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Alors, et cette dégustation ?

Dégustation du 23 novembre: le compte-rendu

Paires, duels et binômes, ce thème avait pour objectif de proposer une série de comparaisons: deux cuvées d’un même Domaine, deux cuvées d’une appellation identique, deux vins originaires de la même région, deux vins partageant le même cépage, etc…

15 vins sur le bar …et une surprise pour clore la fête (j’y reviens en fin d’article).

Je prends vos commandes jusqu’à ce mardi soir, 25 novembre. Accès direct aux vins de cette dégustation. Les bouteilles seront mises à votre disposition pendant la première quinzaine de décembre.

Ci-dessous ce qui m’a particulièrement frappé pendant la dégustation: les fiches individuelles consacrées à chaque vin fournissent encore beaucoup plus d’information.

On y va:

Vins blancs: domaine Barbadillo, Andalousie, deux vins du cépage palomino (mais ce ne sont pas des sherries !).

Sabalo est la version épurée, sans trace d’élevage, tout en délicatesse de ce cépage méconnu (c’est avec le palomino que l’on élabore la plupart des sherries, mais qui le sait ?). C’est original mais civilisé. Aucune trace oxydative (ce n’est vraiment pas un sherry !). Prix très sympathique.

On compare avec Patinegro, une version plus concentrée et plus profonde de ce cépage, avec cette fois un élevage en tonneaux ayant contenu précédemment un sherry de type manzanilla. Cela contribue à rendre ce vin plus complexe, très légèrement marqué par cet élevage spécial. Comme si on avait ajouté trois gouttes de sherry dans votre verre.

L’Andalousie connaît un renouveau de son offre grâce au dynamisme de ses vignerons qui continuent à élaborer de magnifiques sherries (Jerez en espagnol), mais qui proposent maintenait des vins rouges secs et des vins blancs secs comme les deux exemples ci-dessus.

Vins blancs: le sauvignon, la version autrichienne et la version sancerroise

Le sauvignon autrichien vient de Styrie, au sud du pays, tout près de la frontière slovène. Le Domaine, c’est Wohlmuth, ce qui se fait de mieux dans la région. On l’ignore allègrement, mais cette Styrie est le deuxième paradis du sauvignon: ici ce cépage est roi ! La cuvée s’appelle Phyllit (c’est un petit nom géologique). C’est un magnifique exemple des caractéristiques du cépage. C’est un archétype pour apprendre et comprendre ce cépage.

En face de lui, la cuvée Tradition du Domaine Gérard Boulay à Chavignol, un grand nom du Sancerre. Le vin est jeune, encore sur la réserve, moins marqué par le cépage, comme toujours chez Boulay. Néanmoins, ça se goûte déjà fort bien, avec de l’élégance et de la profondeur. Idéalement, donnez-lui deux ans avant tire-bouchonnage, votre patience sera récompensée !

Vins blancs: l’Espagne atlantique, albariño de Galice en deux versions

Comparaison très intéressante entre deux Domaines de haute réputation: Forjas del Salnès (Leirana) et Pazo Señorans. Il doit y avoir 5 ou 10 kilomètres entre les deux Domaines et les deux vins sont élaborés avec 100% d’albarino. Les sucres du jus de raisin se fermentent en alcool, mais une autre transformation peut influencer fortement le résultat: la conversion malolactique, autrement la dégradation de l’acide malique (c’est celui de la pomme) en acide lactique, plus faible. Cette conversion est réalisée (Pazo Señorans) ou pas (Leirana). Conséquence: Leirana propose un profil vertical, minéral et acidulé; Pazo Señorans propose par contre de la rondeur, du gras et une acidité plus discrète. A vous de choisir !

Vin blanc: du volcan en bouteille, première étape

Direction les Îles Canaries pour se frotter à un vin qui ne peut cacher son origine, océanique et profondément volcanique: Ce Benje créé par le quatuor Envinate est typique, il sent la mer, il goûte la mer. Une expérience ! C’est évidemment un vin hors sentiers battus, mais il conserve un côté relativement civilisé: je connais des vins canariens plus extrêmes…

Vins rouges: deux profils originaux à petit prix

Bon, d’accord, le duo est un peu tiré par les cheveux. Le Ermita de San Lorenzo est une curiosité en provenance de l’Aragon, province espagnole coincée entre Navarre, Catalogne, Castille et Pyrénées. Très long élevage en tonneaux (c’est un millésime 2020) qui adoucit les tannins jusqu’à leur donner une expression soyeuse. On se rapproche du style « à l’ancienne » pratiqué par exemple en appellation Rioja (Lopez de Heredia). Assemblage peu fréquent: grenache et cabernet sauvignon.

En face, c’est la Calabre, dans le sud de la botte italienne. L’appellation Ciro et le cépage gaglioppo sont emblématiques de la région. Ce Liber Pater du Domaine Ippolito affiche peu de couleur et un nez friand de cerise. Si vous craignez un alcool dominant, …c’est que vous ne me connaissez pas bien ! Ce vin est construit sur son fruit, sa fraîcheur et ses tannins.

Vins rouges: Raul Perez, le magicien de Bierzo (et de la mencia)

Nous avons goûté la cuvée d’entrée de gamme (El Castro de Valtuille) ainsi que la cuvée « village » (Valtuille) du même Domaine, chez Raul Perez, œnologue à forte notoriété (et à longue barbe). Nous avons négligé les cuvées parcellaires, certes célèbres mais facturées allègrement au-delà des € 100 par bouteille de 75 cl. Gloups. El Castro est un vin robuste, puissant, fruité que l’on pourrait résumer en le qualifiant de « deuxième vin » de Valtuille. Le tri se fait à la vendange entre ce qui va aller dans Valtuille et ce qui se retrouve dans ce El Castro, proposé à un prix qui défie toute concurrence !

On se dit peut-être que la cuvée « village » sera encore plus puissante, …mais pas du tout ! Cette cuvée se caractérise par son raffinement, son velouté et sa finesse. Valtuille est un très bel exemple de ce que le cépage mencia peut donner. La différence de prix avec El Castro me semble tout-à-fait justifiée.

Vins rouges: le Rhône Sud, de Cairanne jusqu’à Lirac

Deux nouveaux Domaines dans la gamme d’Anthocyane: Brusset à Gigondas et Marcoux à Châteauneuf-du-Pape. J’ai retenu le Cairanne Vieilles Vignes de Brusset pour sa capacité à conjuguer la volupté de la matière et l’absence d’un alcool excessif. C’est un vin souple, riche, avec une finale qui se tient très bien et des tannins fondus. On est en plein dans le Sud mais sans la fatigue qui peut caractériser les vins avec un alcool important.

Le Lirac de Marcoux propose un tout autre regard sur la même région: ici tout est élégance et concentration. Moins voluptueux et plus concentré. Moins riche et plus tannique. Je suggère soit l’usage de la carafe soit de faire preuve de deux ans de patience. A l’aveugle, m’aurait on annoncé qu’il s’agit d’un Châteauneuf du Pape, je l’aurais cru. Vin noble, sérieux, qui vole très haut.

