Je ne recule décidément devant aucun sacrifice. Ayant été titillé par une page de publicité dans le numéro de février-mars du magazine du distributeur D., connu également sous le nom d’artiste Le Lion, je me suis rendu dans le susmentionné supermarché pour y faire l’acquisition d’un flacon de vin …sans alcool. Je reconnais humblement que c’est une attitude discutable, mais sollicite malgré tout d’être jugé avec mansuétude, ayant été soumis récemment à de fortes pressions des types “dry january” et “tournée minérale“.
La publicité, c’est merveilleux. Voici un florilège: “Sans alcool, riche en antioxydants et plein de saveur “, suivi par un appétissant “Savourez pleinement le goût d’un vin supérieur, mais sans l’alcool: trinquons à ça ! “
Illustrons notre propos:

Au sein de cette large gamme, j’ai sélectionné le shiraz pour l’épreuve pratique. Etiquette sobre, à la limite du minimalisme, qu’illumine néanmoins le slogan “best of earth and science “. La contre-étiquette est très anglo-saxonne: beaucoup d’information …en caractères minuscules. Après bien des efforts, mes yeux fatigués distinguent en particulier une date best before 15/10/2022, une allusion à la présence éventuelle de traces de lait et la mention de 3,9 grammes de sucre par verre de 10 centilitres. Dans le texte en français, je lis “aromatisé à la cerise noire “; le texte néerlandais affiche quant à lui “arômes de cerise noire “, ce qui n’est pas vraiment la même chose. Pas de millésime apparent.
Allez, je tords la capsule à vis et m’en sers une franche rasade. Premier constat: c’est d’une couleur peu dense, un rouge presque brique, plus orangé que violacé. Une odeur jaillit du verre, c’est violent: du bois pourri ? Un ersatz de vin de fruit, fabriqué en laboratoire ? En bouche, c’est pire: fort sucré et sans la moindre acidité, le liquide est terriblement plat. Il n’y a ni structure, ni tannins, ni matière. Par contre -et malheureusement- une vraie longueur sur la cerise chimique.
J’espérais tomber sur un produit d’une grande banalité, susceptible de se substituer à un petit vin lorsque les circonstances l’exigent. Eh bien non, c’est absolument répugnant. C’est du terrorisme en bouteille. N’importe quel jus de raisins est largement meilleur. La présence du mot “vin” dans la publicité et sur l’étiquette est incompréhensible. Cette mauvaise plaisanterie m’a coûté € 5,99. Quel pourrait bien être le public-cible ?
J’ai collé la bouteille au frigo, pour regoûter -si le cœur m’en dit- quand ce sera froid. Qui sait…


2 réponses sur « “Le meilleur de la terre et de la science” »
J’ai bien ri. Aussi triste expérience avec une autre marque du même distributeur. Vivement le premier mars pour tordre le coup à ce mois minéral peu excitant…
Bonjour Philippe, aavec un meu de chance cela fera peur au corona virus également 😁