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Montpellier, jour 1: Biodyvin

Vue sur mer. Une quarantaine de Domaines, sous tente et sous tramontane violente. Leur point commun ? Tous membre de Biodyvin, à la fois organe certificateur de vins en biodynamie et association de promotion. N’est pas présent qui veut.

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Diane Cauvin

J’entame mon parcours chez Diane Cauvin (château La Colombière – Fronton/Sud-Ouest).

Pour cause de météorologie difficile et donc de volume de raisin plus que limité, les rouges 2013 se limitent à la cuvée Vinum.

Sur ce millésime, ni Coste Rouge, ni Réserve, ni Bellouguet. A quelque chose malheur serait-il bon, les raisins qui auraient dû constituer ces cuvées ‘haut de gamme’ se retrouvent donc dans Vinum !

Cela dit, le Domaine commercialise en ce moment de très beaux 2012: Coste Rouge (100% négrette) très élégant et délicat, Réserve (assemblage négrette, syrah, cabernet) plus en puissance et en intensité de saveurs. Le nouvel habit (qui fait le moine) de la cuvée Réserve installe ce vin au cœur de la gamme du Domaine.

Une nouveauté 2014 en blanc, assemblage de mauzac, de loin de l’œil et de bouysselet. C’est ‘brut de cuve’ (mise en bouteilles prévue pour février ou un peu plus tard), encore fermentaire, mais déjà très apéritif. Pas encore de nom pour ce bébé.

Quant au ‘Grand B‘ 2013, il se présente nettement plus sec que 2010 et 2011. C’est un blanc oxygéné et intense. 100% bouysselet. Original, hautement gastronomique et savoureux.

Les rouges seront disponibles chez Anthocyane dans le courant du mois de février.

Cap sur la Corse, mais pas sur le Cap corse. Opportunité peu courante de rencontrer Jean-Charles Abbatucci et de goûter les vins du Domaine éponyme. Nous sommes dans la région d’Ajaccio, terre en général dévolue au cépage sciaccarellu. Mais ici, c’est le conservatoire des vieux cépages corses: brustiano, riminese, rossola, morescono, montanaccia et bien d’autres encore !

On goûte les cuvées Faustine 2014 ‘brut de cuve’: le blanc (100% vermentino) est joliment aromatique, le rosé (majoritairement sciaccarellu) très intense. Faustine rouge 2012 est plutôt tannique et énergique (assemblage de sciaccarellu et de nielluciu).

Deux cuvées ‘mono-cépage’ très originales: en blanc, le BR 2013 (cépage barbarossa, quasi-disparu), gras, tourbé et presque tannique. Et tout cela avec un alcool maîtrisé à 12,5% ! En rouge CN 2013 (cépage carcajolo nera), dense, serré, sans la moindre sensation ‘chaleureuse’.

On passe aux grandes cuvées du Domaine, assemblages archi-multi-cépages: Général et Diplomate en blanc (quelle tension) et Ministre Impérial en rouge (profond et très fin). Rien de folklorique dans le nom des cuvées, les vins sont dédiés aux ancêtres de Jean-Charles Abbatucci qui ont porté ces titres au XIXème siècle.

On est ici au sommet de ce que peuvent offrir les vins de la Méditerrannée. Mémorable.

Je rencontre Xavier Cailleau, vigneron angevin du Château de Bois-Brinçon. Je ne connais pas les vins, appelons ça l’intuition que cela vaut la peine de les découvrir.

Et je ne suis pas déçu ! Je note en particulier la nouvelle cuvée Les Saules de Mont-Benault 2013, un blanc sec doté d’une colonne vertébrale d’anthologie. Vignes plantées sur schistes d’origine volcanique. Beaucoup d’agrumes pour adoucir une superbe vivacité saline. En rouge, une cuvée 100% pineau d’aunis, nommée Garance, portée par un magnifique toucher de bouche. Un 100% grolleau, nommé 80 (c’est un 2010 et les vignes ont été plantées en 1930; une idée de comment s’appellera le millésime suivant ?).

Le Clos des Cosses démontre que le cabernet sauvignon, lorsqu’on le débarrasse de sa gangue de bois plus ou moins neuf, se révèle affable et sympathique. 50% cabernet franc et 50% cabernet sauvignon pour un très joli velouté. Et dire que c’est planté en exposition nord-ouest…

Et puis ya Frida qui est belle comme un soleil…sous la forme du Coteaux du Layon Le Clos des Savarières 2010, botrytisé, issu de rendements risibles (11 hectolitres/hectare), portant allègrement ses 165 grammes de sucre résiduel. C’est irrésistible.

Chez Manuela Chidaine, je commence par une bulle, Montlouis méthode traditionnelle: zéro dosage, aucun sucre résiduel, vendange 2013…et une impression de très forte maturité. Désarçonnant. Impressionnant. Ahurissant. Quant on sait ce que le vignoble a subi en 2013, le tri a dû être plus que drastique !

On continue sur ce satané maudit millésime 2013 avec, entre autres, les magnifiques secs Les Choisilles et Les Bournais. Le premier construit sur une acidité citronnée, parfaite pour ressusciter un zombie. Le deuxième caillouteux au nez et très ample en bouche, avec une signature saline du meilleur aloi.

Si quelqu’un ose m’affirmer qu’il n’y a rien de bon en Loire 2013, qu’il s’apprête à finir noyé dans l’un ou l’autre Montlouis de Chidaine.

Bordeaux ? Bordeaux !

Évidemment pas la confiture molle de chêne et merlot pour laquelle je n’éprouve décidément nulle attirance.

Château Falfas (le ‘s’ final ne se prononce pas) est une propriété historique des Côtes de Bourg. Traversez la Gironde et vous êtes à Margaux.

Véronique Cochran me fait goûter les Demoiselles de Falfas 2013, jeunes vignes, élevage en cuve, 12.5 d’alcool et un joli floral. C’est du merlot certes, mais celui-ci sait se tenir. Château Falfas 2011 est frais et classique. Merlot, cabernets franc & sauvignon et une touche de malbec. Le millésime 2010 est -sans surprise- un peu supérieur grâce à un supplément de chair.

La sélection parcellaire Le Chevalier 2010 impressionne par sa verticalité épurée: le boisé est subtil, la tannicité bien dosée. C’est fin et -oserais-je l’écrire- délicat. Barriques neuves et 75% de cabernet sauvignon.

Bien d’autres très bons vins. Quelques déceptions aussi.  Et l’éternelle rengaine du ‘choisir, c’est renoncer’. J’ai donc renoncé à Zind-Humbrecht, à Josmeyer, au Roc des Anges…

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