Oscars 2025

Voici venir l’heure des bilans

Selon une habitude récente, puisque prise en fin d’année 2023, je me suis amusé à reprendre la liste des tous les vins qui ont été proposés à la dégustation pendant cette année qui finit de s’écouler. En 2025, six dégustations classiques et trois dégustations spéciales, sous la bannière du Cercle de la Fleur Bleue.

Au total, une bonne centaine de flacons goûtés avec vous, de l’Aragon à la Macédoine, des Îles Canaries à la Calabre. Les régions souvent dégustées ? La Loire en tête, poursuivie par le Rhône, puis par un petit peloton dans lequel on aperçoit le Roussillon, la Bourgogne (Mâconnais), le Languedoc et le Piémont.

Surprenant: beaucoup plus de rouges que de blancs. Quatre rosés et trois bulles pour compléter le tableau. Le millésime 2023 tient fermement la corde, il précède 2024 puis vient 2022. Une dizaine de vins de millésime antérieur à 2022: pensez à La Chevalerie (Bourgueil) et à Gérard Boulay (Sancerre).

Une petite moitié des vins au-delà de € 20 la bouteille. L’inflation certes mais aussi la volonté de faire goûter le meilleur. Cinq fournisseurs principaux. Une majorité franche de vins biologiques et/ou biodynamiques (Demeter et Biodyvin).

Les données ci-dessus ne tiennent pas compte de tous les vins qui ont fait partie de l’équipe en 2025, sans monter sur le terrain: ce n’est pas le talent qui leur manque, mais le simple fait qu’une dégustation se joue avec 15 joueurs et pas plus. L’entraîneur fait des choix, parfois cruels.

Et qui sont les champions d’Europe, c’est-à-dire les Domaines qui ont participé avec intensité au chiffre d’affaires d’Anthocyane en 2025 ? Eva Fricke (Rheingau), Lafage (Roussillon), Nicolas Maillet (Bourgogne), Thymiopoulos (Macédoine), Mas Amiel (Roussillon), La Chevalerie (Loire), Les Bosquets (Rhône), Gérard Boulay (Loire), Convento San Lorenzo (Lombardie), La Pépière (Loire). Ce classement constitue une petite injustice puisqu’il désavantage les Domaines qui sont arrivés chez Anthocyane dans le courant de l’année 2025. Parmi ces derniers, très belle perf’ de Marcoux (Rhône) et de La Croix Gratiot (Languedoc).

Et ces Oscars, ça vient, oui ?

Médaille de bronze, prix spécial du meilleur vin hors France: Kiedrich riesling 2024 d’Eva Fricke (Allemagne, Rheingau). A dire vrai, j’aurais pu tout aussi bien attribuer cette médaille à l’autre cuvée « village » d’Eva Fricke, Lorch riesling 2024. Deux sœurs jumelles ? Sœurs oui, jumelles …alors pas du tout: elles ne se ressemblent vraiment pas tout en partageant le même cépage, le même millésime, le même type de vinification, la même région et la même vigneronne. Quel fruit, quelle tension, quelle fraîcheur ! Il en reste quelques bouteilles chez l’importateur.

Médaille d’argent, prix spécial de l’élevage le plus réussi et du slogan le plus sympa « les oiseaux ne sont pas des cons« : Bourgueil cabernet franc Noms d’Oiseaux 2019 du Domaine de la Chevalerie (Loire). Voilà un vin qui a pu attendre au frais dans les caves en tuffeau du Domaine. Très belle harmonie parce que tous les composants de ce vin ont reçu du temps pour se fondre et donner le meilleur d’eux-mêmes. Quand il quitte la cave, il est prêt à boire. Archi-épuisé, mais le millésime 2020 ne devrait pas tarder à arriver…

Médaille d’Or, prix spécial de la surprise complète, tombée du ciel, on se demande d’où elle sort, qui c’est celle-là: Picpoul de Pinet piquepoul Bréchallune 2024 du Domaine de la Croix Gratiot (Languedoc). Est-ce que j’ai plein d’arguments rationnels incontestables pour justifier cette belle médaille ? Non, c’est le feeling du jour. En relisant chiffre de ventes, notes diverses et commentaires, en me souvenant des sourires chez ceux et celles qui l’ont goûté fin septembre, en tenant compte du prix de ce flacon et de la sensibilité artistique de la vigneronne, cela m’est apparu intuitivement évident. Bien joué Anaïs Ricôme ! Il me semble avoir vu que l’importateur en avait à nouveau un petite stock (sans garantie).

Je vous souhaite à tous et à toutes d’excellentes fêtes de fin d’année et une superbe année 2026 !

Domaine Les Bosquets à Gigondas

La grande dégustation du millésime 2023

« A la manière d’un sportif de haut niveau qu’il a été, Julien Bréchet appréhende chaque millésime en mouvement, de la remise en question des procédés aux ajustements des élevages. Tous les vins gagnent en précision et en qualité. Dans son domaine installé sur plusieurs terrasses de Gigondas, il a défini plusieurs cuvées parcellaires qui chacune expriment avec une grande singularité les sols et les cépages des lieux : les vieux grenaches du Lieu-Dit ou de La Colline, les syrahs et serines des Roches et des Routes, les mourvèdres du Plateau, etc… Contrairement à l’idée reçue d’une appellation produisant des vins puissants et généreux, la finesse et le soyeux des tannins sont ici toujours remarquables

Source : le Guide Bettane & Desseauve édition 2026, ****

La troisième séance du Cercle de la Fleur Bleue s’est tenue en ce lundi 15 décembre; elle a été entièrement consacrée à la dégustation du millésime 2023 des vins du Domaine Les Bosquets à Gigondas.

J’ai la chance de connaître ces vins depuis le millésime 2019: je me souviens fort bien du choc ressenti pendant la première dégustation du Gigondas Les Roches. Une émotion, une perception immédiate d’être envahi par un vin qui se positionne au-delà des épithètes enthousiastes habituels, au-delà d’une analyse qui serait purement rationnelle.

Un moment précieux, comme suspendu. Une évidence immobile et silencieuse. L’impression sereine d’être arrivé.

Bon, après cette expérience paranormale, je me suis secoué pour revenir à la réalité et confirmer que l’on peut trouver ici des vins qui cochent toutes les cases: intensité, équilibre, persistance, complexité et spécificité. C’est de la haute couture.

Démonstration en huit vins. Le Petit Vin des Bosquets 2023 (assemblage de jeunes vignes), Hauts Lieux 2023 (assemblage de parcelles calcaires), Le Lieu-Dit 2023 (grenache sur sable), La Colline 2023 (grenache sur calcaire), le Châteauneuf-du-Pape Le Castellas 2023 (grenache sur grès), Les Roches 2023 (syrah sur calcaire), les Routes 2023 (syrah sur argile et sable) et Jasio (rosé) en millésime 2024.

Le Plateau 2023, 85% mourvèdre et très tannique à ce stade de son développement, n’a pas été goûté. Un 2021, goûté très récemment, est déjà plus abordable.

La gamme complète comporte une quinzaine de références: vins blancs, terroirs sur Séguret et sur Beaumes de Venise, etc…

La cuvée Hauts Lieux s’appelait auparavant Réserve, sauf que Hauts Lieux est à 100% issue de 14 parcelles calcaires en altitude, alors qu’il y avait aussi quelques parcelles sur sable dans la version Réserve.

Le Domaine est en bio depuis 2019. Il pratique la biodynamie depuis plusieurs années et se lance dans une conversion biodynamique certifiée avec Biodyvin.

Comment résumer une dégustation en quelques mots pertinents ?

D’abord: les avis étaient partagés. Il y aurait comme un « camp sensuel » qui préfère Le Lieu Dit et Les Routes et un « camp cérébral » qui est plus sensible à La Colline et à Les Roches. Si vous êtes touchés par le soyeux des textures, la finesse et la complexité des arômes, choisissez plutôt l’option Lieu Dit/Routes; si vous êtes plus sensibles à l’énergie du vin, à sa minéralité, optez pour Colline/Roches. Risquons une autre façon de décrire ces vins: Lieu Dit/Routes c’est cap au sud, Colline/Roches c’est cap au nord.

La comparaison a mis en évidence à quel point un lieu peut influencer le contenu d’une bouteille: même cépage, même vigneron, même millésime …et pourtant le sable d’un côté, le calcaire de l’autre, la différence est frappante, presqu’évidente.

Le Gigondas Hauts Lieux et le Châteauneuf du Pape Le Castellas constituent des points d’équilibre: une pincée de sud sensuel et une pincée de nord cérébral.

Alors que Gigondas -et d’autres appellations du Rhône sud- trainent une réputation alcooleuse et trop boisée, les vins des Bosquets, malgré des degrés élevés, ne sont en aucun cas déformés par la chaleur de l’alcool. La finesse des tannins est évidente, quel que soit le terroir. Le boisé souligne, il ne domine jamais.

Ces vins méritent d’être évalués en plusieurs phases: le nez évolue, ce qui semblait simple se complexifie, ce qui semblait acquis s’avère …différent. La bouche évolue, rien n’est définitif, il suffit d’être patient pour que de nouvelles sensations pointent le bout de leur nez.

Ceci n’engage que moi: Les Bosquets proposent aujourd’hui des vins au sommet de leur appellation et au sommet des vins du sud de la France. Je les suis depuis 2019 et ils ne m’ont jamais déçus. Ils ont une histoire à raconter, ils ne suscitent jamais l’indifférence, ils alimentent la conversation.

N’oublions pas que ces 2023 sont des bébés et qu’un peu de temps en cave leur sera très profitable.

Quelques flacons ? On peut commander (y compris Le Plateau) jusqu’à ce vendredi 19 décembre inclus.

Dégustation festive

Attention, horaires spéciaux !

