Catégories
dégustation domaine voyage

Visite chez Eric Janin

la maison familiale, à Romanèche-Thorins

11 septembre. J’arrive à 10 heures. Eric finit de donner un coup de balai dans le chai. Je suis très flatté ! « Vous seriez arrivé avec cinq minutes de retard, vous aviez droit au tapis rouge !« , plaisante Eric.

Plus sérieusement, Eric m’explique qu’il est en pleine préparation de la mise en bouteilles du Moulin-à-Vent 2012. L’assemblage a été réalisé hier, les bouteilles (vides) arrivent aujourd’hui. On nettoie les cuves, les tuyaux, la pompe et demain, l’embouteilleuse tournera à plein régime.

Bientôt les vendanges, une excellente raison pour faire de la place dans les cuves. A propos, déjà une idée de la date des vendanges 2013 ? « Vers le 01 octobre, une dizaine de jours plus tard qu’en 2012. Le soleil n’a vraiment commencé à briller qu’au 15 juillet. On a rattrapé un peu du retard accumulé pendant le printemps, mais certainement pas tout. Et puis, depuis une semaine, le temps est à nouveau variable et assez frais« , explique Eric.

En ce moment, il faut beaucoup de lumière (indispensable pour la photosynthèse) et de la chaleur (25°). Cette chaleur s’emmagasine dans le sol pendant la journée et est restituée à la plante la nuit.

Et les rendements en 2013 ? « Normaux sur les les Villages, autour des 50 hectolitres/hectare. Ce sera plus compliqué pour les Moulin, certaines parcelles de vieilles vignes ayant souffert de millerandage« . Il y aura en tous cas bien plus de raisins qu’en 2012 et c’est une excellente nouvelle.

[parenthèse technique, le millerandage est un phénomène lié à des conditions climatiques défavorables au moment de la floraison. Plus tard dans la saison, cela conduit les grappes à porter à la fois des grains bien formés et d’autres particulièrement petits, sans pépins. Baisse de la quantité, d’autant plus forte que la proportion de petits grains est importante. Par contre, la qualité est affectée positivement, en particulier parce que la proportion entre pellicule et pulpe est en faveur de la pellicule, laquelle contient la plupart des éléments essentiels à l’élaboration d’un vin de garde.]

Nous goûtons le Beaujolais-Villages 2012 (Vignes des Jumeaux), mis en bouteilles fin mai. La couleur est moins soutenue que sur 2011. Le vignoble a été partiellement touché par la grêle, les maturités n’ont pas été optimales. Je souligne l’honnêteté du discours d’Eric, qui présente son bébé sans affirmer que, puisque c’est le sien, c’est forcément le plus beau bébé du monde.

Autant 2009 était un millésime où le gamay s’accoquinait avec le Rhône Nord, autant 2011 était concentré, autant ce 2012 serait plutôt un millésime de type bourguignon. Bel équilibre, fraîcheur, matière soyeuse. Evidemment, ne pas escompter la puissance. Cela se goûte en tous cas très bien maintenant et pendant les 3 ans qui viennent. Elevage en cuves (pas de bois).

la gamme 2012
la gamme 2012

Nous passons au Moulin-à-Vent 2012, goûté à la cuve. A ce stade, le vin contient pas mal de gaz carbonique, ce qui se perçoit par un perlant sur la langue. Juste avant la mise en bouteilles, de l’azote alimentaire (gaz inerte) est injecté pour chasser le gaz carbonique excédentaire.

[parenthèse technique: lorsque le vin est longuement élevé en fûts, petits contenants de 228 litres, le dégazage s’effectue progressivement, grâce à la porosité du bois. Par contre, le dégazage naturel est limité lorsque le vin est élevé, comme chez Eric Janin, en foudres, grands contenants de 3.500 litres ou plus.]

Un seul Moulin-à-Vent en 2012. Ni Clos du Tremblay, ni Greneriers cette année, en raison des faibles quantités récoltées (145 hectolitres, alors que 2011 en avait produit 290 !). Les raisins issus du Clos et ceux provenant de la parcelle des Greneriers ont été vinifiés ensemble. Ensuite, Eric a estimé que le potentiel pour élaborer une cuvée de prestige (Clos+Greneriers) n’était pas au rendez-vous. Tous les vins d’appellation Moulin-à-Vent ont été assemblés dans la cuvée classique Domaine des Vignes du Tremblay.

Décision courageuse, parce que les conséquences économiques à court terme sont importantes. Sur le long terme, je pense qu’Eric a raison de suivre son jugement et son intuition.

Est-ce bon ? Ah oui !! Le vin est intense, précis et donne beaucoup de plaisir dès aujourd’hui. La finale est néanmoins serrée, presque sérieuse. C’est un vin qui traduit avec beaucoup d’intégrité les caractéristiques du millésime. « Aujourd’hui, je suis très satisfait » dixit Eric. Et ceux qui le connaissent savent qu’il se laisse rarement aller à ce type de confidence.

Ce Moulin permettra d’attendre que les Greneriers 2011 soient prêts. A boire dans les 5 ou 6 ans.

