses Côtes-du-Rhône rouges, Colline et Garance. De très bons vins du Rhône sud, en biodynamie, préservant habilement ce qu’il faut de fraîcheur pour équilibrer la richesse solaire.

Cette fois, j’ai été particulièrement touché par Colline blanc 2018, un assemblage de clairette, de grenache blanc et de viognier. Ceux parmi vous qui connaissent bien mes goûts savent que les blancs du Rhône sud ne font pas partie de mes chouchous. Je leur trouve souvent un équilibre quelque peu mollasson qui ne donne guère envie de s’en resservir un verre.

Je salue donc la performance de ce vin sec, fruité (poire, pêche) et épicé. Conjuguer vin blanc, chaud millésime 2018 et Vaucluse pour en faire un vin frais et plutôt tendu est une belle démonstration de compétence, à la vigne comme à la cave.

Biodynamie certifiée Demeter, élevage en cuves inox. Alcool 13,5%

En dégustation le samedi 08 février 2020

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Bio…logique !

GoisotEn tous cas, évolution logique du vignoble vers un plus grand respect des sols, des végétaux, de la vie.

On estime que le vignoble français, qui ne représente pourtant que 3 % des surfaces agricoles du pays, consomme près de 20% des pesticides utilisés par l’agriculture.

Les solutions existent et elles ont fait leurs preuves. Sans surprise, la mise en œuvre de ces solutions requiert du temps, des moyens, des connaissances, une prise de risque et une ferme volonté de respecter l’environnement et la santé du consommateur.

L’agriculture biologique est en forte croissance. C’est particulièrement vrai pour la vigne. Excellente nouvelle.

Cela dit, comme souvent, lorsque l’on creuse un peu, la situation est complexe :

  • des raisins issus de l’agriculture biologique ne sont pas forcément vinifiés biologiquement
  • des raisins issus de l’agriculture biologique ne garantissent pas l’absence de traces de produits chimiques dans le vin, ne fût-ce que parce que la parcelle du voisin est en ‘full chimie’
  • un logo ne prouve qu’une seule chose (et encore) : la bouteille qui le porte répond aux conditions requises pour avoir le droit de l’arborer ; quelle est la valeur réelle de ces conditions ?
  • de nombreux intervenants n’ont aucun intérêt à ce que règne la transparence : imaginez le drame si l’étiquette du vin devait obligatoirement comporter des mentions précises, chiffrées, relatives aux substances chimiques qui se retrouvent dans la bouteille (vous savez, un peu comme sur n’importe quelle bouteille d’eau minérale…)
  • la multiplication des initiatives -positives- affecte la lisibilité du résultat : comment s’y retrouver entre biodynamie, agriculture biologique certifiée ou non, ‘vin nature’, Ecocert, ‘organic’, logos nationaux et européens, ‘en conversion’, coccinelles, Biodyvin, ‘sans soufre’, etc…
  • des substances considérées comme inoffensives au temps t sont considérées comme potentiellement nuisibles au temps t+1
  • aucun vigneron ne maîtrise la météo et les conséquences de celle-ci sur ses vignes : dans certaines régions, certaines années, l’absence de recours aux produits dits phytosanitaires peut impliquer des pertes de rendement très importantes, à un point tel que la survie de l’exploitation est menacée
  • un vigneron n’est d’aucune façon obligé de communiquer sur le sujet: certains vignerons, pourtant en agriculture biologique, font le choix de ne rien mentionner à ce sujet sur leurs étiquettes, préférant se concentrer sur les caractéristiques de leur terroir ou sur les accords mets/vins.

Cela dit, jetez un œil aux étiquettes et aux contre-étiquettes : il y a beaucoup à y apprendre, souvent d’ailleurs par l’absence de certaines mentions. Voici une première tentative de clarifier quelque peu la situation, en me focalisant essentiellement sur les vins français.

logo ABCe logo, français, propriété exclusive du Ministère de l’Agriculture est souvent accompagné par le texte: ‘vin issu de raisins de l’agriculture biologique’. Depuis fin 2007, la gestion du logo AB a été confié à l’Agence BIO (agence française pour le développement et la promotion de l’agriculture biologique). Ce logo ne concerne que les raisins, pas la vinification. Le contrôle du respect du cahier des charges est confié par l’Etat à un organisme certificateur accrédité. A ma connaissance et en pratique, ils sont au nombre de quatre: CertipaqQualité France, Agrocert et Ecocert.