La dégustation festive aura lieu le samedi 06 décembre de 14 à 18 heures ainsi que le lendemain dimanche 07 décembre également de 14 à 18 heures. Pas de dégustation en matinée.

Programme complet de la dégustation. Quinze vins sur le bar.

Outre les vins en dégustation, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil aux vins de fête et d’exception et aux formats spéciaux (magnum – 150 cl).

Je prends vos commandes jusqu’au mardi 09 décembre inclus. Les vins seront mis à votre disposition avant le 24 décembre.

Dégustation gratuite, ambiance informelle, entrée libre : un coup de sonnette suffit !

Alors, et cette dégustation ?

Dégustation du 23 novembre: le compte-rendu

Paires, duels et binômes, ce thème avait pour objectif de proposer une série de comparaisons: deux cuvées d’un même Domaine, deux cuvées d’une appellation identique, deux vins originaires de la même région, deux vins partageant le même cépage, etc…

15 vins sur le bar …et une surprise pour clore la fête (j’y reviens en fin d’article).

Je prends vos commandes jusqu’à ce mardi soir, 25 novembre. Accès direct aux vins de cette dégustation. Les bouteilles seront mises à votre disposition pendant la première quinzaine de décembre.

Ci-dessous ce qui m’a particulièrement frappé pendant la dégustation: les fiches individuelles consacrées à chaque vin fournissent encore beaucoup plus d’information.

On y va:

Vins blancs: domaine Barbadillo, Andalousie, deux vins du cépage palomino (mais ce ne sont pas des sherries !).

Sabalo est la version épurée, sans trace d’élevage, tout en délicatesse de ce cépage méconnu (c’est avec le palomino que l’on élabore la plupart des sherries, mais qui le sait ?). C’est original mais civilisé. Aucune trace oxydative (ce n’est vraiment pas un sherry !). Prix très sympathique.

On compare avec Patinegro, une version plus concentrée et plus profonde de ce cépage, avec cette fois un élevage en tonneaux ayant contenu précédemment un sherry de type manzanilla. Cela contribue à rendre ce vin plus complexe, très légèrement marqué par cet élevage spécial. Comme si on avait ajouté trois gouttes de sherry dans votre verre.

L’Andalousie connaît un renouveau de son offre grâce au dynamisme de ses vignerons qui continuent à élaborer de magnifiques sherries (Jerez en espagnol), mais qui proposent maintenait des vins rouges secs et des vins blancs secs comme les deux exemples ci-dessus.

Vins blancs: le sauvignon, la version autrichienne et la version sancerroise

Le sauvignon autrichien vient de Styrie, au sud du pays, tout près de la frontière slovène. Le Domaine, c’est Wohlmuth, ce qui se fait de mieux dans la région. On l’ignore allègrement, mais cette Styrie est le deuxième paradis du sauvignon: ici ce cépage est roi ! La cuvée s’appelle Phyllit (c’est un petit nom géologique). C’est un magnifique exemple des caractéristiques du cépage. C’est un archétype pour apprendre et comprendre ce cépage.

En face de lui, la cuvée Tradition du Domaine Gérard Boulay à Chavignol, un grand nom du Sancerre. Le vin est jeune, encore sur la réserve, moins marqué par le cépage, comme toujours chez Boulay. Néanmoins, ça se goûte déjà fort bien, avec de l’élégance et de la profondeur. Idéalement, donnez-lui deux ans avant tire-bouchonnage, votre patience sera récompensée !

Vins blancs: l’Espagne atlantique, albariño de Galice en deux versions

Comparaison très intéressante entre deux Domaines de haute réputation: Forjas del Salnès (Leirana) et Pazo Señorans. Il doit y avoir 5 ou 10 kilomètres entre les deux Domaines et les deux vins sont élaborés avec 100% d’albarino. Les sucres du jus de raisin se fermentent en alcool, mais une autre transformation peut influencer fortement le résultat: la conversion malolactique, autrement la dégradation de l’acide malique (c’est celui de la pomme) en acide lactique, plus faible. Cette conversion est réalisée (Pazo Señorans) ou pas (Leirana). Conséquence: Leirana propose un profil vertical, minéral et acidulé; Pazo Señorans propose par contre de la rondeur, du gras et une acidité plus discrète. A vous de choisir !

Vin blanc: du volcan en bouteille, première étape

Direction les Îles Canaries pour se frotter à un vin qui ne peut cacher son origine, océanique et profondément volcanique: Ce Benje créé par le quatuor Envinate est typique, il sent la mer, il goûte la mer. Une expérience ! C’est évidemment un vin hors sentiers battus, mais il conserve un côté relativement civilisé: je connais des vins canariens plus extrêmes…

Vins rouges: deux profils originaux à petit prix

Bon, d’accord, le duo est un peu tiré par les cheveux. Le Ermita de San Lorenzo est une curiosité en provenance de l’Aragon, province espagnole coincée entre Navarre, Catalogne, Castille et Pyrénées. Très long élevage en tonneaux (c’est un millésime 2020) qui adoucit les tannins jusqu’à leur donner une expression soyeuse. On se rapproche du style « à l’ancienne » pratiqué par exemple en appellation Rioja (Lopez de Heredia). Assemblage peu fréquent: grenache et cabernet sauvignon.

En face, c’est la Calabre, dans le sud de la botte italienne. L’appellation Ciro et le cépage gaglioppo sont emblématiques de la région. Ce Liber Pater du Domaine Ippolito affiche peu de couleur et un nez friand de cerise. Si vous craignez un alcool dominant, …c’est que vous ne me connaissez pas bien ! Ce vin est construit sur son fruit, sa fraîcheur et ses tannins.

Vins rouges: Raul Perez, le magicien de Bierzo (et de la mencia)

Nous avons goûté la cuvée d’entrée de gamme (El Castro de Valtuille) ainsi que la cuvée « village » (Valtuille) du même Domaine, chez Raul Perez, œnologue à forte notoriété (et à longue barbe). Nous avons négligé les cuvées parcellaires, certes célèbres mais facturées allègrement au-delà des € 100 par bouteille de 75 cl. Gloups. El Castro est un vin robuste, puissant, fruité que l’on pourrait résumer en le qualifiant de « deuxième vin » de Valtuille. Le tri se fait à la vendange entre ce qui va aller dans Valtuille et ce qui se retrouve dans ce El Castro, proposé à un prix qui défie toute concurrence !

On se dit peut-être que la cuvée « village » sera encore plus puissante, …mais pas du tout ! Cette cuvée se caractérise par son raffinement, son velouté et sa finesse. Valtuille est un très bel exemple de ce que le cépage mencia peut donner. La différence de prix avec El Castro me semble tout-à-fait justifiée.

Vins rouges: le Rhône Sud, de Cairanne jusqu’à Lirac

Deux nouveaux Domaines dans la gamme d’Anthocyane: Brusset à Gigondas et Marcoux à Châteauneuf-du-Pape. J’ai retenu le Cairanne Vieilles Vignes de Brusset pour sa capacité à conjuguer la volupté de la matière et l’absence d’un alcool excessif. C’est un vin souple, riche, avec une finale qui se tient très bien et des tannins fondus. On est en plein dans le Sud mais sans la fatigue qui peut caractériser les vins avec un alcool important.

Le Lirac de Marcoux propose un tout autre regard sur la même région: ici tout est élégance et concentration. Moins voluptueux et plus concentré. Moins riche et plus tannique. Je suggère soit l’usage de la carafe soit de faire preuve de deux ans de patience. A l’aveugle, m’aurait on annoncé qu’il s’agit d’un Châteauneuf du Pape, je l’aurais cru. Vin noble, sérieux, qui vole très haut.

Vin rouge: Le sourire de la barbera de chez Rinaldi

Tout qui suit les activités d’Anthocyane connait la Barbera d’Alba de Francesco Rinaldi (aujourd’hui remplacé par ses filles). Franchement, je ne connais personne qui n’aime pas ce vin, millésime après millésime. Beaucoup de fruit, une belle fraîcheur « à l’italienne », peu de tannins et un alcool très bien maîtrisé. Potion quasi magique qui garantit le sourire sur le visage du dégustateur, l’expert comme le profane.

Vin rouge: du volcan en bouteille, seconde étape

La paire enfin constituée: nous avons goûté le blanc, voici le rouge. Peu de couleur (c’est absolument normal), nez ouvert et affriolant, notes fumées et minérales. Avant de goûter, on se dit que la bouche sera riche et puissante. Or non: élégance, intensité, salinité salivante. Peu de tannins, ce vin passe en subtilité.

Comme annoncé, une surprise …

J’étais intéressé de connaître l’opinion des dégustateurs par rapport à un Porto de la Quinta Romaneira. Arômes de framboise, douceur joyeuse, pas de lourdeur alcoolique (malgré le mutage à 19,50%). C’est un Porto fruité, direct, destiné à une dégustation maintenant et dans l’année qui vient. Bien sûr, c’est un vin doux. La bouteille ouverte, si elle est refermée avec son bouchon et conservée au réfrigérateur, peut tenir pendant une ou deux semaines. Peut se servir à l’apéro (ce que je déconseille en général avec le Porto), très bien adapté aux desserts aux fruits rouges et noirs. Ou un dessert en soi. Prix très intéressant.

Vu l’enthousiasme du public présent, c’est décidé, ce vin rejoint la gamme ! Il est disponible ici.

Je prends vos commandes jusqu’à ce mardi soir, 25 novembre. Accès direct aux vins de cette dégustation. Les bouteilles seront mises à votre disposition pendant la première quinzaine de décembre.