On conclut avec le Beaujolais-Villages (Vignes des Jumeaux) en blanc. Blanc signifie chardonnay. J’avais dégusté le millésime 2011 lors de ma précédente visite fin janvier et il m’avait laissé quelque peu sur ma faim, en raison d’un boisé qui m’avait semblé assez présent. Changement de décor avec ce 2012, mis en bouteilles vers le 15 août: arômes d’abricot, boisé très délicat, notes de fumée et d’encaustique. Vignes plantées en 2006 et 2009. Un vin plus que sympathique, sans la tension acide qu’engendrerait un terroir argilo-calcaire.

Eric Janin (photo prise en janvier)
Eric Janin (photo prise en janvier)

Passer un moment avec Eric a quelque chose d’apaisant et de profond. Même les silences sont chargés de sens. Aucune esbroufe, juste le témoignage d’un vigneron expérimenté (nous avons brièvement évoqué les vendanges 1991), profondément attaché à ses vignes et respectueux de sa clientèle.

Je suis revenu le lendemain. Pour assister à la mise en bouteilles du Moulin-à-Vent 2012 et pour emmener les toutes les premières bouteilles qui ont quitté la cave. L’une de ces bouteilles sera sur le bar, ce samedi 19 et dimanche 20 octobre.

Tarif & bon de commande

compte-rendu de ma visite de janvier 2013

Catégories
dégustation

J’anime vos soirées…

Bon, d’accord, le titre est un peu « too much ». Mais pas plus que celui en une du journal Le Soir: « Wilfried Martens, l’homme aux 9 vies« .

Mes dégustations ont en général lieu chez moi. Eh bien, à l’instar ce vendredi de la Belgique footballante, je vous propose de jouer en déplacement…chez vous.

Vous réunissez un groupe de 8 à 10 amateurs de tout poil…et je me charge du reste. En pratique, j’amène des bouteilles, des anecdotes, des verres, un tire-bouchon, …des bons de commande.

Quelques photos prises lors d’une soirée récente.

 

Catégories
information

Vient de paraître

Le Rouge & Le Blanc
Le Rouge & Le Blanc

Très bel article consacré aux vins de Gilles Bonnefoy.

Catégories
blanc dégustation information

Cotnari, au pays du sceptre d’Ottokar

A l’occasion d’une dégustation organisée par un grand amateur, j’ai eu l’occasion de goûter récemment des blancs roumains et en particulier des vins issus de l’appellation Cotnari, élaborés avec le cépage grasa: le 2009 m’a semblé sans grand intérêt (et c’est un euphémisme), le 1979 m’a impressionné.

Le grand écart dans toute sa splendeur. De quoi piquer la curiosité.

Cotnari, c’est le nord-est de la Roumanie, plus précisément la Moldavie. La Moldavie historique est actuellement partagée entre l’Ukraine, la république de Moldavie et la province roumaine de Moldavie. C’est cette dernière qui nous occupe (zone rose sur la carte ci-contre).Romania-administrativa

« Le grasa est un cépage typiquement roumain, probablement parent du furmint hongrois. C’est l’un des quatre cépages de Cotnari, à côté de la feteasca alba, de la francusa et de la tamaioasa. On peut faire du vin de Cotnari avec chacun de ces cépages individuellement ou en les assemblant. La francusa donne des vins en principe secs. Les trois autres donnent plutôt des vins demi-doux ou doux. Les bouteilles avec la mention grasa de Cotnari devraient ne contenir que du grasa. En principe, le grasa de Cotnari est un vin doux, mais dont le degré de douceur est très variable selon les cuvées, les années et les producteurs. Il s’agit d’un raisin qui a une certaine capacité à accumuler beaucoup de sucre en surmaturité, donc à devenir gras… d’autant plus que son acidité est peu marquée.

Le vignoble, situé à une cinquantaine de km au nord-ouest de la grande ville de Iasi, s’étend sur une quarantaine de km entre Târgu Frumos et Hârlau. La région n’est pas atteinte chaque année par le botrytis, probablement deux à quatre fois par décennie et même dans ces années, les raisins atteints de pourriture noble ne sont de manière générale guère triés… On produit néanmoins du grasa de Cotnari chaque année. Il n’est donc le plus souvent que passerillé et encore pas toujours longuement.

La région est dominée économiquement par les deux entreprises héritières de la période communiste, SC Cotnari et Vinia Iasi SA. La première est issue de l’ancien combinat de Cotnari. La seconde vinifie et commercialise du vin issu de toute la Moldavie. Un troisième acteur semble faire lentement son apparition dans la région, Vinarte. 

SC Cotnari et Vinia Iasi SA sont de grandes entreprises qui vinifient et commercialisent des masses de vins de qualité très variable. La qualité moyenne du Cotnari produit par ces deux mastodontes est plutôt faible. Certaines cuvées sortent parfois du lot. J’ai goûté des anciens millésimes parfois remarquables, parfois exécrables.

L’embouteillage était jusqu’ici assez aléatoire: bouteilles bon marché, bouchons très courts. En outre, le goût roumain est assez porté sur un style un peu oxydatif… Les conditions d’embouteillage se sont améliorées au cours des dix dernières années. Le niveau de qualité reste, à mon avis, plutôt bas. Le Cotnari se vend bien au nord de l’Europe, en Russie et en Ukraine, à destination d’un public qui n’est pas toujours très exigeant, pourvu qu’il y ait du sucre…

Quelques petits propriétaires vignerons font des quantités confidentielles de vins, mais dans des conditions très artisanales. La qualité s’y améliore lentement. Ces vins ne se trouvent bien évidemment pas en dehors de la région. » (Cornalin, LPV, printemps 2008).