Les vignes doivent être conduites selon un cahier des charges précis : interdiction du désherbage chimique et de l’utilisation de produits de traitement de synthèse. La protection du vignoble se fait uniquement avec des produits chimiques ‘d’origine naturelle’ tels le dioxyde de soufre (contre l’oïdium) et le sulfate de cuivre (contre le mildiou).

logo DemeterCe logo-ci, international, correspond à la mise en oeuvre de la biodynamie. La biodynamie est une ‘invention’ d’un philosophe et agronome autrichien, Rudolf Steiner. Celui-ci prononça en 1924 une série de conférences dont le texte constitue la base de l’agriculture biodynamique. Dans le domaine du vin, le rôle du pionnier est dévolu à Nicolas Joly, le propriétaire de la Coulée de Serrant (Savennières, Anjou). L’association Demeter voit le jour en 1978. Aujourd’hui, le débat est ouvert entre ceux qui affirment que les vins biodynamiques ont un surcroît de profondeur et de précision et ceux qui considèrent qu’il s’agit d’une pseudo-science, à la limite de l’ésotérisme. Les biodynamistes Demeter sont peu nombreux, mais comptent en leurs rangs des vignerons très respectés , tels Lalou Bize-Leroy (Bourgogne), Jean-Charles Abbatucci (Corse), Guy Bossard (Loire), Mark Angéli (Loire),  Stéphane Tissot (Jura), Anne-Claude Leflaive (Bourgogne), Jean-Michel Deiss (Alsace), etc…

logo Biodyvin

La biodynamie n’est pas réglementée par l’Etat…et Demeter n’en a pas le monopole. Une autre association, le SIVCBD, Biodyvin, regroupe exclusivement des vignerons biodynamistes français. Ils sont aujourd’hui au nombre de 73, dont François Chidaine (Loire), Olivier (Zind-) Humbrecht (Alsace), château Climens (Bordeaux), Jo Landron (Loire), Franck Pascal (Champagne), château Pontet-Canet (Bordeaux), Marc Kreydenweiss (Alsace), Anne-Claude Leflaive (Bourgogne).

Les 73 domaines Biodyvin exploitent ensemble 1.700 hectares de vignes, soit 0,25% du vignoble français.

mascotte AVNNon, ceci n’est à proprement parler un logo. Disons que c’est la mascotte de l’Association des Vins Naturels. L’engagement pris par les membres: élaborer des vins ‘nature’, c’est-à-dire sans aucun additif (intrant) ajouté. Pour devenir membre il faut d’abord être en agriculture biologique ou biodynamique. Paradoxalement, les vins ‘nature’ peuvent être sulfités, mais selon des dosages particulièrement réduits: maximum 30 mg/litre pour les vins rouges, maximum 40 mg/litre pour les vins blancs (doses de soufre total, après mise en bouteilles). La réglementation européenne tolère des doses de soufre cinq fois plus importantes.

Sont membres de l’AVN: Jean-Claude Lapalu (Beaujolais), Mathieu Lapierre (Beaujolais), Patrick Meyer (Alsace), Antoine Arena (Corse), Pierre Overnoy & Emmanuel Houillon (Jura), Le Casot des Mailloles (Roussillon), Pierre Breton (Loire), René Mosse (Loire), Marcel Richaud (Rhône), etc…

Une conclusion provisoire ?

La présence de l’un de ces logos sur une étiquette est un solide ‘plus’. Le vigneron a réfléchi, il a mis en oeuvre sa réflexion concrètement et il est dans l’obligation de rester ‘réveillé’ pour ne pas risquer de perdre sa certification. La démarche lui demande du courage et un amour sincère pour ses vignes.

Le logo ne constitue évidemment pas une garantie absolue de qualité ou d’adéquation au goût du dégustateur. Mais je préfère largement la présence d’un logo ‘bio’ à la médaille, plus ou moins dorée, plus ou moins farfelue, qu’arborent fièrement un tas de flacons…quelconques.

Mais : “début février 2012, le comité permanent européen de l’agriculture biologique a adopté des règles de production pour le vin biologique. La principale différence avec les vins traditionnels porte sur les teneurs en sulfites autorisées.

Pour les vins biologiques, la teneur maximale est fixée à 100 mg/l pour le vin rouge, contre 150 mg/l pour les vins traditionnels, et 150 mg/l pour les vins blancs et rosés (contre 200 mg/l pour les vins traditionnels), avec un différentiel de 30 mg/l lorsque la teneur en sucre résiduel est supérieure à 2 g/l.

Les vins biologiques n’auront le droit d’utiliser ni acide sorbique, ni désulfuration. Et bien sûr, ils devront être élaborés à partir de raisins issus de l’agriculture biologique. Ce règlement entrera en vigueur pour les vendanges 2012. Les producteurs respectant cette nouvelle législation pourront alors utiliser le terme ‘vin biologique’ sur leurs étiquettes, et devront apposer le logo biologique européen et le numéro de code de leur certificateur.”