Semaine 43: bu et approuvé

  • 9 mois après 2023, Clos Sauvage, Beaujolais-Leynes, acheté au Domaine au printemps 2025
  • Lou Maset 2023, Domaine d’Aupilhac, Languedoc, disponible depuis peu dans le magasin (€ 15,00)
  • Vieilles Vignes 2023, Domaine Brusset, Cairanne, bientôt dans le magasin (€ 18,50)

Nouvelles fraîches

Beaucoup de nouveautés: Sancerre, Bordeaux, format « magnum » et le grand retour de Lou Maset (Aupilhac)

Allons-y, tambours et trompettes: arrivée imminente de quatre (vier, quattro, four) Sancerre du Domaine Gérard Boulay.

  • la cuvée Tradition en millésime 2024, délicat, subtil, plus Sancerre que sauvignon,
  • le rosé Sibylle 2024, ce n’est pas un rosé pour l’été, c’est un très beau pinot noir saumoné, intense et concentré ; comme il n’y aura pas d’Oriane en 2024, les raisins pour Oriane ont été utilisés pour élaborer ce rosé),
  • le rouge Oriane 2022, pinot noir très peu coloré, nez affriolant ; concentration, buvabilité, très peu de tannins, grande longueur,
  • …et enfin le Clos de Beaujeu 2023, blanc salin et salivant, déjà grand, sera plus grand encore dans cinq ans, floral, tendu ; je l’ai préféré à son cousin des Monts Damnés.

« Les vins sont entiers, puissants, racés, d’une concentration exemplaire. Mieux vaut les garder quelques années en cave pour en profiter pleinement. Patience donc ! »

Je partage ce point de vue du guide vert de la Revue du Vin de France à 100%. Néanmoins, la dégustation très récente des cuvées ci-dessus montre qu’elles sont très appétissantes, leur charme opère déjà !

Mais si, il m’arrive de vendre du Bordeaux. Voici Le Puy Emilien en millésime 2022. 85% de merlot sans la moindre mollesse, ni la moindre imprécision. Un merlot avec de la race et de l’énergie. Un vin plus classique que le millésime 2020. Plus de couleur qu’à l’habitude. Concentré et assez tannique. 2022 est un grand millésime dans la lignée du 2016. Abordable dès aujourd’hui, mais susceptible de se bonifier en cave.

Le Puy est vendu en Vin de France depuis plusieurs millésimes. Le terme « château » est légalement réservé aux vins d’appellation d’origine contrôlée. Donc Château Le Puy est devenu Le Puy. Cela ne change rien à la qualité du contenu. Disponible dès à présent.

Big bottle

« Le magnum est le format idéal, surtout quand on est deux et que l’autre ne boit pas ». Citation attribuée à Winston Churchill (j’ai l’impression qu’on lui attribue au moins 50% de toutes les citations rigolotes).

Le contenu du magnum évolue plus lentement (longue garde possible), l’objet est esthétique, éminemment festif et il peut se transformer en un cadeau apprécié même par l’amateur légèrement blasé. Argument suprême et d’une subtilité qui m’étonne moi-même : ouvrir un magnum prend moins de temps et moins d’énergie qu’ouvrir deux bouteilles…

Bref, je propose déjà quelques magnums, comme Le Carignan d’Aupilhac 2022, Château les Croisille Divin Cahors 2020 et Grand Clos Yannick Amirault Bourgueil 2021. Ne pas hésiter à me suggérer d’autres références en magnum, l’offre est vaste !

Aupilhac, Lou Maset, do you remember ? Anthocyane a importé en direct les millésimes 2012 et 2013. Lou Maset était un de mes champions, un vin qui plaisait à beaucoup de palais pourtant exigeants. Et puis, le temps est passé par là. Jusqu’à aujourd’hui…

Voici donc le retour très attendu de Lou Maset, en millésime 2023 ! Assemblage de cinsault, mourvèdre, carignan et syrah (il n’y a pas de grenache : les informations sur le site Internet du Domaine n’ont pas été mises à jour). Ce sont certes des jeunes vignes, mais le résultat est bluffant. Un vin puissant, complet, dense qui conserve de la fraîcheur et affiche un grand fruit. Alcool modéré à 13,50%. Origine : terrasses argilo-calcaires à Montpeyroux. Elevage : cuve béton. Disponible dès à présent.

Samedi 27 septembre: on goûte !

-Deux matchs pacifiques :

°pinot noir bourguignon 2023 contre pinot noir allemand 2023

°cabernet franc du Saumurois 2021 contre cabernet franc de Touraine 2021

-Trois nouveaux domaines en Piémont, Loire et Languedoc
-Trois vins élaborés par un grand vigneron grec
-Quatre vins à € 13 ou moins
-Dix régions dans quatre pays
-Seize vins sur le bar

Le programme est complet et il regorge de propositions alléchantes ! Il y en a pour tous les palais. Seize occasions de se faire surprendre ou de confirmer une évaluation antérieure. Nouveaux domaines et nouveaux millésimes. Toujours de 10 à 18 heures, selon la formule habituelle. On échange et/ou on se concentre. On goûte tous les vins ou on fait sa sélection personnelle. On consulte les explications détaillées dans le magasin en ligne ou on se laisse guider par l’humeur du moment. Bref, on passe un bon moment. C’est en tous cas l’objectif de l’auteur de ces lignes.

Parking: n’oubliez pas de placer votre disque de stationnement. Il me revient que les sbires de la commune peuvent faire preuve d’un zèle excessif, même le samedi.

En cerises sur le gâteau, quelques nouveautés qui ne font certes pas partie du programme de la dégustation, mais qui méritent toute votre attention:

Domaine d’Aupilhac, Montpeyroux 2020: cette cuvée-phare est élaborée en majorité avec du mourvèdre et du carignan, cépages qui ont besoin de temps pour donner le meilleur d’eux-mêmes: d’où l’intérêt de ce millésime plus ancien, à point.

Domaine La Croix Gratiot, Picpoul de Pinet 2024: on goûte la cuvée Bréchallune du même Domaine, mais cette entrée de gamme est plus que sympathique et présente un excellent rapport qualité/prix. Un Languedoc blanc qui rime avec fraîcheur citronnée.

Mas des Chimères, Œillade 2024: le millésime 2023 a rencontré un large succès et ce 2024 est au moins aussi réussi: un cinsault charmeur, construit sur la finesse et le fruit. Avis personnel: ce 2024 est même meilleur que le 2023 !

La Madre, Vermouth, White Dry: un vermouth ? Un vin blanc muté et macéré avec des herbes amères ? Et alors ? Goûtez cette nouveauté catalane et on en reparle après. Produit artisanal n’ayant rien à voir avec les produits industriels, vendus en grande distribution.

Spicilège

Spicilège: nom masculin. Recueil de morceaux choisis, de documents variés, d’observations.

Spicilège: mot compliqué et désuet dont j’ignorais l’existence jusqu’à ce matin. Utilisation en titre de cet article pour faire mon intéressant et promouvoir ainsi le taux de lecture du susnommé article.

Le phylloxéra s’attaque aux Îles Canaries

Vous connaissez le phylloxéra, ce puceron d’origine américaine qui s’attaque avec férocité aux vignes européennes et les tue ? Il a ravagé le vignoble pendant la deuxième moitié du XIXème siècle. On a fini par le contrer en greffant les vignes européennes sur des vignes américaines, résistantes. Le porte-greffe constitue la partie racinaire de la vigne, tandis que le greffon est le cépage européen souhaité qui conserve les qualités organoleptiques du vin.

Quelques rares lieux ont échappé à l’animal, en particulier les terroirs sableux (exemple: Camargue, Listel gris) parce qu’il n’arrive pas à s’y mouvoir. Des lieux isolés également, comme Chypre: La majorité des vignes chypriotes sont donc « franches de pieds » (pas de greffe sur vigne américaine). Idem pour Madère et pour Santorin.

Idem pour les Îles Canaries. Sauf que … le phylloxéra vient d’y être observé pour la première fois, sur Tenerife (en particulier à Valle de Guerra et La Matanza de Acentejo). Toute l’île est en effervescence, les vignerons se préparent au combat, des mesures drastiques ont été prises pour contrôler la propagation.

Les Îles Canaries sont un précieux conservatoire de cépages qui n’existent qu’ici. Si le phylloxéra s’installe, le vignoble canarien en sortira profondément modifié. Et les conséquences économiques seront très importantes. Chef d’oeuvre en péril ?

Madère Bual 1966: la perfection

En conclusion d’une dégustation qui avait très bien commencé, j’ai vu apparaître avec stupéfaction un flacon de Madère Bual 1966 élaboré par la Maison Blandy’s. Pour être précis il s’agissait de la bouteille n°616, sur un total produit de 708 bouteilles. La mise en bouteilles a eu lieu en 2015, ce qui signifie que ce 1966 a d’abord passé 49 ans en fûts (chêne américain). Ce très long élevage commence dans le Sotão de Amendoa (le Grenier aux Amandiers, le lieu le plus chaud de la propriété) où les fûts restent pendant dix ans. Puis vingt ans au deuxième étage et enfin dix-neuf ans au premier étage (plus frais). C’est la responsabilité du chef de cave de déterminer à quel moment exact les fûts déménagent.

Analytiquement: alcool 20%, acidité: 8,8 grammes/litre, sucre résiduel: 115 grammes/litre.

Gustativement: un chef d’oeuvre qui coche toutes les cases: complexité, persistance, intensité, équilibre, spécificité. Extraordinaire. 19/20 ou 98/100 comme vous préférez. Et franchement, je me demande pourquoi j’hésite à le noter 20/20. Un moment rare, en lévitation, pendant lequel les émotions sont très intenses.

NB: si vous souhaitez en savoir plus sur ma méthode d’évaluation, rendez-vous ici: Evaluer un vin (au bas de l’article).