Parenthèse tintinophilique, la Syldavie du Sceptre d’Ottokar est une combinaison créative de TranSYLvanie et de MolDAVIE.

Le Cotnari Grasa 1979 offre un nez complexe, avec des touches florales et pâtissières. La bouche est dense, fortement aromatique (herbes amères, calvados) et bien structurée, grâce à un équilibre sucre/acidité de haut vol. C’est très original, passablement déstabilisant et pourtant compatible avec nos repères franco-français.

Le Cotnari Grasa 2009 est très différent du précédent. 30 ans les séparent, mais il me semble que ce 2009 aura beaucoup de mal à rejoindre le niveau du 1979. Aujourd’hui, la robe est pâle, le nez discret et la bouche acidulée, un peu artificielle, enrobée par un sucre bizarroïde. Aurait-on essayé de « fabriquer » le vin dans le chai ?

Voilà pour ce petit moment moldave…

Catégories
information

Partager vos impressions ?

Vous avez envie de partager votre évaluation d’un vin ? De faire un commentaire ?
Très facile et rapide: cela se passe ici.
Cliquez sur le nom du vigneron dans la liste, choisissez le vin que vous souhaitez évaluer dans le menu déroulant, inscrivez vos commentaires et envoyez.
Catégories
domaine

Gilles Bonnefoy à l’honneur

Gilles Bonnefoy
Gilles Bonnefoy

L’excellente revue Le Rouge & Le Blanc (…libre de toute publicité) consacre un article aux appellations Côte-Roannaise et Côtes-du-Forez. Petit rafraîchissement géographique: on se situe entre Saint-Etienne et Roanne, entre Lyon et le Massif Central, aux sources de la Loire.

Les vins de Gilles Bonnefoy sont particulièrement appréciés et deux d’entre eux reçoivent une « grappe », symbole qui signale les réussites les plus intéressantes.

Voici la conclusion de l’article du Rouge & Le Blanc : « Le domaine qui s’est vraiment distingué parmi les Côtes-du-Forez est celui de Gilles Bonnefoy qui, avec une viticulture de pointe et une vraie patte de vinification, donne beaucoup d’intelligence à ses vins. Des gamays très bien maîtrisés, dotés de fortes personnalités, qui indiquent incontestablement une voie à suivre« .

Vous allez finir par croire que je suis vraiment commerçant en vins …j’en ai au tarif !

Tarif & bon de commande

Catégories
blanc domaine

Cour-Cheverny François Ier 2007 du Domaine des Huards

Cour-Cheverny-Cuvée-François-1er-Domaine-des-HuardsJe ne peux pas m’empêcher de partager un article paru dans le numéro d’octobre de la Revue du Vin de France:

« Sur le petit vignoble de Cour-Cheverny (54 ha), seuls les blancs à base de romorantin voient le jour. Au domaine des Huards, la famille Gendrier produit une cuvée François Ier extraordinaire. Issue de vieilles vignes de romorantin (70 ans en moyenne), elle déroule un nez profond nourri par l’élevage de six mois sur lies, une bouche savoureuse et longue.

Après quelques années de garde en cave par les vignerons, ce 2007 est le millésime aujourd’hui à la vente. Il commence à se dévoiler cet automne et vieillira plusieurs années à merveille. Un blanc bien typé qui surprendra les amateurs par son originalité et on potentiel de garde. Digne d’un roi ! ».

Que rajouter ? Cela se vend € 11,40 chez votre serviteur. Voir aussi la page consacrée au Domaine.

Tarif & bon de commande

Catégories
dégustation

Chinon vieilles vignes 2001 de Philippe Alliet: un vin d’exception !

Dégusté il y a quelques jours, sans attentes particulières.

Aromatique florale, aérienne, d’une grande élégance. Très peu de notes d’évolution.

Bouche fondue, dense, veloutée, remplie à ras-bord d’arômes. Tannins très fins, belle longueur.

Chaque verre meilleur que le précédent. Dommage, c’était la dernière…

Catégories
information

Joie, félicité et béatitude !

La grande distribution est décidément pleine de ressources ! Un Médoc en 3+3 gratis. Joie, félicité et béatitude !

Puisque c’est du Médoc, c’est forcément bon. Et c’est « sélectionné par un expert » ! Précipitons-nous pour ne point rater l’immanquable !

Regrettons au passage l’absence d’une grande médaille d’or au concours agricole interdépartemental de Clafoutis-les-Oies.

Est-ce que cette promotion est une bonne idée ? Qui est finalement gagnant ?

Est-ce que quelqu’un se demande ce qu’il y a dans cette bouteille ? 

Et dans quelle gargote on pourrait la retrouver demain sur table à € 29,95 ? C’est un Médoc, tout de même…

Catégories
information

Le vin est un poison et nous l’ignorions

Le gouvernement français s’est enfin rendu compte du caractère puissamment mortifère du vin.

