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Pouilly-Fuissé tient ses premiers crus

Est-ce la fin de la saga ? Cela fait bien longtemps que les vignerons de Pouilly-Fuissé se demandent pourquoi leur appellation n’aurait pas droit à ses premiers crus, comme en Côtes de Nuits et en Côtes de Beaune, comme à Chablis et en Côte chalonnaise. Ces vignerons ont donc rempli le dossier, persévéré, participé à moult réunions, persévéré encore pour que le Prestige descende enfin sur le Mâconnais.

En jargon administratif, cela donne: Le comité national des appellations d’origine relatives aux vins et aux boissons alcoolisées, et des boissons spiritueuses, réuni en séance le 3 septembre 2020, a approuvé la reconnaissance de 22 climats accompagnés de la mention « premier cru » qui pourront être adjoints à l’AOP « Pouilly-Fuissé ».

Normalement, ce sera d’application à partir du millésime 2020 sauf si un nouvel obstacle se dresse sur la route qui mène à la Valorisation (c’est le terme pudique utilisé pour indiquer que les prix-consommateur vont augmenter: c’est du moins le but de la manœuvre).
24% du vignoble passent en appellation premier cru: cela représente une superficie totale de 194 hectares.

J’espère que le boulot de délimitation a été effectué en prenant en compte le potentiel réel des parcelles et que la part dévolue aux inévitables compromis politico-économiques a été réduite à la portion congrue. Pour les éventuels sceptiques, je dois bien concéder que la surface initialement prévue a été récemment augmentée d’une douzaine d’hectares: on est passé subrepticement de 182 à 194 hectares…

Le nord se situe à droite: Vergisson est au nord, Chaintré au sud

Voici donc les 22 premiers crus de l’appellation Pouilly-Fuissé, classés par village :

CHAINTRÉ
Aux Quarts
Le Clos de Monsieur Noly
Le Clos Reyssier
Les Chevrières

FUISSÉ
Le Clos
Les Brulés
Les Ménétrières
Les Perrières
Les Reisses
Les Vignes Blanches
Vers Cras

SOLUTRÉ-POUILLY
Au Vignerais
Aux Chailloux
En Servy
La Frérie
Le Clos de Solutré
Pouilly
Vers Cras
Aux Bouthières

VERGISSON
En France
La Maréchaude
Les Crays
Sur La Roche

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blanc dégustation domaine

Visite et dégustation au Château de Lavernette

Xavier de Boissieu et la preuve qu'il vient de recevoir un Belge.
Xavier de Boissieu et la preuve qu’il vient de recevoir un Belge.

Quel lieu magnifique ! Et quels vins magnifiques !  Dès le Beaujolais blanc qui ouvre la dégustation, je suis sous le charme. Intensité, précision, fraîcheur !

Bon, revenons à la chronologie de ma visite: je suis accueilli par Xavier de Boissieu, en pleins préparatifs pour les fêtes de la St-Vincent locale. Nous commençons par nous promener autour du château, pour mieux cerner les différents terroirs. Nous sommes administrativement à Leynes, en Saône-et-Loire et donc en Bourgogne. Les vignes du Domaine sont sur Leynes, Chaintré et Fuissé. La frontière entre Mâconnais et Beaujolais.

A Chaintré, nous sommes dans l’appellation Pouilly-Fuissé. Leynes appartient à la zone de production du Beaujolais. Mais, à Chaintré, on élabore également du Mâcon et à Leynes, on fait aussi…du St-Véran !

La dégustation commence donc par un très beau Beaujolais blanc ‘les vignes de la roche’ 2011. Je ne suis pas seul à apprécier: RVF n°563

La gamme des Pouilly-Fuissé s’ouvre par le lieu-dit ‘Maison du Villard’ 2010. Nous discutons biodynamie, Xavier ayant fait ce choix dès 2007. Pas de foi aveugle en les préceptes de la biodynamie, mais une observation méticuleuse des résultats: à cette fin, une très petite parcelle, non-biodynamique, sert de témoin. Xavier m’indique qu’une dégustation comparative ne laisse que très peu de doutes sur l’impact positif de la biodynamie.

Nous abordons le Pouilly-Fuissé ‘Jean-Jacques de Boissieu2010, vinifié en fût: la matière est ample, riche et onctueuse. Un style nettement différent de la Maison du Villard.

Puis, voici la cuvée de Pouilly-Fuissé ‘vers Châne’ 2008. Ce vin, issu d’un millésime plus ancien, n’a pas le droit de revendiquer la biodynamie, puisque le processus de reconversion d’un vignoble prend plusieurs années. Et pourtant…quel grand vin ! Pur, précis, ‘vertical’.

Je ne suis pas au bout de mes -bonnes- surprises: nous goûtons à présent une ‘bulle’, à la couleur légèrement rosée: c’est la cuvée Granit, élaborée à partir de gamay, en brut nature. C’est à la fois très sec et très fruité. Original et délicieux. Par comparaison, le Crémant de Bourgogne (100% chardonnay) paraît moins aérien, à cause d’une légère sucrosité. Cela dit, si les deux bulles avaient été servies dans l’ordre inverse, je n’aurais sans doute pas eu la même impression.

Le 'Vermorel', publié en 1894: un condensé d'informations éternelles
Le ‘Vermorel’, publié en 1894: un condensé d’informations éternelles

Les rouges sont épuisés à la vente et les nouveaux millésimes ne seront disponibles qu’au printemps prochain. Nous goûtons donc des échantillons, tirés en mini-bouteilles. Le ‘simple’ Beaujolais-Villages 2012 est superbe de fruit et d’épices. Le plaisir à l’état pur ! Nous concluons sur un moment intense, à savoir la dégustation du Beaujolais-Leynes ‘Jadis’ 2011. Vignes de 50 ans, rendements modestes, exposition sud et sud-est. Elevage en fûts anciens pendant plus d’un an. La remise au goût du jour d’un type de Beaujolais à l’honneur au XIXe siècle. Une expérience vraiment étonnante !

Mise à jour (09 mai): un contact avec Xavier de Boissieu m’apprend que les fermentations malolactiques ne sont pas encore terminées sur les Beaujolais 2012. Le risque étant que les vins ne soient pas en bouteilles mi-juin. Nous verrons bien ce que Dame Nature décide…

Mise à jour (04 juin): Dame Nature a tranché, ce sera pour plus tard…