Condrieu DePoncins 2023 (François Villard): 97/100

Tant qu’on en est aux très grands vins, en voici un que je suis en mesure de vous proposer. Ce Condrieu (100% viognier, forcément) m’a fait une très forte impression parce qu’il outrepasse tout ce que l’on peut en attendre. Densité et finesse, vibration intense, minéralité dominatrice. Un concentré de la parcelle Poncins.

Rendement: 13 hectolitres/hectare (sic), sol: granite, âge des vignes: 25 ans, élevage de 18 mois: 12 mois en fûtes et 6 mois en cuve inox. Mise en bouteilles: mars 2025. Potentiel de garde: 15 ans. Je parie qu’il sera assez rapidement à son apogée, dès 2027.

Disponible chez Anthocyane au prix de € 55. Commande par e-mail (le vin n’est pas disponible dans le magasin).

Vieux vin toi-même !

Je continue vaillamment à explorer les profondeurs de ma cave personnelle, laquelle a été -sans grande surprise- alimentée en vins importés par Anthocyane entre 2012 et 2015. Il m’arrive bien entendu de tomber sur une bouteille dont les caractéristiques sont celles du vin mourant (dixit Frank Zappa: « jazz is not dead, it just smells funny« ). Mais …

… en règle générale, cela penche bien plus vers la bonne surprise, vers le vin qui se révèle autrement, dans une phase avancée de son existence. Voici ce que cela donne en cette rentrée des classes: un Gaillac 2012 et un Moulin-à-Vent 2011.

Je vous l’assure, celle-là … je n’y croyais pas du tout ! Importé pendant le printemps 2013, ce Vin de France issu du vignoble de Gaillac (Sud-Ouest) s’était vendu avec beaucoup de modestie. Bref, un flop magistral, malgré un prix très légèrement inférieur à € 10. Par contre, le rouge Anthocyanes (sic) avait fait un triomphe, sur deux millésimes consécutifs.

Revenons-en à ce blanc sec en millésime 2012, élaboré avec le cépage mauzac. Lequel mauzac traîne une réputation, comment dire, de platitude ou, du moins, d’un manque chronique de vivacité. Cette absente vivacité susceptible d’être corrigée par la présence d’une amertume qui peut plaire ou déplaire en fonction de vos papilles.

Première gorgée: on retrouve des arômes nets de pomme cuite plutôt agréables, la finale étant par contre dominée par une amertume IPA (bière fortement houblonnée et par conséquent solidement amère). Oups, cela ne se présente pas bien. Or, comme si souvent, il suffit de faire preuve d’un peu de patience. On laisse une bouteille sans la cajoler, pendant plus de dix ans, couchée entre des consœurs avec lesquelles elle n’a pas forcément des affinités et on voudrait qu’elle soit réveillée, en pleine forme dans les cinq minutes qui suivent son ouverture (« plop » dit l’onomatopée). Franchement, c’est déraisonnable.

Après quelques minutes dans le verre, se réchauffant légèrement et aspirant l’air à pleins poumons, ce mauzac se met en place, harmonise ses composantes et intègre une toute petite amertume qui contribue à son équilibre. Est-ce plat ? Non, que non. Ce n’est évidemment pas un monstre de vivacité, mais cela n’empêche aucunement ce vin de donner du plaisir, sensuel en diable. Une gourmandise ! Il aurait été fort sot de le passer dans l’évier de la cuisine sous prétexte de son amertume initiale.

Le Domaine de Brin fait aujourd’hui partie des valeurs sûres à Gaillac. Damien Bonnet est toujours à la tête de ce Domaine. Le guide 2026 de la Revue du Vin de France lui attribue une étoile et note son Mauzac 2023 à 91/100.

Ah celle-ci m’interpellait parce que vinifiée (quasi) sans soufre. Du vin nature 13 ans après vendanges ? Philippe, fais attention, tu commences à perdre la tête ! Oui, mais c’est du Moulin-à-Vent (Beaujolais, 100% gamay) qui a la réputation de bien vieillir, surtout en millésime 2011.

Château des Bachelards, chez Lilian et Sophie Bauchet. Le Domaine a changé plusieurs fois de propriétaire. J’ai fini par perdre la trace de Lilian, à mon avis toujours actif dans le vin (nature) quelque part en Beaujolais.

« Replop » dit l’onomatopée. Cela embaume la cerise nordique, avec une petite acidité volatile. Je pense que l’œnologue orthodoxe fusille déjà ce vin, parce que l’acidité volatile est un vilain défaut: pour mon humble nez, c’est une simple touche de complexité supplémentaire. En bouche, c’est toujours fruité, très peu tannique, avec quelque chose du Pajottenland, tendance bière bruxelloise acide. En toute franchise, cette bouteille cumule quelques défauts, mais ces défauts -peu marqués- lui donnent de la personnalité et en révèlent le charme. Nous avons fini le flacon le sourire aux lèvres et c’était 24 heures après son ouverture. Donc même le deuxième soir, ça passe !

Anthocyane a vendu ce vin en 2013, au prix de € 14,00.

C’est du vin, oui ou non ?

La presse nationale bouillonne à nouveau autour du vin « light » (???), pauvre en alcool, à teneur réduite en alcool, désalcoolisé, etc…et du vocabulaire à imprimer sur l’étiquette.

Après une période « plus c’est riche et puissant, plus il y a de l’alcool, meilleur c’est », le balancier est reparti dans le sens inverse, l’alcool étant perçu comme un mal nécessaire. De nombreux spécialistes de la santé affirment aujourd’hui que ce n’est pas l’abus d’alcool qui nuit à la santé, mais qu’il n’existe pas de seuil de consommation sans risque: le premier verre serait déjà nocif. A noter malgré tout qu’il n’y a pas de consensus à ce sujet.

Je n’ai jamais caché que, toutes choses étant égales, je préfère un vin à 12,50% qu’un vin à 15,00%. Mais je ne rejette pas les vins riches en alcool lorsque cet alcool participe à l’équilibre et à la typicité du vin. J’aime beaucoup les vins doux naturels (vins mutés à l’alcool) qui titrent plus de 15,00% et je ne compte pas m’en priver.

Evidemment, le débat actuel est lié à un tout autre phénomène: l’apparition de boissons élaborées avec du raisin ayant subi une fermentation, mais qui ne contiennent (presque) pas d’alcool ou qui en contiennent en tous cas beaucoup moins que ce à quoi nous sommes habitués.

On peut se demander si c’est l’offre qui a créé la demande ou si c’est la demande qui a suscité l’offre, mais il est indéniable que ces boissons désalcoolisées ont le vent en poupe, malgré des caractéristiques organoleptiques (très) décevantes. Autrement dit, c’est (très) mauvais, mais cela semble répondre à un besoin. Pour rappel, de (très) mauvais vins se vendent, s’achètent et se boivent, à la satisfaction manifeste des buveurs (très) peu exigeants qui s’en contentent et en redemandent.

Vous aurez remarqué que j’utilise le terme « boisson » pour ces produits et non le terme « vin », dans le respect de la législation européenne qui stipule que la teneur minimale en alcool du vin doit être de 8,50%. Les spécialistes me rétorqueront qu’ils ont goûté des vins à 8,00% voire à 7,50% et qu’il y a donc une couille dans le potage (j’utilise cette expression triviale dans le but de prouver que cet article n’a PAS été écrit par une intelligence artificielle).

Oui, mais non. La législation européenne autorise, pour certains zones septentrionales, une teneur minimale de 7,00%. Cela permet en particulier aux vins allemands de type beerenauslese et trockenbeereauslese de faire partie de la famille. Il existe même quelques dérogations spécifiques comme celle accordée au Tokaji Eszencia hongrois qui titre parfois …3,00%. Ce vin, excessivement rare et cher, extraordinairement doux, est issu d’une tradition multiséculaire et mérite bien de ne pas être exclu !

Donc, voilà. Pour faire simple, est vin le produit obtenu exclusivement par la fermentation alcoolique du raisin frais (le raisin sec, type Corinthe, est prié d’aller voir ailleurs si j’y suis – deuxième expression triviale dans le but de prouver …blabla … voir plus haut) et sa teneur minimale en alcool doit être de 8,50%. Certains vignerons (par exemple dans la Loire) renoncent parfois au terme « vin », remplaçant celui-ci par la périphrase « moût de raisins partiellement fermenté, issu de raisins passerillés » lorsque la teneur minimale en alcool n’est pas atteinte.

Philippe, vas-tu enfin te décider à aborder le véritable sujet de cet article ?

OK, je m’égare. Voici ma question: puisque les boissons désalcoolisées ne répondent pas à la définition du vin, pourquoi s’obstine-t-on à trouver des périphrases biscornues pour les intégrer, par la fenêtre, à la famille des vins ?

La réponse est simple: parce que certains lobbies y ont intérêt. « Vin », c’est commercial, c’est clair pour 99% des consommateurs alors que tout autre terme serait forcément moins bien compris. Réponse certes simple, mais à mon sens très mauvaise.

Pour l’instant, les parties prenantes au débat discutent pour savoir si « vin à teneur réduite en alcool » est une bonne façon de communiquer. Le SPF Santé Publique bloque parce que « qualifier ainsi un vin à 6,00% revient à tromper les consommateurs et à fragiliser les politique de santé publique. » (Le Soir, Anne-Sophie Leurquin, 03 09 2025). Argument: dans le monde de la bière, 6,00% ce n’est pas du tout une teneur réduite en alcool. Les lobbies du vin affirment au contraire que tout consommateur sait que le vin titre en général entre 11,00% et 15,00% et que, en conséquence, un produit à 6,00% serait reconnu sans aucun doute comme ayant une teneur réduite en alcool.