Vin rouge: Le sourire de la barbera de chez Rinaldi

Tout qui suit les activités d’Anthocyane connait la Barbera d’Alba de Francesco Rinaldi (aujourd’hui remplacé par ses filles). Franchement, je ne connais personne qui n’aime pas ce vin, millésime après millésime. Beaucoup de fruit, une belle fraîcheur « à l’italienne », peu de tannins et un alcool très bien maîtrisé. Potion quasi magique qui garantit le sourire sur le visage du dégustateur, l’expert comme le profane.

Vin rouge: du volcan en bouteille, seconde étape

La paire enfin constituée: nous avons goûté le blanc, voici le rouge. Peu de couleur (c’est absolument normal), nez ouvert et affriolant, notes fumées et minérales. Avant de goûter, on se dit que la bouche sera riche et puissante. Or non: élégance, intensité, salinité salivante. Peu de tannins, ce vin passe en subtilité.

Comme annoncé, une surprise …

J’étais intéressé de connaître l’opinion des dégustateurs par rapport à un Porto de la Quinta Romaneira. Arômes de framboise, douceur joyeuse, pas de lourdeur alcoolique (malgré le mutage à 19,50%). C’est un Porto fruité, direct, destiné à une dégustation maintenant et dans l’année qui vient. Bien sûr, c’est un vin doux. La bouteille ouverte, si elle est refermée avec son bouchon et conservée au réfrigérateur, peut tenir pendant une ou deux semaines. Peut se servir à l’apéro (ce que je déconseille en général avec le Porto), très bien adapté aux desserts aux fruits rouges et noirs. Ou un dessert en soi. Prix très intéressant.

Vu l’enthousiasme du public présent, c’est décidé, ce vin rejoint la gamme ! Il est disponible ici.

Je prends vos commandes jusqu’à ce mardi soir, 25 novembre. Accès direct aux vins de cette dégustation. Les bouteilles seront mises à votre disposition pendant la première quinzaine de décembre.

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La dégustation du 26 juillet: que retenir

15 vins plus tard, voici ce que j’ai retenu de cette dégustation. J’ai marqué d’une étoile (*) les 6 vins qui m’ont fait la meilleure impression, dans leur catégories de prix respectives.
Vins mis à votre disposition pendant la première quinzaine du mois d’août.
Vous pouvez également consulter les fiches détaillées des vins sélectionnés via cette page. Je recommande chaudement de parcourir ces fiches, elles regorgent d’informations supplémentaires: pour faire un choix éclairé.

Les sept premiers vins sont blancs, les six derniers sont rouges. Et les deux rosé sont au milieu.

Ce ne fut pas un grand succès populaire, la date -choisie avec une témérité certaine- s’avérant peu porteuse. J’affirme néanmoins que les participants ne se sont pas ennuyés, ayant goûté des vins singuliers, étonnants, (a)typiques, charmants et charmeurs.

Et une surprise pour clore la dégustation: voir en fin d’article le vin en supplément.

Lafage, Côtes Catalanes, Centenaire 2024 (€ 13,00):

Aromatique et frais, Centenaire a fait honneur à ses vignes -qui l’eût cru-, centenaires: un vin souriant, exubérant, sur le fruit bien mûr. Vin de tous les jours qui ne déplaira à personne, grâce à un parfait équilibre entre rondeur et vivacité. Le vin sympathique par excellence.

(*) La Janasse, Côtes du Rhône 2024 (€ 14,00):

Domaine bénéficiant d’une grande réputation pour ses Châteauneufs-du-Pape. A noter le passage en bio (après trois années de conversion) et le degré alcoolique particulièrement léger (12,50%). Comparaison instructive avec le vin précédent: sud de la France, millésime 2024 et assemblage basé sur le grenache blanc/la roussanne. Celui-ci est moins exubérant, moins extraverti, plus en finesse et en élégance.

(*) Albet i Noya, Penedès, 3 Macabeus 2022 (€ 14,50):

Le Domaine est un -voire le- pionnier du bio et de la biodynamie en Espagne. Etonnant de déguster un vin citronné sous cette latitude ! C’est punchy en diable ! Une expression spécifique du cépage en macabeu de vieilles vignes. A l’aveugle, personne ne mentionnera ni la Catalogne, ni l’Espagne. Se goûte très bien maintenant (le millésime 2022 a eu le temps requis pour se fondre harmonieusement).

(*) Forjas del Salnes, Rias Baixas, Cies 2023 (€ 21,00):

Voici le premier membre d’une comparaison galicienne: un vin océanique (le vignoble est planté en face de l’île de Cies), 100% albariño. Et océanique, il l’est ! Verticalité saline, minéralité, demi-puissance mais précision diabolique. Il faut oublier l’ananas qui caractérise souvent le cépage: la structure domine l’aromatique. Cies m’évoque parfois le riesling, cette fois-ci, je l’ai trouvé chablisien.

Rafael Palacios, Valdeorras, Louro 2023 (€ 25,00):

Voici le deuxième membre de la comparaison galicienne: un vin montagnard (comptez 3 heures de route pour rejoindre l’océan), 100% godello. Style radicalement différent du précédent: ils n’ont vraiment que la région et le millésime en commun. Le nez commence sur un léger boisé fumé très élégant. Le vin est dense, crémeux et m’évoque plus l’automne que l’été. Chaque fois que je le déguste, ce vin m’épate: on croit l’avoir compris à la première gorgée, puis l’on se compte qu’il y a des couches de goût l’une par-dessous l’autre. A boire sans hâte ni frénésie.

Nicolas Maillet, Bourgogne Aligoté 2023 (€ 24,00):

Un peu comme le Muscadet, l’aligoté a été négligé pendant une longue période sous prétexte qu’il serait d’une acidité rédhibitoire et d’une maigreur déprimante. Aujourd’hui, chez les meilleurs vignerons, les choses ont radicalement changé. Pensons à l’appellation Bouzeron (toujours 100% aligoté), aux aligotés parcellaires de Sylvain Pataille et à la mise en avant du cépage en période de bouleversement climatique. Nicolas Maillet répète en 2023 le magnifique 2022: bien sûr le vin est vif, mais il présente aussi beaucoup de gras et une pureté d’anthologie. C’est absolument délicieux ! A l’aveugle, qui mentionnera le cépage ?

(*) Nicolas Maillet, Mâcon-Verzé, Le Chemin Blanc 2023 (€ 29,00):

Le 2022 constituait une réussite majeure, sans doute difficile à égaler. A ma modeste échelle, j’en ai vendu beaucoup. C’est un vin important pour Anthocyane. Il y a quelques semaines, en m’apprêtant à déguster le millésime 2023, Je ressentais un certain stress: serait-il à la hauteur de son prédécesseur ? Pourrais-je le recommander à ceux et celles qui ne l’auront pas goûté ? Ouf, la réponse est un oui majuscule. Samedi, il a été éblouissant. Le Chemin Blanc est décidément un grand vin, à la perfection technique impressionnante. Certains diront qu’il lui manque un grain de folie. M’ouais …: quelle pureté, quelle intensité, quelle persistance !

