
Les petits sucres mollassons qui trainent dans un riesling alsacien que l’on voudrait sec: un thème récurrent dont voici une concrétisation.
Le vignoble alsacien entrerait en ébullition parce que le Journal Officiel (l’équivalent de notre Moniteur) publie en date du 1er août, une modification du cahier des charges de l’appellation d’origine contrôlée “Alsace” ou “Vin d’Alsace”. Vous pouvez lire le texte ci-dessus. C’est à la page 14 du cahier des charges.
Pierre Gassmann (Domaine Rolly-Gassmann) s’insurge et demande à tous (vignerons et “grand public”) de signer une pétition pour s’opposer au changement. Car le nouveau décret doit encore être validé par l’INAO, (Institut national de l’origine et de la qualité), pour être effectif. Les opposants ont deux mois pour se faire entendre.
“Nous appelons à l’aide pour défendre notre Histoire et notre culture plurielle du Riesling alsacien. En effet, le 1er août 2023, a été publié au Journal Officiel un nouveau décret interdisant le droit d’utiliser le mot Riesling dès lors qu’il contient plus de 4 grammes de sucre.”
Pierre Gassmann
Voici le texte de la pétition:
Querelle stérile aux relents purement économiques, goût pervers pour les subtilités administratives ou défense légitime de la spécificité des vins artisanaux ? Pas facile pour le profane de s’y retrouver.
Néanmoins, je constate à la lecture du texte paru dans le Journal Officiel que:
- la mesure n’est pas nouvelle: il s’agit d’une adaptation pour passer d’une limite de 6 grammes par litre à une limite de 4 grammes par litre.
- cette limite est fixée à 9 grammes pour autant que le vin soit suffisamment bien doté d’acidité qui “cache” tout ou partie du sucre résiduel.
- les vendanges tardives et les sélections de grains nobles ne sont pas concernées.
A noter qu’en Allemagne, un vin de riesling est considéré comme “trocken” (sec) s’il contient au maximum 9 grammes de sucre.
Je comprends la volonté du législateur de faciliter la vie du consommateur qui souhaite acheter un riesling sec et qui hésite, hésite, hésite encore parce qu’il ne sait pas si la bouteille qu’il s’apprête à acheter contient un vin sec ou un vin demi-sec. Cela dit, bien des vignerons proposent déjà sur la contre-étiquette une information, souvent sous la forme d’une échelle allant de sec à moelleux, avec des étapes intermédiaires. Mais chaque vigneron crée son propre système …
Il me semble que Pierre Gassmann, par volonté sans doute de simplifier ce qui peut l’être, manque de précision et cela risque de se retourner contre lui. Je lis aussi sous sa plume une impossibilité à produire des vins secs que je me permets (humblement) de mettre en doute.
Il y a par ailleurs quelque chose de profondément rigolo à l’idée d’interdire la mention du cépage riesling sur certaines bouteilles quand c’est l’inverse qui règne dans le vignoble français: hors de question de mentionner le pinot noir sur une bouteille de Nuits-St-Georges. Hors de question d’indiquer merlot sur Petrus. Comme quoi…
Merci aux “5 du Vin” de m’avoir alerté.