Le débat est bien entendu beaucoup plus complexe que ce qui est mentionné ici. Par exemple, si on se met d’accord sur une terminologie dans une langue, comment s’assurer que la traduction soit « parfaite » dans toutes les langues de l’Union ? Que pensez-vous de alcoholarme wijn en néerlandais ? De low-alcohol wine en anglais ?

Bonne chance aux négociateurs. Quant à moi, je maintiens et persévère: ces boissons ne sont pas des vins, donnez leur donc un autre nom: par exemple, jus de raisin fermenté et désalcoolisé. Moins sexy que « vin », mais bien plus proche de la réalité.

NB: Sur un terrain connexe de ce qui précède et pour vous payer une bonne tranche de franche rigolade, n’hésitez pas à jeter un coup d’œil au site Internet de Pure The Winery, une entreprise qui vend des vins à 10,50% dont toute la communication est basée sur … »chez nous, zéro sucre ».

Voici un exemple croquignolet. Question: quelle quantité de sucre y a-t-il normalement dans un verre de vin ? Réponse: selon le centre néerlandais de nutrition, il y a en moyenne 8,9 grammes de sucre dans un verre de vin de 150g/ml. Cela représente plus de deux morceaux de sucre par verre. Hallucinant…

Vous trouverez sur ce même site d’autres affirmations farfelues -voire mensongères- qui ne peuvent que susciter le rire. N’empêche, pauvre consommateur …

Nouveautés

J’ai fait le ménage dans la rubrique « nouveautés » du magasin. Cela dit, il y a de quoi aguicher, affrioler, émoustiller, allécher …

On commence par un nouveau domaine en Piémont: La Ca Növa di Rocca. J’ai sélectionné leur Langhe Nebbiolo, majoritairement élaboré avec les jeunes vignes du cru Ovello, en appellation Barbaresco. La Cà Növa di Rocca est un petit domaine historique qui se préoccupe peu de communication moderne: pas de site Internet.

Voici le nouveau millésime du Gentil de Meyer-Fonné. En Alsace, le terme « Gentil » désigne un assemblage de cépages nobles. Comme un edelzwicker en version haut de gamme. Ce 2024 est clairement dominé par la paire pinot blanc et riesling: c’est la rondeur du pinot blanc mariée à la vivacité du riesling. La présence du muscat dans cet assemblage est discrète.

Dans une autre vie, j’ai importé les vins du Domaine Frédéric Mabileau en direct. Via un importateur, j’ai pu mettre la main sur quelques bouteilles du délicieux Chenin des Rouillères 2024. Bio et biodynamique, peu de sulfites. Oups, je constate qu’il ne m’en reste déjà plus que 6 bouteilles…

Je suis de plus en plus enthousiaste lorsqu’il s’agit des vins du Domaine André Bonhomme en Mâconnais. J’ai été soufflé par le Viré-Clessé Les Brenillons 2023: profond, long et salin ! La RVF de juin 2025 lui accorde un 92/100 bien mérité.

Un vermouth ? Oui, un vermouth artisanal élaboré en Catalogne. Du vin blanc agrémenté d’une kyrielle de plantes aromatiques, macérées dans l’alcool pour en extraire tous les arômes. Domaine La Madre.

Et il y a beaucoup d’autres tentations, certaines d’entre elles en quantité très limitée. Il suffit de cliquer sur le bouton:

Thymiopoulos

Certains vignerons ont la carrure pour incarner un cépage ou une région. Pour devenir la référence à laquelle les autres sont comparés. Pour être la locomotive à laquelle s’accrochent d’autres talents. Apostolos Thymiopoulos est Monsieur Xinomavro (= le cépage) et Monsieur Naoussa (= la région).

Selon Decanter, Thymiopoulos est l’un des vignerons qui tire les vins grecs vers un futur innovatif et une reconnaissance mondiale.

Selon Hugh Johnson, Thymiopoulos est un producteur superstar à Naoussa et à Rapsani. Des xinomavro accessibles et stimulants.

Les fiches individuelles des quatre vins ci-dessous sont disponibles ici.

Nous sommes dans le nord de la Grèce, entre Thessalonique à l’est et l’Albanie à l’ouest.

Je vous présente quatre vins, du blanc léger jusqu’au rouge haut de gamme. J’aurais voulu vous en proposer plus, mais je suis limité par ce qui est disponible chez l’importateur. Allons-y:

Atma est un blanc, assemblage du rare cépage local malagousia et du xinomavro, cépage rouge, vinifié comme un vin blanc, en évitant de laisser les peaux des raisins en contact avec le jus de ces mêmes raisins. Cela demande du doigté et de la maîtrise. Vin aromatique, frais et joyeux, idéal à l’apéro. Note citronnée dans le millésime 2024. Devrait plaire aux amateurs de Leirana (Galice). Léger en alcool (12%), original sans être exotique. Excellent rapport qualité/prix !​

Les vins orange sont à la mode: on en parle dans toutes les revues spécialisées, nombreux sont les vignerons qui en proposent au moins un dans leur gamme. Sans surprise, le pire côtoie le meilleur. L’opportunisme ouvre trop souvent le chemin à la caricature. L’imitation mal digérée de modèles couronnés de succès se termine en eau de boudin. Heureusement, lorsque le vigneron fait dans la nuance et la subtilité, des vins orange originaux et complexes secouent les préjugés et offrent de belles expérience de dégustation. Je vous présente le Blanc des Coteaux Cuvée Amphore 2023, un vin que je qualifie volontiers d’orange pâle. La macération des peaux est brève: l’impact en est limité, on a surtout affaire à un grand vin blanc sec qui puise un peu de complexité additionnelle dans son mode d’élaboration. Cépages: malagousia, aidani, vidiano, assyrtiko.

Naoussa, c’est le terrain de prédilection du cépage xinomavro (littéralement acide-noir). Par goût assumé de la contradiction, je vous présente donc Young Vines 2022, un 100% xinomavro qui ne distingue ni par sa couleur très sombre, ni par une acidité féroce.

Le xinomavro est régulièrement comparé au nebbiolo (Barolo et Barbaresco en Piémont), même s’il n’y a aucune proximité génétique entre les deux cépages.

Je suis presque au bout du stock en millésime 2022, mais le 2023 est déjà disponible chez l’importateur, au même prix. Je passe en toute confiance d’un millésime au suivant.

Enfin voici la grande cuvée Terre et Ciel 2023, l’incarnation du cépage xinomavro !

Vignes de 45+ ans. Les meilleures parcelles: 70% près du village de Trilofos, 30% près de Fytia. Les altitudes se répartissent entre 150 et 650 mètres. Calcaire et schiste avec de l’argile en surface.

Elevage de 18 mois en barriques de 500 litres (barriques de trois vins).

Ces quatre vins font partie de la gamme d’Anthocyane. Leurs fiches individuelles et l’outil pour passer commande sont disponibles ici.

Bonnes surprises

Il m’arrive de plonger dans ma cave personnelle et d’y pêcher un flacon dont la date de péremption est largement dépassée. Enfin, du moins selon la théorie du vieillissement en cave qui affirme que point trop n’en faut, en particulier pour les « petites » appellations.

Voici deux contre-exemples qui m’ont enchanté. D’abord un Irancy 2006 du Domaine Colinot. Plus précisément la cuvée issue du lieu-dit Palotte. Irancy, vous voyez ? Une petite tache de vin rouge au milieu de l’océan des vins blancs du Chablisien. Village-rue entouré par des coteaux de vignes « en fer à cheval » (pas de vignes au sud-ouest). Le village se situe au sud-ouest de Chablis et au sud-est d’Auxerre. L’Yonne y coule. On est en Bourgogne.

A propos de l’Yonne, le lieu-dit Palotte est le seul dont les coteaux descendent vers la rivière, en exposition sud. Terroir de type calcaire kimméridgien, comme à Chablis. Assemblage de 95+% pinot noir et d’une pincée de césar, le cépage hyper-local, en complantation.

On recommande en général de boire les meilleurs Irancy avant qu’ils n’aient atteint l’âge vénérable de 10 ans. Et la plupart des Irancy sont en fait destinés à une consommation rapide, sur leur fruit.

Palotte 2006 devrait donc glisser sur la pente (vachement) descendante et ne réserver que tristesse et déception à l’amateur qui a « oublié » cette bouteille dans sa cave. Erreur ! Grossière Erreur !

Ce vin est en pleine forme: un pinot traditionnel avec un fruit succulent et un équilibre d’anthologie. Une robe légère, avec un peu d’évolution. Je craignais une possible amertume excessive, mais celle-ci brille par son absence. Il y a de l’énergie et de la précision. De la cerise et de la fumée. Un régal ! A noter que ce vin n’est PAS passé par le fût. Comme la plupart des pinots noirs, ce vin est meilleur endéans les 24 heures qui suivent l’ouverture du flacon. Après, cela se dégrade, avec un peu de rusticité et une petite crispation sur les tannins.

Bouteille achetée en 2008 au Domaine au prix de € 14.

Anthocyane a vendu les millésimes 2011 et 2012 du Domaine Colinot, en importation directe. Cuvées Palotte, Les Mazelots, Côte de Moutier, Très Vieilles Vignes, etc… Le Domaine vend aujourd’hui € 30 les millésimes récents.

Enchantement, chapitre 2. Cette fois-ci, c’est l’Alsace qui s’y colle, avec un vin « hors piste » à savoir Trovium 2010 du Domaine F. Mochel. L’Alsace s’organise autour de mono-cépages, riesling, pinot gris, gewürztraminer, etc… Celui-ci fait exception. L’Alsace n’utilise en général pas de contenants en bois. Celui-ci fait exception.

Le Domaine Mochel se situe à Traenheim, pas bien loin de Strasbourg. Il est entre les mains de Guillaume depuis une quinzaine d’années. Trovium, c’est le nom latin du village.