Shelter Winery, Baden, Rosé de Noir 2024 (€ 14,00):

Un rosé de pinot noir d’une grande délicatesse: le profil est presque celui d’un vin blanc. Ne pas servir au jardin en accompagnement de viandes grillées, il n’y résisterait pas. Son destin est de s’accorder avec des salades ou d’autres plats légers. Rosé aérien et subtil, ce qui me semble plutôt rare dans cette catégorie de prix.

Yves Leccia, Île de Beauté, YL (rosé) 2024 (€ 18,00):

Rien à voir avec le vin précédent, si ce n’est la couleur et le millésime. Voici un rosé gourmand, frais et assez puissant, prêt pour toutes les batailles, de l’apéro jusqu’au poisson grillé. Quelques petits tannins qui contribuent à l’énergie dégagée par ce niellucciu. S’il n’est pas bu en 2025, il sera tout aussi bon en 2026.

Gilles Bonnefoy (La Madone), Côtes du Forez, Diorite 2024 (€ 14,00):

Nouvelle cuvée de jeunes vignes, sur granit (ce n’est donc pas un terroir volcanique). Ne pas confondre avec Dacite. Rouge léger, à boire frais. Substitut intéressant pour celles et ceux qui fuient le rosé ou qui souhaitent se donner le choix des armes. Très léger en alcool, couleur assez pâle. Poivré et fruité. Pas de tannins. Certes gamay, mais pas Beaujolais.

Envinate, Albahra 2023 (€ 16,50):

L’étiquette ne permet pas de percer le mystère de ce vin d’altitude (800 mètres !), élaboré dans l’arrière-pays de Valence (en Espagne, pas en France). Je suis frappé par la matière voluptueuse et soyeuse, avant le retour de bons tannins. C’est fruité et épicé, avec passage par le bois pour le rare cépage moravia.

(*) Gilles Bonnefoy (La Madone), Urfé, Mi-Noir Mi-Bouze 2024 (€ 17,50):

Une curiosité, à savoir l’assemblage du gamay « classique » avec un gamay « pas classique du tout »: le gamay de Bouze (avec un « z », j’insiste). La signature est celle du millésime 2024 au Domaine (léger en alcool, pimpant), mais avec beaucoup de concentration. Fruits noire et intensité. Profil un peu sauvage, mais moins qu’en 2023. Terroir volcanique. Vin nature (0% de soufre), à boire de préférence en une unique journée. Et vous avez ma parole: ce vin est loyal et marchand. Pas de compromis !

Alegre Valgañon, Rioja, Tinto 2021 (€ 18,00):

Vin qui a bénéficié de quelques années de vieillissement en cave. Puisque l’importateur le propose encore, autant profiter de ce grand millésime en Rioja. Vinification classique, avec une volonté de reconnecter avec les méthodes ancestrales. On se situe beaucoup plus près du style « Lopez de Heredia » que du style « Roda ». Vin fondu, assez puissant, prêt à boire.

(*) Viticola Mentridana, Mentrida, El Mentridano 2022 (€ 19,50):

Sans doute le vin le plus surprenant proposé pendant cette dégustation. Un 100% grenache comme on n’en boit jamais. Provenance: Sierra de Gredos (au sud-ouest de Madrid), le nouvel Eldorado des « grenachophiles ». Couleur très pâle, nez parfumé, bouche pleine de jus et de matière. Certes 14,50% d’alcool, mais sans impact négatif sur la dégustation. Je suis plus que séduit. Selon l’adage, cela ne plaira pas à tout le monde mais j’assume ! Vin qui plonge ses racines (sic) dans un passé presqu’oublié.

Vietti, Langhe, Perbacco 2022 (€ 25,00):

Après un 2020 d’anthologie, ce Perbacco 2022 fait presqu’aussi bien, ce qui n’est pas peu dire. Assemblage de jeunes vignes, en partie à Barolo et en partie à Barbaresco. J’essaye d’éviter ce type de comparaison mais dans le cas qui nous occupe, je fais exception: petit Barolo me semble tout-à-fait pertinent ! Un nebbiolo jeune et pourtant accessible ? Perbacco est la réponse. Bien sûr, il y a du tannin, le cépage ne se prêtant pas à l’absence de tannins. Mais c’est équilibré, fruité, épicé et ne demande qu’à escorter une viande rouge. Maintenant ou dans cinq ans.

Et en supplément au programme : La Madre, Vermouth, White Dry (€ 16,00):

Donc un vermouth, à savoir des plantes et des herbes aromatiques macérées dans l’alcool qui extrait les arômes, puis filtration de ce liquide et mélange à un vin blanc, en l’occurrence catalan (grenache blanc et macabeu). On ajoute du sucre et on mute jusqu’à obtenir un degré d’alcool de +/- 17%. On termine par un élevage en tonneaux.

J’ai profité de la présence des participants à la dégustation pour tester ce produit étonnant. Cela a manifestement plu, certains dégustateurs souhaitant en acheter.

Le vermouth peut se boire nature, additionné de glaçons et de tonic ou comme base de nombreux cocktails. Il permet d’abaisser le titre d’alcool du mélange lorsqu’il est ajouté à un alcool à 40%. La présence de sucre dans le vermouth va adoucir le mélange tout en apportant des notes aromatiques, d’où un cocktail plus complexe. On le retrouve ainsi notamment dans le Negroni, l’Americano et le Manhattan.

Une fois la bouteille ouverte, peut se conserver au réfrigérateur pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois.

Peut également être utilisé -en petite quantité- pour aromatiser une sauce.

J’ai marqué d’une étoile (*) les 6 vins qui m’ont fait la meilleure impression, dans leur catégories de prix respectives.
Vins mis à votre disposition pendant la première quinzaine du mois d’août.
Vous pouvez également consulter les fiches détaillées des vins sélectionnés via cette page. Je recommande chaudement de parcourir ces fiches, elles regorgent d’informations supplémentaires: pour faire un choix éclairé.

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Rouge vif !

Tout est prêt, je vous attends ! Une dégustation consacrée cette fois aux vins rouges, deux exceptions se chargeant de confirmer la règle.

Dégustation d’une quinzaine de vins, sélectionnés avec passion et discernement, ce samedi 14 octobre, entre 10 et 18 heures. Autour du bar et pas en terrasse vu que c’est l’automne et qu’il va pleuvoir et que cela plaît aux champignons. Ambiance décontractée et informelle. 

Commandes à me transmettre au plus tard le mardi 17 octobre, mise à disposition des vins fin octobre.

