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Le coup de gueule du mardi

Vous allez découvrir une série de vins blancs exceptionnels.

La gamme XYZ rend hommage à la diversité des terroirs et au climat qui influencent les différents styles de vins sud-africains. Les raisins utilisés pour élaborer ces vins sont faits à partir d’une sélection de site spécifique et d’un traitement et soin spécial dans les vignes et en cave.

Le résultat? Des vins sans égal qui reflètent au mieux ce que l’Afrique du Sud a à offrir.

colèreJe crache dans la soupe. C’est avec une délectation amusée que je prends régulièrement connaissance des propositions d’un sacré vendeur de vin qui sévit en ce moment sur la toile belge. Technologie Internet “state of the art”, malheureusement au service d’une littérature de gare qui viole la langue française avec une constance qui force l’irrespect.

La quantité d’information pertinente est de l’ordre du picogramme.

Donc, hommage appuyé (quoique violemment sarcastique) au style et au contenu du chef-d’œuvre ci-dessus.

Comme je suis en forme, je ne résiste pas à enchaîner en commentant les résultats du Concours Mondial de Bruxelles, édition 2014.

Ce qui est passablement rigolo, c’est que les arguments utilisés par les organisateurs de cet événement pour en louer les immenses vertus sont exactement les raisons pour lesquelles je pense que ce concours, comme tant d’autres, n’a que fort peu d’intérêt pour l’amateur de vin.

Allons-y.

Ensemble, les 8.000 vins et spiritueux du monde entier en compétition représentent  plus de 500 millions de bouteilles commercialisées.

Traduction: en moyenne, un vin participant est produit à 62.500 exemplaires. A titre de comparaison, le Domaine d’Aupilhac produit 10 cuvées et +/- 125.000 bouteilles par an, le Domaine Grossot produit 7 cuvées et +/- 90.000 bouteilles par an, le Domaine Paul & Eric Janin 5 cuvées et +/- 45.000 bouteilles par an, etc…

Bref, deux mondes du vin ? Celui des entreprises familiales qui produisent à l’échelle humaine des vins qui incarnent leur démarche personnelle et celui de l’industrie qui produit en très grande quantité des vins qui répondent à une demande dûment “étude-de-marchéisée”.

Cette diversité tant des produits comme des profils des dégustateurs est la caractéristique originale de cette compétition qui s’est érigé en quelques années en véritable « championnat du monde » de la dégustation de vins.

Traduction: on n’hésite pas à s’arroger d’un titre prestigieux, sous le couvert de la diversité. Dites, si les Îles Samoa, le Nicaragua, le Lesotho, Andorre et l’Ouzbékistan se disputaient la Coupe du Monde de football, quelle serait la valeur du résultat ? La diversité implique-t-elle que les meilleurs ont accepté de participer à la compétition ?

Je laisse par ailleurs le lecteur juge de la syntaxe et de l’orthographe.

Dans le but d’aider les consommateurs dans leurs choix, 2 330 médailles ont été attribuées et comme tous les ans, moins de 1% des 8 060 vins en compétition ont été récompensés par une Grande Médaille d’Or.

Traduction: un vin médaillé pour trois vins participants. Tout est dit. Aux Jeux Olympiques, c’est un peu moins facile. Et tant qu’à évoquer l’olympisme, notez que le concours attribue des Grandes Médailles d’Or, des Médailles d’Or et des Médailles d’Argent (avec des majuscules partout), mais pas de médailles de bronze, manifestement pas assez “sexy” : ça aide vraiment le consommateur ?

Ce qui n’est pas indiqué, c’est l’aspect financier: inscrire un vin au concours coûte +/- € 150. Apposer une médaille sur un flacon primé coûte +/- € 25 par 1.000 bouteilles.

Dernière chose: parmi les 18 Grandes Médailles d’Or attribuées à des vins français, je ne connais personne, si ce n’est une marque de Champagne. D’ailleurs, 5 superprimés sont des Champagnes et 7 superprimés sont des Bordeaux.

N’hésitez pas à vous faire votre propre opinion et à la partager, en postant un commentaire.

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