J’ai goûté ce vin et ce millésime en décembre 2013. Voici ce que j’avais noté à l’époque: pinot blanc 50%, pinot gris 50%, fermentation et élevage en barriques. Nez boisé, presque bourguignon. Aromatique de pinot gris beurré, avec de l’orange. Bouche de chardonnay boisé, pas de sensation alcooleuse. Sec et gras.

Dans la foulée, Anthocyane a vendu cette cuvée avec un succès qui s’est limité à l’estime (€ 19,90). Sans doute trop déstabilisant par rapport à l’image que l’on se fait de l’Alsace.

Je craignais que, 15 ans plus tard, ce vin ait conservé l’impact du bois et perdu son fruit. Erreur ! Grossière Erreur ! Après avoir été subjugué par une robe dorée lumineuse et intense (qui pourrait annoncer un vin liquoreux ou un vin oxydé ou un vin fortement boisé), le nez m’affriole: beaucoup de fruit (zeste d’orange). Une évolution vers les parfums de la forêt en automne trahit son âge. Il y a de la joie dans cette bouteille ! La bouche est parfaitement sèche et elle a absorbé le boisé. Riche sans la moindre mollesse. Très belle finale, nette, ciselée. Et il y a de la fraîcheur ! Grand vin de gastronomie.

A ma connaissance, cette cuvée a cessé d’exister: pas de millésimes jeunes.

Comme quoi, ne pas attendre grand-chose d’une bouteille ancienne que l’on tire-bouchonne lorsqu’il est, soi-disant, trop tard offre une vraie carte blanche aux bonnes surprises. Le repas s’éclaire, la conversation gagne en esprit, le temps est remonté et on se souvient…

La dégustation du 26 juillet: que retenir

15 vins plus tard, voici ce que j’ai retenu de cette dégustation. J’ai marqué d’une étoile (*) les 6 vins qui m’ont fait la meilleure impression, dans leur catégories de prix respectives.
Vins mis à votre disposition pendant la première quinzaine du mois d’août.
Vous pouvez également consulter les fiches détaillées des vins sélectionnés via cette page. Je recommande chaudement de parcourir ces fiches, elles regorgent d’informations supplémentaires: pour faire un choix éclairé.

Les sept premiers vins sont blancs, les six derniers sont rouges. Et les deux rosé sont au milieu.

Ce ne fut pas un grand succès populaire, la date -choisie avec une témérité certaine- s’avérant peu porteuse. J’affirme néanmoins que les participants ne se sont pas ennuyés, ayant goûté des vins singuliers, étonnants, (a)typiques, charmants et charmeurs.

Et une surprise pour clore la dégustation: voir en fin d’article le vin en supplément.

Lafage, Côtes Catalanes, Centenaire 2024 (€ 13,00):

Aromatique et frais, Centenaire a fait honneur à ses vignes -qui l’eût cru-, centenaires: un vin souriant, exubérant, sur le fruit bien mûr. Vin de tous les jours qui ne déplaira à personne, grâce à un parfait équilibre entre rondeur et vivacité. Le vin sympathique par excellence.

(*) La Janasse, Côtes du Rhône 2024 (€ 14,00):

Domaine bénéficiant d’une grande réputation pour ses Châteauneufs-du-Pape. A noter le passage en bio (après trois années de conversion) et le degré alcoolique particulièrement léger (12,50%). Comparaison instructive avec le vin précédent: sud de la France, millésime 2024 et assemblage basé sur le grenache blanc/la roussanne. Celui-ci est moins exubérant, moins extraverti, plus en finesse et en élégance.

(*) Albet i Noya, Penedès, 3 Macabeus 2022 (€ 14,50):

Le Domaine est un -voire le- pionnier du bio et de la biodynamie en Espagne. Etonnant de déguster un vin citronné sous cette latitude ! C’est punchy en diable ! Une expression spécifique du cépage en macabeu de vieilles vignes. A l’aveugle, personne ne mentionnera ni la Catalogne, ni l’Espagne. Se goûte très bien maintenant (le millésime 2022 a eu le temps requis pour se fondre harmonieusement).

(*) Forjas del Salnes, Rias Baixas, Cies 2023 (€ 21,00):

Voici le premier membre d’une comparaison galicienne: un vin océanique (le vignoble est planté en face de l’île de Cies), 100% albariño. Et océanique, il l’est ! Verticalité saline, minéralité, demi-puissance mais précision diabolique. Il faut oublier l’ananas qui caractérise souvent le cépage: la structure domine l’aromatique. Cies m’évoque parfois le riesling, cette fois-ci, je l’ai trouvé chablisien.

Rafael Palacios, Valdeorras, Louro 2023 (€ 25,00):

Voici le deuxième membre de la comparaison galicienne: un vin montagnard (comptez 3 heures de route pour rejoindre l’océan), 100% godello. Style radicalement différent du précédent: ils n’ont vraiment que la région et le millésime en commun. Le nez commence sur un léger boisé fumé très élégant. Le vin est dense, crémeux et m’évoque plus l’automne que l’été. Chaque fois que je le déguste, ce vin m’épate: on croit l’avoir compris à la première gorgée, puis l’on se compte qu’il y a des couches de goût l’une par-dessous l’autre. A boire sans hâte ni frénésie.

Nicolas Maillet, Bourgogne Aligoté 2023 (€ 24,00):

Un peu comme le Muscadet, l’aligoté a été négligé pendant une longue période sous prétexte qu’il serait d’une acidité rédhibitoire et d’une maigreur déprimante. Aujourd’hui, chez les meilleurs vignerons, les choses ont radicalement changé. Pensons à l’appellation Bouzeron (toujours 100% aligoté), aux aligotés parcellaires de Sylvain Pataille et à la mise en avant du cépage en période de bouleversement climatique. Nicolas Maillet répète en 2023 le magnifique 2022: bien sûr le vin est vif, mais il présente aussi beaucoup de gras et une pureté d’anthologie. C’est absolument délicieux ! A l’aveugle, qui mentionnera le cépage ?

(*) Nicolas Maillet, Mâcon-Verzé, Le Chemin Blanc 2023 (€ 29,00):

Le 2022 constituait une réussite majeure, sans doute difficile à égaler. A ma modeste échelle, j’en ai vendu beaucoup. C’est un vin important pour Anthocyane. Il y a quelques semaines, en m’apprêtant à déguster le millésime 2023, Je ressentais un certain stress: serait-il à la hauteur de son prédécesseur ? Pourrais-je le recommander à ceux et celles qui ne l’auront pas goûté ? Ouf, la réponse est un oui majuscule. Samedi, il a été éblouissant. Le Chemin Blanc est décidément un grand vin, à la perfection technique impressionnante. Certains diront qu’il lui manque un grain de folie. M’ouais …: quelle pureté, quelle intensité, quelle persistance !

Shelter Winery, Baden, Rosé de Noir 2024 (€ 14,00):

Un rosé de pinot noir d’une grande délicatesse: le profil est presque celui d’un vin blanc. Ne pas servir au jardin en accompagnement de viandes grillées, il n’y résisterait pas. Son destin est de s’accorder avec des salades ou d’autres plats légers. Rosé aérien et subtil, ce qui me semble plutôt rare dans cette catégorie de prix.

Yves Leccia, Île de Beauté, YL (rosé) 2024 (€ 18,00):

Rien à voir avec le vin précédent, si ce n’est la couleur et le millésime. Voici un rosé gourmand, frais et assez puissant, prêt pour toutes les batailles, de l’apéro jusqu’au poisson grillé. Quelques petits tannins qui contribuent à l’énergie dégagée par ce niellucciu. S’il n’est pas bu en 2025, il sera tout aussi bon en 2026.

Gilles Bonnefoy (La Madone), Côtes du Forez, Diorite 2024 (€ 14,00):

Nouvelle cuvée de jeunes vignes, sur granit (ce n’est donc pas un terroir volcanique). Ne pas confondre avec Dacite. Rouge léger, à boire frais. Substitut intéressant pour celles et ceux qui fuient le rosé ou qui souhaitent se donner le choix des armes. Très léger en alcool, couleur assez pâle. Poivré et fruité. Pas de tannins. Certes gamay, mais pas Beaujolais.

Envinate, Albahra 2023 (€ 16,50):

L’étiquette ne permet pas de percer le mystère de ce vin d’altitude (800 mètres !), élaboré dans l’arrière-pays de Valence (en Espagne, pas en France). Je suis frappé par la matière voluptueuse et soyeuse, avant le retour de bons tannins. C’est fruité et épicé, avec passage par le bois pour le rare cépage moravia.

(*) Gilles Bonnefoy (La Madone), Urfé, Mi-Noir Mi-Bouze 2024 (€ 17,50):

Une curiosité, à savoir l’assemblage du gamay « classique » avec un gamay « pas classique du tout »: le gamay de Bouze (avec un « z », j’insiste). La signature est celle du millésime 2024 au Domaine (léger en alcool, pimpant), mais avec beaucoup de concentration. Fruits noire et intensité. Profil un peu sauvage, mais moins qu’en 2023. Terroir volcanique. Vin nature (0% de soufre), à boire de préférence en une unique journée. Et vous avez ma parole: ce vin est loyal et marchand. Pas de compromis !

Alegre Valgañon, Rioja, Tinto 2021 (€ 18,00):

Vin qui a bénéficié de quelques années de vieillissement en cave. Puisque l’importateur le propose encore, autant profiter de ce grand millésime en Rioja. Vinification classique, avec une volonté de reconnecter avec les méthodes ancestrales. On se situe beaucoup plus près du style « Lopez de Heredia » que du style « Roda ». Vin fondu, assez puissant, prêt à boire.