EU_Organic_Logo_Colour_OuterLine_rgbAutrement dit, nous serons très rapidement confrontés à des vins dits biologiques, certes élaborés avec des raisins issus de l’agriculture biologique, mais potentiellement vinifiés avec des quantités importantes de dioxyde de soufre et avec la complicité d’une longue série de produits chimiques de synthèse.

Législation plutôt laxiste, de type ‘plus petit commun dénominateur’, manifestement destinée à faciliter l’accès au marché -croissant- du bio.

Je m’arrête ici pour aujourd’hui: à suivre !

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Visite au Domaine Pierre Luneau-Papin

Pierre-Marie Luneau
Pierre-Marie Luneau

Jeudi 29 novembre. 13h45. Je me balade autour du domaine et en profite pour faire quelques photos. 14h tapantes (on ne se refait pas…), je suis reçu par Pierre-Marie Luneau et son épouse, Marie Chartier.

La discussion nous emmène vers la solidarité entre vignerons et donc vers le rôle de Marie, en tant que coordinatrice de la nouvelle association ‘Les Vignes de Nantes‘. Cette association regroupe l’élite des producteurs du Pays Nantais et a pour objectif de promouvoir leurs vins en France et à l’étranger. J’y consacre un article ici.

En voiture et direction les vignes de la Butte de la Roche, histoire de vérifier ‘de visu’ que le pays du Muscadet n’est pas uniformément plat. Nous sommes à une quarantaine de mètres d’altitude (c’est la Butte de la Roche, pas la colline de la Roche !), sur un terroir très particulier (serpentinite, une roche d’origine magmatique). La vue est magnifique, en particulier depuis l’endroit où a été installée une table d’orientation. Le domaine Pierre Luneau-Papin a récemment acheté des vignes, plantées ici en 1974. Une parcelle au levant, une parcelle au couchant. Le vin s’appelle ‘Terre de Pierre’.

La Butte de la Roche (Une Nouvelle Nantaise, mars 2012): vue sur le Marais de Goulaine et la ville de Nantes
La Butte de la Roche (Une nouvelle Nantaise, mars 2012): vue sur le Marais de Goulaine et la ville de Nantes

Le trajet de retour vers La Grange nous donne l’occasion de discuter ‘biodynamie’. Il nous semble clair que la démarche, le cheminement vers la biodynamie est très riche et que l’attention portée aux vignes ne peut qu’influencer favorablement la qualité du vin produit. Au-delà, restent un débat ouvert sur l’influence des préparâts et une commune méfiance vis-à-vis des pratiques ésotériques.

Dégustation chez Pierre Luneau-Papin

En dégustation, le Brut, la cuvée Folle Blanche 2011 (une façon habile de réinventer le Gros Plant) et les cuvées de Muscadet: Pierre de la Grange vieilles vignes 2011, L d’Or 2010 & 2011, Terre de Pierre 2010 (magnifique !), avant de goûter le cru Goulaine ‘Excelsior’ 2007 (36 mois d’élevage sur lies) et la cuvée très particulière Pueri Solis qui n’a été produite qu’en 2005. Surprise…cette cuvée a également été produite sur le millésime 2009.

On ne voit pas le temps passer: soudain, il est presque 17 heures, l’heure à laquelle on m’attend au Domaine Bonnet-Huteau. Je quitte à regret Pierre-Marie, salue Marie et m’en vais vers de nouvelles aventures…

Les vins du Domaine seront en dégustation ce samedi 19 janvier. Ils seront en vente du mardi 15 janvier au mardi 22 janvier inclus: l’offre est ici. Plus d’information sur les vins .

Cuvée Terre de Pierre et serpentinite de la Butte de la Roche
Cuvée Terre de Pierre et serpentinite de la Butte de la Roche

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Visite au Domaine de L’Ecu

Frédéric Niger Van Herck
Frédéric Niger Van Herck

Arrivée au Landreau à 10 heures ce jeudi 29 novembre, sous un beau soleil d’hiver. Je croise d’abord Guy Bossard, au téléphone avec son notaire. Nous rejoignons Frédéric Niger Van Herck dans le caveau de dégustation.

Le village du Landreau, en mode kitsch
Le village du Landreau, en mode kitsch

Fred est un grand passionné de vin et un blogueur inspiré: il a racheté le domaine à Guy Bossard en 2010, après fait carrière dans la communication. Son épouse est bretonne par sa maman et anversoise par son papa, d’où un patronyme qui sonne ‘bien de chez nous’ !