Merci François, merci Jean-Marc pour m’avoir ouvert les yeux.

Moi qui naïvement m’imaginais que le bon vin était une source de joie, un lien fort entre l’Homme et la Nature, un inépuisable sujet de conversation, un cadeau que l’on aime offrir et recevoir, un condensé de poésie et la preuve ultime de la valeur de notre misérable existence terrestre.

J’ai tout faux. Ne riez pas. Si vous me lisez, c’est que vous avez tout aussi faux que moi. Le gouvernement français a raisin ! Pouf-pouf, raison.

Le gouvernement français, donc, cogite sur le financement de la Sécurité Sociale. Il planche également sur un plan de lutte contre la drogue et les conduites addictives.

C’est alors que s’ouvre la chasse aux sorcières et la quête du bouc émissaire.

Voici donc les mesures envisagées:

  • interdiction de parler du vin sur Internet
  • interdiction de parler positivement du vin dans les média
  • taxation du vin au nom de la Santé Publique
  • radicalisation du message sanitaire
  • durcissement des mentions sanitaires sur les étiquettes.

Le premier point paraît trop grotesque pour être vrai. La confusion règne d’ailleurs sur la signification à donner à cet alinéa.

Il s’agirait en quelque sorte d’une extension de la loi Evin, laquelle limite très fortement le droit de faire de la publicité pour le vin. Sauf que la distinction entre ce qui est de la publicité et ce qui est de l’information est tout sauf claire. Un article de presse risque d’être assimilé à de la publicité.

Si le sujet vous interpelle, voici de quoi approfondir.

« J’avais commandé un Figeac 71, mon saint-émilion préféré. Introuvable. Sublime. Rouge et doré comme peu de couchers de soleil. Profond comme un la mineur de contrebasse. Eclatant en orgasme au soleil. Plus long en bouche qu’un final de Verdi. Un vin si grand que Dieu existe à sa seule vue. » (Pierre Desproges, Chroniques de la Haine Ordinaire).

 

 

Catégories
dégustation

Vinobby: c’est fini !

Anthocyane a participé à la 14ème édition du Salon Vinobby au Centre Culturel d’Eghezée les samedi 12 & dimanche 13 octobre.

Sur notre stand partagé, Yves (Rhône-Vins) fait goûter nos vins le samedi. Je vous les fais goûter le dimanche, à partir de midi, sur le stand 31.

Venez nombreux, j’amène des vins du Sud-Ouest, du Jura, de la Bourgogne, de la Loire et du Beaujolais: La Chevalerie, Le Rocher des Violettes, Mélaric, Jonc-Blanc, Haut Lavigne, Tire-Pé, La Borde, Lavernette et Paul-Henri Thillardon.

Quelques photos prises samedi et dimanche:

Catégories
dégustation

Tout est prêt…soyez les bienvenus !

Festival des Vins de Loire: ce vendredi 20, à partir de 16 heures. Samedi 21, à partir de 10 heures.

Catégories
information

High-tech et gros cafard

Un peu par hasard, je suis tombé sur une dépêche Belga, reprise par le site Internet de la Libre.

Cela vaut son pesant de raisins pourris. En un instant je me sens tout déprimé. Une sorte de gros cafard.

Je souhaite bien du plaisir à tous les amateurs de vins industriels. Attention, un train peut en cacher un autre.

—————————————————————————————————————————————————-

PECH ROUGE (France)

Moins de chimie mais du génie: à Gruissan, l’Inra (Institut National de la Recherche Agronomique) invente les vins du futur, à base de nouveaux cépages résistants et d’une « œnologie de précision » qui fait appel à la technologie de pointe.

C’est un domaine avant d’être un labo: 47 ha de coteaux, propriété de l’Institut national de recherche agronomique sur le Massif de la Clape, en surplomb de la Méditerranée, aux grappes noires, lourdes et sucrées sous les feuilles rougies par les feux de septembre.

Divisées en parcelles, étiquetées et numérotées, les vignes d’ici produisent des jus nouveaux et parfois audacieux, issus d’hybrides conçus pour encaisser les maladies et le réchauffement climatique, qui fait prendre aux raisins un degré d’alcool par décennie, près de 3° en 30 ans.

« Sélectionner des cépages plus résistants aux maladies nous semble la seule solution pour diminuer l’usage de pesticide« , explique entre les vignes Hernan Ojeda, responsable de l’unité expérimentale de Pech Rouge rattachée à l’Inra de Montpellier. Car la vigne est, après la pomme, la deuxième culture la plus traitée en France, 6 à 20 fois par an selon les régions. Peu de traces dans les vins, mais beaucoup dans les sols et l’eau.

Par hybridation d’un cépage américain muscadinia et d’un vinifera européen recroisé depuis avec du grenache, du cabernet-sauvignon et du merlot, l’Inra obtient cette saison la 6ème vendange vierge de tout traitement, mais blindée contre le mildiou et l’oïdium, fléaux bien connus des vignobles.