(*) Viticola Mentridana, Mentrida, El Mentridano 2022 (€ 19,50):

Sans doute le vin le plus surprenant proposé pendant cette dégustation. Un 100% grenache comme on n’en boit jamais. Provenance: Sierra de Gredos (au sud-ouest de Madrid), le nouvel Eldorado des « grenachophiles ». Couleur très pâle, nez parfumé, bouche pleine de jus et de matière. Certes 14,50% d’alcool, mais sans impact négatif sur la dégustation. Je suis plus que séduit. Selon l’adage, cela ne plaira pas à tout le monde mais j’assume ! Vin qui plonge ses racines (sic) dans un passé presqu’oublié.

Vietti, Langhe, Perbacco 2022 (€ 25,00):

Après un 2020 d’anthologie, ce Perbacco 2022 fait presqu’aussi bien, ce qui n’est pas peu dire. Assemblage de jeunes vignes, en partie à Barolo et en partie à Barbaresco. J’essaye d’éviter ce type de comparaison mais dans le cas qui nous occupe, je fais exception: petit Barolo me semble tout-à-fait pertinent ! Un nebbiolo jeune et pourtant accessible ? Perbacco est la réponse. Bien sûr, il y a du tannin, le cépage ne se prêtant pas à l’absence de tannins. Mais c’est équilibré, fruité, épicé et ne demande qu’à escorter une viande rouge. Maintenant ou dans cinq ans.

Et en supplément au programme : La Madre, Vermouth, White Dry (€ 16,00):

Donc un vermouth, à savoir des plantes et des herbes aromatiques macérées dans l’alcool qui extrait les arômes, puis filtration de ce liquide et mélange à un vin blanc, en l’occurrence catalan (grenache blanc et macabeu). On ajoute du sucre et on mute jusqu’à obtenir un degré d’alcool de +/- 17%. On termine par un élevage en tonneaux.

J’ai profité de la présence des participants à la dégustation pour tester ce produit étonnant. Cela a manifestement plu, certains dégustateurs souhaitant en acheter.

Le vermouth peut se boire nature, additionné de glaçons et de tonic ou comme base de nombreux cocktails. Il permet d’abaisser le titre d’alcool du mélange lorsqu’il est ajouté à un alcool à 40%. La présence de sucre dans le vermouth va adoucir le mélange tout en apportant des notes aromatiques, d’où un cocktail plus complexe. On le retrouve ainsi notamment dans le Negroni, l’Americano et le Manhattan.

Une fois la bouteille ouverte, peut se conserver au réfrigérateur pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Peut également être utilisé -en petite quantité- pour aromatiser une sauce.

J’ai marqué d’une étoile (*) les 6 vins qui m’ont fait la meilleure impression, dans leur catégories de prix respectives.
Vins mis à votre disposition pendant la première quinzaine du mois d’août.
Vous pouvez également consulter les fiches détaillées des vins sélectionnés via cette page. Je recommande chaudement de parcourir ces fiches, elles regorgent d’informations supplémentaires: pour faire un choix éclairé.

Miscellanées

Un weekend pas trop loin de Bruxelles et un vignoble réputé ? Vous me répondrez sans doute via quelques bulles champenoises, entre Reims et Epernay. Voici néanmoins une alternative plus originale, voire légèrement exotique pour nous les francophones: Trier, capitale de la Moselle allemande, terroir d’excellence pour le riesling. Trois heures de route pour se plonger dans une autre culture du grand vin.

Un peu de vocabulaire, à titre de trousse de premier secours: « alte Reben » = vieilles vignes; « feinherb » = demi-sec; « grosse Lage » = terroir grand cru; « edelsüß » = moelleux/liquoreux; « Sekt » = bulle élaborée en méthode traditionnelle; « Ortswein » = vin de village (sur le modèle bourguignon); « Ruwer » = affluent de la Moselle et sous-région particulièrement recommandable; « Spätburgunder » = pinot noir., …

Prévoir une pause pendant votre visite du centre (très) ancien de Trier: Das Weinhaus. Caviste très bien achalandé et wine bar typique, avec petite restauration.

Une idée de ce que vaudra le futur millésime 2025 ? Non, bien sûr que non. C’est déjà difficile quand les raisins ont été vendangés, alors faire des prévisions en juillet, décidément non. Malgré tout, sans aucune prétention scientifique, je surveille chaque été notre mûrier.

Les participants aux dégustations du samedi le connaissent bien, il se trouve juste à côté de la porte d’entrée. Exposition nord-est. Planté il y a plus de vingt ans. Ce murier bénéficie de la chaleur que lui rend le mur contre lequel il s’appuie. Il subit périodiquement une taille vigoureuse.

Bilan 2025: plusieurs récoltes en juillet de fruits bien mûrs, présentant un équilibre idéal entre sucrosité et acidité. Couleur violacée qui révèle la présence massive d’anthocyanes. Très peu de fruits pourris. Une excellente année précoce ! Le temps où il fallait attendre le mois d’août pour déguster les mûres semble révolu.

La Bourgogne est un mystère. La Bourgogne est insondable et impossible à résumer. Elle génère émerveillements et frustrations. Elle ne garantit jamais rien. Une réflexion qui mérite le partage: Achetez les vins des meilleurs vignobles et des meilleurs producteurs lors des pires millésimes. En grand millésime, achetez les simples bourgognes et les villages de presque n’importe qui …et économisez de l’argent.

Méfiez-vous du vigneron qui tente de transformer un petit millésime en grand millésime en faisant appel à des artifices (dont il ne vous dira rien). Un petit millésime peut être charmant et équilibré. Un petit millésime maquillé ne sera ni l’un ni l’autre.

Je vous invite à participer à la dégustation de ce samedi 26 juillet, entre 10 et 18 heures. Le programme est finalisé. Ce sera majoritairement franco-espagnol. 15 vins sur le bar. Un rosé corse et un rosé allemand. Deux cuvées du Domaine de la Madone dont l’étonnante Mi-Noir Mi-Bouze (tout un programme). Catalogne, Rioja, Galice et d’autres régions espagnoles. La cuvée Centenaire de Lafage, particulièrement réussie en 2024. Deux fois l’incontournable Nicolas Maillet en millésime 2023. Et le nouveau millésime de la cuvée Perbacco de Vietti (Piémont).

Je prends vos commandes dès à présent et jusqu’au mardi 29 juillet inclus. Mise à disposition des vins pendant la première quinzaine du mois d’août.

Il n’est pas rare d’entendre un dégustateur commenter un vin moelleux en affirmant qu’il a mangé ses sucres. C’est un phénomène moult fois observé: après un (long) vieillissement en cave, certains vins moelleux se goûtent presque secs. Comme si les sucres avaient fait leurs valises pour disparaître … en douce.

Or, analytiquement, il n’en est rien. Les sucres sont toujours présents. Je cite la Revue du Vin de France de juillet/août 2025: le Château d’Yquem cofinance une thèse visant à lever le voile du mystère qui entoure ce prodige sensoriel.

Comme quoi, les sucres ont la faculté de se faire discrets, avec la complicité du temps qui passe…

Et voici les Gigondas BLANCS !

Article rédigé par Bernard Arnould, client chez Anthocyane et journaliste-vin depuis 1992.

Tout amateur de vins du Rhône est familier avec l’appellation Gigondas et ses rouges historiquement riches et denses. Le grenache noir occupe une place de choix sur les quelques 1.200 hectares en plantation. Alors qu’elle fête en 2025 les 55 ans de son accession au statut de cru, l’appellation du nord du Vaucluse, se déguste désormais aussi en blanc depuis le millésime 2023.

Le terroir à blancs de Gigondas

Des terrasses alluviales au sol sablo-argileux s’étendent sur un vaste plateau jusqu’aux contreforts des Dentelles de Montmirail. Leur grande perméabilité permet un assèchement aisé du sol en cas de pluie, évènement devenu plutôt rare il est vrai… Au-dessus, sur les pentes et les coteaux grimpant jusqu’à 400 m, les vignobles en terrasses s’étendent sur des sols marno-calcaires. Georges Truc, renommé géologue rhodanien, explique que là-haut, des sols avec éboulis et colluvions calcaires posés sur des marnes conviennent particulièrement bien pour faire du blanc. En particulier grâce à …

La clairette blanche

… un cépage typiquement méridional, probablement originaire de l’Hérault, mentionné dès 1575. C’est une variété rustique très bien adaptée à la sécheresse et aux conditions climatiques méditerranéennes. Elle s’adapte aux sols calcaires, secs et peu fertiles. Ce cépage donne un vin frais salin et acidulé, aux arômes d’amande grillée, de fleurs, de fenouil, de tilleul, d’abricot et de pêche, avec une légère amertume en finale. Le terroir détermine largement le style de la clairette, plus ample et charnue ou plus saline et élancée, sans oublier néanmoins la patte du vigneron. La clairette (je risque le rapprochement !) est le riesling du sud avec sa capacité à exprimer de façon transparente l’identité de son lieu de naissance. Si le cahier de charge de l’AOP autorise d’autres cépages tels les bourboulenc, clairette rose, grenache blanc et gris, marsanne, roussanne et piquepoul blanc à raison de 30% maximum, les cuvées les plus marquées terroirs oscillent entre 100 et 70% de clairette blanche.

