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Journal de bord(eaux)

On tombe, au détour d’une pensée, sur un jeu de mots faiblard. On se dit qu’il est exclu de publier pareille horreur. On la publie malgré tout. Et en titre encore bien.

Pouf-pouf.

C’est ici que je me propose de partager mes impressions aquitaines durant toute la semaine.

05 août – 20h45

La splendide monotonie de 970 kilomètres d’autoroute, rythmés par l’une ou l’autre pause-pipi, par un accident (en sens contraire) qui fiche la trouille, par Eric Clapton, Bill Callahan, Peter Gabriel dans les oreilles.

Pour ce qui concerne les vignes, voici ce que je peux faire de mieux: d’abord le panneau routier Valenciennes-Le-Vignoble (c’est assez mignon, tout un quartier de la ville où les rues se nomment « Clos Pommard », « Allée des Cépages », « Rue des Pampres »), ensuite la traversée de la Loire à Tours et enfin le panneau « département de la Gironde » immédiatement suivi du panneau « Vignoble bordelais ». Je suis installé à Marmande, un peu (beaucoup) cassé malgré tout.

A demain pour le début des vraies aventures !

06 août – 19h45

1ère étape: Château Jonc-Blanc à Vélines

Franck Pascal m’accueille et m’emmène immédiatement dans les vignes. Facile, elles entourent la propriété. 19 hectares, dont 12 hectares de rouge.  Des cabernets, des merlots et 1,40 ha de malbec. Propriété acquise par Franck et Isabelle en 2000.

Un peu d’étymologie pour se mettre dans le rythme: « jonc » n’a rien à voir avec la plante (ouf, la vigne et les terrains marécageux, ça ne colle pas) mais peut être rapproché du terme homonyme utilisé en bijouterie pour désigner un anneau et par extension pour qualifier une zone plus ou moins circulaire et plus ou moins renflée.

Quant à « blanc », il s’agit de la couleur de l’affleurement calcaire sur lequel les vignes sont plantées. En la quasi-absence de sol, il n’y a rien pour stocker l’eau de pluie: en année sèche, le risque de « stress hydrique » est réel.

On s’installe dans la cuisine pour goûter. Attention, le premier vin est TOUT SAUF un petit vin d’été.

Pour finir, promenade rapide dans le chai: barriques, foudres et cuves inox. Un nouveau foudre (Stockinger) va bientôt faire son entrée. A terme, ce contenant devrait progressivement remplacer les barriques. A noter d’ailleurs que les barriques sont bourguignonnes et pas bordelaises…

A 14h15, je me sauve pour ne arriver trop en retard chez Nadia Lusseau. J’aurais bien voulu voir la « Vieille Demoiselle« , une vigne de sémillon d’un âge quasi-canonique, rescapée d’un long abandon, rachetée par Franck pour une bouchée de pain et, au prix d’un lourd travail, remise dans le « droit chemin »…ce sera pour une prochaine fois !

Merci GPS…A 14h35, je me gare devant le Château Haut Lavigne, 2ème étape. Nadia m’installe dans un sympathique petit caveau. La gamme se décline en trois approches: des vins de fruit, élevés en cuve et commercialisés sous l’étiquette « Nadia »; des vins plus puissants, élevés pour 80% en barriques et pour 20% en cuve (« La Miss ») et enfin des sélections parcellaires, élevées à 100% en barriques (« Miss Terre »). Barriques de 300 litres, lesquelles restent manipulables par une jeune femme. Les 400 litres feraient encore mieux l’affaire, mais, non, décidément, elles sont trop lourdes.

Sur le long terme, l’objectif est de conserver le même nombre de pieds de vigne, sur une superficie réduite; autrement dit, d’augmenter la densité de plantation.

Cette journée s’est achevée avec un bref passage par le Château de Duras (fête des vignerons le 11 août) et par la Maison des Vins. « Les Rebelles d’Aquitaine », le slogan me plaît !

07 août – 22h30

À 08h30, je quitte Marmande pour me rendre dans le Bordelais. 3ème étape, Château Tire-Pé: à 09h30, je surprends David Barrault qui s’attendait à ma visite…la semaine prochaine. Comme il n’avait pas prévu grand-chose pour ce matin, vu la fiesta d’hier soir, ça tombe bien. Quelle qualité de silence, quel lieu magnifique, y compris les palmiers. Le plus beau crachoir jamais vu…et pourtant aucune envie de cracher !

À 13 heures, sandwich en bord de Garonne. Puis, Romestaing, le village-fantôme et Lassolle, le lieu-dit que le GPS situe de travers.

4ème étape: au Château Lassolle, dégustation qui tient autant de l’aventure humaine que du cabernet franc.

À 16 heures, Tripel Karmeliet en compagnie de Stéphanie Roussel et de Jean-Christophe, avec vue sur le vignoble du Marmandais.

À 17h30, coincé dans les embouteillages de la rocade de Bordeaux. À 22 heures, arrivée à Saumur.

08 août – 22h45

5ème étape: La Chevalerie. Voilà, le premier vigneron chez qui je reviens, 11 mois après ma première visite. Pierre Caslot conclut une dégustation-marathon par un millésime 1982. Un « Peu Muleau » de 30 ans. En pleine forme, le papy ! La première cuvée 2012, étiquetée « Dernier Cri », est une quintessence de vin-plaisir. Entre ces extrêmes, nous sommes passés par 2011, 2010 (Bretèche est splendide), 2009, 2008, 2007, 1994, 1993, 1987…

J’espérais déjeuner mais c’est encore raté. En voiture et cap sur Puy-Notre-Dame, au sud de Saumur. 6ème étape: Domaine Mélaric.

Le chai se trouve dans l’annexe d’un vrai château XIXe, avec plein de tourelles partout. Aymeric m’emmène dans les vignes. Belle leçon en direct: à droite de la route, ses vignes; à gauche, une parcelle « tout chimique ». Deux mondes radicalement différents.

Verticale sur les deux cuvées du Domaine, en blanc comme en rouge. Très instructif. 2010 et 2012 plairont à ceux qui aiment la fraîcheur. 2009 et 2011 plairont aux amateurs de rondeur.

Ne pas oublier le très chouette Tandem, issu de raisins achetés, assemblage de cabernet franc (…quelle surprise) et de grolleau: ça coule tout seul ! Délicieux !

10 août – 21h30

Vendredi, je commence par une traversée de la Touraine, pour aller de mon hôtel à Saumur jusqu’à Amboise, où j’ai rendez-vous avec Clémence Weisskopf. 7ème étape: Le Rocher des Violettes. Doigté requis pour atteindre le Domaine, situé dans la (très étroite) rue du …Rocher aux Violettes. Très impressionnantes caves creusées dans la roche.  On converse autour du thème des restaurateurs qui payent les vins de plus en plus tard…La trésorerie du vigneron est parfois soumise à de fortes pressions.

Voilà, ici s’achève un voyage plein d’enseignements et plein de découvertes. Sept vignerons et pas une seule déception. De (très) bons moments et de (très) bons vins. Partage prévu dès le 24 août.

2480 kilomètres et quelques minutes consacrées à la visite de Meung-sur-Loire, château, église et place qui semble figée dans un passé lointain.

le château de Meung-sur-Loire, près d'Orléans
le château de Meung-sur-Loire, près d’Orléans

Ce dimanche soir, Catherine et moi recevons 8 convives pour un repas en 8 services, avec 8 vins « assortis ». Je pense qu’ils vont bien s’amuser !

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Dégustation du samedi 24 août

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