Donc deux vins blancs pour entamer les hostilités: un vin galicien, en appellation Rias Baixas (Espagne atlantique), le classique Leirana, en millésime 2022. Anthocyane a proposé tous les millésimes depuis 2018 et il n’y a aucune raison de vous priver du dernier-né ! Au moment d’écrire ce texte, il me reste 3 bouteilles de Leirana 2021. Puis le long voyage vers l’est pour faire halte en appellation Soave (Vénétie, près de Vérone et du lac de Garde) pour le Classico du Domaine Suavia, en millésime 2021. Les sœurs Tessari détiennent une baguette magique pour élaborer des vins blancs de très haut niveau (Monte Carbonare, Massifitti, …), mais c’est déjà très bon en entrée de gamme. Attention, ces vins ne hurlent pas leurs qualités, ils les murmurent. Ils convainquent mieux à table qu’en dégustation pure.

Rouge vif donc ! Restons d’abord en Vénétie pour découvrir le millésime 2022 du Valpolicella Classico du Domaine Speri, puis le 2020 de ce même domaine Speri, sur la cuvée haut de gamme Sant’ Urbano. Ce dernier n’a pas besoin d’être défendu, il s’impose tout naturellement à la dégustation, dans un style que l’on peut résolument qualifier de « petit Amarone« : c’est suave, soyeux, sec et profond. Le « simple » Valpo vaut le détour, en particulier considérant son prix: en échange de peu de sous, on reçoit un fruit bien mûr, un jus enthousiasmant et (presque) pas d’alcool – 12,5%.

Voici Amigos 2021, un assemblage de cinq cépages (tempranillo, grenache, graciano, syrah et cabernet sauvignon) en provenance du centre de l’Espagne (Castilla La Mancha). Puissant, juteux et tannique, il fera un excellent compagnon pour la viande rouge. Le Domaine Torre de Barreda tire son épingle du jeu dans cette vaste région qui produit énormément de vins assez quelconques.

Il y aura aussi un petit coin de Vienne, l’affluent de la Loire le long de laquelle s’étend le vignoble de Chinon: on goûte Les Granges 2021 du Domaine Baudry qui a pour excellente habitude réussir toutes ses cuvées, de la plus simple jusqu’à la plus complexe. Je me suis rendu compte récemment que j’avais négligé de faire goûter cette entrée de gamme qui mérite pourtant d’être mise en avant, dans un style frais typique du millésime.

Domaine Les Bosquets à Gigondas. Ce Côtes du Rhône 2022 est un gros coup de cœur: lorsque je l’ai goûté en mai, j’ai noté: couleur pâle, typiquement grenache. Nez joyeux, souriant, affriolant. En bouche, texture soyeuse, presque pas de tannins. Petite pointe de chaleur (14,5%). Vin du sud, direct et sans détours. Le grenache est complété avec 15% de syrah et 5% de mourvèdre.

Nous repartons vers la Galice. Pas la Galice atlantique (voir Leirana ci-dessus), mais la Galice continentale, en appellation Ribeira Sacra. Le Domaine s’appelle Castro Candaz: c’est un projet issu de la collaboration entre deux très grands noms dans le vignoble espagnol: Rodrigo Mendez et Raul Perez. Ils élaborent dans cette région austère, connue pour les pentes vertigineuses dans lesquelles sont plantés les ceps du cépage mencia, des vins rouges d’une surprenante finesse et d’une forte personnalité. Je vous propose de goûter le millésime 2021 de la cuvée de base (parfois appelée « joven« , même si cette mention ne figure pas sur l’étiquette) et le millésime 2019 de la cuvée parcellaire Finca el Curvado. Si ces deux vins vous plaisent et que vous êtes disposés à casser (un peu) votre tirelire, faites moi signe: la cuvée « grand cru » du Domaine Castro Candaz vaut le voyage !

En 2014, Anthocyane a proposé le Barbera d’Alba du Domaine Francesco Rinaldi (c’était le moment du millésime 2012). Depuis lors, millésime après millésime, ce vin s’est positionné comme une valeur sûre dans l’assortiment. Le vin est élaboré par les filles de Francesco, Piera et Paola. Vous aimez les vins charnels, sensuels, pleins de fruit et peu tanniques ? Le cépage barbera a manifestement été créé pour vous ! Bondissez sur ce 2020 avant qu’il ne s’échappe !

Richeaume. Domaine imprévisible. Souvent, les élevages me paraissent excessifs, ostentatoires, bêtement chics. J’ai l’impression d’un homard que l’on tartine de mayo: il y a quelque chose de précieux, mais c’est invisibilisé par une couche de bois qui simplifie, assèche et banalise. Et puis, il y a Frida: quand Richeaume est réussi, alors c’est très réussi. Vraiment très réussi. Je me souviens de ce Grenache 2018 qui m’avait explosé au visage (c’est une image) lorsqu’il s’écoula entre mes lèvres avides. Et bien, c’est rebelote avec ce Carignan 2021: nez distingué avec un vrai grand fruit, bouche juteuse et profonde, avec des tannins justes, sans la moindre sécheresse. Elevage, vous avez dit élevage ? Il brille par son absence. Une ode à ce cépage, notoirement capable du meilleur comme du pire. Il se dit que ce vin serait sans sulfites ajoutés, à très peu de chose près. Ah oui, j’allais oublié, nous sommes en Provence, près d’Aix.

Le Chianti Classico de Riecine fait également partie des valeurs sûres de l’assortiment. Ce 2021 se signale à notre attention par un taux alcoolique plutôt bas pour la région: 13,5%. A noter également que Riecine est à présent officiellement bio. Un excellent sangiovese sans concession à la mode des vins très extraits, très colorés, très boisés. Ici on recherche l’équilibre et la fraîcheur, sans utiliser de bois neuf. Si ce vin vous plaît et que vous êtes disposés à casser (un peu beaucoup) votre tirelire, faites moi signe: parmi les grandes cuvées du Domaine, il y en a une qui est absolument exceptionnelle !

Au printemps dernier, j’ai coorganisé et participé à un voyage dans La Rioja, voyage qui a fait étape au Domaine Roda. En fin de dégustation, nous avons pu goûter les vins que ce Domaine élabore dans une autre appellation, à savoir Ribera del Duero. J’avoue que j’étais sur mes gardes, de nombreuses dégustations de Ribera del Duero m’ayant laissé quelques souvenirs peu agréables. Et pourtant. Il y a donc moyen d’élaborer sur ce terroir des vins avec une vraie « buvabilité », un dosage pertinent du bois, une puissance contrebalancée par de la finesse aromatique. Cela s’appelle Corimbo et nous goûterons le millésime 2018.

Enfin, un Rioja. Certes, mais un Rioja assez atypique: cela ne ressemble ni aux vins traditionnels (Lopez de Heredia, La Rioja Alta) ni aux vins modernes (Artuke, Roda). Peut-on alors affirmer que ce vin se situe entre tradition et modernité ? Non, de mon point de vue, il se situe ailleurs. Il incarne le dynamisme de La Rioja, région qui bouge dans tous les sens, y compris les moins prévisibles. Bref, Jose Gil est un original qui ne se réfère pas à des modèles existants, il créé ses propres vins. En particulier deux vins de villages: Labastida et San Vicente. En goûtant les 2021, j’ai pensé à la …Bourgogne. Et il se fait que Jose Gil a effectivement fait un stage en Bourgogne. Les vins ne sont pas bon marché. De toute façon, il y en a très peu.