Démonstration: en soulevant les feuilles lisses et les grappes gonflées de sa création, Hernan Ojeda découvre celles, flétries aux raisins racornis, du cépage traditionnel: sans protection chimique, il est rongé par l’oïdium. Le nouveau cépage – qui n’a pas encore de nom, juste un numéro – est d’ailleurs en train d’envahir l’ancêtre. « On traite encore moins qu’en bio« , relève le chercheur venu d’Argentine où, comme ailleurs dans le « Nouveau Monde » du vin, le Chili, l’Australie, on tourne sans pudeur le dos aux traditions pour s’adapter.

Ainsi, la « non-taille », ou taille minimale des ceps fait partie de ces nouvelles procédures testées ici – mais « adoptée depuis plus de 30 ans en Australie » -: la vigne, contrainte de s’adapter seule à son environnement, produit ce qu’elle peut gérer: moins de feuilles, mais plus de grappes.

« Même si les baies sont plus petites, la production peut augmenter de 20%« , note-t-il. Plus lente à mûrir, elle compense aussi les effets du changement climatique en freinant d’elle-même la production de sucre – donc d’alcool. Bémol: « La vigne faisant plus d’effort elle réclame 15 à 20% d’eau supplémentaire. Mais les coûts de main d’œuvre sont facilement divisés de moitié« .

Pech Rouge teste d’ailleurs les possibilités d’irrigation avec des eaux ménagères et agricoles recyclées. « En combinant cépages résistants, non-taille et eau recyclée, on réduirait les coûts de production et les émissions de CO2 de 50%« , assure le chercheur.

Simultanément la révolution « Nature » se poursuit dans les cuves où l’Inra a déjà mis au point des techniques inédites comme le foulage par éclatement (en cours de brevetage) et la « flash détente » (on chauffe le raisin à 90° avant de le plonger dans une cuve sous vide): « la phase de détente favorise la libération des composants recherchés, la couleur, les polyphénols, tout ce qui structure le vin et favorise son aptitude au vieillissement« , résume Jean-Michel Salomon, directeur de recherches.

Pour le vigneron, du temps gagné: « Cinq minutes d’éclatement et quelques heures de macération, contre une à trois semaines. On peut obtenir très rapidement des vins charpentés« , poursuit-il.

L’intérêt est évident pour les caves industrielles. La plupart des grandes caves françaises sont désormais équipées mais la « flash détente » essaime aussi en Argentine et au Chili. De même, cette vinification high-tech sait contrôler la fermentation en « freinant » la température, corriger l’acidification ou le degré d’alcool sans aucun additif; ainsi avec « l’électrolyse membranaire », on cible les indésirables, même l’excès d’alcool.

« La technologie est plus chère que la chimie« , reconnait M.Salmon. Mais le gain est tel que ces innovations ont gagné les vignobles du monde entier, de l’Argentine à l’Australie, pour acidifier, désacidifier, désalcooliser , bref stabiliser les vins sans aucun ajout chimique.

Eurodia, partenaire industriel de l’Inra, exporte aujourd’hui cette technologie membranaire dans 25 pays, dont 300 caves rien qu’au Chili. (Belga)

—————————————————————————————————————————————————-

Je vous laisse, la coupe est pleine et je m’en vais aux toilettes.

 

Catégories
dégustation information

Comment choisir parmi 35 vins de Loire ?

Comment choisir parmi 35 vins de Loire ? La méthode la plus sûre consiste bien entendu à les goûter, en essayant de faire abstraction de l’étiquette.

Cela dit, je n’en fait goûter que 18 (sic). De plus, la plupart d’entre vous ne pourront me rendre visite ni ce vendredi, ni ce samedi.

« Je suis à la recherche d’un vin rouge, de préférence bio. Je ne souhaite pas dépenser plus de € 12 la bouteille et je n’aime pas trop les vins de gamay. Une recommandation ? »

Oui.

Parmi les 35 vins de la gamme, 4 vins correspondent parfaitement à cette demande. Deux Bourgueils du Domaine de La Chevalerie ; un Anjou et un St-Nicolas-de-Bourgueil du Domaine Frédéric Mabileau.

Le tableau Excel ci-dessous vous permet de « filtrer » la gamme via plusieurs caractéristiques : la couleur, le cépage, la période idéale de consommation, le prix, l’appellation, le degré d’alcool, etc…

Loire pour choix (Cliquez sur le lien et sauvez ensuite le fichier sur votre ordinateur)

Ça n’est certes pas LA solution, mais c’est une piste. Une façon de se faciliter le choix.

Voici quelques précisions relatives à certaines parmi ces caractéristiques :

Notes  attribuées par les guides (en l’occurrence, le guide Bettane & Desseauve et le guide ‘vert’ édité par la Revue du Vin de France).

De mon point de vue, ces notes n’ont aucune valeur absolue. Elles peuvent constituer une indication intéressante, mais il me semble erroné de considérer qu’un vin noté 16/20 est forcément meilleur qu’un vin noté 14,5/20.

Preuve en est que ces deux guides ne sont pas toujours d’accord. Parfois, l’un met un vigneron sur un piédestal et lui attribue d’excellentes notes…alors que l’autre ignore ce même vigneron !

Bio ou pas bio ?

