
Pourquoi si tôt ? Sans doute pour devancer la sortie du guide concurrent (Bettane & Desseauve), prévue pour le 29 août.
Quoi de neuf par rapport à l’édition précédente ?
39 domaines font leur apparition: 12 châteaux bordelais (sic), 18 domaines du sud de la France et 9 domaines “nordistes”.
A titre personnel, je suis content de retrouver parmi les petits nouveaux le Domaine de Brin à Gaillac. Bravo Damien !
Malheureusement pour le lecteur, aucune indication ne permet de repérer les domaines qui quittent le guide. Difficile également de vérifier si la cote d’un Domaine est à la hausse ou à la baisse par rapport à l’édition précédente du guide.
Triple-étoile
Le Domaine Ponsot (Morey-St-Denis en Bourgogne), les Champagnes Louis Roederer (Reims) et les Juras de Jacques Puffeney (Montigny-les-Arsures) font à présent partie du club des 70 propriétés triple-étoilées qui, je cite “…représentent l’excellence du vignoble français. Les meilleurs terroirs exploités par les plus grands vignerons. Déguster leur vin est toujours un moment magique“. A bon entendeur…
Cheval Blanc (St-Emilion) retrouve une place au sein de ce club triple-étoilé, après quelques années de purgatoire. Par contre, Bonneau du Martray (Corton-Charlemagne) perd discrètement sa troisième étoile.
La majorité des membres de ce “club des 70” sont bordelais ou bourguignons. Vu l’équilibre entre offre locale et demande mondiale, les prix de ces vins sont en général aussi stratosphériques que décourageants. Mes félicitations néanmoins aux heureux propriétaires (j’ai un certain mal à utiliser le mot “vigneron”) de ces châteaux/domaines de prestige. Je rappelle que “prestigieux” est un mot poli pour dire “très cher”.
Fin 1995, lors de la parution de la première édition de ce guide annuel, le club triple-étoilé ne comptait que 25 membres. Cette forte inflation de l’élite a néanmoins permis de donner leur place aux régions moins prestigieuses (Loire, Languedoc, Provence, Jura, Roussillon).
Peut mieux faire
On peut évidemment regretter que certaines descriptions de domaines aient une fâcheuse tendance à se faire réimprimer à l’identique, année après année.
Je reste aussi perplexe à la lecture du tableau des millésimes en page 33: le guide contribue à entretenir une illusion simpliste. Est-il possible de résumer la vendange 2011 dans le Languedoc par un simple 14/20 ? Comment vous et moi devons-nous comprendre que les Juras 2008 valent 17/20 et que les Juras 2010 valent plutôt 16,5/20 ? Comment justifier que (tous) les vins blancs de Loire 2011 doivent être bus endéans les trois ans ? Où sont passés la Savoie et le Beaujolais ? Pire, pas une phrase pour contextualiser ce tableau ni pour en rappeler les limites.
Le guide est peu disert sur sa méthode, le bref texte en page 4 ne précisant par exemple pas si les vins ont été goûtés à l’aveugle. J’en déduis malicieusement que la réponse est probablement non…
Statistiques
Pour les amateurs voici quelques anecdotes chiffrées:
- Bordeaux pèse 279 points (par addition des étoiles); le Sud-Ouest pèse 35 points, le Beaujolais 19 et le Jura 14…pffff
- Parmi d’autres, Louis Magnin (Savoie), Tour des Gendres (Bergerac), François Villard (Rhône-nord), les Marronniers (Alsace), Faiveley (Nuits-St-Georges) perdent des plumes
- 20% de progression par rapport à 2013 du nombre de Domaines en bio ou en biodynamie.