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Dégustation ce 23 octobre: la crème de la crème !

Ce samedi 23 octobre, entre 10 et 18 heures, à l’adresse habituelle. Jetez un œil à la page Contact pour choisir le meilleur chemin pour rejoindre la rue des Chats.

16 vins en dégustation, avec un focus sur la Galice (nord-ouest de l’Espagne), en blanc comme en rouge. Mais aussi Pouilly-Fuissé, Jura, Chianti Classico, Priorat, Îles Baléares, Piémont, Sicile, Rioja, Allemagne et Autriche. Le programme complet peut être consulté dans le magasin.

Jetez également un œil aux nouveautés: il y a bien plus de nouveaux vins en magasin que ceux qui sont proposés à la dégustation. Par exemple, le millésime 2020 du Domaine Wohlmuth (riesling du village de Kitzeck-Sausal), un pinot grigio italien à un prix très attractif, deux vins volcaniques des Îles Canaries, la version Riserva du Chianti Classico du Domaine Castell’in Villa, un riesling mosellan du Domaine Peter Lauer, le Rioja « macération carbonique » du Domaine Artuke, etc…

Les commandes doivent me parvenir au plus tard le mardi 26 octobre pour mise à disposition des vins en novembre.

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Des rouges d’exceptionnelle finesse

Vous avez aimé Leirana, albariño de Galice ? Alors permettez-moi de vous présenter le projet Castro Candaz, créé en 2014 par le même duo que Leirana: Raul Perez et Rodri Mendez. Nous sommes toujours en Galice, mais à l’intérieur des terres, bien loin de l’océan. Et la spécialité ici, ce sont les vins rouges, élaborés avec le cépage mencia.

Quelques mots au sujet du nom du Domaine. Candaz Castro, ce sont d’abord les vestiges d’une ville celtique, romaine puis médiévale. C’est d’autant plus spectaculaire que les ruines se situent sur un promontoire dans la rivière Miño, à un endroit où cette rivière ressemble plutôt à un lac allongé. Il est bien possible que les pierres utilisées pour construire les terrasses dans le vignoble tout proche aient été prélevées dans le château ruiné.

L’appellation, c’est Ribeira Sacra. Rivage sacré en français (en violet sur la carte ci-dessous). Pensez au Rhône entre Vienne et Valence, au Douro jusqu’à Porto ou à la Moselle allemande: des vignobles qui doivent beaucoup à la rivière qui les traverse. Ici, nous avons droit à deux rivières: l’affluent Rio Sil au sud et le fleuve Rio Miño …au nord. Ce Rio Miño finira par se jeter dans l’Atlantique après avoir formé la frontière naturelle entre l’Espagne et le Portugal.

La mencia domine l’encépagement. Ce cépage, encore peu connu en dehors de la Galice et de la Castille toute proche il y a vingt ans, incarne aujourd’hui un type de vin rouge original, bien différent de ce qui se produit dans la Rioja, en Catalogne et dans toutes les régions sous l’influence de la Méditerranée. Ici, c’est la fraîcheur et l’énergie qui signent les vins, du moins ceux élaborés par les meilleurs vignerons.

En Castille (appellation Bierzo), la mencia peut se montrer difficile à déguster jeune en raison de tannins assez massifs. Les vins ont besoin de temps pour se fondre. En Galice (appellation Ribeira Sacra), ces tannins sont moins présents, alors que la finesse des meilleurs vins est évidente. Très difficile de « traduire » la mencia en un cépage mieux connu dans nos contrées francocentrées: la littérature évoque la syrah, le cabernet franc et le pinot noir. Et je me permets d’y rajouter le grenache…

Raul Perez et Rodri Mendez, jamais à court d’idées, ont cherché des vignes de mencia du côté de Chantada pour vérifier ce qu’ils pouvaient en faire. Le projet Castro Candaz se décline sous la forme de trois vins rouges et d’un vin blanc (cépage Godello). Concentrons-nous sur les rouges: il y a d’abord un vin de type « joven » -en 100% mencia- avec très peu d’élevage, ensuite une cuvée qui assemble les raisins en provenance de 5 parcelles de vieilles vignes, avec un élevage sous bois (grands contenants, pas de bois neuf) et enfin une cuvée parcellaire, avec le même élevage.

En dégustation, le « joven » (NB: ce terme ne figure pas sur l’étiquette, je l’utilise pour faciliter la communication) commence par un nez terreux et minéral avant que le fruit ne prenne le relais. La bouche est superbe, énergique, assez concentrée, avec de bons petits tannins. Il y a de la matière, mais assez peu de puissance alcoolique (13%). Ma comparaison préférée et subjective: un Loire de cabernet franc, bien mûr et enjôleur.

La cuvée d’assemblage s’appelle Finca El Curvado. C’est à la fois un assemblage de cinq parcelles, mais également un assemblage de plusieurs cépages (les vieilles parcelles sont très souvent complantées): mencia en très large majorité, avec merenzao (mieux connu sous d’autres noms: bastardo et trousseau) et alicante bouschet (oui, oui, c’est bien le cépage teinturier que l’on trouve encore dans quelques coins obscurs du Languedoc). Le nez est profond, avec un joli floral. A l’aveugle, on sera tenté parfois d’évoquer le pinot noir, parfois la syrah. La bouche est fraîche et épicée, précise et énergique. Malgré quelques tannins d’excellente facture, j’ai envie d’utiliser le terme « aérien » que je réserve en général aux meilleurs rieslings allemands. Grand vin.

La cuvée parcellaire s’appelle A Boca do Demo. Une unique parcelle, en grande majorité mencia, avec un peu de merenzao. Une expérience étonnante. Le nez évoque pour moi quelque chose entre pinot noir et grenache. La bouche est très délicate, difficile de reconnaître le cépage. Vin à la fois très intense et très léger. Finesse exceptionnelle, grand vin.

Castro Candaz « joven » et Finca El Curvado sont disponibles dans le magasin. En dégustation ce samedi 23 octobre.

A Boca do Demo sur demande uniquement et sans aucune garantie de disponibilité.

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Allemagne-Espagne: 3-3

Un match n’est intéressant que s’il est équilibré. Cela tombe bien, les deux bouteilles d’aujourd’hui ont la même forme et mesurent toutes les deux exactement 35 cm de haut. Plus sérieusement, les deux vins sont vendus au même prix et sont tous deux issus de millésimes récents. En dépit de la distance entre les deux vignobles (plus de 2.000 kilomètres), quelque chose me dit que leurs profils pourraient présenter plus de similarités que de différences. Voyons la composition des équipes.

L’Allemagne aligne un riesling du Rheingau. Le maillot de la bouteille est floqué Künstler 2018. En face, l’Espagne aligne un albariño de Galice, maillot floqué Fefiñanes 2019.