Nous goûtons les millésimes actuellement à la vente: 2010 et 2011. Cuvées classique, Gneiss, Orthogneiss et Granite. Les vinifications étant identiques, les différences à la dégustation tiennent essentiellement à la géologie. Granite 2011 m’impressionne !

Le moment pour ouvrir la discussion sur le processus d’agrément: des vignerons locaux goûtent les vins à l’aveugle, les évaluent sur leur ‘typicité’ et rendent leur verdict. Un verdict négatif  et le vin ne peut pas être commercialisé en AOC. Divers noms d’oiseau ont été accolés à une cuvée du domaine de L’Ecu et privent donc celle-ci de son droit à porter l’appellation ‘Muscadet de Sèvre-et-Maine’. Le jury a considéré que cette cuvée était réduite et oxydée. Disons que c’est à peu près comparable à traiter quelqu’un en même temps de nain et de géant…Comprenne qui pourra.

En d’autres lieux et en d’autres temps, des vignerons ont commercialisé leurs vins sous ‘vini da tavola’ …en envoyant les appellations ‘al diavolo’ ! Personne n’en sort vraiment gagnant.

Nous goûtons ensuite la nouvelle cuvée ‘haut de gamme’: Taurus (production limitée à 3.000 bouteilles).

Taurus (le flou se veut artistique)
Taurus (le flou se veut artistique)

Après ce Muscadet de style bourguignon et évidemment destiné soit à la garde, soit à la carafe, nous tranchons avec la fraîcheur du Gros-Plant 2010.

Voici la pétillance de la cuvée ‘Ludwig Hahn’: délicieuse, en particulier quand la bulle s’apaise: un carafage contribue à la vinosité de ce multi-cépages (Melon de Bourgogne, Folle Blanche, Chardonnay, etc…).

Enfin, un cabernet en vin de pays, un peu perdu au milieu de tous ces vins blancs.

Fred et Guy sont tous deux passionnés d’opéra, d’où la grande photo qui orne le caveau: Guy en Faust et Fred en Méphisto…ça vaut son pesant de cacahuètes !

Je ne peux pas m’empêcher de jeter un oeil au ‘cimetière’: les amateurs reconnaîtront des flacons trépassés de Trapet, Gouges, Ganevat, Roc des Anges, Vincent Pinard, Selosse, Clos Rougeard. On ne s’ennuie manifestement pas !

Le 'cimetière'
Le ‘cimetière’

Revenons-en au domaine: 2012 sera sans doute un grand millésime pour l’amateur…à condition de pouvoir en obtenir, puisque les rendements ont été catastrophiques: -70% par rapport à une année normale. Gloups. Le prix à payer pour un printemps raté et un début d’été du même tonneau.

Le Domaine s’étend sur une vingtaine d’hectares et emploie 7 personnes à temps plein: tout est ‘bio’ depuis une éternité et en ‘biodynamie’ depuis de longues années: Guy Bossard est l’un des pionniers de cette approche, avec ses collègues ligériens Nicolas Joly et Mark Angéli. Une réflexion est à présent menée sur l’utilisation de soufre volcanique en lieu et place de soufre ‘commercial’, résidu du pétrole. Le soufre volcanique se combine moins avec le vin: il faut en utiliser moins pour une protection anti-oxydante équivalente.

Peu de bois dans les parages: pour Taurus, quelques fûts anciens ont été acquis en Bourgogne.

La Divina
La Divina, bulles en ‘méthode traditionnelle’.

Les étiquettes évoluent progressivement vers une modernité de bon aloi, tout en conservant la référence graphique à la roche sur laquelle poussent les vignes. Les dorures disparaissent au profit d’une sobriété élégante et argentée.

Idem pour la cuvée de bulles, qui change aussi de nom: Ludwig Hahn devient ‘La Divina’, un nom qui conjugue vin et musique. Si vous voulez mieux comprendre le pourquoi de ce changement de nom, tapez ‘Ludwig Hahn’ dans Google. Le plus célèbre Ludwig Hahn n’est malheureusement pas le violoniste allemand, ami de Guy Bossard, marié à une native du village du Landreau…

J’ai passé un excellent moment, en excellente compagnie. Il est temps de déjeuner: je suis la voiture -et la recommandation- de Fred en me rendant chez Jean d’la Queue (sic).

Les vins du Domaine seront en dégustation ce samedi 19 janvier. Ils seront en vente du mardi 15 janvier au mardi 22 janvier inclus: l’offre est ici. Plus d’information sur les vins .

Mise à jour: les vins sont à présent disponibles dans le magasin en-ligne.

Les vignes de L'Ecu (thanks to the Wine Doctor)
Les vignes de L’Ecu (thanks to the Wine Doctor)