Une belle illustration de Gigondas blanc

La Bouïssière est le domaine de Gilles et Thierry Faravel, 2 frères qui ont été rejoints en 2023 par Maéva leur nièce, l’avenir du domaine. 20 ha de superficie produisent 95% de rouges en Gigondas, Vacqueyras et Beaume de Venise. Leur unique hectare de clairette, jeunes et vieilles vignes plantées sur safres, délivre un vin élancé, tout en fraîcheur saline, avec un grain minéral venant chatouiller une matière à la texture onctueuse et aux arômes de fenouil, de fleurs et d’agrumes discrets. Voilà un vin qui associe délicatesse et présence en bouche jusqu’à une finale au noble amer d’amande. Réjouissez-vous, Maéva a l’intention de planter plus de clairette sur « la montagne », comme elle nomme les magnifiques coteaux de 350 à 400 m au sol calcaire sur les contreforts des dentelles de Montmirail. L’adéquation cépage-sol/sous-sol devrait donner à ce futur blanc une énergie peu commune. A suivre donc…

Compte-rendu de la dégustation

15 vins plus tard, voici ce que j’ai retenu de cette dégustation. J’ai marqué d’une étoile (*) les 6 vins qui m’ont fait la meilleure impression, dans leur catégories de prix respectives.
Vins mis à votre disposition pendant la première quinzaine de juin.
Vous pouvez également consulter les fiches détaillées des vins sélectionnés via cette page.

Les six premiers vins sont blancs, les huit derniers sont rouges. Et le rosé est au milieu.

Sous une météo pluvieuse et venteuse qui condamnait la terrasse et le jardin à n’être que des éléments du décor, nous avons dégusté avec vaillance et détermination les vins que voici, que voilà:

Les Bosquets, Le Petit Vin 2024 (€ 11,50):

Aromatique et frais, un Rhône méridional surprenant qui combine la vivacité du vermentino et la rondeur d’un chardonnay bien mûr. C’est le sud, sans les pépins méridionaux.

Carl Loewen, Varidor 2024 (€ 13,00):

Seul vin non-français de la sélection, ce riesling de la Moselle réussit à combiner trois éléments essentiels: un degré très raisonnable (12%), une pleine maturité du fruit et une absence de sucres résiduels perceptibles (vin sec). Excellent rapport qualité-prix, difficile de trouver un équivalent en Alsace.

(*) La Pépière, Briords 2023 (€ 14,50):

Un vrai Muscadet avec la vivacité et la salinité qui en font le vin idéal pour accompagner tout ce qui nage et circule sous les flots bleus; la parcelle offre un supplément de gras et de rondeur qui contribue à l’équilibre: les vieilles vignes ont encore frappé !

Les Corbillières, Fabel Barbou 2023 (€ 16,00):

Un sauvignon qui s’exprime pleinement sur des notes de fruits exotiques: fruit de la passion, litchi, mangue…Mais tomber dans une exubérance de mauvais aloi: c’est élégant et salivant.

Goûté à nouveau ce dimanche soir: l’élégance et la pureté prennent le pas sur l’aromatique. C’est meilleur aujourd’hui qu’hier. Mériterait une étoile.

Les Gandines, Climat Les Gandines 2022 (€ 24,50):

Bourgogne blanc de facture classique: élevage sous bois dosé avec maestria, belle longueur. Peut remplacer bien des chardonnays prestigieux de la Côte de Beaune, mais à un prix très différent de ce qui se pratique aujourd’hui du côté de Puligny et autres Meursaults.

Goûté à nouveau ce dimanche soir: 36 heures après avoir été ouverte, la bouteille affiche une grande harmonie, comme si tous les éléments avaient reçu le temps requis pour se fondre les uns dans les autres. Ma comparaison avec la Côte de Beaune est absolument valide. Mériterait une étoile.

PS: je reçois aujourd’hui le numéro de juin de La Revue du Vin de France. En page 89, je lis: « Fruit gourmand et mûr, plein de fraîcheur un peu acidulée en finale: un vin friand, délié et accessible, nuancé et joyeux, lumineux en finale. 93/100« 

Le Clos Galerne, Savennières 2023 (€ 29,90):

Très pur à l’ouverture, vers 09h30, le vin a ensuite divergé, présentant progressivement des arômes légèrement oxydatifs et/ou marqués par l’amertume de la bière. En l’état, je ne peux pas vous recommander un achat. Je suppose que ce problème ne concerne que la bouteille dégustée samedi, mais il faut que je vérifie. Dommage.

Pour en avoir le cœur net, je goûte à nouveau ce dimanche soir ce qui restait dans le flacon. Cela a encore évolué ! La touche oxydative est imperceptible, l’amertume très légère. Bref, c’est nettement mieux qu’hier sans être tout-à-fait au niveau souhaité. Cela reste un vin atypique pour son appellation, construit sur une « maturité précoce » (11,5%). Une forme de fragilité touchante, intéressante, créatrice de débats, mais aussi un point d’interrogation. Pour amateurs audacieux.

(*) Pellé, Morogues rosé 2023 (€ 14,50):

La recherche d’un rosé qui échappe à la banalité m’occupe dès que le printemps montre le bout de son nez. Après avoir entendu les commentaires des participants à la dégustation, je suis encore plus content d’avoir découvert ce rosé de pinot noir qui fera merveille à l’apéro et qui passera à table avec bonheur. La finale est digne de celle d’un grand vin blanc.

La Pépière, La Pépie 2023 (€ 11,50):

Au-delà d’un prix fort sympathique, ce côt (ou malbec) ligérien montre le potentiel de la région du Muscadet pour élaborer des rouges friands et directs. Peut se servir légèrement rafraîchi.

Valensac, Entre nous 2023 (€ 11,50):

Un rare 100% petit verdot. Ce cépage historique dans le Bordelais a trouvé refuge en Languedoc où il atteint sa pleine maturité. C’est tonique, fruité et original. Etiquette esthétique, peu de soufre et superbe rapport qualité/prix: qu’est-ce qu’on attend ?

Sant’Armettu, Mino 2024 (€ 15,50):

Ce domaine du sud-ouest de la Corse ne cesse de m’impressionner, y compris avec ce Mino, assemblage issu des deux cépages rouges emblématiques de l’île de Beauté: niellucio (synonyme du sangiovese toscan) et sciaccarellu. Epicé, concentré et juteux. Elevage en cuve inox (pas de bois).

(*) La Madone, Gamay sur volcan 2024 (€ 17,00):

Quel plaisir de retrouver ce gamay volcanique dans le millésime 2024 -après un 2023 atypique par sa richesse en alcool (14%)- qui en revient aux 12% habituels, ce qui garantit son côté pimpant, primesautier, gouleyant, glouglou-esque à souhait, …

(*) La Cabotte, Gabriel 2023 (€ 17,50):

Autour du bar, j’ai entendu plusieurs fois « Châteauneuf-du-Pape ». Oui, il y a bien de ça, avec deux nuances importantes: la parfaite maîtrise du degré (14,5%) qui ne génère aucune chaleur alcooleuse et le prix qui n’a rien de castelpapal. Elevage en jarres de terre cuite (« amphores »). Un assemblage syrah-grenache puissant comme j’aimerais en goûter plus souvent !

(*) Sant’Armettu, Rosumarinu 2024 (€ 23,50):

Quelle finesse, quelle abondance de parfums, quelle légèreté combinée avec beaucoup de matière ! J’avais été conquis par 2022, ce millésime 2024 se hisse au moins au niveau de son prédécesseur. La couleur est pâle comme il sied à un 100% sciaccarellu.

François Villard, Poivre et Sol 2023 (€ 25,00):

L’incarnation de la syrah « Rhône nord » en mode viril et sauvage. Arômes puissants de lard, de jambon fumé, de caoutchouc brûlé (ne fuyez pas, c’est beaucoup plus intéressant dans le nez que dans cet article). Vin très expressif que je recommande de faire passer par la carafe.

(*) Bernard Baudry, Le Clos Guillot 2022 (€ 27,00):

Ce vin -qui peut se bonifier en cave pendant de longues années- a le grand mérite de très bien se goûter dès son enfance: l’équilibre entre la matière et les tanins de ce millésime 2022 donne déjà beaucoup de plaisir. La maturité de ce cabernet franc est parfaite, en évitant avec talent les pièges d’une année aussi solaire.

J’ai marqué d’une étoile (*) les 6 vins qui m’ont fait la meilleure impression, dans leur catégories de prix respectives.
Vins mis à votre disposition pendant la première quinzaine de juin.
Vous pouvez également consulter les fiches détaillées des vins sélectionnés via cette page.

Viognier: cap au nord !

Parcelle de 1,9 hectare, située tout au sud du Beaujolais, près du village de Saint-Vérand (à ne pas confondre avec le village du même nom, plus au nord, en Mâconnais). Ce Saint-Vérand-ci est situé dans le département du …Rhône. C’est l’origine de la Famille Chermette et le Domaine y est toujours installé.

Donc je récapitule: voici un vin blanc en appellation Vin de France, élaboré avec des raisins qui proviennent d’un terroir situé dans le département du Rhône et dans la région viticole du Beaujolais. Ah …la géographie administrative …

C’est du 100% viognier, cépage dont l’aire de prédilection se situe au sud de Lyon. Mais le bouleversement climatique étant ce qu’il est, les vignerons malins préparent l’avenir. Un vigneron alsacien bien connu a planté de la syrah en Alsace, un vigneron allemand a planté du tempranillo et il y a plein d’autre exemples. Se contenter de faire « comme les parents » n’est plus une option. Celui qui ne s’adapte pas est condamné à disparaître, tôt ou tard.

Ce viognier est forcément un vin de jeunes vignes (10 ans), personne n’ayant eu l’idée saugrenue d’en planter avant 2012. Terroir de granite.

L’élevage se fait en cuve inox pendant 6 mois pour 85% du volume. les 15% restants sont élevés dans le bois neuf …d’acacia (le chêne n’est pas en position de monopole). Peu d’alcool (12%), ce qui nous change des viogniers lourdingues du grand sud. Ici, ni mollesse, ni lourdeur. Au contraire: de la vivacité et beaucoup de fruit: pêche, abricot, poire …

Disponible dans le magasin au prix de € 14,00. Commandes jusqu’au mardi 27 mai 2025 inclus.