Le Rheingau est le royaume du riesling: 80% du vignoble est planté avec ce cépage. 7% du riesling mondial provient d’ailleurs du Rheingau. Comme le nom de la région l’indique, les vignes sont plantées sur la rive droite du Rhin (celle dont l’exposition est sud), sur des collines plutôt vertigineuses. Bien sûr mon mauvais esprit va immédiatement rendre compliqué ce qui paraissait simple: on peut faire faire partie du Rheingau, alors que les vignes se mirent dans le Main. Circonstance atténuante: ce Main est un affluent du Rhin, bien connu pour être la rivière qui baigne, en amont, maints vignobles de Franconie.

Gunter Künstler

Nous sommes plus précisément à Hochheim, village qui porte, avec une impitoyable logique, le nom complet de Hochheim-am-Main. Le vignoble le plus célèbre s’appelle ici Hochheimer Hölle. A côté de ce vignoble « grand cru », nous découvrons le Hochheimer Herrnberg, classé lui erste Lage, ce qui correspond à la notion de « premier cru » en mode Bourgogne.

Ce cru Herrnberg possède la particularité étonnante d’un substrat géologique partiellement calcaire, très inhabituel dans ces contrées. Attention, la phrase qui précède, utilisée par exemple dans les tribunes d’un stade, est susceptible de vous attirer quelques solides froncements de sourcils…

Weingut Künstler cumule les distinctions dans les guides allemands et anglo-saxons: 4 étoiles dans Eichelmann, 5 étoiles dans Falstaff, 4 grappes dans Gault&Millau, 3 étoiles pour Hugh Johnson. Hélas, le Domaine est moins connu dans le monde francophone, vu l’habituelle absence d’attention portée par les médias parisiens pour ce qui se passe outre-Rhin.

Le Domaine est à la tête de 50 hectares de vigne, dont 79% de riesling et de 15% de pinot noir. Un peu de chardonnay et -amusant dans le contexte de ce match- 1% d’albariño ! Bon, le Domaine vend ce « vin de cépage » sous la graphie portugaise (alvarinho), mais il s’agit bien du cépage galicien. Le bouleversement climatique pousse de nombreux vignerons prudents à anticiper le moment où les cépages nordistes, comme le riesling, ne feront plus l’affaire. Planter des cépages plus sudistes -comme l’albariño- et vinifier les raisins récoltés est une façon de se préparer à un avenir incertain mais sans doute caniculaire.

2018 est un millésime chaud, comme l’Allemagne en connait de plus en plus souvent. Conséquence: le degré alcoolique peut augmenter et l’équilibre se modifier. Cela peut plaire comme cela peut décontenancer. Ce Hochheimer Herrnberg a parfaitement géré le millésime, avec un degré alcoolique de 12,5% et 5 grammes de sucre résiduel par litre de vin. L’équilibre perçu est néanmoins sec, à cause de l’intensité des éléments acides.

L’Espagne aligne donc un albariño de Galice, maillot floqué Fefiñanes 2019. La Galice (nord-ouest de l’Espagne: certains paysages côtiers sont plus irlandais que nature) est un peu the place to be pour l’amateur attentif à ce qui se passe dans le microcosme du vin. Des vins originaux, combinant habilement des caractéristiques sudistes et nordistes, des cépages autochtones, une météo compliquée (cf. les paysages irlandais) sous forte influence océanique et …quelques vignerons particulièrement inspirés.

Il y a la Galice de la montagne, à l’intérieur des terres, avec pas mal de vins rouges et il y a la Galice de la mer, en appellation Rias Baixas, avec le vin blanc d’albariño à peu près partout. Cette appellation Rias Baixas est à son tour organisée en cinq zones non-contiguës ! Ô les vilaines, comment osent-elles ? Deux zones à la frontière portugaise (O Rosal et Condado do Tea), une zone minuscule (Soutomaior), une zone au nord pas très porteuse (Ribeira do Ulla) et enfin la zone-clé, Val do Salnés, où se concentrent la plupart des Domaines intéressants.

Dans ce coin d’Ibérie, Anthocyane vous a déjà proposé avec succès la cuvée Leirana du Domaine Forjas del Salnés. Voici un autre domaine à suivre de très près: Palacio de Fefiñanes (ou Fefiñans en langue gallego). Le Domaine occupe de magnifiques bâtiments anciens, au centre du village de Cambados. Il élabore trois cuvées 100% albariño: III Año (très long élevage sur lies), 1583 (passage en bois) et la bien nommée Albariño de Fefiñanes, depuis le millésime 1928, étant ainsi le premier vin de la région à être mis en bouteilles. L’ancêtre de tous les albariño modernes, le pionnier.

L’étiquette ne doit d’ailleurs pas avoir beaucoup évolué depuis lors…

En dégustation comparative, side by side, je suis frappé par les similitudes et par la subtilité des différences: le nez allemand est citronné, pierreux et légèrement abricoté. Le nez espagnol est légèrement exotique, avec des nuances de pêche et d’abricot.

La bouche allemande est vive, élégante, avec une finale citronnée et caillouteuse. C’est un Rheingau en finesse, sans la puissance souvent de mise dans la région. C’est bien sec, malgré la présence de quelques grammes de sucre résiduel. Belle finale minérale. Vin qui mérite d’être un peu attendu pour bénéficier d’une plus grande complexité.

La bouche espagnole est aromatique, avec de la pêche, de l’ananas et des notes fumées. Un peu d’amande. C’est tout-à-fait sec, frais et pur. Du gras et de la longueur. Il y a un peu plus de puissance et un peu moins de vivacité que dans le vin allemand.

Je n’ai pas de préférence. It’s a draw. Un match équilibré pendant lequel on s’amuse parce que chaque équipe marque des buts…

Le magasin propose le riesling allemand de Künstler et l’albariño espagnol de Palacio de Fefiñanes.

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domaine rouge

La fraîcheur de l’océan

Hier soir, une bouteille peu commune: Gorvia 2006 rouge, Quinta da Muradella (Galice = Espagne du nord-ouest). Flacon très (trop) lourd. Bouchon impeccable. Acheté en 2010 (€ 27).

Nez très parfumé: floral, fraise et framboise. Dans le fond, quelques notes terreuses. Bouche majeure: acidité marquée, tannins fondus, alcool peu perceptible (malgré 14%), beaucoup de profondeur et de distinction. Typiquement le rouge ‘océanique’, même si l’Atlantique, à vol de mouette, se situe à plus de 100 kilomètres. J’ai servi le vin un peu frais: il prend de la puissance dans le verre, en se réchauffant lentement. Profil encore jeune, peu en rapport avec un confinement de 10 ans+ dans la bouteille. M’évoque les meilleurs rouges de Loire, via la proximité avec le cabernet franc. Et autant avec le pinot noir !

L’appellation, c’est Monterrei, sise là où Espagne et Portugal s’enlacent. La frontière portugaise n’est distante que de 17 kilomètres. On ferait du vin ici depuis l’époque romaine.

Le château de Monterrei veille sur les vignes.