A moins de faire du bio une religion, il me semble clair qu’un vin bio n’est pas forcément supérieur à un vin non-bio. D’autant plus que ce n’est pas noir/blanc, chaque vigneron mettant en œuvre des méthodes qui lui sont peu ou prou personnelles. Certains vignerons se refusent à communiquer sur le thème du bio et/ou ne souhaitent pas se faire certifier.

Une chose est sûre : tous les vignerons de la gamme d’Anthocyane travaillent de façon propre, respectueuse de l’environnement et de la santé des consommateurs.

Période idéale de consommation

C’est à la fois une question classique (« garder ce vin en cave ou le consommer rapidement ? ») et une question impossible. Un bon vin est bon à chaque étape de sa vie. Mais il se peut qu’il soit particulièrement bon durant une certaine période : c’est son apogée.

Par ailleurs, certains d’entre nous apprécient les arômes de fruits frais et l’énergie un peu sauvage de la jeunesse. D’autres préfèrent les arômes d’évolution et les vins fondus, apaisés.

Degré d’alcool

En soi, le degré d’alcool ne signifie pas grand-chose pour le dégustateur. Un vin peut être excellent avec 11% d’alcool (voire moins) ou avec 14% d’alcool (voire plus).

Tout dépend de l’équilibre du vin et en particulier des éléments qui contrebalancent l’alcool : fraîcheur, acidité, amertume, salinité. Par contre, du strict point de vue de notre santé, quelques grammes d’alcool en moins ne font certainement pas de tort.

Appellation

Au risque de décevoir, une appellation sert avant tout à valoriser un vin et donc à protéger le vigneron. Une appellation n’est pas une garantie de qualité pour le consommateur, c’est au mieux une garantie de conformité.

Certains vignerons choisissent de déclasser un ou plusieurs vins vers le simple « Vin de France », parce qu’ils préfèrent mettre en avant leur vision personnelle que se soumettre aux contraintes plus ou moins pertinentes d’une appellation. Il est notoire que les gestionnaires d’appellations n’aiment pas trop les vignerons iconoclastes, ceux qui ont tendance à s’éloigner du classicisme politiquement correct.

Prix

Il me semble difficile de trouver un vin de qualité au-dessous de € 5 (prix consommateur en Belgique, toutes taxes comprises). Tenant compte de la TVA, des accises, du transport, de la marge du distributeur, il reste plus ou moins € 2 pour le vigneron. Avec ces deux euros, celui-ci doit payer la bouteille, le bouchon, l’étiquette…il ne reste quasi rien pour le vin lui-même.

Au-delà de ce seuil, prix et qualité croissent de conserve: il est très probable qu’une bouteille vendue € 15 par un commerçant honnête soit plus intéressante qu’une bouteille vendue par ce même commerçant à € 8.

A contrario, au-delà des € 30, prix et qualité perdent toute espèce de corrélation. On entre de plein pied dans l’irrationnel.

Millésime

Chaque millésime diffère du précédent, parce que les circonstances météorologiques ne sont jamais identiques. Dans une région donnée, telle année donnera généralement des vins plus mûrs, plus riches et plus chargés en alcool. Telle autre année donnera des vins plus fins, plus élégants et plus chargés en éléments acides.

Généraliser à l’ensemble du vignoble est impossible. Affirmer que tel millésime est meilleur que tel autre est une simplification abusive. Le millésime réputé « petit » peut agréablement surprendre.

Accord mets et vins

Avec quel plat servir ce vin ? En Belgique, le vin se boit à table, donc question essentielle. Un accord majeur est une source de grand plaisir pour l’amateur : le vin améliore le plat et le plat améliore le vin. Le tout forme un ensemble harmonieux du type 1+1=3. Mais ces instants sont rares et imprévisibles.

Un bon accord est un dialogue. Tel élément du plat et tel élément du vin se répondent positivement. C’est déjà pas mal. Encore faut-il accepter que l’accord se fasse souvent via une épice, une sauce, une sucrosité ou une texture. Et que la pièce de bœuf ou le filet de sole ne jouent en fin de compte qu’un rôle accessoire dans l’accord.

Donc, je me suis bien gardé de faire des recommandations de plats. Désolé.

« Je voudrais trouver un vin blanc, sec, d’un faible degré d’alcool et qui puisse être dégusté endéans les quelques mois. Une recommandation ? »

Oui.

Parmi les 35 vins de la gamme, 4 vins correspondent parfaitement à cette demande. Deux Touraine des Bois Vaudons, une roussanne de Gilles Bonnefoy et un Muscadet du Domaine Pierre Luneau-Papin.

Bonne sélection !

PS: je propose également un carton-découverte en 6 bouteilles différentes et un carton-éblouissement en 6 bouteilles itou. Cela se commande ici.

Catégories
dégustation

Festival des vins de Loire: 18 vins en dégustation

Le château de Meung-sur-Loire
Le château de Meung-sur-Loire

Festival des Vins de Loire : vendredi 20 & samedi 21 septembre

Vendredi : à partir de 16 heures et pendant toute la soirée

Samedi : de 10 heures à 18 heures

Une belle promenade, du Lyonnais jusqu’en Vendée, du volcan jusqu’à l’océan, en suivant le cours de la Loire pendant 1.000 kilomètres.

Dix cépages et sept domaines différents pour mettre en lumière la formidable diversité de ce vignoble.

