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compagnon du vin

Il compare sans sourciller tel millésime de tel cru bordelais à tel autre millésime de tel autre cru bordelais. Il dispose d’un vocabulaire étendu pour décrire et nuancer (“plus griotte que bigarreau”). Il se souvient de la texture et de la finesse des tannins du Chianti Colli Senesi dégusté le premier soir d’italiennes vacances, en juin 1997. Il connaît le nom -et le surnom- du chien de ce vigneron tourangeau à qui il rend visite dès que le nouveau millésime pointe le bout du nez.

Il existe. Rarement certes, mais il existe. Hommage lui soit rendu, chapeau lui soit tiré, statue lui soit érigée.

Cher lecteur, chère lectrice, misère et déconfiture, nous ne faisons pas partie de ce brillant groupuscule. Pour ce qui me concerne, j’en suis absolument certain; pour ce qui te concerne, c’est un pari statistique que j’accepte de perdre, si tel est ton talent.

L’art de la dégustation à l’aveugle m’a appris l’humilité et l’auto-dérision. Je sais que je ne sais pas. Je continuerai, le plus longtemps possible, à prendre un Sancerre pour un Chablis et vice-versa. Oui, j’ai confondu, je confonds et je confondrai.

Heureusement, cela n’empêche ni d’aimer, ni de partager, ni de s’esbaudir, ni de faire preuve d’esprit critique, ni de lire, ni de gratter la couche de vernis du dessus, ni de changer d’opinion.

A ce titre, je revendique, cher lecteur, chère lectrice, le titre de compagnon du vin, celui qui t’accompagne dans ta quête du flacon suprême et des flacons un peu moins suprêmes mais -quand même- vachement délicieux.

Le compagnon n’existe que dans l’accompagnement. Le magasin n’existe que par les emplettes. J’ai dit.

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