Cépages: mencia, bastardo, caiño redondo en proportions inconnues. La mencia (avec l’accent tonique sur le ‘i’) est LE cépage rouge emblématique de la Galice et de l’extrême nord-ouest de la Castille (appellation Bierzo). Le bastardo est le nom local du …trousseau jurassien ! Autre synonyme: merenzao. Quant au caiño redondo, c’est un cépage obscur, possiblement apparenté à un vieux cépage du Sud-Ouest, le camaraou noir. Bien étudier ceci par cœur, c’est une possible question d’examen…

Information au sujet du Domaine: je lis que tout est certifié bio depuis 2005. Projet initié en 1991 par José Luis Mateo, avec la volonté de remettre à l’honneur les cépages locaux. Rencontre avec Raul Perez en 2000 (Raul Perez est vraiment partout …y compris dans le magasin d’Anthocyane, avec la cuvée Ultreia Saint-Jacques). Domaine de 24 hectares, sur 34 parcelles différentes. Géologie entre schistes et granit, sables et argile (rien que ça). Altitude des vignobles: entre 360 et 900 mètres.

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accord mets & vins dégustation restaurants

1 dîner, 4 services, 17 vins (première partie)

Gloups.

Cher Monsieur, que lis-je dans ce titre ? Ne serait-ce point exagéré, voire excessif ? Est-ce bien raisonnable ? Plaidez-vous coupable ?

C’est-à-dire, Votre Honneur, que, comment dire, ça s’est passé à l’insu de notre plein gré. C’était un piège et nous sommes tombés dedans, par la faute de notre naïveté. Gambadant par le plus grand hasard dans la belle ville de Saint-Trond, nous avons été comme qui dirait sauvagement happés par un estaminet local. Lequel estaminet s’est avéré extrêmement bien achalandé en victuailles savoureuses et en boissons propres à susciter une douce ivresse. Faisant alors fi d’une modération qui, de temps à autre, commence d’ailleurs à me les briser menu, nous fûmes les victimes, à peine consentantes, d’un dîner-dégustation sobrement titré 4*4, puisque chaque plat s’est avéré accompagné par non moins de 4 vins. En n’oubliant pas l’apéro, le compte est bon: 4 services, 17 vins.

Nous étions donc ce lundi soir chez Paul, Andrea et Aurélie au Gastrobar 3 Sense, à 3803 Wilderen.

Nous avons demandé et obtenu un crachoir. Cela peut paraître incongru, voire peu compatible avec la notion de dîner-dégustation, mais goûter 17 fois de suite impose des mesures fortes, sous peine de ne plus distinguer un Beaujolais nouveau d’un Madiran pur tannat. Pour paraphraser le jargon administratif fédéral, il est fortement recommandé de faire preuve de bon sens.

L’apéro et les deux premiers accords

Apéro: Corpinnat Gramona Brut Impérial Gran Reserva 2014 (Catalogne). D’aucuns seraient tentés d’affubler ce vin du titre guère flatteur de Cava. Que non, puisqu’il s’agit ici de privilégier des raisins de haute maturité et un long élevage sur lattes (48 mois). Corpinnat, c’est en quelque sorte ce que Cava devrait être. Le style du vin est riche, crémeux et légèrement fermentaire. La bulle est élégante, douce et fondante. Belle longueur. C’est classique et plutôt consensuel. Dosage: 8 grammes. Alcool: 12%. Biodynamie. Assemblage classique: chardonnay, xarel.lo, parellada et macabeu. Il me manque néanmoins la tension minérale et le « punch ». Servir bien frais. C’était accompagné d’un petit gaspacho à l’huile de chorizo et d’une bouchée pommes de terre, anguille fumée, pomme verte.

1er service: albariño 2019 (Galice), en 4 interprétations presque’aussi magistrales l’une que l’autre. Leirana, du Domaine Forjas del Salnès, confirme qu’il est une entrée de gamme d’un très haut niveau: le nez peut sembler un peu discret, mais la bouche est d’une remarquable fraîcheur, d’une énergique tonicité. Pazo de Señorans a pour lui la notoriété et un nez explosif. La bouche m’a semblé par contre un peu en retrait: au milieu des franches acidités de ses trois concurrents, celui-ci paraît moins « éveillé ». Disons qu’il veut être copain avec tout le monde et que cela peut nuire à l’expression d’une personnalité bien à lui.

Cies est un riesling du Palatinat. Meuh non, c’est une cuvée 100% albariño de Forjas del Salnès, mais le tranchant et l’aromatique évoquent irrésistiblement la tension teutonique. Minéral, sans la petite touche exotique (ananas) caractéristique du cépage. Extrême et donc sans doute susceptible de dérouter. L’antithèse du blanc méditerranéen, un vrai vin atlantique. Quand on a appris à apprécier Leirana, il est temps de s’attaquer à Cies. Ne tentez pas le chemin inverse; enfin, vous faites comme il vous plaît. On finit avec Finca Genoveva, le haut-de-gamme de Forjas del Salnès, sous la forme d’un échantillon non-filtré, avant mise en bouteilles. C’est difficile à évaluer, mais deux qualités semblent évidentes: la concentration et la fraîcheur. Vigne pré-phylloxérique, âgée de +/- 160 ans. Production limitée à 1.800 bouteilles.

Votre serviteur, quelques albariño et toute la concentration dont je suis capable…

Le plat: gravad lax, betterave, raifort. Le gras du poisson coupé net par l’acidité des albariño: beau plat, bel accord !

Bilan: +++

Leirana 2019 (€ 16,50) participe à la dégustation du samedi 22 août. Il peut être commandé dans le magasin dès à présent. Cies 2019 (€ 19) est disponible sur demande, commande à recevoir au plus tard le mardi 25 août.

2ème service: La Vizcaina, Bierzo, mencia 2017 (Castille, aux frontières de la Galice). Une opportunité de goûter en parallèle 4 vins issus de la même appellation, élaborés avec le même cépage, issus du même millésime et vinifiés par le même vigneron, le redoutable Raùl Perez. Un pas plus loin encore: le vigneron traite les 4 récoltes de la même façon: vendange entière, vinification en foudres, élevage d’un an en barriques. Seule différence: la parcelle, pardi ! L’approche est très inspirée par la Bourgogne: le lieu-dit, sa géologie et son orientation. Une ode à la subtilité. Allons-y.

Las Gundiñas est en orientation ouest. C’est le vin qui devrait être le plus accessible dans sa jeunesse. Je repère du cacao et de la cerise, une structure tannique assez ferme, une pointe d’amertume qui ne sera peut-être pas appréciée par tous. Ensuite, voici La Poulosa, en orientation sud. Il me paraît franchement plus accessible que le précédent. Nez terreux et métallique. La bouche est juteuse, plus aimable, avec des tannins plus discrets. Pas tout-à-fait mon goût personnel, mais assez séduisant. El Rapolao est en orientation nord et ouest. Très majoritairement mencia, mais également d’autres cépages locaux: tintorera, souson, bastardo, le tout en complantation. C’est un monument à prendre avec quelques pincettes. Vin complexe, sérieux, très intense, avec ce que l’on pourrait qualifier de « végétal noble ». Sincèrement, ce n’est pas pour tout le monde. Si votre goût vous porte vers la rondeur joyeuse, vous pourriez être décontenancé. Vin de garde, à ouvrir dans 5 ans ou plus. La théorie affirme que la mencia évoque une combinaison entre pinot noir et syrah, mais je persiste à y trouver du cabernet franc. Enfin, La Vitoriana est une parcelle en orientation nord. Les plus vieilles vignes. C’est lactique, un peu animal, avec de la cerise, de l’encre, de l’encens, …Structure tannique exceptionnelle, comme si l’on mordait dans la Grande Muraille de Chine. Gros potentiel. Infanticide patenté. Doit absolument être caché au fond de la cave pour n’en ressortir que dans 10 ans.