Les 18 vins en dégustation:

Gilles Bonnefoy, Côtes du Forez, Mémoire de Madone vieilles vignes, gamay, 2012 (vin bio – agriculture biodynamique – terroir volcanique – vendange manuelle – 11,5%)

Les Bois Vaudons, Touraine, Cent Visages, côt, 2010

Les Bois Vaudons, Touraine, Coeur de Roche, sauvignon, 2010

Les Bois Vaudons, Touraine, La Rosée, pineau d’Aunis, 2012

Le Rocher des Violettes, Val de Loire, chardonnay, 2011

Le Rocher des Violettes, Montlouis, Touche-Mitaine, chenin, 2011

Le Rocher des Violettes, Montlouis, La Négrette, chenin, 2011

La Chevalerie, Bourgueil, Dyptique « Dernier Cri », cabernet franc, 2012

La Chevalerie, Bourgueil, Bretèche, cabernet franc, 2010

La Chevalerie, Bourgueil, Bretèche, cabernet franc, 2009

F. Mabileau, Saumur, Le Chenin du Puy, chenin, 2008

F. Mabileau, Anjou, cabernet sauvignon, 2011 (agriculture biologique – vendange manuelle – rendements de 25 hl/ha – élevage en cuve)

F. Mabileau, St-Nicolas-de-Bourgueil, Les Rouillères, cabernet franc, 2012 (agriculture biologique – vendange manuelle – vignes de 35 ans –  élevage en cuve inox)

Mélaric, Vin de France, Le Tandem, cabernet franc & grolleau noir, 2012 (vendange manuelle – élevage en cuves – 11,5%)

Mélaric, Saumur, Clos de la Cerisaie, chenin, 2010

Mélaric, Saumur Puy-Notre-Dame, Clos de la Cerisaie, cabernet franc, 2010 (vieilles vignes sur craie-tuffeau – vendange manuelle – 24 mois d’élevage en fûts non-neufs – 13,5%)

Moulin Blanc, Val de Loire-Vendée, pinot noir, 2012 (vendanges manuelles – levures indigènes – 13,5%)

Moulin Blanc, Vin de France, « blanc de noirs », pinot noir, 2012 (vendanges manuelles – levures indigènes – 13,5%)

Ces vins -et 17 autres vins de Loire- peuvent être commandés dès à présent: tarif & bon de commande.

Catégories
dégustation domaine voyage

Le voyage en Beaujolais: la pioche et le sabot

la gamme de Lilian (Les Bachelards)

Très sympa de revoir les vignerons à qui j’avais rendu une première visite à la fin du mois de janvier !

Nouveau millésime, nouvelles approches, nouvelle maison. 2012 est une petite année en volume, mais ce n’est pas un petit millésime.

Décidément, à Chénas, à Leynes, à Fleurie et en Moulin-à-Vent, il y a de quoi tordre le cou au « vin qui n’existe que le troisième jeudi de novembre ».

Entre des mains courageuses et talentueuses, le gamay fait des merveilles. A condition bien sûr de bichonner les vignes comme elles le méritent. A condition de prendre des risques et d’intervenir si peu que possible en cave.

Préparez déjà vos papilles et oubliez les (éventuels) préjugés !

Mon journal de voyage et de dégustation est ici. Les articles détaillés suivent au fur et à mesure…

Catégories
dégustation

Rhône & Jura en dégustation ce samedi 07 septembre

La météorologie est une science complexe. Je viens de jeter un coup d’œil aux prévisions de notre Institut Royal Météorologique. Je cite: « samedi, les maxima se situeront autour de 22 degrés« .

Tout se joue dans l’interprétation du mot « autour », puisque le graphique de ce même IRM indique une marge comprise entre …19° et 29°. Voilà une information qu’elle m’est utile ! Il fera donc frais pour la saison ou quasi torride, chacun fait fait fait ce qui lui plaît plaît plaît…

prévisions météo (cliquer pour agrandir)
prévisions météo (cliquer pour agrandir)

Bon, allez, les vins en dégustation ce samedi seront choisis en fonction de la température ambiante. Emmenez un short et une petite laine.

En tous cas, vu l’exposition vachement sud-ouest de la verrière, je conseille à ceux et celles qui préfèrent déguster la tête à l’ombre de venir plutôt avant 14 heures. Pour la température des vins, pas de souci: merci Electrolux !

Il y aura en tous cas du Jura et du Rhône, du chardonnay et de la syrah, du rouge et du blanc. Il me reste quelques Vins Jaunes 2006, mais non, pardon, pas en dégustation.

Je me souviens du 12 juillet, c’était la Fête du Vin, sous la tonnelle, devant la maison. Je faisais goûter Nadal, une cuvée du Domaine de Fondrèche (Ventoux). J’en avais 24 bouteilles. Appelons cela un test. Six amateurs goûtent et, c’est magique, il n’y en a plus. Appelons cela un test probant. La bonne nouvelle, j’en ai 24 autres. Et, météo tropicale ou tempérée, il sera en dégustation.

