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La contre-étiquette

Beaucoup de vignerons européens ont la fâcheuse habitude d’utiliser la contre-étiquette pour, au choix, communiquer:

  • des accords bizarres entre leur vin et des mets variés (plus il y en a, mieux c’est)
  • des calembredaines au lyrisme grossier, en citant de préférence le terroir et la tradition
  • des éléments plus ou moins rigolos, pour confirmer qu’on se situe bien dans l’idéologie « nature »
  • des logos dont la plupart ne signifient pas grand’chose si ce n’est la croyance qu’ils font vendre lorsqu’on n’a pas de (grande) médaille d’or à afficher
  • nada/nothing/niets si ce n’est ce qui est obligatoire.

Je suis tombé récemment sur une bouteille australienne (Domaine Cullen en Australie occidentale) qui s’y prend autrement:

  • le millésime, le nom du vignoble, la position de la parcelle dans ce vignoble, le village et l’appellation: 2021 Mangan East Block Wilyabrup Margaret River
  • un texte explicatif: Cullen Wines respectfully acknowledges the Wadandi people, past and present, traditional custodians of the land on which this wine was grown. Cullen Wines is a naturally powered carbon positive and certified biodynamic Estate in Wilyabrup, Margaret River. 2021 marks 50 years of sustainable winegrowing at Cullen Wines. Hand harvested grapes from the best blocks of the Mangan Vineyard were naturally fermented, basket pressed and then matured in 40% new oak for 7 months. The resulting blend is 59% malbec and 41% petit verdot and displays the unique fruit driven terroir of the site.
  • Suivent encore la contenance: 750 ml contains approximately 8 standard drinks (un verre = 9,375 cl), le numéro du lot, les coordonnées complètes de l’importateur, le taux d’alcool, la présence de sulfites, le logo européen de l’agriculture biologique suivi par le numéro du certificat, le code-barres et les coordonnées complètes du Domaine.

On me rétorqua qu’il manque des éléments importants, que les étiquettes californiennes sont encore plus explicites, que la plupart des consommateurs s’en fichent et que les caractères sont si petits que des lunettes de lecture n’y suffisent pas. Certes -répondis-je avec le sourire- mais je me sens néanmoins mieux traité par cette prose kangourou que par le talent surnaturel de certains vins européens qui assurent qu’ils s’associent divinement à la viande blanche, aux entrées, à la viande rouge et aux fromages (et à la galette des rois ???).

Bref, la contre-étiquette est un lieu qui mérite d’être exploité avec pertinence et précision. En particulier, elle permet de contextualiser et de raconter une histoire !