Le plat: risotto, espadon, asperge verte. Excellent poisson, assaisonnement un peu fade. L’accord est une tentative courageuse, mais je crains que les vins n’ont même pas remarqué la présence du plat.

Bilan: +++

El Rapolao 2017 (€ 24) peut être commandé dans le magasin dès à présent. Les trois autres cuvées sont disponibles sur demande, commande à recevoir au plus tard le mardi 25 août. Le prix des 4 vins est identique.

La deuxième partie s’attachera, ô surprise, aux 3ème et 4ème services. On y abordera Priorat et Rioja, par la face sud.

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blanc dégustation offre rouge

Espagne: les yeux plus grands que le ventre ?

J’ai manifestement eu du mal à choisir. Docteur, est-ce pathologique ?

J’aurais pu me contenter de la dizaine de vins qui participent à la dégustation du samedi 22 août. Mais non.

Comment résister à ce que proposent les meilleurs vignerons de Galice, de Catalogne, de Castille et d’ailleurs ? La diversité des styles est fascinante ! Il y a du franchement « sud » et du franchement « nord »: le nord-ouest de l’Espagne ressemble d’ailleurs bien plus à l’Irlande qu’à une costa méditerranéenne !

Il y a bien sûr du rouge, mais les vins blancs sont aujourd’hui du même niveau: en Catalogne, en Galice, en Andalousie, du côté de Valence les vins blancs de grande qualité pullulent. A vrai dire, je ne sais pas si un vin est susceptible de pulluler, mais vous voyez ce que je veux dire…

Vous recherchez un rouge qui puisse se comparer positivement avec bien des Châteauneuf-du-Pape ? Tentez Bellmunt, un Priorat abordable et diantrement réussi. Un blanc de la nouvelle génération, élevage en amphores et macération ? Essayez Cullerot: ce n’est pas un vin orange, mais on s’en rapproche. Des blancs dont la fraîcheur septentrionale vous esbaudirait ? Sans hésitation, Leirana (cépage albariño) et Louro (cépage godello), belle comparaison sur le millésime 2019.

Un rosé ? Oh oui, même si c’est plutôt un clarete, entre rosé et rouge: Paramos de Nicosia.

Vous aimez le sauvignon et découvrir de nouveaux cépages ? Je suggère le verdejo de José Pariente. Un Rioja moderne ? Jetez-vous sur Sela !

Des prix bien serrés, sans concession sur la qualité ? Salbide et l’andalou Dos Claveles sont proposés à € 10. Ou encore Vermell, un « rouge de rouge », puisque élaboré avec l’alicante bouschet, l’un des seuls raisins à jus rouge.

Un cépage rouge local qui ferait l’unanimité (du moins quand il est confié à des vignerons de talent) ? La mencia de Maquina & Tabla Laderas de Leonila, celle de Raul Perez: Ultreia Saint-Jacques et celle de la Vizcaina (autre projet du serial vigneron Raul Perez): El Rapolao.

Un grenache comme on en fait peu en France ? Vieilles vignes, haute altitude, bas rendements, maturité et finesse de El Terroir, chez Lupier en Navarre. Vin multi-récompensé par la presse spécialisée.

Des vins bio de la région de Valence, zone naguère peu portée sur la qualité: les choses changent grâce au Celler del Roure mais aussi grâce au Domaine Mustiguillo qui propose Mestizaje rouge et Mestizaje blanc.

Un blanc catalan, issu de vignes quinqua- et sexagénaires, d’excellent rapport Q/P ? Jetez un œil sur 3 Macabeus, du Domaine Albet i Noya, un des pionniers du bio en Europe.

Une originalité castillane, pas loin de chez Don Quichotte, élaboré par un quatuor d’œnologues volants, dans l’esprit du vin nature ? Albahra ne porte pas la moindre appellation, pas vraiment un millésime, mais cela ne le rend pas moins bon !

Enfin, un liquide élaboré dans le même esprit que le vin de qualité, mais où le raisin fait place à …l’olive. Le Domaine Roda produit dans les Îles Baléares une huile d’olive d’exception, 100% « cépage » arbequina, issue de la récolte 2019. Acidité très faible. C’est Aubocassa.

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dégustation

Algueira: diaboliques coteaux galiciens

Ribeira Sacra. C’est l’Espagne, c’est la Galice, c’est déjà presque le Portugal, c’est atlantique et pentu en diable. La mer à gauche, la montagne à droite.

Ribeira Sacra, la rive sacrée, une appellation dont la renommée est récente, mais qui fait couler beaucoup d’encre, en particulier dans la presse anglophone, dans la foulée de l’appellation Bierzo, sa quasi voisine.

En tous cas, un paradis pour amateurs de cépages autochtones : brancellao, souson, caiño, merenzao (sisi, celui-ci vous le connaissez : c’est le trousseau du Jura). Et je ne cite ici que les cépages noirs.

Et puis la mencia, connue au Portugal sous le nom de jaen (voir le Dão de Niepoort, également en dégustation ce 08 février). Cépage presqu’inconnu au vingtième siècle, elle fait à présent partie des valeurs sures en péninsule ibérique. On l’a comparée au pinot noir et au cabernet franc. Le grenache a été cité comme un possible parent éloigné. Rien de tout ceci n’est démontré via la génétique. Finalement, il se pourrait bien que la mencia ne soit pas apparentée à un cépage plus célèbre.

Le Domaine Algueira est la création d’un ex-banquier devenu vigneron, Fernando Gonzalez. Il propose une large gamme de rouges élaborés avec les cépages susmentionnés, dont une mencia joven, c’est-à-dire sans élevage. C’est la carte de visite du Domaine, un vin pur fruit, pur cuve inox, de grande buvabilité.

Autant les mencia en provenance de l’appellation Bierzo peuvent se révéler rugueuses dans leur jeunesse, autant celle-ci mise sur la carte de l’accessibilité. Un 2016 juteux, précis et direct. Sans surprise, c’est plein de fruits rouges. Mais il y a plus : un joli floral, une minéralité bien tournée (yes ! j’ai réussi à la placer) et de bons petits tannins. Alcool : 12,5%

On peut en apprendre plus via un article dans la revue In Vino Veritas (décembre 2015) en cliquant ici.

En dégustation le samedi 08 février 2020.