Avez-vous déjà réfléchi à la douleur du bouchon lorsqu’il se fait transpercer et que, ô sadisme ignoble, la mèche du tire-bouchon s’enfonce …en tournant dans la blessure !? Souffrance ou pas, d’autres flacons n’échapperont pas à la dégustation: les chardonnays de Benoît Badoz. En version Côtes du Jura Les Roussots, élevée en cuve inox et en version Côtes du Jura Arrogance, élevée en fûts. A l’aveugle, ce serait amusant d’entendre vos convives se demander si c’est un Meursault ou un Chassagne. Des vins qui rivalisent avec maint Bourgognes, à des prix sympathiques.

Et puis deux vins rouges jurassiens: un trousseau et un poulsard, pardon, ploussard puisque nous sommes à Pupillin. Le ploussard de Feule 2012 du Domaine de La Borde est un sacré bestiau, qu’il faut apprivoiser et (un peu) dompter pour en tirer le maximum.

Pour ceux (et celles) qui voudraient s’installer au salon, il y a de la lecture fraîche: Guide des meilleurs Vins de France 2014 (encore appelé guide vert ou guide RVF), Tronches de Vin (« le guide des vins qu’ont d’la gueule »), Guide Bettane & Desseauve 2014, magazines, …

A samedi !

…Vous n’êtes pas disponible samedi ? C’est dommage, mais heureusement, il y a plein de solutions. Soit en passant commande via ce tarif & bon de commande, soit en profitant d’une nouveauté: Abocyane.

Pour rappel, je livre, partout en Belgique, à de très bonnes conditions: voici comment.

Catégories
information oenotourisme

It is English wine, isn’t it ?

Chapel Down
Chapel Down

Le sud-est de l’Angleterre regorge de jardins, de pubs pluriséculaires, de vieilles pierres, de haies touffues. On y cultive les céréales, le houblon, le pommier, le cerisier, le prunier et le mouton. Surtout le mouton, dont le bêlement si musical retentit pour un oui ou pour un non.

L’Eurostar y pullule et la plupart des automobilistes circulent à contre-sens.

Le Kent se considère comme ‘the Garden of England’. Il y pleut 740 millimètres par an (850 millimètres à Bruxelles) et il y soleille 1.650 heures par an (1.550 heures à Bruxelles). Vous me voyez venir ?

En effet, le Kent produit du vin. Une quinzaine de domaines sont aujourd’hui répertoriés. Parmi eux, Chapel Down à Tenterden (3 sur la carte ci-dessous).

Chapel Down ressemble plutôt à une ‘winery’ du Nouveau Monde, avec boutique, restaurant assez chic, jardin d’herbes aromatiques et parcours fléchés dans les vignes. Le promeneur y croisera du chardonnay et du pinot noir, mais aussi du rondo, du siergerrebe et du bacchus, tous cépages hybrides crées en Allemagne destinés à mûrir sous les climats septentrionaux. Quelques pommiers également.

Le bacchus compte parmi ses ancêtres le riesling et le silvaner. Il a été planté à Chapel Down dès 1987 et y produit aujourd’hui des vins aromatiques et dotés d’une belle fraîcheur. J’ai particulièrement apprécié le Tenterden Estate Bacchus Reserve 2011: on pourrait penser à certains blancs néo-zélandais. Intéressant Nectar Late Harvest 2012, demi-sec à 8,5% d’alcool: jolie dentelle délicate, bel apéritif (cépage siegerrebe).

Comme dans la plupart des domaines anglais, la production est très orientée vers les bulles (‘sparkling wines’), élaborées à base de cépages champenois. Les prix sont également assez champenois: comptez de £ 20 à £ 27 pour un flacon.

Le rouge Union Red 2011 (pinot noir & rondo) m’a paru plus anecdotique, avec peu de centre.

cliquer pour agrandir

A quelques kilomètres au nord-ouest, voici Biddenden Vineyards (2), propriété familiale où les premières vignes ont été plantées en 1969. Cela en fait le plus ancien Domaine du Kent. Un pionnier en somme. 9 hectares, majoritairement consacrés au cépage ortega. Encore un hybride teuton, qui compte le gewürztraminer parmi ses aïeuls. L’Ortega 2012 est un blanc tendre et parfumé, aromatique et léger (11%).

Au sud, à la frontière avec le East Sussex, Sandhurst Vineyards (12) paraît plus ‘paysan’. Le vignoble est très soigné. Ici, on est dans la polyculture: contigu au vignoble, un magnifique champ de houblon (est-ce qu’on dit ‘champ de houblon’ ?) et même un rang de pruniers haute-tige. Je n’ai pas le souvenir d’un paysage comme celui-là, moitié vignes, moitié perches-tuteurs de lianes de houblon. Je n’ai malheureusement pas eu la possibilité de goûter les vins.

Il n’existe pas de système d’appellations d’origine en Angleterre: les meilleurs vins portent la mention ‘English Quality Wine‘ ou ‘English Regional Wine‘.

Concrètement, y-a-t-il matière à vous proposer des vins anglais ? I’m afraid not, les prix me paraissant trop élevés.

PS: attention à tout ce qui porte une mention ‘British Wine’. Il s’agit de ‘vins’ élaborés en Grande-Bretagne à partir de moûts concentrés, importés de tous pays. On y rajoute de l’eau, des levures et hop ça fermente…Donc, ne pas confondre vin anglais et vin britannique !