
Javier Sanz est un spécialiste reconnu du vin blanc castillan, en particulier celui qui est élaboré avec les cépages viura, sauvignon et verdejo, sous appellation Rueda. Il est propriétaire d’une parcelle (2,27 hectares) de verdejo pré-phylloxérique, la cuvée portant le nom révélateur de “1863”, vignes de plus de 150 ans !
Cela ne le prédestine pas à se muer en sauveur d’un cépage rouge, en voie d’extinction en Espagne, le bruñal. Et pourtant !
Quelques recherches ampélographiques plus tard (en période de confinement, qu’il est agréable de fourrer son nez dans de précieux grimoires, fussent-ils digitaux), la lumière m’apparaît soudain: certes, le bruñal a presque disparu du territoire espagnol, mais il est bien connu de l’autre côté de la frontière portugaise, sous le petit nom d’alfrocheiro. Çà nous fait une belle jambe !

Dans le verre, le vin est riche en couleurs et en parfums: c’est bourré de fruits rouges et appétissant en diable. La bouche pourrait évoquer un beau et bon gamay croquant, dans un style peu habituel dans cette région d’Espagne, au climat féroce. C’est tout sauf un monstre de puissance et l’alcool est joliment maîtrisé (12,5%). Milieu de bouche énergique et savoureux, finale légèrement tannique. Autant dire que la bouteille y passe en moins de minutes qu’il ne faut pour l’écrire.
C’est à la fois original et susceptible de surprendre ceux et celles qui ont a priori peu d’affinités avec l’Hispanie. Le vin passe dans le chêne pendant 4 mois, mais c’est très judicieusement dosé pour oxygéner le jus sans boiser la bouche. Cela peut se garder encore quelques années, mais franchement pourquoi attendre ?
Acheté à l’automne 2018, pour un peu plus que € 12. Ravi d’en avoir encore en cave !
